• l’année dernière
Les nombreuses arrivées de migrants sur l’île à Lampedusa ont braqué, encore une fois, les projecteurs sur Vintimille, la dernière étape en Italie pour ceux qui veulent arriver en France. Nous avons passé une journée à les suivre. Une journée d’attente, d’errance, d'espoirs déçus mais surtout de solidarité

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Transcription
00:00 J'ai traversé beaucoup de fois la frontière française.
00:04 J'ai fait 6 fois.
00:07 5 jours j'étais là.
00:09 Je dormais à l'heure.
00:11 C'est moi.
00:13 C'est moi, c'est très compliqué.
00:16 Ce témoignage c'est celui d'Aïmen,
00:19 mais c'est aussi celui de centaines et de milliers de migrants
00:22 qui arrivent à Vintimille et qui traversent les routes d'Europe.
00:25 Vintimille c'est une ville paisible à la frontière.
00:28 Elle est adorée des français pour son marché,
00:31 ses restaurants et ses cigarettes pas chers,
00:34 mais depuis 2015 elle s'est transformée en lieu de passage pour des milliers d'exilés.
00:37 A 2000 km de là, il y a l'Ampédouza.
00:40 Là-bas les arrivées de migrants se sont multipliées ces dernières semaines.
00:43 Résultat, tous les regards sont maintenant braqués sur Vintimille
00:46 qui constitue l'un des derniers points de passage pour les migrants.
00:49 Pour Nice Matin, on a passé 24 heures en Italie,
00:52 tout juste de l'autre côté de la frontière.
00:55 C'est l'Aïmen qui est le seul de ceux et celles qui les aident,
00:58 mais aussi à suivre le trajet de ces migrants.
01:01 On est ici à la carrière d'Aïmen,
01:07 on enregistre les personnes qui arrivent,
01:10 on donne à manger, on donne les vêtements, on fait faire les douches.
01:13 On va chez le médecin, les familles se reposent.
01:16 On fait, si les personnes le veulent, la demande d'asile politique.
01:19 Christian, ça fait plus de 20 ans qu'il vient en aide aux migrants.
01:22 Ici, chaque jour, il aide 200 à 300 personnes,
01:25 mais il ne fait pas ça tout seul avec l'ONG Caritas.
01:28 Il intervient avec d'autres associations comme Save the Children,
01:31 Diakoni ou WeWorld.
01:34 On a l'espace pour les familles, l'espace pour les mineurs
01:37 et on gère les familles le soir qui dorment ici quatre jours.
01:41 Après, les familles restent et les hommes non.
01:47 Les hommes non.
01:50 À la fermeture de Caritas en fin de matinée,
01:53 deux chemins se dessinent pour ceux qui rêvent d'une vie meilleure.
01:56 Pour une part d'entre eux, l'après-midi va se dérouler soit en bord de plage,
02:08 soit sur les bancs publics pour se reposer entre compatriotes.
02:11 Pour les autres, il est l'heure de traverser la France.
02:14 Ça peut se faire par la route.
02:17 On a une course pour atteindre le poste pontier français.
02:20 C'est peut-être le chemin le plus direct et le plus simple,
02:23 mais c'est celui où les contrôles sont permanents.
02:26 Si une personne n'arrive pas à passer avec les passeurs
02:29 parce qu'il y a beaucoup de contrôles, après, elle cherche de passer tout seul.
02:32 Ce qui change, c'est seulement que ça devient plus difficile et plus dangereux de passer.
02:35 La réalité des faits, c'est que les personnes, on ne peut pas les arrêter.
02:38 Elles commencent à marcher sur l'autoroute,
02:41 elles se mettent sur les trains, alors après, elles restent électrocutées.
02:44 Elles font le pas de la mort beaucoup plus,
02:47 et c'est très dangereux. Elles le font de nuit, et c'est encore plus dangereux.
02:50 Depuis 2015, à la frontière de Vintimille, elles sont mortes 47 personnes.
03:07 Actuellement, nous essayons d'informer et d'aider les gens sur le chemin
03:13 pour faire moins du mal dans leur voyage.
03:17 En ce moment, nous faisons principalement des changements de frontières,
03:26 où nous restons à la frontière, et nous expliquons aux gens qui sont poussés en arrière
03:31 ce que leurs papiers disent si ils ne parlent pas l'italien ou le français.
03:35 Nous leur donnons de l'alimentation et de l'eau.
03:38 C'est l'étranger italien.
03:44 Après avoir été poussés en arrière par la police française,
03:48 la plupart d'entre eux ont un document de la police,
03:52 qui leur dit qu'ils doivent quitter Schengen en 7 jours.
03:56 C'est impossible pour ces gens.
04:01 Si vous êtes enceinte, vous pouvez avoir une protection internationale en Europe.
04:08 Et en fait, ils ne peuvent pas vous pousser en arrière.
04:12 Par contre, si vous êtes en 2001, vous avez un âge plus grand,
04:16 et vous devez rester dans le premier pays où vous êtes arrivé en Europe.
04:26 À Ventimiglia, nous restons où les gens qui sont en mouvement dorment la plupart du temps.
04:33 Nous leur donnons des vêtements, nous leur donnons des douches.
04:38 Nous expliquons aux gens qui sont en arrière où ils peuvent dormir.
04:41 Ils ont vraiment besoin de soutien.
04:48 Et à la fin, la plupart des gens ont réussi à croiser la frontière.
04:54 Je suis ici depuis trois semaines.
04:57 Il n'y a pas eu plus de gens que d'habitude.
05:00 Même si on parle beaucoup des arrivées à Lampedusa,
05:04 les gens qui viennent ici, arrivent ici environ 200-300 personnes par jour.
05:12 À présent, tous attendent le bus qui les mènera au centre-ville de Ventimiglia.
05:15 Je m'appelle ***, je suis Tunisien, 24 ans, je viens en Italie
05:21 pour voir la belle vie en Europe, pour améliorer ma vie.
05:27 Pourquoi tu as quitté la Tunisie ?
05:30 Parce que la pauvreté, il y a beaucoup de problèmes.
05:34 C'est très compliqué.
05:36 Sur le marché, c'était un peu compliqué.
05:39 Parce qu'un petit bateau, tu as vu...
05:44 Lampedusa, c'est trop sale, c'est trop chargé.
05:47 Il y a beaucoup de gens, c'est pas bien du tout.
05:51 Et moi, grâce à Dieu, j'ai resté un jour.
05:54 Et après, l'Italie m'a pris une surcharge et m'a déposé à Calabria.
06:00 J'ai traversé beaucoup de fois la frontière française.
06:06 J'ai fait 6 fois.
06:08 Deux fois sur le train, deux fois sur la tunnel.
06:12 Et le chemin de train, 5 jours j'étais là.
06:20 Je dormais ailleurs, c'est moi.
06:25 C'est moi, c'est très compliqué.
06:28 Mais en Italie, tranquille, c'est tout.
06:32 Aïman fait le choix de prendre la direction de Milan en train.
06:36 Ismaël et Daniel, eux, retrouveront Vintimille.
06:40 Sur place, ils vont essayer de trouver de quoi manger et se reposer
06:43 avant de tenter une nouvelle traversée.
06:45 On a commencé à faire la manger pour 150 personnes.
06:54 Et maintenant, on est passé à être 400 tous les jours.
06:59 On est dans une association qui s'appelle l'école des pâches.
07:03 Toutes les volontaires, à faire de la cuisine pour les garçons
07:07 qui sont à la distribution d'un bain de poules.
07:27 On a commencé à faire des services avec Emmanuel Royal.
07:31 Et maintenant, tous les jeudis, l'école des pâches,
07:34 ils font de la manger.
07:36 L'autre jour, ils font de l'autre groupe.
07:40 Il y a le groupe qui fait une fois par mois,
07:44 deux fois par mois, et nous, quatre fois par mois.
07:47 Depuis combien de temps?
07:49 Deux ans.
07:52 Maintenant, on cherche à faire 25 kg de pâtes
07:57 avec 15 kg de sauce italienne, avec des légumes italiens.
08:03 Après, quand on va en bas, on porte ça avec du pain,
08:07 de l'eau, des fruits.
08:10 Aujourd'hui, il y a des bananes.
08:12 On a commencé à faire la manger pour 150 personnes.
08:18 Maintenant, on a commencé à fermer de plus la frontière.
08:24 Déjà qu'on a commencé, on a continué.
08:26 120, 150, 200.
08:28 Juste la semaine passée, il y avait 300.
08:30 Et maintenant, on est passé à être 400 tous les jours, tous les jours.
08:35 Tout au long de la journée, ces quelques centaines de migrants
08:38 sont ballotés de services en association.
08:40 Deux postes de boulot, deux postes de boulot.
08:43 Et, en plus, on a fait de la nourriture.
08:46 Deux services en association, deux postes de contrôle,
08:49 un point de ravitaillement.
08:50 Mais sur place, un vrai centre d'hébergement et d'accompagnement
08:53 semble cruellement manqué.
08:54 Le gros problème, c'est qu'il n'y a pas d'accueil des personnes.
08:57 C'est-à-dire que, par exemple, les adultes et les mineurs non accompagnés
09:01 n'ont pas un endroit où dormir.
09:03 On va vers le froid.
09:04 Ça, ça va être un gros problème.
09:06 Un camp à 20 000, on n'en parle pas.
09:09 Maintenant, c'est la solution que la préfecture et le maire sont d'accord.
09:15 C'est faire des points petits pour pas trop de personnes d'accueil sur le territoire.
09:21 Mais s'il arrive beaucoup de monde, ça ne va pas être assez.
09:24 Ça ne sera jamais assez.
09:26 Le flux est certes loin d'être celui de 2016,
09:29 mais la frontière toujours plus fermée crispe la situation.
09:32 En France comme en Italie, la politique migratoire se durcit.
09:35 L'aide apportée aux exilés tient pour le moment
09:37 grâce au soutien des associations et des bénévoles.
09:40 Mais jusqu'à quand ?
09:41 Donner à manger à 280 personnes, ça coûte beaucoup.
09:45 Nous, on a toujours besoin.
09:47 Pour le moment, on arrive à faire ce qu'on a toujours fait.
09:50 Mais ça pourrait aussi s'arrêter.
09:53 Dans le sens que si après on a plus de sous, on ne le fait plus.
09:57 Vous vous sentiriez si ça devait arriver ?
10:00 Je serais très...
10:04 J'aurais beaucoup plus peur pour les personnes.
10:07 La caritas ne change pas la vie de ces personnes.
10:10 Mais elle leur donne la possibilité d'être accueillis
10:14 pour un matin, un jour ou quatre jours, les familles.
10:17 C'est une petite chose,
10:19 mais pour une personne qui voyage depuis beaucoup, c'est beaucoup.
10:22 Alors le fait de n'avoir même pas ça,
10:25 ça me fait beaucoup de peine.
10:29 Voilà.
10:31 [Logo uOttawa]

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