"J’étais otage des trafiquants de drogue": une mère isolée raconte comment elle s’est retrouvée forcée à être "nourrice"

  • l’année dernière
Mère isolée, Sandra s'est retrouvée dans un appartement convoité par des dealers pour leur trafic de drogue. Menacée, agressée, elle finit par céder et accepte d'être "nourrice". Elle raconte à Nice-Matin son calvaire, mais aussi ses appels à l'aide. Apparemment, en vain. Témoignage.

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Transcript
00:00 On m'a agressée, on m'a intimidée, on m'a insultée.
00:03 On a dégradé tout ce qui était autour de mon logement.
00:06 Les gens qui habitent dans cette cité-là, ils sont tous dans la famille et ils ont peur.
00:10 J'étais locataire dans une cité assez dangereuse,
00:17 connue pour ses nombreux trafics de drogue.
00:21 Je suis une maman célibataire et depuis notre aménagement dans cette cité,
00:25 locataire en rez-de-chaussée, on a vécu une calvaire.
00:28 Cela faisait neuf années que j'étais dans la tente de l'attribution d'un logement social.
00:33 C'était toujours temporaire.
00:35 Bien consciente que je mettais les pieds dans une cité très dangereuse.
00:41 Les trafiquants, déjà là, me mettaient en garde.
00:45 En gros, je rentrais dans la famille et qu'il fallait que je ferme les yeux
00:48 et que je sois témoin de tout ce qui se passait devant nos yeux, sous nos fenêtres.
00:52 Les enfants et moi, on se levait à 7h du matin,
00:55 il y avait déjà le positionnement des trafiquants de drogue sous nos fenêtres.
01:00 On entendait le bruit des billets, on savait combien ils vendaient par jour,
01:04 combien ils gagnaient.
01:06 Avec les enfants, on a vécu une calvaire.
01:08 Quand je refusais de rentrer dans la famille, d'être avec eux dans le trafic de stup,
01:13 à savoir garder de la drogue ou de l'argent,
01:18 lorsque je refusais, plusieurs fois on m'a agressée,
01:21 on m'a intimidée, on m'a insultée,
01:25 on a dégradé tout ce qui était autour de mon logement.
01:28 Le souci, c'est que les gens qui habitent dans cette cité-là,
01:31 ils sont tous dans la famille et ils ont peur.
01:34 Tous les locataires qui rentrent dans ce logement-là, c'est répétitif,
01:37 ils sont en danger et ils sont sous la contrainte
01:41 et les menaces des trafiquants de drogue.
01:44 Début juillet 2019, j'ai commencé à monter mon dossier,
01:50 donc j'ai pris le risque de me mettre en danger avec les enfants,
01:55 de prendre des photos, des photos de points de deal,
01:59 des photos de dealers, de là où ils mettaient leurs cachettes,
02:03 de là où ils se positionnaient pour leurs points de vente.
02:07 Face à cette situation, Sandra tente d'alerter à plusieurs reprises
02:11 les services de Côte d'Azur Habitat, de la mairie, de la police,
02:13 le procureur de la République ou encore le préfet
02:16 pour obtenir un autre logement, sans succès.
02:18 Jusqu'au jour où la peur m'a laissé leur dire oui.
02:22 J'étais otage de trafiquants.
02:26 C'était toujours le même jeune qui intervenait,
02:29 il déposait son sac toujours sous le cadenas, dans la salle de bain.
02:33 Il venait le matin, il laissait ses sacs,
02:35 puis il venait deux, trois fois dans la journée faire ses recharges,
02:39 il ouvrait le sac, il repartait.
02:41 Et puis le soir, il venait le récupérer.
02:44 Et puis hop, il rebelote certains jours.
02:46 Donc c'était pas tout le temps.
02:48 J'arrive pas à comprendre que malgré tous mes courriers
02:50 et toutes mes alertes sur ma situation,
02:52 que j'ai dû supporter depuis l'année 2018,
02:55 j'arrive pas à comprendre que je puisse avoir été victime
03:00 d'une enquête à mon encontre.
03:04 En 2022, la police fait une perquisition à son domicile.
03:07 Ils ne trouvent rien, mais la mère de famille se retrouve placée en garde à vue.
03:10 Ils sont arrivés chez moi à 6h du matin.
03:12 Ils ont défoncé la porte.
03:14 Il n'y avait plus de porte, plus d'encadrement, plus rien.
03:16 On s'est retrouvés, mes enfants et moi, braqués au sol,
03:19 armes sur la tête.
03:21 On a été pris comme des trafiquants de drogue de je sais pas quelle envergure.
03:26 Voilà, j'ai été auditionnée, j'ai été placée en garde à vue.
03:30 J'ai continué de coopérer avec les services de stup'
03:33 dans l'espoir d'être enfin entendue.
03:36 La maman est alors mise en examen pour trafic de stupéfiants en tant que nourrice.
03:39 On lui interdit de retourner dans son quartier
03:41 et par conséquent, dans son appartement.
03:43 Du jour au lendemain, ses enfants sont déscolarisés,
03:45 privés de leurs soins médicaux habituels, de leurs amis, etc.
03:48 Sandra est contrainte de vivre dans un appartement au-dessus de ses moyens.
03:51 J'ai été pistée, j'ai été recherchée par les trafiquants de drogue.
03:55 Je vis avec la peur au ventre.
03:57 Je ne sors plus de chez moi, je me suis isolée.
04:00 On ne m'a pas relogée, on ne m'a pas mis en sécurité.
04:03 On nous a laissé comme ça.
04:05 On continue d'ignorer mes demandes.
04:07 Aujourd'hui, Sandra et sa famille attendent toujours d'obtenir un nouveau logement.
04:10 Côte d'Azur Habitat et la mairie de Nice ne souhaitent pas faire de commentaires sur une affaire en cours.
04:15 La préfecture déclare ceci.
04:17 La préfecture des Alpes-Maritimes ne dispose pas de protocoles dédiés à ce type de problématiques.
04:21 Pour autant, dans des situations de la nature de celles qui semblent exposées,
04:24 les services de l'État, s'ils devaient être saisis par des personnes de bonne foi,
04:28 chercheraient à agir afin d'une part de protéger les personnes victimes de telles menaces,
04:32 confondre les auteurs et, au besoin, en liaison avec les bailleurs,
04:35 à proposer des solutions de relogement si nécessaire.
04:38 Je n'ai même plus les mots. La seule chose que je demande, en fait, c'est qu'on m'entende.
04:41 On mérite d'avoir un logement décent.
04:43 Et le pire, c'est que ça continue.
04:45 Il y a des femmes qui sont en hôtel avec leurs enfants, qui supportent.
04:49 Parce qu'il y en a beaucoup.
04:51 Moi-même, j'en ai vu beaucoup.
04:53 [Musique]

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