Ici l'Europe - Pauvreté : Que fait l'Union européenne ?

  • l’année dernière
Alors que l'inflation continue de frapper les pays européens, la question de la pauvreté en Europe est d'autant plus urgente. La politique sociale des dirigeants de l'Union européenne semble insuffisante selon certains eurodéputés. Année de Production : 2023
Transcript
00:00 (Générique)
00:28 Bonjour à tous, merci de nous rejoindre pour "Ici l'Europe"
00:31 en cette semaine de réunion des 27 à Grenade en Espagne
00:34 pour parler élargissement du club européen et crise migratoire
00:38 sur fond d'inquiétudes sérieuses sur le soutien des Européens à l'Ukraine
00:42 ou même au Haut-Karabakh dans le Caucase.
00:45 Alors nous en parlons tout de suite avec Charles Michel, le président du Conseil européen.
00:50 Bonjour M. Michel, je rappelle que vous êtes ancien Premier ministre belge pour les libéraux,
00:56 vous êtes proche politiquement d'Emmanuel Macron, pour caricaturer un peu.
01:00 Commençons d'ailleurs par le début de la semaine, si vous le voulez bien.
01:03 Les ministres des Affaires étrangères se sont retrouvés pour une réunion historique
01:08 à Kiev en Ukraine visant à exprimer toute leur solidarité avec l'Ukraine.
01:14 Mais est-ce que le front européen n'est pas en train de se fissurer ?
01:18 Ils ont par exemple des raisons de s'inquiéter peut-être de l'élection
01:23 d'un populiste Robert Fitzhau en Slovaquie, les Ukrainiens,
01:26 qui ne versera pas d'argent, ni ne leur fourrira d'armes.
01:30 Moi je crois que la position de l'Union européenne est très claire,
01:32 nous sommes unis pour soutenir l'Ukraine et on va rester unis.
01:35 Ça ne veut pas dire que c'est simple, ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas prendre en considération
01:38 des préoccupations dans les différents pays européens.
01:40 Mais reconnaissez-vous que depuis un an et demi maintenant,
01:43 depuis que la guerre a démarré, de façon régulière, il y a eu le soupçon, le doute quant au fait
01:48 de savoir si on resterait déterminé dans notre soutien et ça a été le cas.
01:52 On a, et on va continuer à massivement soutenir l'Ukraine avec des moyens financiers,
01:56 avec des armements, avec de l'équipement militaire, avec du soutien humanitaire,
02:01 et on sanctionne très durement la Russie.
02:04 Et il faut dire à tous les Européens que quand on agite de cette sorte-là,
02:07 ce n'est pas simplement pour soutenir l'Ukraine, c'est aussi pour défendre notre propre sécurité
02:12 et notre propre stabilité.
02:14 Parce qu'une faiblesse de l'Union européenne aujourd'hui
02:16 donnerait le sentiment que c'est la loi du plus fort.
02:18 Oui mais le fameux Robert Fitzhaug qui a remporté les élections en Slovaquie,
02:22 on le disait très populiste et surtout très proche du fameux Viktor Orban
02:26 qui lui aussi sur certains dossiers, en particulier financiers, bloque pour l'Ukraine.
02:30 Vous n'avez pas peur de veto de ces pays désormais qui brisent ce fameux consensus ?
02:36 Je n'ai pas peur de ce risque-là, je suis convaincu que l'on va devoir négocier,
02:40 comme on le fait chaque fois, pour déléger des positions unies.
02:43 Et si vous mentionnez la Hongrie par exemple, c'est vrai qu'il y a des déclarations
02:47 qui sont faites, des positions qui sont exprimées,
02:49 mais c'est vrai aussi qu'il y a onze paquets de sanctions
02:51 qui ont été décidées contre la Russie à l'unanimité, avec le soutien de la Hongrie.
02:55 Il y a eu des élections en Slovaquie et nous devons respecter le résultat des élections.
02:59 Et autour de la table du Conseil européen, on prendra en compte
03:02 les préoccupations exprimées par les gouvernements légitimes.
03:06 Parce que nous faisons confiance dans les institutions démocratiques,
03:09 mais au moment où on se parle, il n'y a pas encore de gouvernement en Slovaquie,
03:12 puisqu'au moment où on se parle, il n'y a pas encore une majorité parlementaire
03:15 qui soutient un gouvernement et donc qui soutient une orientation
03:18 pour l'avenir de la Slovaquie et de l'Europe.
03:20 Est-ce que les processus électoraux en Europe ne vous semblent pas un peu fragiles,
03:26 fragilisés notamment par des infox russes ?
03:29 On l'a vu à l'occasion de ces élections en Slovaquie,
03:32 on le voit dans les prochaines élections du 15 octobre en Pologne.
03:35 Est-ce qu'il y a une grande offensive finalement pour vous ?
03:38 Vous avez absolument raison, il est certain qu'il y a des tentatives
03:42 venant probablement de régimes autoritaires d'essayer de fragiliser les régimes démocratiques.
03:47 On a vu les tentatives de perturbation des élections américaines il y a quelques années déjà.
03:51 Probablement le Brexit a aussi été influencé par un certain nombre de manœuvres
03:56 pour tenter de manipuler les opinions publiques dans le moment des processus électoraux.
04:01 Et probablement il y a la tentation d'influencer des moments démocratiques sur le plan européen.
04:07 Il y a une réponse par rapport à cela, c'est la détermination,
04:10 la farmeté de tous les démocrates sur le plan européen
04:13 pour contrer ces tentatives de déstabilisation, de désinformation.
04:18 Par exemple, la communauté politique européenne,
04:20 qui est cette réunion qui est plus large que l'Union européenne,
04:23 un des points que nous allons continuer à discuter dans les mois qui viennent dans cette enceinte-là,
04:28 est la manière de mieux coopérer contre les cybermenaces,
04:32 contre les cyberattaques, contre les tentatives de désinformation.
04:35 Mieux partager un certain nombre d'expériences de bonne pratique,
04:39 détecter rapidement quand il y a une tentative de manipulation,
04:42 afin de pouvoir, grâce à la force de la transparence, faire la lumière
04:47 et montrer à nos citoyens ce qui est en train de se jouer,
04:50 afin qu'ils soient parfaitement informés, parfaitement éclairés,
04:53 de manière transparente et honnête au moment où ils font des choix politiques démocratiques.
04:57 Charles Michel, président du Conseil européen,
05:00 il y avait effectivement une réunion à Grenade des 27 en fin de semaine
05:04 sur les thèmes de l'élargissement.
05:06 Il n'y aura pas, véritablement, avant la fin de l'année,
05:09 d'annonce officielle sur la candidature de l'Ukraine au Club européen.
05:13 Et vous-même avez parlé de la date de 2030 pour une entrée dans ce club.
05:19 Je n'ai pas parlé de 2030 pour une entrée,
05:21 j'ai parlé de 2030 pour l'obligation, selon moi, d'être prêt des deux côtés,
05:25 d'être prêt sur le plan européen et d'être prêt dans le chef des États qui sont candidats à l'adhésion.
05:31 Pourquoi ? Parce que je pense que pendant très longtemps, nous avons procrastiné.
05:35 Pendant très longtemps, on a fait croire aux pays des Balkans occidentaux, par exemple,
05:38 depuis plus de 20 ans, qu'ils avaient vocation à rejoindre l'Union européenne.
05:42 Et puis on a trouvé beaucoup de raisons pour postposer
05:45 un certain nombre de décisions qui auraient dû être prises.
05:48 On voit bien que cette guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine,
05:51 elle modifie fondamentalement l'avenir de l'Europe,
05:54 l'avenir de la sécurité sur le plan européen.
05:56 Et on voit bien qu'avoir à l'intérieur du territoire de l'Union européenne
06:00 les pays des Balkans occidentaux qui constituent une enclave
06:03 et qui est l'objet de tentations et de tentatives d'influence de la part de forces autocratiques
06:09 qui n'ont pas le même projet que le projet européen en termes de valeur, de prospérité ou de sécurité,
06:14 c'est un danger pour notre avenir.
06:16 Et c'est là pour laquelle on voit bien que dans les différents pays européens,
06:19 le débat a beaucoup changé depuis cette décision de la Russie d'envahir l'Ukraine.
06:24 Et nous devons nous préparer à ce débat.
06:27 On n'a pas le droit, je le pense, de procrastiner davantage encore.
06:31 Mais par exemple, la France et l'Allemagne proposent effectivement
06:35 qu'il n'y ait moins de décisions à l'unanimité et plus de majorités qualifiées
06:41 afin qu'à plus de 30, l'Europe soit gouvernable,
06:46 parce qu'elle paraît non seulement ingouvernable,
06:49 mais surtout moins soumise à la rigueur de l'état de droit exigé peut-être.
06:54 C'est effectivement un des points importants, c'est le processus de décision.
06:57 Et on a trouvé l'équilibre entre veiller à ce que le processus inclue tout le monde
07:01 pour garantir l'unité, pour garantir quand on décide que les décisions soient
07:05 implémentées de la même manière partout, avec en même temps cette nécessité
07:09 de ne pas être prise en otage sur l'ensemble des sujets par l'un ou l'autre de nos pays membres.
07:14 Et donc je pense que c'est très important que l'on démarre enfin ce débat
07:17 au niveau des chefs d'État et du gouvernement.
07:19 Pendant longtemps, c'était un débat qui a eu lieu au niveau du Parlement,
07:22 dans le chef d'Observateur, des Synthènes.
07:24 Probablement les solutions nécessiteront de la nuance,
07:28 probablement on devra conserver sur certains sujets,
07:31 il a nécessité d'avoir un socle très fort de soutien, avec des consensus très forts.
07:34 Et il y a peut-être des idées comme ce qu'on appelle l'abstention constructive.
07:39 Par exemple, pour un pays, la possibilité de dire "cette décision-là,
07:42 je ne suis pas un grand supporter, mais je ne veux pas bloquer le processus de décision".
07:46 Par exemple, on pourrait aussi considérer que le droit de veto sera à l'avenir
07:51 davantage limité dans certaines circonstances,
07:53 devra être motivé par certaines situations extrêmement particulières
07:57 qui touchent les intérêts fondamentaux d'un de nos paiements.
08:00 C'est pour dire qu'entre, d'une part, toute à l'unanimité,
08:04 ou bien demain, toute à la majorité qualifiée,
08:06 il y a probablement un chemin, à un terme dire, plus intelligent.
08:08 Et c'est ce débat que nous menons avec les chefs d'État.
08:10 Les 27 se penchent aussi sur le fameux pacte migratoire, Asile-Migration,
08:16 qui a fait de vraies avancées pour la répartition des réfugiés,
08:22 en effet, entre les pays européens, sur le papier, vraies avancées.
08:26 Mais est-ce que, par exemple, ça va régler le problème de l'Ampédouza
08:31 et de cette crise migratoire dans cette petite île ?
08:34 Il y a deux choses différentes.
08:35 D'une part, effectivement, le pacte migratoire organise plus de solidarité entre les États-membres.
08:39 C'est une bonne chose que l'on progresse sur ce sujet-là.
08:41 Mais je dirais que la première priorité, c'est de veiller à ce que nos frontières soient protégées.
08:45 La première priorité, c'est de veiller à ce que ce ne soient pas les trafiquants, les criminels,
08:48 qui décident qui, moyennant de l'argent, a le droit,
08:52 et puis il y a ces groupes criminels, a le droit d'entrer sur le sol de l'Union européenne.
08:55 Et ça, c'est toute la dimension externe de la migration
08:58 pour laquelle le Conseil européen est très, très engagé.
09:01 Nous avons des idées claires par rapport à cela.
09:03 On pense qu'il faut favoriser, développer la coopération effective
09:07 entre nos services de police, nos services de justice,
09:10 en partenariat avec des États tiers,
09:12 pour réellement appréhender ces groupes criminels transfrontaliers.
09:16 C'est un premier point.
09:17 Un peu comme on l'a fait beaucoup depuis les attentats terroristes
09:20 qu'il y a eu en Europe, où on a amélioré la coopération policière et judiciaire.
09:24 Mais les partenariats stratégiques, si je puis me permettre, ne marchent pas toujours très bien.
09:28 Le président tunisien, typiquement, on cite en exemple le pacte avec la Tunisie.
09:34 Le président tunisien, Caïs Saïd,
09:37 refuse les fonds de l'Union européenne pour les migrants,
09:39 105 millions d'euros qu'il considère comme de la charité, je cite.
09:42 C'est un peu mal engagé pour ces fameux accords bilatéraux.
09:45 Effectivement, la manière dont on engage avec les pays tiers,
09:48 mais pas seulement la Tunisie, la Tunisie et d'autres pays.
09:51 Je pense effectivement que le Conseil européen,
09:53 les chefs d'État et du gouvernement, majoritairement,
09:55 souhaitent qu'il y ait une approche plus globale.
09:57 Souhaitent effectivement, quand on engage avec la Tunisie,
09:59 on regarde aussi quels sont les pays d'origine,
10:02 parce que la Tunisie est principalement un pays de transit,
10:04 mais il y a des pays d'origine, notamment en Afrique de l'Ouest.
10:07 On sait que l'Afrique de l'Ouest est confrontée à des taux d'État,
10:10 à des instabilités, à des insécurités,
10:12 qui ont un impact sur des mouvements migratoires.
10:14 Donc on doit regarder de manière beaucoup plus générale.
10:16 Je regardais les chiffres de migration irrégulière.
10:19 On voit qu'en un an, les migrants irréguliers
10:21 venant de pays comme le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso,
10:25 le Niger, la Guinée, ont cru de manière absolument spectaculaire.
10:29 Donc quand on s'adresse à des coopérations avec la Tunisie,
10:32 on doit aussi regarder les interactions avec les pays d'origine.
10:35 Et c'est ce débat que nous avons au Conseil européen
10:38 pour veiller à ce que, de manière opérationnelle,
10:40 on n'ait pas simplement un mémorandum avec un pays
10:43 qui serait déconnecté du regard général.
10:46 Si on veut être effectif, une approche globale est absolument indispensable.
10:49 Alors parlons quand même d'un autre conflit aux portes de l'Europe.
10:53 Les dirigeants du Haut-Karabakh ont déposé les armes le 20 septembre dernier,
10:58 mais presque 100 000 Arméniens ont fui cette région.
11:02 L'allié traditionnel, le Kremlin, n'est plus en soutien du président arménien Pachinian.
11:07 Et l'Arménie, est-ce qu'elle va se rapprocher de l'Europe ?
11:12 Est-ce qu'elle a intérêt à le faire d'ailleurs ?
11:14 Est-ce que les Européens ont réagi suffisamment bien ?
11:16 Vous-même avez été sur le front de négociation pendant très longtemps,
11:21 qui n'ont pas forcément porté leur front.
11:23 On a l'impression que l'Europe est absente de ce conflit.
11:26 Premier élément, l'Europe est plus présente que jamais dans cette région.
11:29 Et effectivement, vous avez raison de dire que nous menons une médiation.
11:32 Nous ne sommes pas les seuls à mener une médiation.
11:34 Les Américains sont également très engagés, on coordonne beaucoup avec eux.
11:37 Cette médiation a permis de dédierger des avancées extrêmement importantes
11:40 en termes d'échange de prisonniers, en termes de mise en place de commissions conjointes
11:45 arménies-azerbageans pour discuter de la délimitation des frontières,
11:48 en termes de discussions sur un traité de paix pour normaliser les relations,
11:53 ou encore sur l'avenir de la sécurité et des droits des populations arméniennes
11:57 de cet ancien noblaste du Nagorno-Karabakh.
12:00 Mais c'est vrai, vous avez absolument raison, que cette décision unilatérale prise
12:04 par les Azerbaïdjan de déclencher une opération militaire nous a choqués
12:07 et nous a extrêmement déçus dès lors qu'il y avait ces processus de médiation,
12:11 y compris le processus européen qui est en cours.
12:13 Maintenant, l'Arménie. Vous avez raison.
12:15 Je pense que les Arméniens ont vu de manière éclatante à quel point les Russes
12:20 avaient cyniquement trahi les Arméniens.
12:22 Parce que ce sont les Russes qui étaient censés être les garants des accords tripartites
12:26 qui avaient été conclus il y a trois ans.
12:29 Et on a vu de quelle manière ils ont abandonné les Arméniens.
12:32 Et donc effectivement, cet engagement de l'Arménie de venir vers un rapprochement
12:37 avec l'Union européenne, nous réagissons de manière favorable, positive.
12:41 Il y a quelques années déjà, l'Union européenne a mobilisé plusieurs milliards d'euros
12:45 de promesses d'investissement pour l'Arménie, pour essayer de connecter davantage l'Arménie
12:50 sur notre réalité économique, pour favoriser les partenariats,
12:54 le rapprochement avec l'Arménie. Je pense qu'on doit accélérer ce processus-là.
12:58 Néanmoins, il y a eu depuis la guerre en Ukraine, la crise énergétique.
13:02 Et pour remplacer les importations de gaz russes, les 27 ont signé un accord gazier
13:07 avec l'Arzéz-Badge en février 2023.
13:10 L'Union européenne a d'ailleurs augmenté ses importations de gaz.
13:14 C'est devenu la première cliente de cette dictature.
13:18 Est-ce que c'est un élément qui nous empêche de réclamer des sanctions
13:24 ou d'opérer des sanctions contre l'Azerbaïdjan ?
13:27 Il y a deux choses différentes. D'une part, le débat sur les sanctions requiert,
13:29 on en a parlé tout à l'heure, l'unanimité des étaments.
13:31 Donc c'est un fait simple, vous dites ?
13:33 Non, je ne dis pas ça. Je dis simplement que c'est un fait qu'il faut l'unanimité
13:36 sur un sujet tel que celui-là. C'est un premier élément.
13:39 Mais pour répondre à la question, parce que ce que vous dites, en réalité,
13:41 c'est "Est-ce que vous n'êtes pas pris en otage pour la dépendance,
13:44 partielle en tout cas, au gaz ?" La réponse est non.
13:46 On n'est pas intimidé, on n'est pas impressionné par cette réalité d'accord gazier.
13:53 On ne l'a pas été lorsque les Russes ont attaqué l'Ukraine.
13:56 Notre main n'a pas tremblé. On a très rapidement agi pour diversifier.
13:59 Et nous avons effectivement aujourd'hui une situation très différente
14:02 par rapport à il y a un an ou il y a deux ans.
14:04 On a beaucoup plus qu'autrefois de capacités de diversification,
14:08 y compris en regardant vers le sud de l'Europe
14:11 et en regardant vers l'autre côté de la Méditerranée.
14:13 On était ensemble avec l'Épée de la Méditerranée à Malte il y a quelques jours.
14:17 Et on voit bien que notre investissement énergétique avec cette partie-là de l'Afrique
14:24 est prometteuse pour l'avenir.
14:26 Ça veut donc dire que nous nous comportons dans cette médiation avec grande sincérité.
14:31 On n'a pas d'agenda caché. L'intérêt de l'Europe, c'est qu'il y ait de la paix,
14:34 de la stabilité, de la sécurité et de la prospérité dans cette région du Caucase du Sud.
14:39 Notre intérêt, c'est de défendre nos valeurs auxquelles nous croyons profondément.
14:42 C'est-à-dire la dignité personnelle et la dignité des populations arméniennes
14:46 qui vivent dans cette région depuis extrêmement longtemps.
14:50 Et c'est pour cela que, même si nous sommes extrêmement déçus, choqués,
14:54 et je vous le dis et je vous le répète, par cette décision unilatérale de l'Azerbaïdjan,
14:58 on ne renonce pas, on n'abandonne pas.
15:00 Alors justement, puisque vous parlez des priorités de l'Union européenne à plus long terme,
15:06 on a l'impression que les questions environnementales sont un peu exclues
15:10 de la liste des futures priorités de l'Union européenne.
15:13 C'est ce que dénoncent les ONG.
15:16 Certains, tout simplement des dirigeants, en particulier la droite,
15:20 le Parti populaire européen, réclament cette pause environnementale.
15:24 Est-ce qu'on est en train d'enterrer le pacte vert ?
15:26 La réponse est non, au contraire même.
15:28 Pourquoi ? Parce qu'il est absolument clair maintenant que l'Union européenne
15:32 montre le chemin à la fois en mettant en place cette mécanique de tarification du carbone,
15:39 qui est en fait un levier puissant pour réussir cette transformation verte.
15:43 Par contre, il est normal que dans le débat démocratique,
15:46 on ne doit pas avoir peur de ce débat démocratique,
15:48 il y ait des discussions parfois dures, parfois intenses, sur comment on fait,
15:52 quelles sont les mesures que l'on met en œuvre, quel est le rythme, quelles sont les priorités.
15:56 Le 20 octobre, vous vous envolez justement vers Washington pour rencontrer Joe Biden
16:01 pour un sommet UE États-Unis, alors que les Européens paraissent un peu tétanisés
16:07 par l'idée d'un retour l'an prochain d'un certain Donald Trump à la Maison-Blanche
16:12 qui changerait véritablement les cartes géopolitiques.
16:14 Une chose est sûre, c'est que quel que soit l'avenir des orientations politiques aux États-Unis
16:18 ou ailleurs dans le monde, il est certain que nous devons travailler
16:21 pour renforcer la stratégie de souveraineté de l'Union européenne.
16:26 Souveraineté énergétique, ne pas être soumis à des tentatives d'intimidation.
16:31 Le Green Deal, la transformation verte, la transformation digitale,
16:35 doit nous encourager à être des leaders technologiques.
16:38 Et puis la sécurité et la défense. Pendant trop longtemps, on n'était pas assez nombreux
16:42 à croire dans une Europe de la sécurité et de la défense.
16:45 Et puis on doit engager avec le reste du monde.
16:47 Les États-Unis sont un allié, les choses sont tout à fait claires,
16:51 mais nous devons aussi engager avec d'autres régions du monde,
16:54 l'Afrique, l'Amérique latine, la Chine.
16:57 Cher Michel, merci d'avoir été notre invité aujourd'hui, merci de cette analyse,
17:00 merci à vous de nous avoir suivis.
17:02 Vous restez sur notre antenne.
17:05 Tout de suite, le débat continue sur la question de la pauvreté
17:09 au Parlement européen en compagnie de Public Sénat.
17:12 Le débat, c'est tout de suite.
17:14 Merci de nous rejoindre depuis le Parlement européen à Bruxelles,
17:22 dans une Europe qui laisse sur le carreau de plus en plus de citoyens,
17:25 y compris des enfants, touchés par la pauvreté.
17:29 Ainsi, 3 Européens sur 10 s'estiment précaires,
17:33 selon une récente étude de l'Ipsos pour le secours populaire.
17:37 Dans un contexte de forte inflation et de crise énergétique,
17:41 les filets de sécurité de nos sociales démocraties ont un peu amorti le choc,
17:45 puisque la pauvreté ne s'est pas accrue au sein des 27,
17:48 mais elle n'a pas reculé non plus.
17:51 95 millions d'Européens sont menacés d'exclusion sociale
17:55 et la promesse faite de baisser ce chiffre de plusieurs millions
17:58 par la Commission européenne n'a toujours pas été tenue.
18:01 Et d'ailleurs, lors de son discours de rentrée,
18:03 la chef de l'exécutif Ursula von der Leyen n'a pas eu un mot
18:07 pour les plus démunis à croire que l'Europe sociale n'est plus à l'ordre du jour.
18:11 Alors, pour en débattre, deux invités, un Français du groupe de la gauche.
18:14 Emmanuel Morel, bonjour.
18:16 Et face à vous, un Roumain du groupe Renew, Aline Mitouta, bonjour à vous.
18:20 On commence avec vous.
18:21 Je précise que votre pays, la Roumanie, est le pays le plus pauvre de l'Union,
18:25 avec 34% de taux de pauvreté.
18:28 Votre entrée dans l'Union européenne n'a pas amélioré la situation
18:32 de vos concitoyens les plus fragiles ?
18:36 Je ne dirais pas que l'adhésion à l'Union européenne n'a pas contribué
18:42 à faire la situation meilleure, mais c'est vrai qu'on a en Roumanie
18:49 des écarts assez importants entre régions et entre catégories sociales.
18:54 On a par exemple la capitale, Bucarest, et d'autres grandes villes
18:58 qui sont au-dessus de la moyenne européenne en ce qui concerne le PIB par exemple.
19:03 Mais on a d'autres régions qui sont vraiment à 50% du PIB de l'Union européenne.
19:08 Donc on a beaucoup à faire.
19:10 C'est pour ça qu'on a des fonds européens pour se développer.
19:12 On a fait des efforts.
19:15 On est passé de 38% de la moyenne européenne jusqu'à 70%.
19:20 Donc on a fait des efforts, mais c'est vrai que les disparités sociales
19:25 sont encore très importantes.
19:27 Selon la dernière enquête Ipsos, 38% des Européens sondés ne font pas
19:34 trois repas par jour et 10% font appel à des associations pour se nourrir.
19:39 Alors Emmanuel Morel, c'est ça finalement le continent le plus riche en 2023 ?
19:46 Oui, mais à juste titre.
19:48 Vous avez souligné que Mme von der Leyen n'a même pas parlé de la lutte contre la pauvreté.
19:52 Pourquoi ? Parce que ce n'est pas son sujet.
19:54 Et la vérité quand même de l'Union européenne telle qu'elle est vécue aujourd'hui par les gens,
19:59 ce n'est pas l'Europe sociale dont vous parliez,
20:02 qui est dans les programmes mais qui ne se réalise jamais.
20:05 Ce qui doit être respecté avant tout pour les dirigeants, pour la Commission,
20:08 c'est la concurrence.
20:10 La concurrence entre les salariés, la concurrence entre les États,
20:13 et d'ailleurs les traités eux-mêmes n'évoquent pas l'Europe sociale
20:16 ou la lutte contre la pauvreté, mais par contre ils insistent bien
20:19 sur la liberté de circulation des marchandises, des capitaux, des personnes.
20:23 Et puis ce qui s'est passé, notamment avec l'élargissement aux pays de l'Est,
20:28 c'est que plutôt d'essayer d'harmoniser socialement les conditions de vie des salariés européens,
20:33 on les met en concurrence encore plus.
20:35 Par exemple, c'est le travail détaché qui a fait tant de mal dans les pays d'Europe de l'Ouest.
20:40 Donc finalement, moi ça ne m'étonne pas qu'elle n'en parle pas, Mme von der Leyen,
20:43 mais c'est tout le problème.
20:45 C'est que ça devrait être une priorité absolue,
20:47 et plutôt que la concurrence et la compétition, mettre au cœur du projet européen la solidarité,
20:52 ça ferait du bien.
20:53 On est loin de ça, et le contexte actuel, avec l'inflation, avec la crise de l'énergie,
20:59 exacerbe ces tensions, parce que vous avez parlé des enfants.
21:02 Et en effet, c'est très préoccupant de voir qu'aujourd'hui,
21:04 vous avez des dizaines de milliers d'enfants en Europe qui n'ont pas de toit,
21:08 presque un million de sans-abris en Europe.
21:10 Et je ne vous parle pas des étudiants, les étudiants c'est pareil,
21:13 les étudiants pauvres, ça explose dans les pays européens.
21:15 Et face à cette situation d'urgence sociale, la vérité quand même,
21:19 c'est que la Commission et bien des dirigeants ne font pas grand-chose.
21:22 Pourquoi ? Parce que ce n'est pas leur sujet, encore une fois.
21:24 C'est bien le problème.
21:25 À l'immédiat, vous faites partie plutôt de la majorité qui soutient la Commission,
21:29 en effet, qui s'était fixée comme objectif la réduction de la pauvreté en Europe.
21:33 On l'a dit, peinz un mot sur le sujet,
21:35 alors de son grand discours de rentrée de la présidente de la Commission européenne.
21:41 L'Europe sociale, réduire les inégalités, vous êtes d'accord ?
21:45 Ce n'est pas une priorité, ce n'est plus une priorité, vous êtes déçu ?
21:48 Oui, bon, je suis d'accord qu'il faudrait faire mieux au niveau européen sur les questions sociales,
21:55 mais la vérité c'est que dans les traités,
21:57 on n'a pas de compétences au niveau européen sur les questions sociales.
22:00 C'est une politique strictement nationale.
22:02 Alors pourquoi se fixer un objectif, la réduction de la pauvreté ?
22:05 Mais justement, c'est ça le problème.
22:07 Je suis d'accord avec M. Morel qui dit qu'on a un problème avec, par exemple, la pauvreté des enfants.
22:15 Je viens d'un pays dans lequel plus de 40% des enfants sont en risque de pauvreté et d'exclusion sociale.
22:22 Qu'est-ce qu'on fait au niveau européen ?
22:24 On a adopté une recommandation qui dit qu'il faudrait faire quelque chose.
22:29 On n'a pas de budget pour ça, c'est juste des recommandations comme ça.
22:33 Donc on n'a pas une vraie politique sociale au niveau européen.
22:35 Je suis d'accord qu'il faudrait avoir une politique sociale, mais pour cela, il faut changer les traités.
22:41 Parce qu'avec les moyens qu'on a au niveau européen dans ce moment, avec le budget qu'on a, on ne peut pas faire tout.
22:48 Donc on ne peut pas gérer tous les problèmes avec 100, 60 milliards d'euros par an.
22:54 C'est vraiment ridicule.
22:56 Pourquoi changer les traités ?
22:57 Il y a une commission, la commission a un pôle emploi, affaires sociales, fonds sociaux européens, etc.
23:04 Mais qu'est-ce qu'on fait dans la commission d'emploi ?
23:06 Je suis membre de la commission d'emploi.
23:08 On fait des recommandations, des résolutions, des choses comme ça.
23:11 On n'a pas le pouvoir dans les traités de faire des directives, des règlements,
23:17 de la réglementation qui est forte.
23:21 Parce que sinon, on peut toujours donner des recommandations au pays, mais sans avoir les moyens de les mettre en pratique.
23:28 Mais la lutte contre la pauvreté, c'est une question institutionnelle ? C'est une question de traité ?
23:32 Non, je crois que c'est une question politique.
23:34 Et le problème, c'est qu'il faut changer de politique.
23:36 Changer de politique économique, ça veut dire quoi ? Ça veut dire rompre avec l'austérité budgétaire.
23:39 Là, on aura un débat dans les prochaines sessions sur est-ce qu'on revoit le pacte budgétaire ?
23:44 Et vous avez déjà tous les pays dits frugaux qui disent attention, surtout pas de déficit supplémentaire.
23:49 En fait, en Europe, à part le pape qui se soucie encore de la pauvreté…
23:52 Et attendez, moi et bien d'autres, nos électeurs, la plupart des gens, en fait, vous,
23:57 c'est les dirigeants qui sont un peu sourds à ce qui se passe.
23:59 Mais j'insiste sur autre chose. Quand je disais c'est de la politique, pas seulement budgétaire,
24:03 la politique monétaire, par exemple, aujourd'hui, avec des taux très hauts, ça a des conséquences concrètes sur la pauvreté.
24:09 La crise de l'électricité, quand on voit les conséquences pour les petits chefs d'entreprise et les gens, les ménages,
24:16 ça c'est de la politique parce que le marché européen de l'électricité a été conçu de façon totalement absurde.
24:21 Le prix est annexé sur le gaz, le gaz explose, et résultat, on a des centaines de milliers d'entreprises qui sont en difficulté.
24:27 Donc en fait, au-delà de la question institutionnelle des traités, la vérité c'est que c'est la politique économique
24:32 qui est menée par les institutions européennes qui ne va pas. Et c'est ça qu'il faut changer.
24:36 Mais encore une fois, il n'y a pas que le pape. Les Européens, quand on les interroge sur ce qu'ils attendent de l'Union Européenne,
24:43 ils mettent ces questions-là au cœur, la solidarité. Sauf que pour l'instant, les dirigeants sont sourds à la question du creusement des inégalités.
24:51 D'ailleurs, j'insiste parce qu'on parle de la pauvreté, mais on pourrait dire aussi qu'au même moment,
24:54 il n'y a jamais eu autant de riches, de milliardaires et de millionnaires dans l'Union Européenne.
24:57 J'ai envie de dire précisément, pour réagir à la crise du Covid, pour réagir à la crise énergétique, on a beaucoup soutenu les entreprises.
25:04 On a dit qu'il fallait de la croissance, de la croissance, de la croissance. Est-ce qu'il ne faut pas revenir, vous êtes quand même
25:09 du Parti Réunion au centre de l'échiquier, sur un dogme libéral qui voudrait qu'avec la croissance, on sorte les gens de la pauvreté ?
25:16 Parce que finalement, on peut avoir de la croissance et ne jamais les sortir de la pauvreté.
25:20 Oui, c'est ce qu'on fait en fait avec les moyens qu'on a au niveau européen. Par exemple, pour la crise Covid, on a eu au niveau européen
25:29 le fonds sûr. Vous connaissez le fonds sûr, les 100 milliards d'euros pour aider les compagnies, pour aider les travailleurs à passer
25:38 les situations qui étaient difficiles dans la crise. On a aussi le fonds européen, on a le fonds social européen,
25:47 100 milliards d'euros sur 7 ans. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est quand même quelque chose. Il faudrait avoir aussi le pouvoir
25:55 d'adopter des règlements, des choses plus contraignantes. Parce que sinon, comme je l'ai dit, on a les politiques, par exemple,
26:03 pour sortir les enfants de la pauvreté, mais on n'a pas les moyens de les mettre en place au niveau des politiques nationales.
26:10 Donc ce qui reste, c'est des politiques nationales qui sont strictement, disons, nationales, parce qu'on ne peut pas faire des choses
26:18 au niveau européen. Ce n'est pas comme ça qu'on a. On n'arrive pas à bien viser d'ailleurs avec les fonds de cohésion,
26:24 avec les fonds finalement de relance. On arrive à viser la couche justement qui travaille, les travailleurs pauvres peut-être.
26:31 Mais on n'arrive pas vraiment à viser ceux qui sont déjà marginalisés, qui ne sont pas inscrits nulle part, qui sont un peu invisibilisés.
26:36 Alors déjà, les travailleurs pauvres, c'est au moins 30 millions en Europe et on ne les vise pas tous. Mais là où vous avez raison,
26:42 c'est le programme SURE, par exemple, ou le plan de relance, c'était des bonnes idées. Le problème, c'est que les intentions actuelles
26:48 de la Commission et de certains États membres, c'est de les abandonner, alors même que ça avait quand même permis,
26:53 comme vous le disiez en introduction, des filets de sécurité. Mais la vérité, encore une fois, c'est qu'il faut en faire des priorités politiques.
26:59 Moi, je crois, vous parliez de la Commission emploi. Elle a quand même un rôle, la Commission emploi, quand elle s'est saisie du sujet
27:05 de l'ubérisation des travailleurs des plateformes, elle a quand même produit du texte. Moi, je crois que rien n'empêche aujourd'hui
27:11 les eurodéputés, évidemment avec les autres institutions, de faire une directive sur les salaires et faire une proposition,
27:17 par exemple, de les indexer sur l'inflation. On sait qu'aujourd'hui, c'est quand même un sujet brûlant.
27:21 Il y a eu une directive sur le salaire minimum européen.
27:23 Largement insuffisante. C'était un premier pas, mais largement insuffisante, comme d'ailleurs à chaque fois qu'on parle d'Europe sociale. Mais c'est possible.
27:29 Il y a quelque chose aussi qui a changé la donne. La guerre en Ukraine et le changement climatique accentuent la notion de précarité énergétique.
27:37 On a réussi à passer l'hiver 2022-2023 tant bien que mal. Celui qui arrive là, c'est l'hiver de tous les dangers, d'autant plus que les gouvernements
27:47 disent ne plus avoir d'argent pour aider les plus démunis. Vous craignez cet hiver et notamment cette précarité énergétique
27:54 qui accentue encore plus la fragilité des plus pauvres ? Je dirais pas seulement cela, mais il y a aussi le problème des augmentations des prix aux aliments.
28:05 Et nous, dans les pays de l'Est, on voit très bien ça. Ce qu'on fait au niveau européen, c'est par exemple de donner de l'argent par le biais de la politique de cohésion
28:18 pour contribuer à la facture de l'énergie. Mais ça, c'est pour une période limitée. Donc on a fait ça l'année passée. Certains pays ont fait ça.
28:27 Je pense qu'il faudrait continuer une politique sociale au niveau européen. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Mais changeons les traités alors.
28:35 Parce qu'on donne à l'Union européenne les moyens de faire ça.
28:39 Mais en attendant, vous faites quoi pour l'hiver qui arrive ? Vous dites quoi aux concitoyens européens qui voient l'hiver arriver avec des factures qui flambent
28:48 et une précarité énergétique qui cesse de s'accentuer ?
28:52 Par exemple, pour le gaz, on fait déjà des choses. On a pris une décision au niveau européen, la Commission a pris cette décision,
29:01 de mettre dans le dépôt assez de gaz pour passer l'été. C'est ce qu'on a fait déjà. Je suis d'accord qu'on devait faire plus, mais il faudrait avoir les moyens pour faire ça.
29:16 Au niveau européen, parce que comme je disais, au niveau national, chaque pays prend ses propres mesures.
29:23 D'ailleurs en France, Emmanuel Morel, les Restos du Coeur en appellent désormais à la solidarité de l'État.
29:30 Alors que l'association était particulièrement aidée traditionnellement par la politique agricole commune, elle recevait les résidus de cette PAC.
29:40 Même la solidarité privée semble en faillite. Les gens ne veulent plus aider. Ce n'est plus une priorité. Ils n'ont plus les moyens.
29:48 Je ne dirais pas ça. Il y a surtout beaucoup de gens qui n'ont plus les moyens d'aider.
29:51 Les Restos du Coeur ont alerté. C'est une situation très dramatique. Mais si on en reste à l'Europe, c'est exactement pareil.
29:57 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on est un certain nombre d'eurodéputés, de droite comme de gauche,
30:02 à demander à ce que le fonds qui va en direction des banques alimentaires soit largement amélioré.
30:08 Aujourd'hui, c'est 600 millions sur une période de cinq ans. Ça ne suffit pas.
30:12 En France, on dit que c'est un besoin de plus de 30 %. C'est à peu près vrai dans tous les pays d'Europe,
30:18 même des pays supposément riches comme l'Allemagne ou la Belgique.
30:21 Donc là, je pense que dès la discussion budgétaire, on peut améliorer ça concrètement.
30:27 Mais je reviens sur ce que disait mon collègue qui vient de Roumanie. Moi, je pense qu'il y a quand même des choses qu'on peut faire maintenant.
30:33 Sur les prix alimentaires, ce n'est pas très libéral, ce n'est pas vraiment le marché, mais il faudra en passer par le blocage des prix.
30:40 Parce qu'aujourd'hui, en France, par exemple, les prix alimentaires, c'est plus 12 %. On prévoit éventuellement plus de 20 % l'année prochaine.
30:47 Vous voyez bien que c'est une trappe à pauvreté considérable.
30:50 Mais je reviens sur l'énergie parce que je trouve qu'on n'a pas assez le débat au niveau européen.
30:53 On a un marché européen de l'électricité qui marche sur la tête. Indexer le prix sur le gaz, c'est une folie, puisque par définition, le gaz est en train de s'envoler.
31:02 On est censé le réformer.
31:03 D'accord, on réforme, sauf que ça fait maintenant six mois qu'on dit qu'il faut le réformer.
31:07 Les commissaires, d'ailleurs, ne sont pas d'accord entre eux, les États membres non plus. Or là, il y a une urgence, une vraie urgence.
31:14 Je vous prends l'exemple français. Si, comme les Portugais ou les Espagnols, on sortait du marché européen de l'électricité,
31:20 les prix pour nous, ça serait 50 % moins cher. Vous imaginez ce que ça veut dire pour les gens ?
31:25 Donc là, si ce n'est pas au cœur de la campagne européenne, par exemple, et si ce n'est même pas au cœur de nos débats dans les mois qui viennent,
31:32 on ne joue pas notre rôle. Moi, je veux que la question du marché européen de l'électricité, qui dysfonctionne totalement, soit traitée urgentement.
31:40 Alors justement, vous parlez de la campagne européenne. Les partis d'extrême droite arguent qu'il ne faut accueillir aucun réfugié, aucun migrant dans une Europe
31:48 qui ne parvient pas à aider ces pauvres. C'est un argument massif. C'est une réalité à l'inminita ?
31:54 C'est clairement une réalité, je pense, dans toute l'Union européenne. Les partis d'extrême droite sont très puissants.
32:04 Je pense que dans le futur Parlement, on aura peut-être un tiers des députés qui viendront de ces familles politiques.
32:11 Mais c'est un argument qui se diffuse de plus en plus dans les sociétés européennes.
32:16 Je pense que nous, les partis politiques, les politiciens qui sont au centre, devons faire plus pour expliquer aux gens quels sont les avantages de l'Union européenne,
32:27 quels sont les avantages de la démocratie. Parce que les extrêmes droites, je pense qu'ils sont aussi contre la démocratie en soi.
32:34 Et donc, oui, les élections de l'année 2024 sont essentielles pour le futur de l'Union européenne.
32:42 Le pouvoir européen, il existe encore ? On peut espérer une Europe sans pauvres un jour ?
32:46 Oui, mais je reviens sur votre sujet. Alors, ça sera la confrontation traditionnelle avec l'extrême droite.
32:51 Mais le principe de solidarité qui devrait prévaloir au sein de l'Union européenne, il doit prévaloir aussi avec les autres pays du monde.
32:57 Moi, je ne comprends pas que l'Europe ne fasse pas plus d'efforts pour participer au développement de continents qui sont nos frères.
33:04 Je pense à l'Afrique, je pense au pourtour méditerranéen qui a été quand même abandonné depuis quelques années, il faut bien le dire.
33:10 Il n'y a plus de politique européenne en direction de la Méditerranée.
33:13 Ça, ça fait partie aussi, vous parliez du rêve européen, en tout cas, l'identité politique de l'Europe, c'est aussi ce principe de solidarité qui vaut,
33:19 qui devrait valoir à l'intérieur et à l'extérieur. On en est loin, mais moi, je ne désespère pas.
33:25 Avec un peu plus d'impôts peut-être pour financer ce rêve européen ?
33:29 Mais ce n'est pas que les impôts, c'est surtout la redistribution des richesses, madame de Camarey.
33:33 Parce qu'en fait, comme je le disais tout à l'heure, des riches en Europe, il y en a de plus en plus.
33:37 Le problème, c'est qu'il faut réduire les inégalités. Et pour ça, il faut des politiques de redistribution dont madame van der Leyen et sa majorité ne veulent pas.
33:45 Et on aura l'occasion d'en reparler. Merci. Merci à tous les deux d'être venus débattre sur notre plateau.
33:49 Merci à vous d'avoir été en notre compagnie. Restez bien sûr sur nos deux antennes. L'information continue.
33:55 (Générique)

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