Il y a deux semaines, Mamadou Doumbia, alors entraîneur de l'Olympique Lyon Sud en R1 (sixième division), a démissionné en expliquant qu'on lui reprochait de faire jouer trop de joueurs noirs.
Depuis, la quasi totalité du groupe a quitté le club pour dénoncer cette situation et d'autres propos à caractère raciste. Pourtant, l'Olympique Lyon Sud, la Ligue Auvergne Rhône-Alpes et la FFF ne disent toujours rien. Un silence qui en dit long.
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Depuis, la quasi totalité du groupe a quitté le club pour dénoncer cette situation et d'autres propos à caractère raciste. Pourtant, l'Olympique Lyon Sud, la Ligue Auvergne Rhône-Alpes et la FFF ne disent toujours rien. Un silence qui en dit long.
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SportTranscription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue.
00:01 Il y a quelques temps, on évoquait sur la chaîne le double discours des instances sportives
00:05 dans la lutte contre le racisme.
00:07 C'est bien simple déjà, il faut que le cas soit médiatisé pour qu'il y ait une action.
00:10 Et plus le cas est médiatisé, plus les déclarations de ces dirigeants vont être tonitruants.
00:15 On va condamner avec la plus grande fermeté ces actes-là, on va appeler au changement
00:19 et on va annoncer des choses.
00:21 C'est bien simple, on va annoncer tellement de choses dans les médias, on va tellement
00:24 faire de la communication qu'on va donner l'illusion justement que ces instances luttent
00:28 réellement contre le racisme.
00:30 Alors qu'on le rappelle, lorsque Janine Fantino, le tout puissant président de la FIFA, a
00:34 pris les règles il y a quelques années, l'une des premières décisions avait été
00:37 de démanteler justement la task force qui luttait contre les questions raciales dans
00:42 le football.
00:43 Donc nonobstant cela, nonobstant les faits, on fait des effets d'annonce pour donner
00:46 cette illusion-là.
00:47 Maintenant, imaginez un cas qui n'est pas médiatique, qui ne fait pas la une des grands
00:52 journaux.
00:53 Que va-t-il se passer pour toutes ces instances-là ?
00:54 C'est exactement ce qu'on voit depuis maintenant deux semaines en France dans un club à la
00:58 périphérie de Lyon qui s'appelle l'Olympique Lyon Sud.
01:02 Il y a deux semaines environ, le coach Mamadou Doumbia avait publié sur ses réseaux, puis
01:06 ensuite dans une interview à Foot National, qu'il quittait le club parce qu'on lui
01:09 reprochait de sélectionner trop de joueurs noirs.
01:12 Entre plein d'autres remarques très racistes, on remarque qu'aujourd'hui, quasiment une
01:16 vingtaine de joueurs est parti du club, qu'il ne reste simplement que trois éléments en
01:20 équipe première et que le club n'a toujours pas communiqué.
01:23 Pas plus que la ligue Ronald Pauverne qui n'a toujours rien dit, ou la Fédération
01:28 française de football qui est censée assurer le bien-être de tous ses licenciés, et notamment
01:32 dans le football amateur.
01:33 Pourquoi un tel mutisme ? C'est bien simple, c'est parce qu'on n'en parle pas assez.
01:37 Et tant que ça ne suscite pas l'indignation populaire, ces fédérations-là, ces instances-là,
01:42 elles préfèrent rester bien tranquilles au chaud et jouer la politique de l'autruche.
01:45 Parce qu'on ne pourra pas me faire croire qu'au minimum, la ligue Ronald Pauverne n'est
01:50 pas au courant alors que cela fait grand bruit dans le microcosme lyonnais.
01:54 Un petit rappel des faits est nécessaire.
01:56 L'Olympique Lyon Sud, c'est un club de Régional 1, la 6e division française.
02:00 Ils sont d'ailleurs promus à cet échelon-là.
02:02 Et ce club est en fait une fusion entre Singe Nillabal et Pierre Bénit à la périphérie
02:07 de Lyon.
02:08 Et entraînant cette équipe, il s'agit d'un ancien défenseur passé Paris, ce qui avait
02:11 été international également pour la Côte d'Ivoire, Mamadou Doumbia, qui à l'époque
02:15 avait récupéré l'équipe en Régional 2, un échelon en dessous, avait réussi à
02:19 maintenir le groupe, et puis l'an dernier, magnifique saison, il montait en Régional
02:23 1.
02:24 Une équipe plutôt correcte, 4 points sur 6, et une qualification pour le 4e tour de
02:27 Coupe de France.
02:28 Donc sportivement, tout va bien.
02:30 Dans le groupe, on retrouve des joueurs qui sont passés par Lyon, qui sont passés par
02:33 Troyes, bref, par pas mal de centres de formation, et de l'avis unanime de tout le monde, c'est
02:38 un groupe qui s'entend très très bien.
02:40 Sauf que voilà, il y a un problème depuis un petit moment.
02:42 On remarque que sur certaines photos d'équipe, certaines personnes, sans les nommer, on
02:46 disait que c'était l'entourage, que c'était des gens externes au club.
02:49 Oh là là, ça a bronzé cet été, ce genre de remarques-là.
02:52 Et puis peu à peu, cela va s'intensifier.
02:55 On va questionner les choix de recrutement, en corrélant le fait que Mamadou Doumbia
02:59 est noir, et qu'il ferait peut-être preuve de communautarisme en ramenant davantage de
03:02 joueurs noirs.
03:03 Ça, c'est ce que le président lui disait notamment.
03:05 Mais le président disait "oui, on m'a dit que", il faisait entre guillemets, "passer
03:09 un message", mais on savait jamais vraiment qui disait cela.
03:12 Et puis au fur et à mesure, entre les personnes extérieures du club, et certaines personnes
03:16 à l'intérieur du club, il y avait de plus en plus cette ambiance, et des propos complètement
03:20 surréalistes.
03:21 La planète des singes, notamment.
03:23 Oh, il y a beaucoup trop de joueurs noirs, etc.
03:26 Et après, on ne se cachait même plus à ce niveau-là.
03:29 Tant et si bien qu'avant sa démission, le coach avait mis un post sur Facebook avec
03:33 une photo de son groupe, en disant qu'on s'en fout de la couleur.
03:37 Parce qu'en plus, comme vous pouvez le voir, les blancs, les joueurs d'origine asiatique,
03:42 maghrébine, africaine, enfin bref, c'est un vestiaire, comme vous le voyez au basket,
03:46 qu'on ne le fout pas.
03:47 Mais on avait toujours cette petite impression-là.
03:49 Et lorsqu'un joueur a repris ce post-là, ça a été le drame.
03:53 On a demandé à ce que ce soit supprimé et tout.
03:55 Visiblement, ça dérangeait énormément certaines personnes du comité directeur.
03:58 Mais encore une fois, ce n'était jamais très franc.
04:00 Oh, on nous a dit que...
04:01 Et c'était toujours des petits sous-entendus sur le bronzage des joueurs.
04:05 Oh, il y a peut-être un peu trop de noirs.
04:07 Et des fois, des propos complètement inadmissibles.
04:09 Mais jamais dit en face.
04:10 Ah, on rapporte des propos.
04:12 Non, mais ça, c'est quelqu'un de la Ligue.
04:13 Ah, mais ce sera un élu.
04:14 Ah, mais c'est...
04:15 Donc, au bout d'un moment, le fait de cette pression et ce climat malsain,
04:19 à un moment donné, comme le dit Mamadou Doumbia,
04:21 on lui a clairement reproché d'avoir trop de noirs dans l'équipe.
04:24 Il a jugé ça inadmissible.
04:25 Il a démissionné avec son adjoint.
04:27 Il y a eu un pot de départ.
04:29 Vous savez, les pots de départ, normalement, des coachs, il n'y a pas tout le monde.
04:31 Il y avait tout l'effectif.
04:32 Ce qui s'est suivi derrière, directement, une quinzaine de joueurs ont dit non, non.
04:36 On ne tolère pas.
04:37 On part.
04:38 Pas qu'une quinzaine de joueurs noirs.
04:40 Tout le monde.
04:41 Toutes les origines.
04:42 Aujourd'hui, il n'y a plus que trois joueurs dans l'équipe.
04:45 Ce qui fait que, lors du quatrième tour de la Coupe de France,
04:47 ils ont demandé à des joueurs de la deuxième équipe de venir.
04:50 Les joueurs ont refusé pour la plupart.
04:52 Donc, ils ont dû prendre des jeunes, des U20,
04:54 parce qu'il y a eu une réunion entre les joueurs et la direction.
04:56 Les joueurs ont posé trois questions.
04:58 Déclaircir ces histoires de racisme.
05:01 Pas de réponse.
05:02 Vis-à-vis du coach, pas vraiment de réponse.
05:04 Et de se demander pourquoi, alors que sportivement, tout allait bien,
05:07 le directeur sportif et le président voulaient rencontrer un autre entraîneur,
05:09 Saïd Mehama, qui finalement n'a pas pris le job.
05:11 C'est une autre personne, qui est en Régional 3, M. Grandurco,
05:13 qui est venue ici, et qui dit qu'il n'était pas au courant de tout cela,
05:17 de toute cette mêlasse.
05:18 C'est bien simple, aujourd'hui, le club n'a toujours pas communiqué.
05:20 Tout l'effectif, quasiment, a été solidaire.
05:23 Ce qui est très rare.
05:24 On le pointe souvent à raison de l'individualisme dans le football.
05:27 Là, vous avez une équipe entière qui a dit non.
05:30 Et ce qui est absolument incroyable, c'est que personne n'a communiqué.
05:34 Le club n'a rien dit.
05:36 Le club n'a quasiment plus d'équipe première.
05:37 C'est-à-dire que là, pour ce week-end, ils vont faire comment ?
05:39 Ils ont trois joueurs de l'équipe, une,
05:40 ils vont demander à des joueurs de la deuxième équipe de venir,
05:42 ce n'est pas vraiment sûr, et des jeunes.
05:44 Sachant qu'on le rappelle, quatrième tour de Coupe de France,
05:46 ils ont perdu contre une départementale 1.
05:49 Pendant que la réserve a tout explosé.
05:51 Et vous avez des joueurs, aujourd'hui, qui préfèrent ne pas jouer,
05:53 ou qui, justement, essaient de solider une situation,
05:55 il y en a certains qui étaient restés un peu plus pour s'entraîner,
05:57 en attendant peut-être de trouver un autre club pour garder la forme,
05:59 parce que le but de ces mecs-là, en fait, c'est que le coach récupère l'équipe,
06:02 et qu'ils reviennent tous ensemble, quasiment.
06:04 Quelque part, comme une famille, comme les valeurs que programme l'Olympique Lyon Sud.
06:08 Alors attention, il n'est pas question d'accuser l'Olympique Lyon Sud en entier, pas du tout.
06:12 Comme le dit le coach Mabadou Doumbia, et tous les joueurs que j'ai pu avoir,
06:14 et toutes les autres personnes, il s'agit d'une minorité.
06:17 Sauf que c'est une minorité agissante, bruyante, enfin bruyante,
06:21 qui n'a quand même pas le courage de dire en face ce qu'elle pense réellement.
06:24 Donc on se réfugie toujours derrière.
06:26 Et le président avait été sommé de communiquer.
06:28 Depuis deux semaines, toujours rien.
06:30 Donc une question se pose. Qu'est-ce qui s'est réellement passé à l'Olympique Lyon Sud ?
06:34 Et pourquoi le club se terre dans le silence ?
06:37 Pourquoi la Ligue Overt et Grenal, qui a quand même dû voir l'entretien,
06:40 on parle de choses très graves, potentiellement d'ailleurs répréhensibles vis-à-vis de la loi.
06:45 Aucune enquête, rien.
06:46 Pareil à la Fédération Française de Foot, qui est censée garantir le bien-être et le respect dans ses compétitions.
06:53 Amateurs, c'est eux les garants. Rien du tout.
06:56 Le ministère des Sports, très proche d'envoyer des enquêtes, notamment pour des champs homophobes.
07:00 Y'a pas de problème, c'est logique.
07:02 Là, rien du tout. Pourquoi ? Parce que c'est pas médiatisé.
07:05 Parce que c'est un club de régional 1.
07:07 Donc, quelque part, on tasse l'affaire.
07:10 On espère que dans quelque temps, plus personne n'en parle.
07:12 Ça, c'est le but de certains dirigeants du club.
07:15 Sauf que t'as certains éducateurs qui sont contre ça.
07:18 T'as des gens très bien à l'Olympique Lyon Sud qui sont eux-mêmes victimes de cette situation-là.
07:22 D'un club où l'équipe première marchait comme pas possible.
07:26 Qui véhiculait quelque part une bonne image, qui essayait de faire des choses.
07:28 Y'a plein d'autres raisons.
07:30 Quand on vous dit, dans cette interview,
07:32 "Oui, oh bah, fatigue le pas, c'est le seul joueur blanc que tu as quasiment."
07:35 Que des remarques sur la couleur de poing, etc.
07:38 Comment c'est tolérable, en fait ?
07:40 Et comment, quelques semaines après les faits,
07:42 les élus, les instances, les ligues,
07:45 personne n'ose demander des explications.
07:47 Alors que, je le répète, tu dis à une seule personne, c'est parole contre parole,
07:51 comment vous m'expliquez qu'un groupe tout entier préfère ne pas jouer,
07:55 parce qu'il y en a, c'est hors mutation, donc,
07:57 quitte à galérer, à pas avoir de club pendant quelques mois,
07:59 à perdre aussi le revenu complémentaire qu'ils avaient,
08:01 parce que certains bossaient tout à côté,
08:03 ils le font par principe et solidarité.
08:05 Et on va me dire qu'il n'y a pas de médias nationaux,
08:07 qu'il n'y a pas d'instances pour se saisir de cette affaire-là ?
08:10 Mais à un moment donné, c'est ça, en fait, le double discours des instances contre le racisme.
08:13 C'est quand ça fait beaucoup parler, et qu'il y a un outrage public.
08:16 De la même manière qu'il y a un problème dans le footcom, l'affaire Roubialès.
08:19 C'est quand il y a un outrage, quand il y a une question d'image,
08:21 où là on réagit, là on condamne avec la plus grande fermeté.
08:24 Mais quand ça se passe dans des divisions inférieures,
08:26 où que pas grand monde n'en parle, là, on préfère ne rien dire.
08:29 Et quelque part, on cautionne ce genre d'actes potentiels.
08:32 Parce que ce qui importe aujourd'hui dans cette affaire,
08:34 c'est de savoir qui est derrière tout ça.
08:36 Parce que le flou a volontairement été entretenu par certaines personnes du club.
08:40 C'est aussi au président, aujourd'hui, de communiquer,
08:42 on est évidemment impatients d'avoir sa version,
08:45 parce que c'est bien gentil d'aller voir les gens, de dire
08:47 "Un tel m'a dit que... un tel m'a dit que..."
08:49 Oui mais tu penses...
08:50 À un moment donné, ce serait bien aussi d'arrêter de se cacher derrière les uns et les autres,
08:53 pour le vice-président, pour tout le monde.
08:54 Donc la question, elle est à l'Olympique du Sud,
08:56 elle est à la Ligue Overt de Ronalpe, à la Fédération française de football.
08:59 Qu'est-ce que vous allez faire de cette affaire,
09:01 qui est peut-être une des plus grosses affaires de racisme dans le football français,
09:03 qui est pour le moment, est passée complètement sous silence.
09:06 Bref, je pense en avoir assez dit.
09:08 Malheureusement, il va falloir partager cela et le diffuser le plus possible.
09:10 Parce que malheureusement, s'il n'y a pas le bruit escompté,
09:13 encore une fois, ce sera une affaire qui sera passée sous le tapis.
09:15 Et vu la gravité des allégations, je pense qu'il est plus que temps d'en parler.
09:19 Trip de Faith, et encore bravo à tous pour votre courage.