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En 2019, Maxime Médard a 33 ans, et cela fait 10 ans qu’il joue en équipe de France. Dans ce dernier épisode du podcast « Les Géants du rugby », il raconte sa 63ème et dernière sélection lors de la Coupe du Monde organisée au Japon. Le rugby français est alors en crise, le XV de France est retombé à la huitième place mondiale et n’a pas brillé lors de ses derniers tournois. Les médias accordent peu de crédit à l’entraîneur Jacques Brunel, qui lui, a pour première ambition de sortir des phases de poules. Pour ne rien arranger, les premiers matchs de préparation se déroulent dans des stades quasiment vides. C’est donc loin d’être en position de favoris de la compétition que les Bleus s’envolent vers le Japon.
Maxime Médard est le doyen des Bleus et il joue le « grand frère » auprès des jeunes recrues comme Romain Ntamack. Malgré les critiques, il est fier de pouvoir disputer cette compétition avec le XV de France. En plus d’une aventure sportive, les Bleus s’apprêtent à vivre une aventure culturelle. Tout juste arrivés au Japon, ils reçoivent un accueil chaleureux de la part des supporters japonais. Mais les Français doivent vite s’adapter à la culture et au climat car un gros défi les attend : la « poule de la mort ». Les Bleus vont devoir affronter coup sur coup les Argentins, leur bête noire du moment, et les Anglais, champions en titre. Le match contre l’Argentine est remporté de justesse, et les victoires contre les Etats-Unis et les Tonga ne sont pas glorieuses, ce qui ne rassure pas les Bleus à l’aube de leur rencontre avec le XV de la Rose.
Mais un coup du destin va simplifier le parcours des Bleus en phases finales : leur dernier match de poule est annulé à cause du typhon Hagibis, le plus puissant de l’année. Les Bleus évitent donc leurs « meilleurs ennemis » anglais et vont disputer un quart de finale inespéré contre les Gallois. Mais les Bleus sauront-ils maintenir la chance de leur côté pour continuer dans la compétition ? C’est ce que Maxime Médard nous raconte dans cet épisode des « Géants du rugby », un podcast original produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Géants du rugby" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-geants

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Transcription
00:00 C'était une période quand même compliquée.
00:03 En 2019, pendant 4 ans, on a eu un changement de sélectionneur.
00:06 Des résultats pas très bons.
00:09 Il n'y avait pas grand monde qui comptait sur nous,
00:10 il n'y avait pas grand monde qui croyait en nous.
00:12 Maxime Edard, c'est un peu le sage de l'équipe de France en 2019.
00:18 Un joueur expérimenté de 33 ans, adepte de la méditation.
00:22 Il sait pertinemment qu'il va disputer sa toute dernière Coupe du Monde au Japon.
00:26 A cette époque, le rugby français est en pleine crise.
00:29 Guinovesse a été licencié, son successeur à la Tête des Bleus, Jacques Brunel,
00:33 ne fait pas l'unanimité, le public déserte les tribunes
00:36 et bout d'un 15 de France, retombé à la 8ème place mondiale.
00:39 Je m'appelle Manon Fossat, bienvenue dans ce nouvel épisode des Géants du Rugby.
00:47 En 2019, j'avais 33 ans.
00:52 J'avais un rôle un peu de grand frère parce que j'étais en chambre avec Romain Tamac.
00:56 Donc lui qui était le plus jeune à cette période-là et moi le plus vieux.
01:01 Donc j'étais un peu figure de grand frère.
01:04 Le mettre dans de bonnes dispositions, le rassurer, le mettre en confiance,
01:09 même s'il n'avait pas forcément besoin de ça parce que Romain est quelqu'un de posé, de calme.
01:13 Il ne fait que dormir en plus, c'est insupportable.
01:16 Donc non, non, j'avais un rôle de...
01:21 Je savais que c'était potentiellement ma dernière Coupe du Monde
01:24 et c'était ma dernière Coupe du Monde.
01:26 Et le dernier objectif en équipe de France.
01:28 Donc j'étais appliqué on va dire.
01:30 Au sein du groupe, un homme concentre les critiques.
01:35 C'est le capitaine Guilhem Guirado.
01:37 Depuis qu'il porte le brassard, il a perdu en moyenne 2/3 de ses prestations avec l'équipe de France.
01:41 Et pour ne rien arranger, les matchs de préparation ont lieu dans des stades à moitié vide.
01:45 Le rugby était à ce moment-là pas forcément apprécié.
01:51 Quand tu vois aujourd'hui les résultats de l'équipe de France,
01:55 il y a tout qui change.
01:56 La communication, aussi les effets, le spectacle qu'il y a avant, après le match.
02:01 Nous, il n'y avait pas grand-chose.
02:03 On nous accorde pas beaucoup de crédit.
02:05 Donc notre premier challenge, il sera là, de sortir de cette poule.
02:09 Et après, l'histoire a montré que l'équipe de France, elle est capable d'aller loin.
02:13 Mais nous, on va d'abord se cantonner à ce challenge-là, qui est la marche obligatoire.
02:18 Jacques Brunei annonce la sélection.
02:21 Je l'apprends, comme tout le monde, à la télé ou par les médias.
02:25 Mais j'étais fier, en fait.
02:27 J'étais fier parce que c'était...
02:30 En 2015, Philippe Saint-André m'avait appelé.
02:33 Et pendant 10 minutes, il m'avait expliqué pourquoi je ne faisais pas partie de la sélection.
02:39 Il m'a dit "écoute, j'ai pas grand-chose à te dire, mais je te prends pas."
02:43 Mais par contre, s'il y a un blessé, je t'appelle.
02:48 Finalement, malheureusement, il y a Yoann Hugier qui se blesse.
02:52 Et finalement, il m'appelle pas, il appelle quelqu'un d'autre.
02:56 Donc j'avais vraiment... 2019, pour moi, c'était vraiment important.
03:00 Parce que, d'un, je savais que c'était mon dernier objectif en équipe de France.
03:07 J'avais envie d'amener ma famille, ma fille au Japon, de découvrir ce pays.
03:14 C'était pour moi l'objectif ultime.
03:19 Et comme je n'avais pas été pris en 2015, j'avais tout fait pour être...
03:22 Donc une fierté incroyable.
03:25 Quand tu sais qu'il y a ton nom qui s'affiche et que tu vas partir à la Coupe du Monde.
03:33 C'est le rêve ultime pour un sportif.
03:36 Avant même le début de la compétition, le sélectionneur Jacques Brunel l'admet.
03:44 Passer le premier tour de cette Coupe du Monde, ce sera déjà un challenge.
03:48 Il faut dire que le 15 de France se retrouve dans ce qu'on appelle la "poule de la mort",
03:51 avec l'Angleterre, championne du monde en titre,
03:53 et l'Argentine devenue depuis quelques années la bête noire des Français.
03:56 Les rugbymans français décollent pour le Japon.
03:58 Ce sera samedi, la Coupe du Monde commence le 20 septembre, rendez-vous pris.
04:02 Et en attendant, ils ont reçu une visite de Marc aujourd'hui,
04:04 celle du président de la République, venu déjeuner avec eux.
04:07 Un Marc aussi est venu les encourager.
04:09 Vous n'êtes pas les favoris de cette compétition, on le sait bien.
04:11 Et vous vous êtes bien fait secouer ces derniers temps.
04:14 Y compris par tous les commentaires qu'on a pu lire,
04:15 et je sais combien ça peut être blessant, dur, et combien c'est désagréable.
04:20 Mais je sais une chose, c'est qu'en sport, rien n'est jamais écrit.
04:23 Il n'y a pas qu'en sport, vous me direz, mais en sport, c'est aussi vrai.
04:26 Et si on avait le résultat d'une compétition au début, ce ne serait pas la peine d'y aller.
04:29 Ça se joue sur le terrain.
04:31 Je suis sûr d'une chose, c'est que sur le terrain,
04:33 celui qui a peur, celui qui ne croit pas en lui, il n'a aucune chance de gagner.
04:37 On est arrivé le soir, un décalage horaire quand même assez énorme.
04:42 Et on arrive, et on a fait plus de 20 heures de vol,
04:46 et on arrive là-bas où il faut encore faire un peu de bus.
04:50 Et tout est différent, mais comme c'est la nuit,
04:53 finalement au bout de 10 minutes, tout le monde dort dans le bus.
04:55 Et on arrive dans cet hôtel à Fujiyoshida,
04:59 à côté d'un parc d'attractions et en face du mont Fuji.
05:02 Tu découvres un peu, et les gens t'accueillent par les japonais qui sont juste incroyables.
05:06 On arrive à l'hôtel et tu as beaucoup de japonais avec les drapeaux français qui t'accueillent.
05:11 Tu arrives, tu rentres dans la compétition.
05:14 Au Japon, déjà, tu es en général plus grand que la moyenne.
05:24 Tu as beaucoup d'européens qui ont beaucoup de tatouages,
05:26 et les tatouages au Japon, c'est quand même particulier.
05:30 Donc ça, ils nous avaient briefés,
05:32 parce qu'on avait deux personnes qui nous accompagnaient pour les traducteurs.
05:37 Ils nous avaient briefés un peu sur les règles, sur comment se comporter et tout.
05:42 Et c'est vrai que par rapport aux tatouages,
05:44 il y a des endroits où on peut faire la récup, mais il fallait cacher les tatouages.
05:48 Donc c'est vraiment une culture vraiment différente.
05:55 Tu te balades dans la rue, les gens te prennent en photo.
05:59 Pour eux, ils adorent les français, donc c'était génial.
06:05 J'étais allé dans un collège avec Fabien Galtier et d'autres joueurs.
06:11 Et cette culture japonaise où c'est strict,
06:15 ça respecte, c'est à la minute, à la seconde et tout.
06:19 Et en fait, on est rentré dans un gymnase où il y avait des chaises alignées,
06:24 et en face, il y avait tous les élèves.
06:26 Et c'était très protocolaire.
06:28 C'était impressionnant.
06:31 Et je me souviens que Fabien avait pris la parole à la fin,
06:35 et avait parlé un peu plus que le temps qu'ils avaient prévu.
06:38 Donc ça a mis un peu le boxon dans leur organisation.
06:45 Et finalement, on devait faire des passes à la fin, je crois, 10-15 minutes.
06:49 Finalement, on a fait 5 minutes et c'était plié.
06:52 Mais je trouve que c'est bien de mettre ces actions-là.
06:55 Alors ce qu'il faut rappeler, c'est que le Japon a une vraie culture rugbistique.
06:59 Et ce Mondial est donc un événement majeur, insiste Kojiro, que j'ai rencontré,
07:04 et qui joue dans un club de la banlieue de Tokyo.
07:06 Ça fait des décennies qu'on joue au rugby ici.
07:10 On a plus de 100 000 licenciés dans tout le pays, alors forcément, ce Mondial nous intéresse.
07:15 Je serai au stade pour l'ouverture, ça va être génial.
07:17 C'est une chance incroyable pour notre pays, et surtout pour notre rugby,
07:20 qui peut être reconnu mondialement.
07:22 Une semaine avant leur premier match,
07:26 les joueurs du 15 de France assistent à la cérémonie officielle de bienvenue.
07:29 Ils sont tous en costume cravate, et des enfants japonais forment une haie d'honneur
07:33 en agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge.
07:35 Les joueurs se font alors remettre une casquette, la fameuse cape,
07:38 avant de poser pour la photo devant un sanctuaire shintoïste.
07:41 Quelques jours plus tard, le 19 septembre, le premier match de poule a lieu à Tokyo.
07:45 Le stade est quasi-comble.
07:46 Alors on s'est acclimatés, et le premier match, c'était le match pour nous le plus important.
07:53 Contre l'Argentine.
07:54 Parce qu'on avait dans la poule l'Argentine, on avait le Tonga, on avait l'Angleterre,
08:00 et les Etats-Unis.
08:01 Et on savait que si on gagnait les Argentins, les Anglais étaient plus forts que nous,
08:09 à ce moment-là, et on savait qu'on pouvait finir soit premier, soit deuxième.
08:14 Donc c'est vrai que ce match-là, on a eu peur.
08:17 On fait une bonne première à mi-temps, et c'est vrai que la deuxième à mi-temps,
08:19 c'est un peu compliqué, mais encore une fois, ça montre le caractère de l'équipe,
08:23 et on est allés le chercher.
08:24 Le scénario du match est renversant.
08:26 Les Bleus se dirigent vers un succès tranquille, puisqu'ils mènent 20 à 3 à la mi-temps.
08:30 Sauf qu'en seconde période, rien ne va plus.
08:32 Les Argentins reviennent et mènent d'un petit point.
08:34 C'est finalement un drop de Camille Lopez qui libère les Bleus.
08:37 Victoire 23-21.
08:39 La tentative de drop peut-être de Camille Lopez sur le pied gauche qui vient d'entrer.
08:42 Oh, qu'il ferait du bien ce drop de Camille Lopez !
08:44 Il passe entre les poteaux, non ?
08:47 Oui, il passe entre les poteaux.
08:49 Deux jours plus tard, malgré un vent violent, l'avion du 15 de France décolle de Tokyo,
08:53 direction Kumamoto, une ville méridionale du Japon.
08:56 La menace du typhon pèse sur le match France-Etats-Unis, prévu le 2 octobre.
09:00 Finalement, la rencontre a lieu dans le petit stade boisé de Fukuoka.
09:04 Pas de typhon donc, mais il fait plus de 30 degrés et la chaleur est moite et humide.
09:08 Deuxième match, deuxième victoire dans la coupe du monde de rugby au Japon.
09:11 Avec ce score 33-9 contre les Etats-Unis, Simon Rubin, le score est beau, la manière un peu moins.
09:17 C'est exactement ça, un score large qui s'est d'ailleurs construit en fin de match
09:21 alors que les Américains étaient à bout physiquement.
09:23 Mais beaucoup d'erreurs, d'approximations, si bien qu'à l'issue de cette rencontre,
09:27 on a du mal à se montrer optimiste quant à la suite de la compétition.
09:30 Le troisième match de poule contre les Tonga n'arrange rien.
09:36 Une fois de plus, les Bleus s'imposent dans la douleur, 23-21.
09:40 Dans les vestiaires, plusieurs cadres de l'équipe décident de prendre la parole devant le staff.
09:44 Qu'importe les critiques, nous sommes en quart de finale.
09:47 La suite, c'est notre histoire, celle des joueurs.
09:49 Elle n'appartient qu'à nous.
09:51 Donc arrive le match normalement contre l'Angleterre où on pensait,
09:54 enfin honnêtement, je pense qu'on pensait qu'on pouvait en prendre 30 dans la musette
09:57 et repartir la tête dans les épaules et la tête baissée.
10:04 Pourquoi le match de l'Angleterre n'a pas lieu ?
10:06 Parce qu'en fait, il y a un typhon.
10:07 C'est du jamais vu dans l'histoire de la Coupe du monde de rugby.
10:10 Un match annulé, Angleterre-France n'aura donc pas lieu.
10:13 Écoutez l'annonce en anglais des organisateurs consternés.
10:17 Le match de la Coupe du monde entre l'Angleterre et la France
10:20 au stade Yokohama sera annulé.
10:23 Le match du groupe C entre l'Angleterre et la France sera donc annulé.
10:27 Il faut savoir que jusqu'à ce matin, l'organisation espérait voir le typhon
10:32 changer de trajectoire, mais sans succès.
10:35 Ce serait trop dangereux de jouer le match samedi à Yokohama
10:38 alors que le typhon est attendu à ce moment-là sur la ville.
10:41 Impossible et dangereux également de délocaliser le match,
10:44 de déplacer les spectateurs ailleurs en si peu de temps.
10:47 Rappelons que le typhon Agibis qui se dirige vers Tokyo
10:50 est le plus puissant de l'année avec des vents qui frôlent les 300 km/h.
10:55 Le typhon Agibis fait plus de 80 morts dans le pays.
10:58 Trois matchs du mondial sont annulés et pour rendre hommage aux victimes,
11:01 20 secondes de silence sont respectées par la suite à chaque rencontre.
11:04 On est resté dans la ville où on était après le Tonga
11:09 et les familles sont venues nous rejoindre.
11:11 On a proposé au staff d'ouvrir l'entraînement aux familles.
11:18 Moi, il y a ma femme et ma fille.
11:19 Le matin, j'allais les voir, le soir, j'allais les voir.
11:22 Après la journée, elles faisaient ce qu'elles voulaient.
11:24 Mais c'est vrai que je trouvais ça vraiment différent de 2011.
11:28 2011 où c'était très cloisonné et tout.
11:32 Et là, c'était un peu plus ouvert aux familles.
11:34 Je pense que c'est bien aussi.
11:37 J'avais mon père qui était à Tokyo au moment du typhon.
11:40 Il m'a dit qu'on ne peut pas sortir, ça bouge.
11:43 C'est assez impressionnant.
11:45 Après, on ne l'a pas vécu.
11:47 Nous, on était quand même bien loin de ça et on ne l'a pas forcément ressenti.
11:51 Mais c'est vrai que de pouvoir partager ça en famille, c'était vraiment bien.
11:56 Le quart de finale contre le Pays de Galles approche, mais les tensions restent vives.
11:59 Certains jouent aux cartes, au ping-pong,
12:01 pendant que d'autres profitent des centres commerciaux ou des parcs d'attraction.
12:04 Chacun vit à son rythme.
12:05 J'étais très dans la méditation à ce moment-là.
12:09 Je le suis toujours.
12:10 Sur la deuxième partie de ma carrière, j'ai essayé de trouver des solutions
12:16 pour changer, me remettre en question, évoluer, progresser.
12:21 Et c'est vrai que j'étais vraiment dans une phase de méditation.
12:26 J'avais ma machine à jus où j'allais me chercher des légumes au Japon.
12:29 C'est vraiment très compliqué de trouver des légumes.
12:32 Et puis, c'est super cher.
12:33 Donc il fallait les trouver, parler en anglais, français, japonais.
12:39 Tu te démerdais comme tu pouvais.
12:42 J'étais très appliqué parce que je voulais vraiment faire quelque chose à cette Coupe du Monde.
12:46 Les deux premières semaines où on était à Fujiyoshida,
12:49 on avait un parc d'attraction, l'un des plus grands du Japon.
12:51 Et t'avais des joueurs qui partaient tous les jours au parc d'attraction.
12:56 Et c'était super.
12:57 Moi, j'étais tellement dans mon truc où je voulais faire quelque chose.
13:03 Et donc, j'allais plutôt dans les temples ou dans les jardins pour méditer,
13:08 pour être en accord avec moi-même.
13:12 Bref, il y a des gens qui vont me trouver un peu fou, mais j'avais besoin de calme.
13:16 Et parce qu'en 2011, il y avait tellement de monde et tellement de pression
13:22 que j'avais besoin de...
13:24 Quand je suis rentré de la Coupe du Monde, pendant un mois, je voulais voir plus personne.
13:27 Donc, j'avais besoin de ce calme aussi.
13:30 C'est à bord d'un bus japonais, un peu exigu pour les joueurs français,
13:33 mesurant près de 2 mètres,
13:35 que le 15 tricolores se rend à Oita pour son quart de finale contre le Pays de Galles.
13:39 La rencontre a lieu sous un toit fermé.
13:41 Avant même le début du match, les Bleus apprennent une bonne nouvelle.
13:44 Jonathan Davis, le chef d'orchestre gallois, est forfait.
13:48 Là, on rentre en quart de finale et qu'est-ce qu'on se dit ?
13:51 Qu'on n'a plus rien à perdre et qu'on fait une première mi-temps exceptionnelle.
13:56 Franchement, je pense que c'était la meilleure première mi-temps
13:59 qu'on ait pu faire depuis 4 ans.
14:01 Ce début de ce match, en fait, il se passe bien parce qu'on est euphorique,
14:06 on sent qu'on a de l'énergie, on sent qu'on a envie de bien faire,
14:11 on sent qu'on est vraiment soudés.
14:14 Il y a un premier essai de VA,
14:16 et après, il y a un deuxième essai, pour moi, que je préfère raconter
14:20 parce qu'il y a un tchic-tchac de notre centre adoré
14:25 qui fait la passe à Antoine Dupont, je crois,
14:28 non, Antoine Romain, et qui fait la passe à Charlot Livon.
14:35 Et en fait, moi, je suis juste derrière, je suis à gauche,
14:37 et je crie, je crie, je crie, et en fait, il était trop beau cet essai.
14:43 Et puis Charles qui s'en va.
14:46 - Tamak !
14:48 Bakatawa est passé !
14:49 Magnifique !
14:51 - Montre-moi !
14:52 - Montre-moi Tamak !
14:52 - Allez, encore !
14:53 - Oui !
14:54 - Allez, Charles Livon !
14:55 - Allez, Charlot Livon !
14:57 - Entre les poteaux !
14:58 - Ouais !
14:59 - Deuxième essai d'équipe de France !
15:01 Quelle inspiration française !
15:03 On vous la présente et on focus, Charlot Livon !
15:06 C'est lui qui va entre les poteaux !
15:07 - Donc, non, non, moi, j'étais derrière, j'étais fou,
15:09 j'étais...
15:10 Je criais comme un dingue, j'étais comme un enfant,
15:13 enfin, c'était fou, et puis il y a une image,
15:15 il y a une photo de Charles et de moi sous les poteaux,
15:19 et je lui crie dessus, mais parce qu'on était...
15:21 Voilà, c'est...
15:23 Deux essais en moins de cinq minutes, c'est juste incroyable, donc...
15:28 Puis en quart de finale, tu te dis, bon, ça va vite.
15:31 Après, voilà, on sait que quand ça part vite,
15:34 il y a toujours un ajustement derrière,
15:36 et malheureusement, ça s'est retourné contre nous,
15:40 et Va qui fait un geste en second demi-temps,
15:43 c'est un coup de coude, après,
15:44 mais à ce niveau-là, d'engagement, de pression, de travail et tout,
15:51 c'est des joueurs qui sont vachement exposés à...
15:54 Pas à ce genre de gestes, mais à ce genre d'engagement,
15:57 enfin, de puissance, d'effort et tout.
16:01 Donc, malheureusement, il y a parfois des gestes
16:04 qui peuvent partir sans le vouloir.
16:06 - Et ce coup de coude de Sébastien va à Maïna sur un adversaire.
16:09 La sanction est immédiate et très logique,
16:11 un carton rouge pour le Français,
16:13 et dès lors, les bleus en infériorité numérique
16:16 vont livrer un combat hallucinant.
16:18 Tenir, résister jusqu'à 6 minutes de la fin du match,
16:22 et c'est Galois, et la France qui, finalement,
16:26 a laissé passer sa chance à ce moment-là.
16:28 Scénario cruel, défaite amère,
16:31 qui vient donc clore ce Mondial Tricolore.
16:33 - C'est pas évident, enfin...
16:43 Ce match-là te sort de la compétition,
16:46 et puis c'est dur, en fait.
16:47 C'est dur parce que quand tu termines la compétition,
16:50 deux jours après, t'es chez toi.
16:52 Et là, tu sais que c'est fini.
16:57 Moi, particulièrement, je savais que c'était
17:00 mon dernier match en équipe de France.
17:02 Mais tu sais que t'auras plus d'autres chances, en fait.
17:05 Tu sais qu'il n'y aura plus d'occasion
17:10 pour essayer de remporter cette Coupe du Monde.
17:12 Mais c'est dur parce que c'est des mois d'efforts,
17:14 des années d'efforts, et puis...
17:16 Et puis moi, j'étais avec ma fille,
17:18 donc j'étais avec ma fille dans mes bras,
17:21 et je sais que c'est fini, enfin, l'équipe de France.
17:25 C'est des pleurs, et malheureusement,
17:26 j'ai pas pu amener ma fille dans les vestiaires.
17:29 Parce que j'aurais aimé partager,
17:31 rester un moment avec elle et tout,
17:32 parce que, en termes de réglementation,
17:35 les Japonais sont assez stricts.
17:37 Enfin, aucun joueur pouvait amener les enfants
17:39 dans les vestiaires pour partager ça.
17:42 Donc ça, ça m'a un peu fait chier quand même.
17:46 Mais ouais, c'est la fin.
17:48 Enfin, pour moi, c'était la fin.
17:50 Donc...
17:52 À la fois triste et déçu,
17:57 et à la fois soulagé que ça se termine, en fait.
17:59 Enfin, ma carrière internationale.
18:02 Ça demande beaucoup d'efforts,
18:04 beaucoup de sacrifices,
18:05 beaucoup de remise en question,
18:07 et j'ai passé dix ans en équipe de France,
18:10 et avec une période pas forcément glorieuse.
18:15 Et voilà, c'est la fin.
18:19 Enfin, j'avais ma femme qui pleurait,
18:22 ma fille qui captait pas trop,
18:24 parce qu'elle était jeune.
18:26 Elle avait 3-4 ans, donc elle comprenait pas.
18:31 Et puis pour un petit bout de chou comme ça,
18:34 être au Japon,
18:37 avec son père,
18:40 sur un stade où il y a des gens un peu partout,
18:43 où il y a du bruit partout.
18:45 Mais bon, c'était important pour moi
18:48 de faire un dernier tour d'honneur avec ma fille,
18:50 parce que c'était l'objectif pour moi de la mener là-bas.
18:55 Donc voilà, tu vas réussir à me faire tomber
18:59 une petite larmichette,
19:01 mais je vais résister.
19:03 Mais en tout cas,
19:05 j'avais fait une interview avec Califano pendant la Coupe du Monde,
19:08 et il me dit "je te fais une surprise".
19:12 Et en fait, c'était ma femme et ma fille qui m'avaient fait une vidéo.
19:15 Et cet enfoiré m'avait fait pleurer,
19:18 parce que je suis insensible,
19:20 et que ma fille c'est ma princesse.
19:23 Et voilà, donc,
19:25 de partager ce dernier tour d'honneur avec elle,
19:28 c'était un plaisir immense.
19:30 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
19:33 C'est déjà le dernier épisode de cette saison 3 consacrée aux géants du rugby.
19:37 Si vous avez aimé, n'hésitez pas à nous laisser des commentaires
19:40 et un maximum d'étoiles sur le site et l'appli Europe 1
19:43 et sur toutes les plateformes d'écoute.
19:45 A très bientôt pour une nouvelle saison des géants du sport français.
19:49 Sous-titrage MFP.
19:52 nouvelle saison des géants du sport français.

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