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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-10-04##

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Transcription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05 Bonjour Valérie.
00:07 Bonjour.
00:09 Pourquoi vous riez ?
00:11 Pour rien.
00:13 Bonjour à toutes et à tous. Bonjour Michel Cotta.
00:15 Merci d'être avec nous ce matin.
00:17 Nous allons évidemment rendre hommage à Jean-Pierre Elkabbach,
00:19 parler de ce formidable interviewer
00:21 qui a traversé toute la 5ème République quasiment.
00:25 On va y revenir avec vous.
00:27 Vous étiez prévus au programme puisqu'on va parler d'un formidable documentaire.
00:32 Un document qui va passer samedi sur Public Sénat.
00:36 C'est le deuxième volet.
00:38 Président, le prix à payer face à la société.
00:40 Patrice Duhamel, Michel Cotta, Pauline Pallier.
00:44 C'est une série de documents qui racontent la manière dont les présidents de la République
00:50 sont confrontés au pouvoir face à la société,
00:54 face à un certain nombre de difficultés.
00:58 Comment ils ont transformé chacun.
01:00 Face au terrorisme, il y a eu un épisode assez fort.
01:02 Comment ils sont obligés de transformer la société.
01:06 Et puis votre livre, "Ma cinquième" qui sort chez Bouquins Éditions.
01:10 Ça sort aujourd'hui même.
01:12 "5ème République", on peut en parler puisque c'est aujourd'hui
01:16 justement, on célèbre l'anniversaire de cette 5ème République.
01:21 Et puis avec vous, c'est un peu une spéciale Jean-Pierre Elkabbach dans cette première partie.
01:26 Gilles, j'imagine que votre zapping lui est consacré.
01:30 Absolument.
01:32 Sud Radio Média, l'instant zapping.
01:35 On a donc appris la disparition du journaliste de Jean-Pierre Elkabbach.
01:38 Valérie, un interviewer hors pair.
01:40 Une voix, une écriture, un caractère.
01:43 Un amour de la politique qu'il avait raconté en décembre 2022 sur le plateau de quotidien.
01:49 Écoutez.
01:50 Quand on a accompagné pendant 5 ans le général de Gaulle dans tous ses voyages.
01:53 Sans pouvoir lui poser une seule question.
01:55 Oui, mais ça marque, même en le regardant à côté.
01:57 Vous dites, c'est le 18 juin 1940, c'est la lutte contre Staline, l'amitié avec Churchill, les plus grands.
02:04 Et vous êtes à côté.
02:05 Et moi avec le nagra, le magnéto qu'il connaît, qui pèse 10 à 12 kilos,
02:09 j'étais tout le temps derrière lui.
02:11 Et à Moscou, ou partout.
02:13 Et comme ça, j'ai pu capter des moments.
02:15 On a vécu ça.
02:17 On ne peut plus se contenter de rencontrer des petits.
02:21 On est marqué pour la vie.
02:23 Et lui voulait rencontrer les grands parce que sa première rencontre forte, c'était de Gaulle.
02:30 Jean-Pierre Elkabbach est connu évidemment pour ses punchlines et ses premières questions
02:35 qui pouvaient déstabiliser les hommes politiques.
02:37 Quelle couleur vous préférez pour le mur ?
02:40 Pour le mur, quel mur ?
02:42 Comment, quel mur ?
02:44 Le mur sur lequel votre réforme territoire, il va se fracasser.
02:48 Bonjour Marine Le Pen.
02:49 Bonjour.
02:50 Vous n'avez pas honte ?
02:51 Pardon ?
02:52 Vous n'avez pas honte ?
02:53 Honte de quoi ?
02:54 Vous n'avez pas de regrets ?
02:56 Non mais de quoi me parlez-vous M. Elkabbach ?
02:58 Vous n'étiez pas lié.
02:59 Je vous reconnais bien là dans la provocation.
03:01 Il serait bon aussi que chez nous, à droite, au centre,
03:04 on soit capable de montrer qu'il y a des idées nouvelles,
03:07 il y a des visages nouveaux, on est capable de changer.
03:09 Pourquoi ça ne fonctionne pas alors avec vous ?
03:11 Et qu'est-ce qu'il vous dit Jean-Pierre Elkabbach ?
03:13 Qu'est-ce qu'il vous dit que ça ne va pas fonctionner ?
03:15 Vous connaissez déjà le résultat de dimanche ?
03:17 Alors ce qui est intéressant dans ça, c'est que,
03:20 alors évidemment on a beaucoup entendu ces sons,
03:22 je vous les ai fait réécouter,
03:23 mais moi je vais vous faire écouter que cette façon d'interviewer
03:26 a depuis fait école.
03:28 Toujours copier, jamais égaler,
03:29 c'est devenu les techniques de Sonia Mabrouk,
03:31 de Thomas Soto et d'Apolline de Malherbe.
03:33 Écoutez, ils font exactement pareil.
03:35 Vous pouvez nous rassurer ce matin ?
03:37 Sur quoi ?
03:38 Alors il a été brûlé un soir ?
03:40 Vous parlez du ?
03:41 Est-ce que ce n'est pas un peu brutal qu'il se fout de la charité quand même ?
03:44 À quel sujet ?
03:46 Et comment ça va avec Elisabeth ?
03:47 Elisabeth ?
03:48 Première question, est-ce que vous avez vérifié ce matin votre messagerie ?
03:51 Pour ?
03:52 Vos appels ?
03:53 Est-ce que vous avez des nouvelles ?
03:54 Des nouvelles de quoi ?
03:56 C'est incroyable hein ?
03:58 Il a effectivement, Michel Cotta a influencé
04:01 et été le maître d'un certain nombre de journalistes.
04:06 Et notamment de l'interview courte.
04:10 Parce que c'est très difficile d'une interview courte.
04:12 C'est beaucoup plus difficile qu'une interview longue,
04:15 où on prend son temps.
04:17 Là, en 12 minutes, il fallait qu'il fasse dire
04:20 à la personne qui interviewe, qui était quand même au cœur de l'actualité,
04:25 la phrase qui serait reprise tout le temps,
04:29 le scoop qui peut-être allait naître.
04:32 Et là-dessus, il est vraiment...
04:35 Il travaillait beaucoup et donc...
04:38 Vous savez, quand il s'asseyait dans son bureau,
04:42 il n'y avait pas seulement une petite fiche que lui passait un collaborateur,
04:46 il y avait 100 pages de documents.
04:50 Et puis c'était quelqu'un qui s'accrochait vraiment à l'actualité,
04:55 qui avait un sens de l'actualité particulière.
04:57 Par exemple, moi je l'ai vu changer d'interlocuteur à minuit.
05:01 Il avait déjà prévu évidemment un interlocuteur pour le matin 8h.
05:06 Et comme quelque chose avait changé dans la nuit,
05:10 il trouvait à minuit et demi, il pouvait téléphoner à quelqu'un en disant "Vous venez demain matin".
05:15 Et il y avait une exigence chez lui.
05:18 Alors de temps en temps, l'exigence était...
05:21 - Pesante pour les équipes.
05:23 - ...était pour les équipes relativement difficile.
05:26 Moi, de temps en temps, par exemple, on était en désaccord.
05:30 Bon, ça arrive.
05:32 En tout cas, c'est quelqu'un qui maîtrisait son métier,
05:36 et qui attendait qu'il adorait,
05:40 et qui attendait une certaine excellence du métier.
05:44 Il ne faisait pas son métier au rabais.
05:46 Je n'ai jamais vu faire un truc,
05:49 bâcler quelque chose.
05:51 C'est quelqu'un qui n'a jamais bâclé.
05:53 - C'était une drogue pour lui l'information, vous me disiez juste avant que vous l'aviez vue il y a 8 jours,
05:57 et qu'il lisait tout, enfin voilà, qu'il était complètement perfusé à l'information.
06:03 - Je l'ai eue au téléphone il y a une semaine,
06:05 et il passait son temps à lire des livres,
06:08 et les livres politiques qui sortaient.
06:10 - Oui.
06:11 - Donc c'était vraiment une passion,
06:14 qu'il a contractée très jeune, avec l'Algérie.
06:18 - Est-ce que les politiques le craignaient ?
06:21 - Ah oui.
06:23 Peut-être, à la fin il s'était habitué,
06:27 c'est-à-dire que,
06:29 quelque chose, vous allez vers un mur,
06:32 peut-être il s'y attendait à la fin.
06:34 Mais quand même, c'était quelqu'un de très redouté,
06:38 je sais que les gens préparaient les hommes politiques,
06:40 ils n'arrivaient pas en sifflotant à chez El-Khabash.
06:44 Il faisait attention toujours aux mots qui partaient,
06:48 ou à la façon dont ça allait être utilisé.
06:53 Et puis, ce qui est formidable,
06:55 je trouve dans ce métier d'intervieweur rapide,
06:59 c'est qu'il faut à la fois avoir ses questions,
07:01 et à la fois écouter les réponses, vraiment,
07:04 pour pouvoir rebondir et oublier toutes ces questions,
07:06 les mettre à la poubelle,
07:07 et partir sur complètement autre chose.
07:09 Et ça, il le faisait comme personne.
07:12 - Oui.
07:13 Et vous parliez de ses origines,
07:16 il est né en 1937 à Oran,
07:19 il avait fait ses débuts à Algiers en 1960, à la Française,
07:22 avant de rejoindre l'ORTF.
07:24 Alors ses origines étaient importantes, Valéry, pour lui,
07:28 et d'ailleurs, il s'était battu au départ,
07:31 quand il est arrivé à la Française,
07:32 on lui avait demandé de changer de nom,
07:35 et il n'avait pas voulu.
07:36 - À un moment de la guerre d'Algérie,
07:39 les noms à consonance juive de là-bas,
07:43 ou, à plus forte raison, algériennes,
07:46 ça passait mal.
07:48 Et on s'est battu pour le garder,
07:51 et moi, je pensais que c'était une trahison
07:54 à ma famille, à mes origines,
07:57 au peuple dans lequel je vivais,
08:00 je dirais même aux populations mécanestes.
08:02 Je me suis battu pour le garder, je l'ai gardé.
08:05 - Il avait ce côté méditerranéen qui s'emportait, généreux,
08:09 ce côté-là, à la rogéana ?
08:13 - Il avait un tempérament méditerranéen,
08:16 on pouvait dire ça, parce qu'il pouvait être explosif,
08:19 et puis après, 30 secondes après,
08:21 être très urbain et très sympathique.
08:24 Oui, il avait le...
08:28 Et il le cultivait, presque.
08:30 On ne peut pas dire "cultiver", c'était sa personnalité,
08:34 il n'en a jamais changé, il explique très bien.
08:37 - Est-ce qu'on n'est pas dans la période d'El Khabache et autres,
08:40 où c'était compliqué d'être une femme et vouloir faire de la politique ?
08:43 Est-ce que c'était un peu les hommes qui avaient le pouvoir
08:47 avec les politiciens ?
08:49 - Oui, ça a bien changé.
08:53 Mais oui, les hommes avaient le monopole
08:57 de l'interrogation politique.
08:59 Enfin, ça n'empêche pas que, par exemple,
09:03 il m'avait confié une émission à "Explosif Polémique",
09:07 et tout simplement, il pensait qu'on était peut-être,
09:13 je ne sais pas moi, moins avisé, moins travailleuse,
09:17 et puis on lui a montré que...
09:19 - Vous pouviez faire...
09:21 - On savait aussi travailler, mais...
09:23 C'était en plus un patron,
09:26 parce qu'il a été patron d'Europe,
09:28 que tous les gens craignaient,
09:31 et quand même, c'est vrai que quand on règne sur une rédaction,
09:35 il faut à un moment donné...
09:38 - Manier le bâton et la sucre.
09:41 - Voilà, dire "ça je peux le faire aussi, je peux le faire mieux".
09:46 Mais c'était...
09:48 En plus, il lui arrivait d'être très très drôle,
09:51 nous dit le Méditerranéen,
09:53 mais c'est vrai, il lui arrivait d'être très très drôle.
09:55 Et alors, en plus, il avait des espèces de rites,
09:57 il déjetait tous les matins,
09:59 à côté d'Europe, avec Alain Duhamel.
10:02 Et alors, franchement, on fait pas...
10:04 Dieu sait qu'ils se sont pas quittés, toute leur vie,
10:07 et on fait pas plus dissemblable
10:09 que quelqu'un aussi...
10:11 - Loïc Le Fou. - Duhamel, très calme...
10:13 - Et c'est pour ça que ça a très bien marché,
10:15 c'est pour ça que le duo...
10:17 Et notamment, quand même, ils ont inventé...
10:19 - Ben, les missions politiques.
10:21 - Il y avait pas d'émission politique,
10:23 avant, je dirais,
10:26 avant... Je sais pas si je suis à Pondelmas,
10:28 c'est-à-dire avant 1974, vous voyez,
10:30 c'était quand même des émissions très...
10:32 - Très lissées. - Très plates, très lissées,
10:34 très...
10:36 dictées par Alain Perfitte,
10:38 et eux, ils ont vraiment...
10:40 - C'était le directeur de l'information pour le gouvernement.
10:42 - Ils ont vraiment inventé un genre qui...
10:44 un genre de...
10:46 d'interview à deux,
10:48 qui, effectivement, a marqué, quand même,
10:50 la télévision française.
10:52 - On va marquer une petite pause, et on se retrouve
10:54 dans un instant. On va, évidemment, parler
10:56 de ce formidable documentaire,
10:58 document en plusieurs parties,
11:00 qui sera diffusé sur Public Sénat,
11:02 mais qui est déjà visible sur le site.
11:04 Samedi prochain, Président Lepry
11:06 a payé face à la société, avec toutes les
11:08 transformations sociétales
11:10 qui ont été engagées par les présidents de la République.
11:12 Puis Patrick Roger, directeur de la rédaction
11:14 et directeur de Sud Radio,
11:16 sera avec nous pour évoquer Jean-Pierre Elkabach,
11:18 évidemment, dans quelques instants.
11:20 (Générique)
11:22 - Le 10h30, Sud Radio Média,
11:24 Valérie Expert,
11:26 Gilles Gansman. - Et notre invité aujourd'hui,
11:28 Michel Cotta, à l'occasion de la parution
11:30 de ses mémoires,
11:32 d'une partie de vos mémoires,
11:34 Michel Cotta, "Ma cinquième", qui est
11:36 parée aux éditions bouquins. - Ce sont des mémoires très politiques.
11:38 Ce sont des mémoires très politiques et très peu
11:40 personnelles. - Oui, mais c'est
11:42 justement intéressant. Aujourd'hui, on célèbre
11:44 les 65 ans de la Vème République.
11:46 On va en parler dans un instant. On va parler de votre
11:48 document,
11:50 avec Pauline Pallier
11:52 et Patrice Duhamel, qui va
11:54 passer sur Public Sénat. Evidemment, ce matin,
11:56 on évoque la mémoire de Jean-Pierre Elkabach.
11:58 On avait envie de vous avoir aussi, ce matin,
12:00 Patrick Roger, vous l'avez évoqué
12:02 dans votre matinal, vous l'avez bien
12:04 connu. - Moins que
12:06 Michel, mais peut-être. Oui, je l'ai
12:08 contrôlé. - On avait envie de savoir ce que vous, vous gardez
12:10 du journaliste Jean-Pierre
12:12 Elkabach. - Ah ben, du journaliste
12:14 et puis de l'homme, parce que, comme le disait, en fait, Michel,
12:16 forcément, ses qualités intrinsèques
12:18 passaient également
12:20 dans ce qu'il faisait, ce qu'il produisait à l'antenne
12:22 et dans ses décisions,
12:24 incontestablement.
12:26 Et Jean-Pierre, c'était quelqu'un qui était
12:28 curieux. Ce qui
12:30 est le sel, en fait, du journalisme, c'est
12:32 la curiosité. Et Jean-Pierre,
12:34 il avait toujours cette
12:36 notion de curiosité, de vouloir
12:38 savoir, de comprendre, etc.
12:40 Et moi, ce qui m'avait interpellé, au tout début
12:42 où j'étais à Europe 1,
12:44 pas si vieux que ça, 2010,
12:46 il faisait
12:48 l'interview politique et
12:50 à chaque fois que je le croisais, il me dit
12:52 "Qu'est-ce que tu poserais comme question demain
12:54 à tel ministre, à telle personne, qu'est-ce que tu poserais ?"
12:56 Alors qu'il l'avait préparé, anticipé
12:58 lui-même, avec son assistante
13:00 qui était toujours là, et puis lui-même. Mais il avait
13:02 toujours envie de
13:04 savoir parce que
13:06 lui-même était bien conscient
13:08 qu'il ne connaissait pas tout et qu'il y avait
13:10 des questions et qu'on pouvait passer à côté de certaines
13:12 choses. Et la fameuse déconnexion, qu'on parle
13:14 en fait des politiques, ça part
13:16 souvent de là. Et quand on
13:18 est à Paris, quand on vit
13:20 dans un média, avec une rédaction,
13:22 on est un peu en vase clos,
13:24 il y a besoin d'avoir aussi
13:26 des choses qui viennent
13:28 de l'extérieur. Alors je n'étais pas de l'extérieur puisque
13:30 j'étais à Europe 1, mais quand même, je n'avais pas
13:32 travaillé le dossier comme lui, donc il pouvait y avoir.
13:34 Et ça, ça fait partie
13:36 des qualités fondamentales que peut avoir un journaliste.
13:38 - Et comment était l'homme ?
13:40 Il était séducteur avec les filles ?
13:42 Il aimait faire la fête ?
13:44 Il était comment ?
13:46 - Oui, c'est quelqu'un qui...
13:48 - Il n'aimait pas faire la fête. - Pas la fête, mais séduire, oui.
13:50 Bien sûr, c'était un
13:52 grand séducteur.
13:54 Femme, homme, bien sûr,
13:56 parce qu'il avait
13:58 envie de plaire,
14:00 il avait envie d'être regardé, d'être écouté,
14:02 etc. - Il avait envie d'être star,
14:04 un peu. - Oui,
14:06 même s'il était fondamentalement
14:08 journaliste et attaché quand même
14:10 à la profondeur. Moi, quand j'évoquais
14:12 souvent des questions ou des sujets,
14:14 je voyais qu'il allait beaucoup
14:16 en profondeur sur les sujets.
14:18 - C'est ce que disait Michel, il arrivait
14:20 à ce que disait Michel Cotta. - Il n'était pas qu'en surface.
14:22 Et là où il était formidable,
14:24 honnêtement, j'ai une anecdote qui est
14:26 assez incroyable avec lui.
14:28 Je venais d'arriver
14:30 deux, trois mois plus tôt
14:32 comme directeur de la rédaction d'Europe 1,
14:34 et il y avait Jean-Pierre,
14:36 qui était un monument quand même, évidemment.
14:38 Et un soir,
14:40 20h,
14:42 je vois sa programmation pour le lendemain,
14:44 et il avait programmé un écrivain.
14:46 Mais qui était complètement en dehors de l'actualité.
14:48 Donc,
14:50 je dis "c'est pas possible, on peut pas mettre ça",
14:52 mais il y tenait. Ça faisait 15 jours
14:54 qu'il revenait en boucle pour me dire "on va le programmer",
14:56 etc. Et là, il se trouve
14:58 qu'il y avait un fait dans l'actualité qui était
15:00 conséquent et
15:02 grave, qui était
15:04 les événements en Côte d'Ivoire.
15:06 Vous vous souvenez ?
15:08 C'était très grave.
15:10 Et donc je l'appelle,
15:12 il était 20h15, 20h30, et là on a
15:14 une discussion très musclée, en fait,
15:16 au téléphone, effectivement,
15:18 avec Jean-Pierre.
15:20 Et il me dit "non, non",
15:22 il revient à la charge pour me dire "mais pourquoi
15:24 l'importance de cet écrivain ?"
15:26 Je lui dis "oui, mais là,
15:28 Jean-Pierre, tu peux pas". Et donc, effectivement,
15:30 ça a été assez dur,
15:32 et on a raccroché
15:34 et
15:36 un quart d'heure après,
15:38 il a envoyé sur le message général
15:40 pour la rédaction que son invité pour
15:42 le lendemain matin était en exclusivité
15:44 l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France.
15:46 Vous voyez, c'est ça !
15:48 - C'est quelqu'un qui savait
15:50 remettre en cause,
15:52 qui était pas sur des rails,
15:54 il savait remettre en cause des choses et écouter.
15:56 - Et écouter, quoi,
15:58 bien sûr, même si après il m'a dit "Patrick,
16:00 on ne se parle plus jamais comme ça, etc."
16:02 Je ne veux pas. Et évidemment,
16:04 je l'ai regretté sur le moment, parce que j'étais qui pour lui donner
16:06 un peu d'indécision. - Il paraît qu'il avait beaucoup de...
16:08 Oui, qu'il doutait énormément, encore, en sortant d'une
16:10 interview, je me suis dit "une journée
16:12 liste de public, c'est nul". - Ça va, ça a allé ?
16:14 - Tout le temps, tout le temps.
16:16 Et il y a quelque chose,
16:18 c'est incroyable, parce qu'il a été...
16:20 beaucoup de gens disaient "il est
16:22 insupportable à être capache" parce qu'il interrompt
16:24 tout le temps ses invités. Et c'est vrai
16:26 qu'il les interrompait régulièrement.
16:28 Mais il faut savoir qu'il avait 8 minutes
16:30 et en 8-10 minutes...
16:32 - C'est très difficile à faire.
16:34 - C'est très difficile, quoi. Et il avait
16:36 toutes ses fiches
16:38 devant lui, avec des stabilos,
16:40 des couleurs différentes, et il passait d'une fiche à l'autre
16:42 et il écoutait toujours
16:44 son invité, c'était formidable. C'est-à-dire, il écoutait,
16:46 il ne perdait pas le fil conducteur. C'est difficile,
16:48 sur cet exercice, Michel, que vous avez
16:50 bien pratiqué, en 8-10 minutes,
16:52 d'essayer de faire dire quelque chose à un invité
16:54 politique, quoi. - Alors, juste un témoignage
16:56 d'un auditeur qui a été journaliste, qui dit
16:58 "Les jeunes stagiaires en Antenne 2, j'ai pu l'approcher
17:00 lors des conférences de rédaction, quand ils parlaient
17:02 avec Patrick Poivre d'Arvor, le présentateur,
17:04 à ses côtés, on entendait une mouche
17:06 voler, alors qu'on était une trentaine dans
17:08 la salle." Et il y a eu un autre
17:10 journaliste qui me dit "Moi, je l'ai vu comme patron à Public Sénat,
17:12 il était très très dur."
17:14 - Oui, très très dur, parce qu'il
17:16 était dur pour lui-même. - Oui, très exigeant.
17:18 - Donc, bon...
17:20 - Alors, on continue. - Il était dur pour les autres. - Et puis, ce qui
17:22 restera, Michel, Patrick, Valérie,
17:24 c'est évidemment son interview avec François Mitterrand,
17:26 où les deux se sont confiés,
17:28 et où il a été sur
17:30 un sujet où François
17:32 Mitterrand n'avait jamais été interrogé,
17:34 évidemment, c'est sur son rôle durant la guerre,
17:36 et puis, est-ce qu'il était au courant qu'il y avait
17:38 des camps de concentration ? C'était un moment
17:40 fort de télé. - Mais alors,
17:42 quand avez-vous appris
17:44 l'existence de ce statut,
17:46 l'existence des camps de concentration ?
17:48 - J'étais dans un statut... - Des camps d'extermination,
17:50 on en a su plus tard. - Pour les camps de concentration,
17:52 c'était comme tous les Français,
17:54 mais je ne savais pas grand-chose.
17:56 - En 1942 ?
17:58 - Non, mais beaucoup ont appris tout cela,
18:00 vous pourrez lire ça dans des textes
18:02 de très grands résistants,
18:04 et aujourd'hui même,
18:06 dans la bouche de quelques
18:08 très importants
18:10 résistants, gaullistes,
18:12 dirigeants du RPR,
18:14 j'ai là
18:16 quelques citations, mais vous voyez, je n'ai rien apporté,
18:18 je les ai comme ça, mais vous les retrouvez
18:20 facilement, donc, ils disaient, moi,
18:22 j'ai appris ça en 1944.
18:24 Ce degré
18:26 de sauvagerie,
18:28 cette barbarie qui
18:30 était inimaginable.
18:32 - Alors, on continue ? - Oui, on continue.
18:34 - A Vichy, vous entrez... - Si vous avez le temps.
18:36 - Oui, oui, moi j'ai eu le temps.
18:38 On va pas passer la nuit, parce qu'il y a Jean-Luc
18:40 de la rue qui nous attend tout à l'heure, mais
18:42 vous entrez dans un service de documentation,
18:44 et on raconte que vous faites des fiches,
18:46 vous les rédigez vous-même.
18:48 - C'est incroyable, à ce moment,
18:50 il y aura la division, puis il y aura
18:52 la francisque, il y aura d'autres choses,
18:54 vraiment tout a été abordé.
18:56 Je pense que c'est ce qui restera aussi
18:58 dans l'histoire. - Vous les entretiens
19:00 avec Georges Marchais, et cette fameuse phrase
19:02 "taisez-vous El-Kabach" qui n'a jamais été prononcée
19:04 par Marchais. On a cherché le son,
19:06 mais on n'a pas du tout trouvé.
19:08 - Mais surtout ce qui était formidable, notamment dans ses
19:10 relations avec François Mitterrand,
19:12 c'est que quand François Mitterrand arrive,
19:14 en 1981,
19:16 El-Kabach
19:18 quitte la direction et l'information
19:20 d'Europe 1,
19:22 et puis, progressivement,
19:24 il se revoit,
19:26 Mitterrand l'apprécie,
19:28 et c'est à lui
19:30 qu'il confie quand même
19:32 cette énorme interview.
19:34 Une interview qui a duré en réalité
19:36 14 heures, et dont on a fait
19:38 5 heures, à peu près,
19:40 et que Mitterrand a interrompue d'ailleurs
19:42 à un moment donné.
19:44 Il était déjà fatigué,
19:46 on l'entend déjà,
19:48 mais ce qui est formidable, c'est que
19:50 au fond,
19:52 on dit que souvent il était
19:54 trop proche des hommes politiques,
19:56 mais il était trop
19:58 proche des hommes politiques parce qu'il voulait
20:00 en tirer quelque chose, et en tirer
20:02 justement des arguments
20:04 pour les interroger, ou pour, à partir
20:06 de ce que lui disait quelqu'un, interroger
20:08 quelqu'un d'autre, et donc ça, effectivement,
20:10 il avait une proximité,
20:12 mais je crois que ce serait une erreur,
20:14 une proximité avec la classe politique,
20:16 mais c'est un peu notre génération,
20:18 on est comme ça, ça ne nous empêchait pas,
20:20 et ça ne l'empêchait pas,
20:22 de commencer des interviews
20:24 par une question très, très, très ennuyeuse.
20:26 - Très musclé. On va
20:28 marquer une pause, on se retrouve
20:30 dans un instant avec Michel Cotta, et on va parler,
20:32 on va continuer à parler politique avec vous,
20:34 avec Ma Cinquième, qui est
20:36 ce livre, que je n'ai pas lu
20:38 encore, mais que je me régale,
20:40 de découvrir,
20:42 puisque vous racontez sur vos mémoires
20:44 politiques, votre traversée
20:46 de cette cinquième république
20:48 du général de Gaulle,
20:50 vous vous êtes arrêté à François Mitterrand,
20:52 c'est ça ? - Oui, c'est le premier tome, ça arrête là.
20:54 - Dans ce livre, et en quatrième
20:56 de couverture, ce qui vous fascine,
20:58 Michel Cotta, chez les hommes politiques,
21:00 ce sont les fausses confidences
21:02 destinées à être répétées, les vraies
21:04 obtenues au moment où on ne s'y attend pas,
21:06 les chemins suivis pour convaincre, les erreurs commises,
21:08 c'est tout à fait dans ce que
21:10 nous venons d'évoquer. Merci,
21:12 on se retrouve tout de suite.
21:14 - Sud Radio,
21:16 le supplément média. - Le supplément
21:18 média avec ce matin la journaliste politique
21:20 Michel Cotta, deux
21:22 actualités,
21:24 celle de cette série formidable
21:26 de documentaires
21:28 qui est diffusée sur Public Sénat
21:30 et qui raconte
21:32 au sein de cette cinquième république
21:34 ce à quoi les présidents de la république
21:36 ont pu être confrontés, il y a un document
21:38 consacré au terrorisme,
21:40 un autre qui est consacré au président face
21:42 au peuple, et celui-ci
21:44 est consacré aux grandes
21:46 réformes de société qui ont été
21:48 initiées par les présidents.
21:50 Donc à chaque fois,
21:52 chaque président
21:54 veut laisser sa trace
21:56 avec une réforme de société importante.
21:58 - Et
22:00 parmi les réformes qu'on n'attend pas, par exemple
22:02 celle du général
22:04 de Gaulle sur la pilule,
22:06 c'est à lui
22:08 qu'on remonte la pilule, sans doute
22:10 avec
22:12 l'influence de Tante Yvonne
22:14 - Oui, j'ai découvert ça dans le document
22:16 - Qui trouvait que c'était
22:18 finalement un moyen
22:20 plutôt
22:22 - Oui, plutôt
22:24 intelligent
22:26 - Oui, plutôt intelligent et plutôt moins intrusif
22:28 si j'ose dire. - Mais on découvre que de Gaulle
22:30 était vraiment contre, il voulait pas,
22:32 il a vraiment été convaincu par elle.
22:34 - Oui, alors franchement à son époque
22:36 y'avait pas beaucoup d'hommes politiques
22:38 moi j'ai entendu des hommes politiques dire des
22:40 sottises absolument extraordinaires
22:42 pendant cette époque et au moins lui
22:44 n'en disait pas. Il réfléchissait
22:46 sur le problème et au fond
22:48 il a réfléchi
22:50 et la pilule
22:52 est née à cause de Lucien Newbiert
22:54 évidemment. - Oui, oui, mais ce qui
22:56 est assez fou dans le documentaire
22:58 d'abord ce qui est formidable c'est la richesse des images
23:00 d'archives qui sont diffusées
23:02 moi ce qui m'a frappé
23:04 c'est l'Assemblée Nationale, les horreurs
23:06 qui étaient dites en particulier au moment de
23:08 l'IVG, l'IVG on rappelle
23:10 que c'est Giscard qui
23:12 a imposé grâce à Simone Veil
23:14 - C'est Giscard, malgré
23:16 Chirac, à un moment donné
23:18 Chirac était assez contre, il trouvait
23:20 que c'était inutile
23:22 de commencer un septennat
23:24 par cette réforme
23:26 et il a eu l'habileté de la
23:28 confier à
23:30 Simone Veil
23:32 qui était
23:34 pas une féministe parmi
23:36 les autres, vous voyez, qui était
23:38 d'abord
23:40 ministre
23:42 qui a exercé son ministère
23:44 comme un homme l'aurait exercé
23:46 et qui a bien
23:48 axé sa
23:50 plaidoirie, parce que c'est bien une plaidoirie
23:52 pour
23:54 l'avortement, pour
23:56 l'interruption volontaire de Gosset, sur
23:58 les difficultés qu'avaient
24:00 les femmes, sur les difficultés
24:02 qu'éprouvaient les médecins
24:04 sur les difficultés de la société
24:06 et pas du tout, elle ne s'est
24:08 pas passée sur un terrain
24:10 c'est un droit féminin comme les autres
24:12 vraisemblablement elle aurait
24:14 perdu, et là
24:16 c'est donc Jacques Chirac qui l'a fait
24:18 qui l'a aidé, qui lui a donné le dernier coup de
24:20 main parce que la droite ne votait pas
24:22 et finalement c'est une réforme
24:24 qui a été voulue par Giscard
24:26 mais votée par la gauche
24:28 - Et pardon Giscard, et
24:30 pardon, Chirac s'en moquait
24:32 ne s'intéressait pas du tout au sujet
24:34 en fait de l'IVG mais politiquement
24:36 il a compris que ça pouvait être
24:38 positif pour lui - Et puis
24:40 à un certain moment il n'a pas voulu que
24:42 Simone Veil soit en minorité
24:44 à l'Assemblée Nationale, donc il est allé
24:46 à 3h du matin
24:48 il a convoqué les députés, il leur a dit
24:50 vous êtes priés de voter tout de suite
24:52 mais avec Chirac les gens ne plaisantaient pas
24:54 il y a donc
24:56 un groupe, un noyau de la droite
24:58 républicaine qui a voté
25:00 mais enfin c'est surtout la
25:02 gauche qui a fait passer la loi - Et pour la
25:04 grande réforme de Mitterrand
25:06 c'est évidemment la peine de mort et à l'époque
25:08 lorsqu'il dit qu'il va
25:10 abolir la peine de mort
25:12 la droite pense que c'est ça
25:14 qui va le faire perdre les élections et qui vont rester
25:16 à la tête de la France - Oui justement, c'est pour ça
25:18 qu'avant même l'élection
25:20 on a posé
25:22 et justement je crois que c'est Jean-Pierre
25:24 - Oui, sur Carte sur Table
25:26 - C'est Jean-Pierre à Carte sur Table
25:28 qui a posé la question
25:30 à Mitterrand
25:32 est-ce que vous abolirez la peine de mort ?
25:34 Et Mitterrand a dit il faut toujours dire
25:36 la vérité, je dis la vérité
25:38 oui je suis contre la peine de mort
25:40 en réalité Robert Badinter
25:42 explique assez bien - Oui il explique très bien
25:44 dans le documentaire - Dans le documentaire
25:46 que ça n'a pas été
25:48 aussi clair que ça
25:50 c'est Badinter surtout
25:52 qui mettait tout son coeur
25:54 dans l'abolition de la peine de mort
25:56 et qui a fini par
25:58 convaincre Mitterrand
26:00 - C'est ça, c'est la question de savoir
26:02 comment s'imposent ces grands changements
26:04 de société au Président
26:06 on a eu le Pax avec Jospin
26:08 le mariage pour tous avec
26:10 François Hollande
26:12 qu'est-ce qui fait qu'un Président choisit un combat
26:14 plus qu'un autre, c'est aussi
26:16 une question de société à votre sens ?
26:18 - Oui c'est une question d'évolution
26:20 c'est la façon dont il
26:22 évalue
26:24 l'évolution de la société
26:26 est-ce que la société est prête, est-ce qu'elle n'est pas prête
26:28 et puis surtout la question
26:30 est quand même celle-ci, est-ce que ce genre de réformes
26:32 qui forcément ont des adversaires
26:34 il faut les faire en début de mandat
26:36 ou à la fin
26:38 alors Giscard
26:40 assez courageusement avait décidé de le faire
26:42 au début, puisque c'était vraiment
26:44 son premier engagement - Mais est-ce que c'est courageux
26:46 parce qu'au début on dit qu'il y a les 100 jours
26:48 on peut faire tout ce qu'on veut
26:50 - Oui justement, il faut en profiter
26:52 - Donc c'est pas courageux de le faire au début
26:54 - C'est risqué parce que tout est toujours risqué
26:56 - C'est risqué parce que tout le temps il y en a suivant
26:58 - Si vous ratez votre premier coup
27:00 dans les 100 jours, vous ratez votre premier coup
27:02 ça vous en prenez
27:04 - Tout le mandat il faut tuer
27:06 - Vous crispez la société
27:08 - En revanche, François Hollande
27:10 qui pour d'autres raisons
27:12 a mis le mariage pour tous
27:14 au milieu
27:16 de son quinquennat
27:18 c'était plus difficile
27:20 parce que déjà les oppositions
27:22 s'étaient reformées
27:24 et déjà ça dépassait
27:26 beaucoup
27:28 le PAX même, c'était pour ou contre
27:30 François Hollande
27:32 donc c'est vrai que c'est une question
27:34 importante pour un président
27:36 où il joue
27:38 son va-tout
27:40 s'il le joue trop tôt et s'il le perd
27:42 c'est catastrophique
27:44 s'il le joue tard
27:46 il a plus de chances de le perdre
27:48 et c'est pas non plus formidable
27:50 pour la fin du jour
27:52 - Qu'est-ce que vous pensez de la NUPES, de tous ces nouveaux hommes politiques
27:54 les Boyard et autres
27:56 ou même à droite
27:58 qu'est-ce que vous pensez de cette jeune génération vous qui avez connu
28:00 des grands de la politique ?
28:02 - Mais des jeunes aussi
28:04 non je pense que
28:06 les extrémismes
28:08 quels qu'ils soient
28:10 ou le radicalisme
28:12 comme on dit maintenant, on dit davantage
28:14 les radicaux, je pense que ça n'est pas
28:16 autour des radicaux que se font
28:18 les grandes unions
28:20 s'il y a une union de la gauche
28:24 possible, elle se fait
28:26 sur une base, à mon avis
28:28 elle se fera sur une base plus modérée
28:30 que celle
28:32 des extrémistes
28:34 NUPES qui passent leur temps
28:36 à quand même
28:38 à changer un tout petit peu l'ordre du parlement
28:40 dont l'agressivité
28:44 est au fond
28:46 signe d'immobilisme
28:48 - Et contre-productive
28:50 - Plus on gueule et moins on fait finalement
28:52 - Oui
28:54 Nicolas Sarkozy est le seul à ne pas avoir fait
28:56 de grandes réformes de société
28:58 - Alors, il explique très bien
29:00 assez drôlement
29:02 je dois dire
29:04 que lui en tout cas
29:06 il a fait
29:08 pour la première fois
29:10 ce qu'aucun homme politique n'a fait
29:12 en cours de mandat, divorcer
29:14 et d'une certaine façon
29:16 il fait que le divorce c'est une réforme
29:18 et qu'à partir du moment où
29:20 c'est une réforme qui rentre dans l'humeur
29:22 tellement d'hommes politiques
29:24 ont renoncé
29:26 à divorcer en se disant "ma carrière sera finie"
29:28 - Il y a eu grand-cadre quand même
29:30 - Non, c'était après
29:32 puis il n'était pas président de la République
29:34 - Oui, il attendu
29:36 - C'est mémoire, Michel Cotta
29:38 "Ma cinquième"
29:40 aux éditions Bouquin
29:42 "Ma cinquième" parce que c'est
29:44 un regard très personnel sur cette 5ème République
29:46 vous racontez "on vous suit
29:48 jeunes journalistes" puisque vous commencez
29:50 à l'Express
29:52 et c'est là que vous vous êtes piquée
29:54 - Je commence à vrai dire à Sciences Po
29:56 parce que par une chance incroyable
29:58 je voulais aller à l'Assemblée Nationale, j'avais 20 ans
30:00 j'étais
30:02 à Sciences Po
30:04 depuis un mois et
30:06 mon professeur m'a dit
30:08 "très bien, allez-y" et c'était le 13 mai
30:10 1958
30:12 alors ça c'est une chance en journalisme incroyable
30:14 et donc j'ai pratiquement pas quitté
30:16 l'Assemblée Nationale
30:18 pendant... où tout se passait
30:20 jusqu'à l'installation
30:22 du Général de Gaulle
30:24 et donc ça c'est quand même
30:26 une veine et j'ai été accueilli
30:28 d'ailleurs par des confrères qui m'expliquaient tout
30:30 et qui m'ont mis le pied à l'étrier
30:32 avec beaucoup de gentillesse
30:34 et puis après, alors évidemment
30:36 j'ai beaucoup suivi la politique
30:38 mais
30:40 en me méfiant beaucoup de ce qu'on me disait
30:42 c'est-à-dire que j'avais
30:44 comme principe tout de même de vérifier
30:46 systématiquement tout
30:48 et bien m'en a pris parce que souvent
30:50 et ça se voit, des hommes politiques
30:52 me disaient "non, c'est comme ça que ça s'est passé"
30:54 un autre me disait
30:56 "non" et puis la vérité était souvent
30:58 au milieu d'ailleurs. - Est-ce que la cinquième
31:00 est encore la bonne
31:02 solution ?
31:04 Est-ce qu'elle a encore du sens à notre époque ?
31:06 - D'un côté elle a résisté à tout
31:08 elle a résisté au changement
31:10 de majorité sur la gauche
31:12 en 1981
31:14 elle a résisté à la cohabitation
31:16 au bout du compte
31:18 elle a permis la cohabitation
31:20 je crois que son seul problème
31:22 est d'exister
31:24 quand le
31:26 président a une majorité relative
31:28 ça c'est difficile, sûrement
31:30 mais autrement
31:32 je trouve qu'elle est assez
31:34 équilibrée et que notamment
31:36 c'est pas une constitution présidentielle
31:38 où le président a toujours
31:40 le dernier mot, c'est une
31:42 république qui reste
31:44 parlementaire avec
31:46 l'exposition
31:48 et même souvent
31:50 bruyante des députés
31:52 trop bruyante quand il s'agit de la NUPES
31:54 par hasard
31:56 - Comment vous avez
31:58 travaillé, je parle pour ce livre
32:00 vous avez pris des notes
32:02 tout au long de votre vie ?
32:04 - Tout le temps, oui
32:06 - Parce que c'est plein d'anecdotes, plein de petites histoires
32:08 de coulisses de cette 5ème république
32:10 donc vous avez des carnets sur lesquels vous écriviez
32:12 - Oui, oui, je les ai
32:14 publiés en partie, les carnets
32:16 mais
32:18 c'était au jour le jour
32:20 alors au fond on voyait moins bien comment se dessinaient
32:22 les choses
32:24 là je voulais faire un
32:26 - Oui, c'est un livre
32:28 c'est une histoire de la 5ème république
32:30 - C'est une histoire de la 5ème république telle que je l'ai vécue
32:32 - Oui, oui, et vous racontez
32:34 effectivement les coups fourrés
32:36 de la façon dont
32:38 - Et puis finalement avec
32:40 je m'intègre
32:42 la chance ça existe
32:44 beaucoup pour les journalistes
32:46 c'est à dire que
32:48 je décide de temps en temps
32:50 je décide de suivre quelqu'un
32:52 et
32:54 - Et c'est là qu'il va se passer quelque chose
32:56 - Par hasard la première fois où je vois
32:58 de Gaulle en meeting, Stackemper
33:00 il annonce un référendum
33:02 donc voilà c'était
33:04 - Qui est l'homme politique qui vous a
33:06 le plus fasciné
33:08 ou le plus impressionné ?
33:10 - Dans cette période-là
33:12 ils étaient tous assez
33:14 impressionnants
33:16 bien sûr le plus
33:18 romanesque
33:20 était sûrement Mitterrand
33:22 avec ses différentes facettes
33:24 et puis avec son autorité etc
33:26 le plus romantique je dirais
33:28 c'était Giscard
33:30 et sans doute le plus dense
33:32 c'était Georges Pompidou
33:34 mais qui n'est pas allé jusqu'à
33:36 la fin de son mandat et donc on ne saura jamais
33:38 quel président au fond ça aurait été
33:40 et puis il y a tous les autres
33:42 mais ça c'est le deuxième tome
33:44 - Comme Jean-Pierre Ecabache
33:46 la plage, le soleil
33:48 la bonne retraite avec un petit
33:50 cocktail, c'est pas votre truc ?
33:52 - Non c'est pas mon truc
33:54 le bureau de chômage
33:56 comme un ski sur une inscription à la SNCF
33:58 - Vous voulez continuer à parler
34:00 politique, à être là ?
34:02 - Vous êtes pas réculure
34:04 - On a de la chance
34:06 moi j'ai de la chance d'avoir un recul maintenant
34:08 qui s'agrandit
34:10 et quand on écrit
34:12 tant qu'on ne perd pas la tête
34:14 on risque rien
34:16 quand on perdra la tête je m'arrêterai
34:18 - Il y a Alain Duhamel aussi qui continue
34:20 vous êtes une génération
34:22 Catherine Ney, formidable
34:24 Gérard Carreyrou
34:26 ces grands journalistes
34:28 - Voilà nous sommes
34:30 les dinosaures
34:32 - Voilà les dinosaures mais qui
34:34 les dinosaures vivent longtemps
34:36 et ont une énergie
34:38 - Et en plus la passion ne nous a pas quittés
34:40 la passion de la politique ne m'a pas quitté
34:42 - Ma cinquième
34:44 ça sort aujourd'hui aux éditions
34:46 bouquins, Michel Cotas
34:48 sont vos mémoires, cette cinquième république
34:50 vous racontez comment vous l'avez
34:52 traversée avec
34:54 les petits secrets
34:56 et votre amour de la politique
34:58 et puis ces documentaires
35:00 que vous avez
35:02 co-réalisés avec
35:04 Pauline Pallier et Patrice Duhamel
35:06 qui racontent le prix
35:08 à payer quand on est président de la république
35:10 il y a un prix à payer
35:12 en fonction des différents
35:14 - Et il est dur d'ailleurs parce qu'il est rare
35:16 qu'il soit réélu
35:18 - Merci à vous Michel Cotas, merci d'avoir été
35:20 avec nous ce matin et nous on se retrouve
35:22 dans un instant pour commenter l'actualité, à tout de suite

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