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Le 4 octobre 1992, un avion cargo 747, affrété par la compagnie aérienne israélienne El Al, s'envole d'Amsterdam, aux Pays-Bas, pour rejoindre Tel Aviv. Quelques minutes après le décollage, les deux moteurs droits se détachent de l'aile de l'appareil. Le pilote tente alors de faire demi-tour pour se poser sur l'aéroport de Schiphol, mais il perd le contrôle du Boeing. L'avion s'écrase sur une barre d'habitation de dix étages, située dans la ville de Bijlmer, dans la banlieue d'Amsterdam, tuant cinquante de ses occupants.

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00:00 Un 747 transportant du fret décolle d'Amsterdam.
00:06 Il s'élève au-dessus de la ville.
00:10 C'est alors qu'un violent soubresaut agite l'avion.
00:16 Huit minutes plus tard, l'appareil s'écrase sur un immeuble d'habitation.
00:24 Comment ce vol de routine est-il devenu la pire tragédie aérienne de l'histoire des Pays-Bas ?
00:30 Grâce à la simulation informatique, nous allons vous montrer ce qui a causé l'accident du vol El Al 1862.
00:38 Les catastrophes sont rarement le fruit du hasard.
00:40 Elles résultent souvent d'un enchaînement d'événements malheureux que nous allons tenter de reconstituer dans cette Minute de Vérité.
00:50 Europe.
01:00 Les Pays-Bas.
01:02 Amsterdam.
01:04 A 15 kilomètres du centre-ville se trouve l'aéroport de Schiphol, un des plus fréquentés au monde.
01:16 Plus de 600 avions y atterrissent et en décollent chaque jour.
01:21 C'est également une plaque tournante pour le fret aérien.
01:28 Dimanche 4 octobre 1992, 14h40.
01:33 Un fan d'aviation filme un 747 de transport de fret de la compagnie aérienne israélienne El Al qui arrive de New York.
01:41 Il va embarquer son chargement et faire le plein de carburant avant de partir pour Tel Aviv sous l'indicatif El Al 1862.
01:50 15h.
01:51 Le chargement commence sous le contrôle de Jerry Plettenberg, le responsable d'exploitation d'El Al.
01:59 La cargaison se compose de biens de consommation mais certains cartons sont étiquetés "Produits dangereux".
02:08 Plettenberg se doute de ce qu'ils contiennent. En effet, les avions cargo d'El Al transportent souvent du matériel militaire.
02:17 Des hélicoptères à page, du matériel pour radar, des ailes d'avion, des missiles, des moteurs de F-16, de F-15.
02:25 Cet armement équipe l'armée israélienne, engluée dans un conflit depuis près d'un demi-siècle avec les palestiniens.
02:33 Il faut en dire qu'El Al est une cible de choix pour les groupuscules terroristes.
02:40 Sept ans plus tôt, des hommes ont ouvert le feu sur les files d'attente devant le comptoir de la compagnie à Rome et à Vienne, tuant 19 personnes.
02:49 El Al est en alerte permanente.
02:53 Des agents de sécurité armée inspectent de près ses avions et son personnel.
02:58 Et avant d'être embarqué en soute, toute la marchandise passe dans une installation spéciale permettant de faire détonner un éventuel engin explosif.
03:07 17h20. Le vol 18-62 sort du contrôle sécurité et l'équipage arrive pour l'inspection pré-vol.
03:17 En service depuis 13 ans, ce 747 est encore à 5 ans de la retraite.
03:26 Agé de 59 ans, le commandant de bord s'appelle Yitzhak Fuchs.
03:31 Comme beaucoup de pilotes de la compagnie, c'est un vétéran de l'armée de l'air israélienne.
03:36 Il compte 25 000 heures de vol.
03:39 Le commandant Fuchs était l'image même qu'on se fait d'un pilote de ligne.
03:46 Même en maillot de bain, ça se voyait qu'il était commandant.
03:50 Il est secondé par le mécanicien navigant Gédalia Soffer et par l'officier pilote de ligne, l'OPL Arnon Oad, le bleu de l'équipage.
03:59 A seulement 32 ans, il pilote des gros porteurs depuis moins d'une année.
04:03 Le décollage du vol 18-62 sera pris en charge par le contrôleur aérien Henriette Van Opeyneij.
04:11 En semaine, elle gère jusqu'à 200 vols par jour.
04:14 Mais les dimanches soirs sont généralement plus calmes et celui-ci s'annonce tout ce qu'il y a de plus routinier.
04:20 Le temps était magnifique. On voyait à l'autre bout du monde.
04:24 Les couloirs de vol autour de Schiphol passent à l'aplomb de quartiers d'Amsterdam très peuplés,
04:31 comme celui de Balemore, à 13 km à l'est de l'aéroport.
04:40 Au milieu se dresse la HLM de Gronnoven où vivent près de 2000 personnes.
04:44 Parmi elles, Marlène Treudman, une infirmière, et Guillermo, son fils.
04:50 Les avions nous survolaient chaque jour et au bout d'un moment on s'y habitue.
04:58 Guillermo est un des plus grands pilotes de l'avion.
05:05 Il a fait son 17e anniversaire dans 5 jours.
05:13 Comme beaucoup d'adolescents, c'est un fan de musique et de films d'art martiaux,
05:17 mais ce jour-là, il a accompagné sa mère à l'église.
05:21 L'appartement des Treudman se trouve au 5e étage.
05:31 Marlène et son mari Stanley sont originaires du Suriname,
05:35 une ancienne colonie hollandaise d'Amérique du Sud.
05:38 Ils ont également une fille, Gratiela, âgée de 14 ans.
05:42 Elle riait toujours, elle était toujours heureuse,
05:49 elle avait toujours un mot gentil pour son entourage.
05:57 Le 747 est un avion de la grandeur.
06:00 Sur la piste 1, le commandant Itzhak Fuchs met en marche les 4 moteurs Pratt & Whitney du 747.
06:07 Elle a le 18.62, prêt pour roulage.
06:10 Il donne les commandes à son jeune copilote pour qu'il se familiarise avec le 747.
06:16 Avec ses soutes remplies, le gros porteur pèse 338 tonnes.
06:25 C'est le point d'une piste très longue et il lui fallait du temps pour prendre de l'altitude.
06:29 6 minutes après le décollage, le vol El Al 18.62 survole la banlieue est d'Amsterdam.
06:39 18h27.
06:46 L'avion a atteint une altitude de 6500 pieds, soit un peu moins de 2000 mètres,
06:51 et les moteurs tournent à plein régime.
06:54 Tout se déroule comme prévu et l'équipage se prépare à rallier Tel Aviv.
06:58 Ce vol d'un peu moins de 5 heures va les ramener chez eux, auprès de leur famille.
07:03 Soudain, un choc terrible secoue l'avion qui commence à perdre de l'altitude en s'inclinant fortement sur la droite.
07:17 Le commandant Fuchs reprend aussitôt les commandes.
07:23 Il s'efforce de stabiliser le gros porteur.
07:25 S'il n'y parvient pas, l'avion va échapper à tout contrôle.
07:29 El Al 18.62, Mayday, nous déclarons une urgence.
07:33 Au bout de 30 secondes, le commandant parvient à stabiliser son appareil.
07:39 Le mécanicien navigant scrute son pupitre de contrôle pour essayer de déterminer la cause du problème.
07:47 Quelques secondes plus tard, un autre problème apparaît.
07:52 Les instruments indiquent que les deux moteurs droits sont en panne et que l'un d'eux est en feu.
07:57 Pour un pilote, c'est un véritable cauchemar.
08:05 Itzhak Fuchs doit rentrer à Schiphol pour s'y poser de toute urgence.
08:10 Il informe son OPL qu'il a besoin de la piste la plus longue possible.
08:15 Demandons atterrissage, piste 2-7.
08:20 Le contrôle aérien autorise l'avion à revenir à Schiphol.
08:23 Maintenez le cap 360.
08:26 Reçu.
08:27 Pour retourner vers la piste 27, l'avion doit passer au-dessus du quartier de Balemore, où vit la famille Treudman.
08:36 Comme des milliers de riverains, ils ignorent tout du drame qui se déroule en l'air.
08:40 Taux de naissance redressé.
08:46 Le vol El Al 1862 continue de perdre rapidement de l'altitude.
08:50 El Al 1862, Mede, nous déclarons une urgence.
08:56 18h30.
08:58 Les pompiers prennent position sur l'aéroport où l'avion doit arriver dans moins de 10 minutes.
09:11 Le 747 doit faire une boucle au-dessus de la ville pour réduire son altitude et s'aligner correctement sur la piste 27.
09:18 Son approche finale va lui faire survoler la cité HLM de Gronoven.
09:24 A ce moment-là, Marlène et Stanley décident d'aller voir un ami qui vit non loin.
09:30 Ils disent à leurs deux enfants qu'ils ne tarderont pas à revenir.
09:37 Ils disent à leurs deux enfants qu'ils ne tarderont pas à revenir.
09:41 18h33min35sec.
09:52 Descendez à 2000 pieds.
09:56 Le contrôleur aérien Unkterbrach autorise le 747 à se poser piste 27.
10:02 Vous êtes à 21km de l'aéroport. Vitesse à discrétion.
10:07 L'avion est à 2 minutes du quartier de Beylmer.
10:10 Marlène et Stanley sont à mi-distance de chez leurs amis.
10:13 C'est un dimanche comme les autres et beaucoup de gens sont chez eux en famille.
10:18 Dehors, l'atmosphère était très détendue.
10:23 On entendait des enfants jouer, il y avait des gens sur les trottoirs.
10:32 A ce moment-là, lorsque le commandant relève le nez de son appareil pour atterrir,
10:37 le roulis sur la droite reprend.
10:41 Itzhak Fuchs braque son volant à gauche, mais l'avion répond à peine.
10:46 Le copilote prévient alors l'aéroport.
10:48 Cette nouvelle pétrifie le contrôleur qui avertit aussitôt sa collègue Henriette von Opeinen.
11:00 Hank m'a résumé l'histoire sur l'intercom en me disant "il a de gros gros problèmes".
11:06 90 secondes plus tard, le commandant Fuchs s'efforce toujours de compenser le roulis qui ne fait qu'empirer.
11:14 Et l'avion perd rapidement de l'altitude.
11:16 Il n'est plus qu'à quelques secondes du quartier de Beylmer.
11:21 Inconscient du danger qui les menace, Marlène et Stanley arrivent chez leurs amis.
11:25 Guillermo et Graciela sont à la maison.
11:30 Quatre étages plus haut, de l'autre côté de l'immeuble, André Boss, 31 ans, entend un grondement qui s'approche.
11:38 Le bruit était de plus en plus fort, puis c'est devenu un grondement.
11:44 Soudain, le roulis passe la barre des 90 degrés et l'avion commence à tomber.
11:56 "Relevez les volets et sortez le train ! On descend, on descend !"
12:00 "Taux de descente redressé."
12:02 Le hurlement des moteurs devient assourdissant et André Boss appelle les services de secours.
12:07 Quelques secondes plus tard, le cauchemar se déroule sous ses fenêtres.
12:11 "J'ai vu le train d'atterrissage passer juste devant mon balcon."
12:21 Marlène et Stanley arrivent chez leurs amis.
12:25 Dans son appartement du dixième étage, Reynus de Haan, un employé de banque de 36 ans, s'apprête à dîner.
12:35 Le miaulement de son chat le fait sortir sur son balcon.
12:39 Il est paralysé par ce qu'il voit. Un avion se dirige droit vers son immeuble.
12:44 "J'ai vu toute ma vie défiler devant mes yeux."
12:48 "Et je me suis dit, c'est fini."
12:51 A 18h35 et 42 secondes, le vol El Al 1862 percute le sixième étage du bâtiment, qui en compte 11.
13:15 "J'ai entendu un bruit énorme, un grand boom."
13:18 L'impact fait perdre connaissance à Reynus de Haan.
13:22 Le carburant enflammé tombe en pluie sur des dizaines d'appartements.
13:27 La queue du 747 saille du sixième étage jusqu'au bâtiment.
13:36 "Il y a un vol qui arrive."
13:39 "Il y a un vol qui arrive."
13:41 "Il y a un vol qui arrive."
13:42 "Il y a un vol qui arrive."
13:43 "Il y a un vol qui arrive."
13:45 "Il y a un vol qui arrive."
13:46 "Il y a un vol qui arrive."
13:47 "Il y a un vol qui arrive."
13:48 "Il y a un vol qui arrive."
13:49 "Il y a un vol qui arrive."
13:50 "Il y a un vol qui arrive."
13:51 "Il y a un vol qui arrive."
13:52 "Il y a un vol qui arrive."
13:53 "Il y a un vol qui arrive."
13:54 "Il y a un vol qui arrive."
13:55 "Il y a un vol qui arrive."
13:56 "Il y a un vol qui arrive."
13:57 "Il y a un vol qui arrive."
13:58 "Il y a un vol qui arrive."
13:59 "Il y a un vol qui arrive."
14:00 "Il y a un vol qui arrive."
14:01 "Il y a un vol qui arrive."
14:02 "Il y a un vol qui arrive."
14:03 "Il y a un vol qui arrive."
14:04 "Il y a un vol qui arrive."
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14:06 "Il y a un vol qui arrive."
14:07 "Il y a un vol qui arrive."
14:08 "Il y a un vol qui arrive."
14:09 "Il y a un vol qui arrive."
14:10 "Il y a un vol qui arrive."
14:11 "Il y a un vol qui arrive."
14:12 "Il y a un vol qui arrive."
14:13 "Il y a un vol qui arrive."
14:14 "Il y a un vol qui arrive."
14:15 "Il y a un vol qui arrive."
14:16 "Il y a un vol qui arrive."
14:17 "Il y a un vol qui arrive."
14:18 "Il y a un vol qui arrive."
14:19 "Il y a un vol qui arrive."
14:20 "Il y a un vol qui arrive."
14:21 "Il y a un vol qui arrive."
14:22 "Il y a un vol qui arrive."
14:23 "Il y a un vol qui arrive."
14:24 18 heures 35 minutes et 47 secondes.
14:36 L'aiguilleur du ciel Hank Terbrach constate qu'il ne reçoit plus le signal de l'avion.
14:42 De la tour de contrôle, Henriette van Oppenen comprend pourquoi.
14:49 Une colonne de flammes et de fumée lui apprend que le gros porteur s'est écrasé.
14:56 Marlène et Stanley rentrent précipitamment chez eux.
15:04 A travers les arbres, ils distinguent un mur de feu.
15:08 "Stanley m'a dit Marlène, c'est notre appartement."
15:18 "J'ai répondu non, c'est impossible."
15:22 "Marlène, les enfants, les enfants !" ils hurlaient.
15:27 Stanley s'arrête net, tandis que Marlène se précipite vers l'immeuble en flammes.
15:35 Elle s'engouffre dans un escalier et grimpe jusqu'au cinquième étage.
15:41 "La seule chose que je me disais, c'est que je devais retrouver mes enfants."
15:47 Mais là où se trouvait son appartement, il n'y a plus qu'un brasier.
16:02 "Je n'arrivais pas à croire que mon appartement avait disparu."
16:11 "Je suis restée plantée là en me disant non, je dois rêver."
16:15 "Graziela !"
16:21 "Guillermo ! Graziela !"
16:28 Marlène se dit alors que Guillermo, 16 ans, et Graziela, 14 ans, ont peut-être entendu
16:32 l'avion arriver et qu'ils se sont enfuis.
16:34 Elle part donc à leur recherche.
16:38 Au dixième étage, l'employé de banque, Rinus de Haan, reprend ses esprits.
16:48 "On entendait le feu crépiter et les gens qui hurlaient."
16:58 Il titube jusqu'à la porte d'entrée de son appartement.
17:05 Mais il constate avec horreur qu'il ne peut pas l'ouvrir.
17:11 L'onde de choc due à l'impact a tordu le chambranle et la porte est bloquée.
17:15 Rinus de Haan a survécu au crash, mais il risque maintenant de périr carbonisé.
17:23 Il n'y a aucun moyen de sortir, même son chat ne peut pas sauter du dixième étage.
17:30 "Je me suis dit que c'était la fin.
17:35 Réussir à sortir, relever du miracle."
17:37 Situé à 200 mètres, l'appartement d'André Boss est intact.
17:43 Le jeune homme accourt sur les lieux du drame pour voir s'il peut se rendre utile.
17:50 "On voyait le cœur énorme du brasier et des flammes qui sortaient de chaque appartement."
17:59 Des centaines de gens sont peut-être prisonniers du sinistre et vraisemblablement blessés.
18:07 Et tous risquent de mourir avant l'arrivée des pompiers.
18:10 Au mépris de sa vie, André Boss débloque les portes à coups d'épaule.
18:14 Vu l'intensité du brasier, entrer dans certains appartements est suicidaire.
18:23 Mais dans d'autres, il parvient à secourir des gens inconscients, asphyxiés par la fumée.
18:30 Ébêtés, des riverains se précipitent.
18:35 Marlène Treudman interroge tous ceux qui se trouvent à proximité du lieu de l'accident
18:42 pour savoir s'ils ont vu ses deux enfants, Guillermo et Gradiela.
18:50 Toujours prisonnier dans son appartement du 10e, Réuss de Haan sent la température
18:57 monter, une chaleur infernale se déchaînant à l'extérieur.
19:01 À ce moment-là, il faisait 58 degrés dans mon appartement et je transpirais à grosses
19:08 gouttes.
19:09 Il craint de n'avoir plus que quelques minutes à vivre et il ne peut que prier pour que
19:14 les secours viennent les aider, lui et son chat.
19:17 À l'instant où il craint de perdre à nouveau conscience, des voisins défoncent sa porte.
19:27 Ils l'évacuent au tout dernier moment.
19:30 18h40.
19:33 Moins de cinq minutes après le crash, le premier des 16 camions de pompiers qui vont
19:41 arriver de tout Amsterdam arrivent sur les lieux du drame.
19:47 Quelques hommes courageux comme André Boss ont déjà évacué un certain nombre de survivants.
19:51 Les pompiers prennent désormais la relève et s'attaquent aux flammes.
19:56 Des équipes de télévision filment leur intervention et les premiers secours apportés
20:02 aux blessés.
20:03 50 minutes après l'accident, Marlène cherche toujours ses enfants.
20:15 En vain.
20:21 Et la terrible vérité commence à faire son chemin dans son esprit.
20:26 Elle a dit au revoir à Guillermo y Graziella moins d'une heure auparavant en leur promettant
20:31 de revenir rapidement.
20:32 Mais elle perd petit à petit espoir de les revoir.
20:40 À ce moment-là, j'ai eu l'impression que c'était moi qui étais morte, que tout à
20:49 l'intérieur de moi était mort.
20:50 Pourquoi est-ce que ça devait arriver?
20:52 Pourquoi mes enfants devaient-ils mourir?
20:54 La nouvelle de la catastrophe fait le tour du monde.
21:13 À moins de 200 personnes ont été réparées ce soir après le pire accident aérien de
21:18 l'histoire des Pays-Bas.
21:21 À l'aube, on découvre un trou béant au milieu de l'immeuble.
21:26 L'avion a détruit 31 appartements sur 11 étages.
21:29 Officiellement, on déplore 43 morts, dont le commandant Fuchs et son équipage.
21:36 La commission hollandaise rassemble rapidement une équipe de 8 enquêteurs.
21:47 Franz Erhard est à leur tête.
21:51 Cet ancien pilote de chasse travaille depuis 20 ans en tant que spécialiste des accidents
21:59 d'avion.
22:00 Le voilà face à son pire cauchemar.
22:04 On espère que ça n'arrivera jamais et puis ça se produit.
22:09 Un gros porteur s'abat sur des habitations et fait beaucoup de victimes.
22:12 Qu'est-ce qui est à l'origine de la pire catastrophe aérienne du pays ?
22:21 Pourquoi le 747 a-t-il volé correctement pendant les 8 minutes qui ont suivi le Médé
22:27 pour finalement plonger sur la cité HLM ?
22:31 En retraçant le fil des événements qui ont conduit à ce jour fatidique et en analysant
22:36 en détail l'enquête qui a été faite, nous allons vous révéler ce qui est vraiment
22:40 arrivé au vol LAL 1862.
22:43 La simulation informatique va vous emmener là où aucune caméra ne peut aller, au cœur
22:48 de la catastrophe.
22:49 Capot 360.
22:52 Franz Erhard analyse d'abord les enregistrements du contrôle aérien de Schiphol.
22:59 Il révèle que l'OPL Arnon Oade a annoncé avoir perdu les deux moteurs côté droit.
23:06 Moteur 3 et 4 inopérants.
23:08 Ils apportent également un autre indice capital.
23:11 Moteur 3 en feu, moteur 3 en feu.
23:14 Un de ces deux moteurs était en flammes.
23:16 Or les enquêteurs savent qu'une panne simultanée de deux moteurs est rarissime.
23:23 Ils ne voient pas non plus quel ennui mécanique pourrait provoquer un incendie suffisamment
23:29 étendu pour toucher deux moteurs.
23:31 Ils envisagent donc une hypothèse plus effrayante.
23:37 Au départ nous avons pensé qu'El Al avait peut-être été victime d'un acte terroriste.
23:46 Les enquêteurs redoutent que le vol 1862 ait été détruit par une bombe, voire par
23:55 un missile Sol Air.
23:58 Et ils ont un deuxième mystère à résoudre.
24:02 Si le gros porteur a été frappé par un missile, comment a-t-il pu rester en l'air pendant
24:06 huit minutes avant de finir par s'écraser ?
24:09 Pour voir si la thèse de l'attentat est envisageable, les enquêteurs doivent retrouver
24:17 les moteurs du 747 et ses boîtes noires qui enregistrent les paramètres techniques concernant
24:23 le vol et les conversations dans le poste de pilotage.
24:26 Mais la tâche est ardue.
24:28 Même si les boîtes noires ont résisté à l'impact et au brasier de 1100 degrés,
24:33 ils sont de toute façon enterrés sous une montagne de décombres.
24:36 L'avion s'était tellement désagrégé lors de l'impact qu'on ne savait pas par où
24:42 commencer.
24:43 Tôt le lendemain matin, on commence à passer les débris au peigne fin.
24:49 Mais les enquêteurs savent qu'ils vont peut-être devoir attendre longtemps avant d'obtenir
24:53 leurs premiers indices.
24:54 Puis c'est la surprise.
24:59 Un policier qui n'était pas en service affirme avoir vu le vol 1862 monter dans l'espace
25:06 aérien au-dessus d'Amsterdam.
25:09 La suite de son récit fait froid dans le dos.
25:12 D'autant que pour l'heure, les enquêteurs n'ont aucune autre hypothèse susceptible
25:23 d'expliquer pourquoi l'avion d'El Al s'est écrasé sur la cité HLM de Beuilmer.
25:29 Jan Kaspers, le policier d'Amsterdam, leur raconte une histoire extraordinaire.
25:38 Le soir de l'accident, avec un ami, il faisait une sortie en bateau sur le lac Goïmer, à
25:45 une dizaine de kilomètres à l'est d'Amsterdam.
25:49 Le bateau était ancré juste en dessous de la trajectoire du vol El Al.
25:55 A 18h27, les deux hommes préparent leur dîner lorsqu'ils entendent une déflagration
26:01 violente.
26:02 C'était quoi ? Une explosion ? Non.
26:05 Jan Kaspers sort sur le pont et découvre un avion d'où tombent deux objets.
26:10 Au début, j'ai cru que c'était des parachutes.
26:17 Mais quand ils sont passés au-dessus de la cime des arbres, j'ai vu que c'était des
26:20 moteurs.
26:21 C'est une révélation incroyable.
26:26 Franz Herarth ordonne aussitôt à une équipe de plongeurs de fouiller le lac Goïmer.
26:33 Récupérer les moteurs pourrait permettre de résoudre le mystère.
26:37 En effet, les enquêteurs sont désormais convaincus que les deux moteurs droits ne sont pas simplement
26:46 tombés en panne.
26:47 Moteurs 3 et 4 inopérants.
26:49 Ils se sont décrochés.
26:53 Les pilotes ne pouvant pas voir les moteurs depuis le cockpit, ils n'ont aucune idée
27:03 de ce qui s'est passé.
27:04 Les enquêteurs constatent également que l'alarme incendie n'était qu'une fausse
27:11 alerte.
27:12 L'arrachement des moteurs a coupé des câblages qui ont déclenché l'avertisseur sonore
27:17 et induit l'équipage en erreur.
27:18 En fait, il n'y avait pas d'incendie des moteurs sur le côté droit.
27:21 Et pour cause, il n'y avait plus de moteur du tout.
27:29 Mais le mystère reste à élucider.
27:33 Qu'est-ce qui peut bien faire tomber deux moteurs de 5 tonnes pièces en même temps?
27:39 La théorie du missile ou de la bombe semble de plus en plus envisageable.
27:44 Mais pour la vérifier, encore faut-il récupérer les moteurs du fond du lac Goimer et les examiner.
27:53 Pour les enquêteurs, le défi est de taille.
27:59 Le lac s'étend sur 26 km² et il y a de nombreuses dépressions au fond où un moteur
28:04 peut facilement disparaître.
28:06 Mais contre toute attente, au bout de quelques heures de recherche, un plongeur repère un
28:17 morceau d'avion volumineux.
28:18 Il s'agit du moteur extérieur de l'aile droite du 747.
28:30 On découvre également un autre élément près du lac.
28:35 Il s'agit d'un morceau de 10 mètres du bord d'attaque de la même aile.
28:41 C'est la première chance de comprendre pourquoi les moteurs sont tombés.
28:45 S'il s'agit d'un attentat terroriste, on devrait retrouver des traces d'explosifs.
28:51 C'est pourquoi on achemine immédiatement le moteur jusqu'au laboratoire.
28:55 Les scientifiques prélèvent les particules déposées sur le moteur et le morceau d'aile
29:01 pour chercher des produits chimiques présents dans les explosifs.
29:04 Ils examinent le métal en quête de micro-picures provoquées par les débris d'une explosion.
29:09 L'opération prend deux jours et l'analyse est négative.
29:15 Les enquêteurs n'ont décelé aucune trace d'explosion ni aucun indice susceptible
29:21 d'expliquer pourquoi les deux moteurs se sont détachés.
29:23 C'est l'impasse.
29:29 Pour élucider le mystère, les enquêteurs doivent découvrir le deuxième moteur en
29:35 espérant qu'il fournira la solution.
29:37 Ou localiser les enregistreurs sur les lieux du drame.
29:43 La marine hollandaise participe aux recherches en envoyant deux navires spécialisés dans
29:51 leur enflouage.
29:52 Des sonars et des plongeurs supplémentaires.
29:56 Mais au bout de deux jours, ils n'ont toujours rien trouvé.
30:01 L'enquête est au point mort et à chaque heure qui s'écoule, des indices disparaissent.
30:08 L'eau allait commencer à corroder les débris.
30:14 C'est pourquoi nous voulions retrouver le moteur le plus vite possible.
30:19 Les nouvelles sont tout aussi mauvaises sur les lieux de l'accident.
30:26 Les boîtes noires du 747 restent introuvables.
30:29 Et les choses en pire encore.
30:34 24 heures après l'accident, le maire d'Amsterdam ordonne le nettoyage du site car l'opinion
30:43 publique le presse de récupérer les corps des victimes le plus rapidement possible.
30:46 Impuissant, Franz Herarth et son équipe doivent se contenter de suivre les débris
30:54 jusqu'à une décharge publique d'Amsterdam.
30:59 Nous avons cherché les éléments dont nous avions besoin au milieu des déchets ménagers.
31:07 La tâche semble sans fin.
31:12 Pourtant, au bout de trois jours, alors que Franz Herarth est à son bureau, il reçoit
31:20 un appel téléphonique.
31:21 Bonne nouvelle, une de ses équipes a trouvé l'enregistreur de paramètres.
31:27 Nous étions très satisfaits car nous allions enfin pouvoir avancer.
31:32 Cet appareil enregistre tous les paramètres techniques importants.
31:41 C'est peut-être la trouvaille que l'équipe attendait.
31:43 Mais lorsque les techniciens l'ouvrent, c'est la déception.
31:49 La bande magnétique est coupée en quatre endroits.
31:51 Et les données concernant les deux dernières minutes trente sont indéchiffrables.
31:58 Ce matériel est tout de même envoyé à des spécialistes à Washington.
32:03 C'est le dernier espoir d'en tirer quelque chose.
32:05 Onze jours après l'accident, les enquêteurs sont démoralisés.
32:14 Deux des pistes principales, la récupération d'un moteur et la découverte d'une des boîtes
32:20 noires, se sont avérées inexploitables.
32:22 Or le grand public exige des réponses.
32:25 La pression des médias et du public était incroyable.
32:30 De toute ma carrière, je n'ai jamais eu à travailler sous une telle pression.
32:38 Mais au moment où les enquêteurs perdent espoir, un plongeur décroche le gros lot.
32:46 Il découvre le moteur manquant à moitié enterré dans la vase.
32:52 Il est encore fixé au pylône qui le relie à l'aile.
33:01 Les enquêteurs se montrent satisfaits, mais restent circonspects.
33:06 Et si ce moteur s'avérait aussi inutile que le premier ?
33:09 Il est tout cabossé, mais il ne présente aucune trace visible d'impact de missile.
33:15 Et effectivement, à l'issue des analyses, on ne décèle aucune trace d'explosif.
33:23 Les enquêteurs parviennent à une première conclusion capitale.
33:29 Le Vol 1862 n'a pas été victime d'un attentat.
33:33 Mais ce qui est plus étonnant, c'est qu'il ne décèle aucun problème au niveau du moteur.
33:38 En revanche, en examinant le capot, il remarque tout de suite quelque chose de curieux.
33:43 La tôle est impactée et tachée de peinture noire.
33:50 D'où vient-elle ? Pour le savoir, la peinture est analysée en laboratoire.
33:57 Et il faut encore déterminer pourquoi le moteur intérieur s'est détaché.
34:02 Comme ce dernier est encore fixé à son pylône, la séparation doit s'être faite à l'endroit
34:10 où cette pièce était fixée à l'aile.
34:12 L'équipe s'intéresse donc à son système de fixation.
34:15 Sur un 747, quatre ferrures d'attache assurent l'arrimage du moteur sous l'aile.
34:22 Chacune d'elles est munie d'un goujon d'acier creux de 14 cm, appelé axe fusible.
34:28 Ces pièces sont assez solides pour supporter les contraintes imposées par un moteur tournant
34:33 à pleine puissance.
34:34 Mais elles sont conçues pour céder dans des circonstances bien particulières.
34:39 En cas de problème, qu'il soit mécanique ou lié à une collision avec un oiseau, le
34:45 moteur peut se mettre à vibrer fortement.
34:47 Si ces vibrations deviennent trop violentes, le moteur risque de se détacher et du même
34:52 coup d'endommager l'aile, précipitant peut-être la chute de l'avion.
34:56 Pour empêcher un tel accident, les 747 sont équipés d'un système de limitation des
35:02 dommages.
35:03 Lorsque les vibrations dépassent un niveau donné, les axes fusibles cèdent, faisant
35:08 ainsi tomber le moteur avant que des dégâts plus graves ne surviennent.
35:11 Mais apparemment, le moteur intérieur n'a pas connu de problème de ce genre.
35:18 D'où l'hypothèse effrayante envisagée par les enquêteurs, les axes fusibles ont-ils
35:23 mal fonctionné et provoqué le drame ?
35:25 L'équipe examine le pylône du moteur intérieur.
35:31 Les spécialistes se concentrent sur les vestiges des deux attaches médianes qui soutenaient
35:40 l'essentiel du poids.
35:41 Leurs axes fusibles ont disparu.
35:43 Et sur une des attaches, ils découvrent quelque chose de curieux.
35:50 La partie supérieure de la pièce traversée par l'axe fusible a cédé.
35:57 Est-ce arrivé lorsque le moteur s'est abîmé dans le lac ou avant ?
36:05 Des spécialistes des métaux analysent la cassure et parviennent à une conclusion irréfutable.
36:15 Les marques de rupture ne sont pas caractéristiques d'un impact violent.
36:19 Elles révèlent que la ferrure a cédé sous l'effet d'une contrainte trop importante.
36:24 Ça ne peut qu'être le résultat de la rupture d'un des axes fusibles intérieurs.
36:30 Par voie de conséquence, une bonne partie des contraintes a alors dû porter sur la
36:36 ferrure de l'autre côté, jusqu'à la faire céder.
36:40 Les axes fusibles sont censés casser des deux côtés lorsque les contraintes imposées
36:46 au moteur atteignent un niveau critique.
36:48 Franz Herarth pense qu'une rupture partielle ne peut avoir qu'une origine.
36:52 Une fatigue du métal de l'axe fusible.
36:57 Cette nouvelle théorie est tout à fait inattendue.
37:00 Cette défaillance est-elle la cause du drame ?
37:03 Rien n'est moins sûr, car Franz Herarth sait que le moteur intérieur ne pouvait se
37:13 détacher que suite à la rupture des deux axes fusibles centraux.
37:17 Pour vérifier cette théorie, les enquêteurs doivent donc retrouver celui des deux qui
37:21 manquent sur l'autre attache médiane.
37:23 Mais les chances de retrouver un élément aussi petit dans le lac Goimer sont minimes.
37:28 En revanche, elle serait bien plus élevée si ce morceau était resté accroché à l'aile.
37:37 Franz Herarth envoie donc plus d'une vingtaine d'agents fouiller la décharge publique
37:43 où sont entassés les vestiges du crash.
37:46 Personne ne nourrit beaucoup d'espoir.
37:48 L'axe fusible ne mesure que 14 centimètres de long et il a probablement cédé lors de
37:53 l'impact.
37:54 Chercher la pièce manquante revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin.
38:00 Au bout de 48 heures, la recherche est toujours vaine.
38:09 Mais le troisième jour, un des membres de l'équipe repère un bout de métal sous des
38:20 déchets.
38:21 C'est un morceau de l'attache médiane du moteur intérieur.
38:28 Contre toute attente, il y a encore un bout d'axe fusible à l'intérieur.
38:35 Les enquêteurs savent que c'est sûrement leur dernière chance de résoudre le mystère.
38:40 Ils analysent le fragment au microscope électronique dès son arrivée au laboratoire.
38:46 Et la réponse est bien là.
38:53 Sur la paroi de l'axe fusible, ils découvrent une fissure de 4 millimètres de profondeur.
38:58 La physionomie du métal autour de ce défaut est caractéristique d'une fatigue.
39:04 Le défaut est apparu le long des sillons d'alésage du fût du goujon évidé.
39:09 C'est l'élément que les enquêteurs cherchaient pour avancer.
39:15 Ils savaient déjà que la fatigue du métal avait fini par faire céder un des deux axes
39:22 fusibles centraux.
39:23 Ils savent désormais, sans l'ombre d'un doute, que l'autre axe fusible central était
39:29 lui aussi abîmé.
39:30 A chaque vol, ces fissures microscopiques se sont élargies un peu plus.
39:41 Et le 4 octobre 1992, l'écartement a atteint le point critique.
39:48 A 6500 pieds, les moteurs tournant à pleine puissance, les axes fusibles défectueux
39:56 ont cédé.
39:57 Les enquêteurs doivent cependant encore expliquer pourquoi le moteur extérieur du 747 s'est
40:08 lui aussi détaché.
40:09 En effet, il est quasiment impensable que deux jeux d'axes cèdent au même moment.
40:14 C'est alors que les résultats d'analyse de la peinture trouvée sur le capot reviennent
40:24 du laboratoire.
40:25 Cette peinture est celle qu'on trouve sur la casserole du moteur extérieur.
40:31 Dès lors, il n'y a plus qu'une explication possible.
40:36 Le moteur intérieur tournait à plein régime lors de l'ascension de l'avion.
40:49 Lorsqu'il s'est détaché, il n'est pas tombé tout droit, mais vers l'avant.
41:00 Quelques dixièmes de seconde plus tard, il est revenu en arrière et par le plus malheureux
41:06 des hasards a percuté et arraché le moteur extérieur.
41:09 Cet impact a également détaché une dizaine de mètres du bord d'attaque de l'aile.
41:15 C'est donc cet accident dramatique qui a provoqué l'arrachement des deux moteurs du vol L-AL
41:24 1862.
41:25 La commission d'enquête hollandaise avertit l'avionneur Boeing qui invite aussitôt les
41:36 compagnies aériennes utilisant le 1000 de 747 en service à travers le monde à procéder
41:42 à une inspection des axes fusibles et le cas échéant à leur emplacement.
41:47 Traumatisés, les habitants du quartier de Baymer veulent cependant connaître la clé
41:53 d'un autre mystère.
41:55 Pourquoi l'avion s'est-il écrasé?
41:58 Un 747 est théoriquement en mesure de voler avec seulement deux moteurs.
42:03 Pourquoi le vol 1862 a-t-il subitement chuté quelques minutes avant d'atterrir en urgence?
42:10 Relevez les volets, sortez le train!
42:15 Les enquêteurs analysent le fragment d'aile récupéré dans le lac Goymer.
42:19 Il est clair que des dégâts pareils n'ont pu que nuire à la portance de l'avion.
42:24 Ils découvrent également que des commandes de vol importantes ont perdu toute pression
42:29 hydraulique lors de l'arrachement des moteurs.
42:31 Mais si ces dégâts avaient pu faire tomber l'avion, comment le commandant Fuchs a-t-il
42:37 réussi à le faire voler normalement pendant encore huit minutes?
42:40 Pour l'instant, ça reste une énigme.
42:45 Puis, 18 jours après le crash, l'équipe reçoit une bonne nouvelle.
42:50 Les spécialistes américains ont récupéré les informations de l'enregistreur de paramètres.
42:55 Ces données techniques constituent la dernière pièce du puzzle.
43:01 Elle révèle en détail ce qui a fait tomber le 747 d'El Al.
43:16 Les enquêteurs ont d'ores et déjà conclu que la fatigue du métal a provoqué l'arrachement
43:23 d'un moteur et que ce dernier a percuté son voisin.
43:25 C'est ce même incident qui a également détruit une portion du bord d'attaque de
43:30 l'aile droite et une partie des commandes.
43:32 Ce problème n'ayant pas pu à lui seul provoquer l'accident, pourquoi l'avion a-t-il finalement
43:42 échappé à tout contrôle huit minutes après le Mayday?
43:49 Les enquêteurs font alors appel à un pilote d'essai et ingénieur en aéronautique, Hirth
43:58 McLar, pour trouver la réponse à cette question.
44:01 Il épluge des milliers de données techniques tirées de l'enregistreur de paramètres
44:05 du 747.
44:07 Elles lui permettent de faire une simulation sur ordinateur des minutes précédant l'accident.
44:12 Au bout de huit mois de travail, il se fait une idée de ce qui s'est passé à bord
44:21 du vol 1862.
44:24 Et il est en mesure d'expliquer le lien complexe unissant la perte des moteurs, l'aile abîmée
44:31 et la perte d'une partie des commandes.
44:33 Il découvre qu'à partir du moment où les deux moteurs sont tombés, le gros porteur
44:39 n'a fait que repousser l'échéance.
44:41 S'il pouvait encore voler, il était condamné à s'écraser dès qu'il tenterait d'atterrir.
44:45 L'équipage n'avait pas le choix.
44:51 Il n'y avait rien à faire.
44:52 Le crash était inévitable.
44:53 Les paramètres de vol révèlent enfin pourquoi le vol LAL 1862 a plongé sans prévenir,
45:04 après avoir volé tant bien que mal pendant huit minutes.
45:07 Et pourquoi il a mis en danger la vie de centaines de gens à terre.
45:13 H moins huit minutes.
45:20 Des axes fusibles endommagés qui maintiennent le moteur intérieur accroché à l'aile
45:27 cèdent.
45:28 Du coup, l'avion ne perd pas un, mais deux moteurs, ainsi qu'une dizaine de mètres
45:33 de bord d'attaque de l'aile droite, ce qui provoque une perturbation importante de l'écoulement
45:37 de l'air à ce niveau.
45:38 La portance étant amoindrie de ce côté, le 747 appuie sur sa droite.
45:45 Le commandant Fuchs a également perdu deux systèmes hydrauliques qui contrôlent des
45:52 appareils anti-roulis.
45:53 Il ne parvient à maintenir le niveau de vol du gros porteur qu'en poussant les commandes
46:01 restantes au maximum.
46:02 L'analyse des données indique que sa vitesse R de 280 nœuds est un élément clé.
46:10 Elle permet d'obtenir juste assez de portance sur l'aile droite pour maintenir l'avion
46:15 en l'air.
46:16 H moins 39 secondes.
46:19 À 5 kilomètres de la cité HLM de Boylemer, le commandant Isaac Fuchs relève le nez du
46:25 Boeing pour le ralentir en vue de l'atterrissage.
46:28 Il ne peut pas savoir que cette procédure de routine va avoir des conséquences tragiques.
46:33 Les paramètres de vol montrent que ce changement d'angle accentue la perturbation de l'écoulement
46:41 d'air sur l'aile droite endommagée.
46:43 En conséquence, la portance à ce niveau s'amenuise encore et l'avion recommence
46:50 à prendre du roulis.
46:51 Le commandant Fuchs s'efforce de stabiliser le 747.
46:57 Mais la vitesse R est passée en dessous de 260 nœuds, ce qui a encore réduit la portance.
47:04 Et les commandes endommagées ne peuvent plus l'aider suffisamment.
47:07 Problème de commande.
47:13 H moins 30 secondes.
47:14 Le roulis et la perte de portance atteignant un seul limite, le gros porteur de 338 tonnes
47:21 décroche.
47:22 Sortez le train.
47:25 18.62, nous tombons.
47:28 L'avion d'El Al pique du nez de 2500 pieds à environ 760 mètres.
47:32 Des défauts microscopiques dans deux composants de 14 centimètres de long ont conduit à
47:44 la mort de 43 personnes.
47:45 Les secours découvrent les cadavres de Guillermo et de Graziella le lendemain du drame, à
48:05 quelques mètres de là où se trouvait autrefois leur appartement.
48:08 D'après les médecins, ils ont été tués sur le coup.
48:14 Après l'accident, Marlène et Stanley Treudman se sont installés dans un autre quartier d'Amsterdam.
48:23 Ils ne supportaient plus de vivre là où leurs enfants avaient péri.
48:26 Perdre ses enfants, c'est une chose épouvantable.
48:33 Mais on peut tirer de la force des bons moments qu'on a passés avec eux.
48:39 Les souvenirs que j'ai d'eux, de leur naissance jusqu'à leur mort, personne ne peut me les
48:45 prendre.
48:46 Je sais qu'ils sont ici, je sens leur présence.
48:51 Il y a une atmosphère positive.
48:54 Les appartements dans la zone de l'accident ont été démolis, mais leurs fondations sont
49:09 restées.
49:10 Non loin se dresse un mémorial pour les victimes.
49:14 Malgré tout, ce drame a eu une conséquence positive.
49:23 Boeing a renforcé toutes les attaches des ailes de C-747, à commencer par les axes
49:32 fusibles.
49:33 L'avionneur a également instauré des inspections plus poussées grâce à l'utilisation des
49:40 ultrasons pour détecter d'éventuelles fatigues du métal.
49:42 Les modifications opérées suite au drame de Schiphol ont fait des 747 qui volent aujourd'hui,
49:50 des avions encore plus sûrs.
49:51 Le drame de Schiphol a été révélé.
50:02 ♪ ♪ ♪

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