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00:00 France bleu, Belfort Montbéliard.
00:02 - 8h moins le quart, c'est le début d'octobre rose,
00:04 un mois pour communiquer autour du cancer du sein, Thierry Comprenant.
00:07 - Et ce matin, on vous pose cette question, dites-le franchement,
00:10 allez-vous vous faire dépister, car plus tôt la maladie est détectée,
00:14 plus les chances de guérison sont grandes.
00:17 Et puis si vous êtes malade ou si vous avez été malade,
00:19 on attend vos témoignages aux 0384, 22 82 82.
00:23 Vous pouvez également, si vous le souhaitez,
00:25 poser vos questions à notre invité.
00:27 Bonjour Docteur Alain Monnier.
00:28 - Bonjour Monsieur Comprenant.
00:29 - Président de la Ligue contre le cancer du pays de Montbéliard,
00:32 le dépistage, c'est le maître mot comme chaque année,
00:34 pourtant on ne se fait pas assez dépister.
00:37 Dans notre région, seulement une femme sur deux fait un dépistage.
00:40 Vous le regrettez ?
00:41 - Oui, vraiment, on le regrette parce que ça fait plus de 20 ans
00:44 que cette campagne a démarré.
00:46 Il y a beaucoup de manifestations autour d'octobre rose,
00:48 mais les résultats ne sont pas là sur le plan de la fréquentation.
00:51 Alors qu'en termes d'efficacité, c'est clair que les femmes
00:54 qui sont dépistées ont des cancers de meilleure pronostic,
00:56 de plus petite taille et bien sûr bien mieux curables.
00:58 - Alors comment on peut expliquer cette réticence à se faire dépister ?
01:02 - Cette réticence est multiple, elle est la peur d'abord,
01:05 les personnes ont peur du résultat,
01:07 mais la peur est mauvaise conseillère, comme dit le proverbe.
01:09 Et puis aussi, on a le temps, on verra.
01:11 Et puis également, il faut le dire,
01:13 des difficultés pour avoir accès à la mammographie, il y a des délais.
01:16 Il y a des délais qui sont importants et qui des fois rebutent les femmes.
01:19 - Alors justement Docteur Monnier, concernant les mammographies,
01:21 j'aimerais vous faire écouter le témoignage de Marie-Claude,
01:24 une habitante de Montbéliard,
01:26 elle nous explique pourquoi elle ne veut plus se faire dépister.
01:29 - Quand est-ce qu'on aura des appareils conçus pour les femmes
01:32 pour faire des mammographies ?
01:34 Parce que moi je n'y vais pas,
01:35 parce que justement, ce n'est pas conçu pour les femmes.
01:38 J'attends qu'il y ait un appareil conçu pour que les femmes puissent
01:41 faire des mammographies en respectant leur corps.
01:44 Vous verriez la gymnastique qu'il faut faire pour passer une mammographie.
01:48 Et je trouve ça honteux.
01:49 - Alors Docteur Monnier, qu'est-ce que vous répondez à Marie-Claude ?
01:52 Les appareils qui servent aux mammographies ne sont pas adaptés
01:54 à la morphologie de la poitrine des femmes ?
01:56 - Vous savez, il y a un problème tout simple,
01:58 qui est un problème mécanique.
01:59 Pour avoir une radiographie de mammographie de bonne qualité,
02:01 il faut que le sein soit homogène dans l'épaisseur des tissus traversés.
02:06 Donc on est obligé de comprimer le sein,
02:07 de le transformer entre guillemets en galette.
02:09 Et c'est vrai que c'est douloureux,
02:11 notamment chez les femmes qui ont une petite poitrine.
02:13 Alors on a tout essayé, y compris des appareils
02:15 où les femmes faisaient elles-mêmes l'autocompression de leur sein,
02:17 et ça ne marche pas, parce que les examens ne sont pas de bonne qualité.
02:20 Donc je suis désolé, mais on ne pourra pas changer cela.
02:23 Et il est sûr que chez les femmes jeunes,
02:25 c'est plus délicat que chez les femmes âgées
02:26 où la poitrine est plus souple.
02:28 - Et à partir de quand on fait une mammographie ?
02:29 Dès que 50 ans ou peut-être même avant ?
02:31 - Alors pour l'instant, c'est encore 50 ans.
02:33 Les discussions sont en cours pour ramener la date à 45 ans,
02:36 car on l'a constaté, il y a de plus en plus de cancers chez les femmes jeunes.
02:39 On essaie de savoir pourquoi, mais je peux déjà dire
02:41 qu'il y a quand même deux facteurs importants
02:43 qui ont été mis en évidence, le tabac et l'alcool.
02:45 Les femmes, maintenant, fument plus et boivent plus que leurs mères,
02:48 et donc le paradigme a changé.
02:50 - Le 6/9 France Bleu, Belfort, Montbéliard, il est 7h48.
02:53 On parle d'Octobre Rose consacré au dépistage du cancer du sein
02:55 avec le docteur Alain Monnier,
02:57 président de la Ligue contre le cancer du pays de Montbéliard.
03:00 On attend vos appels 0384 8282 82.
03:03 - Docteur Monnier, dans un instant, nous parlerons de l'avancée des traitements,
03:06 mais nous avons en ligne Janine Bonilla,
03:08 une habitante de Tambenois, dans le pays de Montbéliard.
03:10 Elle nous a appelé ce matin. Bonjour Janine.
03:14 - Oui bonjour, bonjour à tous.
03:15 - Vous et votre sœur ont eu un cancer du sein.
03:18 Vous aussi, vous dites qu'il est très important de se faire dépister.
03:23 - Oui, je dis ça parce que moi, j'ai toujours suivi mes mammographies tous les deux ans.
03:28 Et en 2022, on m'a détecté une petite tache et ça avait été que c'était un cancer.
03:35 J'ai été pris tout de suite.
03:38 On m'a détecté ça au mois de juin et au mois d'août,
03:42 on m'opérait avec une très bonne équipe à l'hôpital de Trévillan,
03:46 bien qu'on entende beaucoup de choses,
03:48 mais tous ces gens qui m'ont pris ont été formidables.
03:51 - Et comment allez-vous aujourd'hui, Janine ?
03:54 - Vu le suivi que j'ai eu et tout ça, moi je vais très bien pour le moment.
03:58 Je fais mes contrôles tous les ans pour l'instant,
04:01 donc c'est très bien, j'ai pas eu mal.
04:04 Vraiment, j'ai été bien prise en considération pour tout,
04:09 aussi bien psychologique que physique.
04:11 - Docteur Monnier, merci en tout cas Janine de nous avoir appelés de Tambenois.
04:15 Ce témoignage est édifiant,
04:17 c'est important quand même de dire que la prise en charge est à la hauteur ?
04:21 - Oui, il n'y a aucun problème.
04:22 Les protocoles sont bien classiques et partout en France,
04:25 il y a des règles qui sont appliquées.
04:27 Et le témoignage concernant la chaîne FC l'hôpital de Trévillan,
04:30 ne me surprend pas, les malades sont particulièrement bien pris en charge
04:34 et je crois qu'il faut le dire, il ne faut pas courir à droite et à gauche,
04:36 les protocoles sont identiques, il y a des règles
04:39 et elles sont appliquées clairement ici comme ailleurs.
04:41 - Docteur Monnier, on en est où des traitements ?
04:43 Est-ce que le taux de guérison du cancer du sein a augmenté ces dernières années ?
04:46 - Oui, le taux a clairement augmenté.
04:48 Il y a quatre grandes variétés de cancers,
04:50 il y en a un pour lequel on a encore des problèmes,
04:52 qui est le cancer triple négatif,
04:53 qui touche majoritairement les femmes jeunes
04:56 et pour lequel il y a encore des progrès à faire.
04:58 Nous sommes à près de 90% de curabilité tout cancer confondu
05:01 et quand on retire les tripes négatifs,
05:03 on est à 92 voire 93% de taux de guérison.
05:06 On progresse avec une personnalisation des traitements, ça c'est très important.
05:10 Il y a de très très nombreux protocoles
05:12 et il y a un protocole adapté pour chaque femme.
05:14 - Peut-on imaginer un vaccin contre le cancer du sein
05:17 comme le vaccin Tédopilat dont on a parlé il y a quelques semaines
05:21 qui vise à traiter certains cancers du pont ?
05:22 Est-ce que ça c'est un espoir ?
05:24 - Alors bien sûr c'est un espoir et nous sommes très intéressés
05:27 parce que nous finançons une grosse étude sur l'ARN Messager,
05:30 Vaccin du cancer en franche-comté
05:32 et ce protocole est un protocole très très intéressant.
05:35 Bien sûr il y a des avancées et il y aura des vaccins
05:38 si on arrive à trouver des vaccins efficaces cancer par cancer.
05:41 Soyons honnêtes, il n'y aura pas un vaccin unique pour tous les cancers.
05:44 - C'est-à-dire que ça sera vraiment très ciblé ?
05:46 - Très ciblé, totalement ciblé et ça prendra encore un certain temps
05:50 mais il y a des avancées je peux vous le dire.
05:52 - Alors on parle beaucoup de cancer chez les femmes,
05:56 il y a également des cancers chez les hommes,
05:57 on en parle moins et pourtant ça existe.
05:59 - Le cancer du sein qui existe chez l'homme c'est 1% globalement
06:02 du taux que l'on voit chez les femmes.
06:05 Il n'y a pas de facteur prédisposant connu, réel.
06:09 Le traitement est le même que chez les femmes.
06:11 - Que vous disent les patientes qui viennent vous voir ?
06:15 Est-ce qu'il y a toujours cette peur du diagnostic,
06:17 cette peur de la maladie ?
06:19 Ou est-ce que ça commence maintenant à reprendre dans les mains ?
06:22 En tout cas à se dire "je vais guérir, je vais m'en sortir".
06:25 - Oui bien sûr le mot cancer ça a toujours fait peur.
06:28 Donc le problème après c'est de bien expliquer
06:30 le type de cancer que la patiente présente
06:33 et puis les traitements que l'on adaptera.
06:36 Alors bien sûr ce sont des traitements qui peuvent être très longs
06:38 puisque même dans des cancers de bon pronostic
06:39 on peut avoir jusqu'à 5 ans de traitement
06:41 avec une hormone thérapie en traitement adjuvant complémentaire.
06:46 Mais le problème c'est d'expliquer, prendre du temps,
06:49 aider les malades et l'accompagnement est fondamental.
06:51 C'est le rôle des associations, notamment la Ligue, mais pas que.
06:54 Et on le fait directement puisque nous finançons du personnel
06:57 au sein de la structure de traitement
06:59 pour que ces malades soient pris en charge au plan psychologique.
07:02 Également des ateliers qui permettent à ces malades
07:04 de se retrouver, de parler.
07:06 Il faut les aider et aider les familles aussi.
07:08 Malheureusement le risque de la rechute, ça arrive souvent ?
07:11 Alors la rechute, oui, elle existe.
07:13 Elle n'est pas très fréquente maintenant,
07:16 sauf dans des formes très graves,
07:17 avec beaucoup d'onglions atteints ou bien des triples négatifs.
07:20 Mais cette rechute est bien maîtrisée.
07:22 Il y a énormément de progrès qui ont été faits,
07:24 notamment de façon récente,
07:26 avec des associations de nouveaux médicaments.
07:28 Et le problème est que maintenant on peut faire une rechute
07:31 et vivre longtemps avec sa maladie.
07:32 Je dirais comme on vit longtemps avec son diabète, avec son hypertension.
07:35 La maladie devient chronique.
07:38 Merci beaucoup Dr Alamonier pour tous ces messages d'espoir
07:41 sur ce cancer du sein.
07:42 Tout au long du mois d'octobre, il y aura beaucoup de manifestations,
07:45 des ateliers dans nos franches-comtés, à l'hôpital et ailleurs,
07:48 au sein de différentes associations.
07:49 Merci beaucoup Dr Alamonier,
07:51 président de la Ligue contre le cancer du pénomon béliard.
07:53 Je vous remercie.
07:53 Et retrouvez cet entretien sur francebleu.fr, Belle Forme aux Molières sur l'application ICI par France Bleu et France 3.