L'ex-président de la République, François Hollande, était l'invité de Benjamin Duhamel, ce dimanche soir dans BFM Politique sur BFMTV.
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00:00 François Hollande, est-ce que la France, l'Europe ont laissé tomber les Arméniens ?
00:04 Il est encore temps de pouvoir agir.
00:07 Le Haut-Karabagh, ça peut paraître mystérieux pour nos compatriotes.
00:11 C'est loin, c'est une région qui est disputée depuis des années
00:15 entre l'Azerbaïdjan d'un côté, l'Arménie de l'autre.
00:18 Mais il se trouve qu'il y avait une forme de statu quo
00:22 et la France était partie prenante avec la Russie, les États-Unis
00:26 pour avoir un rôle de médiation.
00:29 Ce qu'on appelait un conflit gelé.
00:31 C'était un conflit gelé depuis longtemps, mais où il y avait une médiation possible
00:36 à travers des puissances, la Russie, les États-Unis et la France.
00:40 Il se trouve que là, depuis maintenant plusieurs jours,
00:44 l'Azerbaïdjan, appuyé par la Turquie, a été jusqu'à envahir le Haut-Karabagh,
00:52 cette région qui est peuplée uniquement d'Arméniens.
00:55 Les Russes, qui devaient protéger la partie qui était justement occupée par les Arméniens,
01:02 ont laissé faire.
01:04 Et donc il y a eu une forme d'accord entre Erdogan, président de la Turquie,
01:09 et Poutine pour que l'Azerbaïdjan ait, si je puis dire,
01:14 carte blanche pour aller jusqu'au Haut-Karabagh.
01:17 Conséquence, il y a à peu près 120 000 Arméniens qui vivent dans cette région-là
01:23 et donc ils fuient. Ils fuient parce qu'ils risquent pour leur vie.
01:27 Ils fuient parce qu'il y a une peur qui est assez légitime.
01:31 Et donc c'est ce qu'on appelle un nettoyage ethnique.
01:33 - Donc vous reprenez cette expression de nettoyage ethnique,
01:35 d'épuration ethnique concernant ce qui se passe au Haut-Karabagh ?
01:38 - Oui, que ce soit voulu ou que ce soit finalement tacite,
01:43 on pousse une population à partir.
01:46 Alors là, depuis maintenant plusieurs heures, il y a une décision qui a été prise, enfin,
01:51 c'est qu'une mission de l'ONU va aller sur place pour, au moins sur le plan humanitaire,
01:56 faire que les gens ne puissent pas fuir s'ils ne le souhaitent pas
02:01 ou qu'ils puissent aller en Arménie sans être inquiétés.
02:05 Alors qu'est-ce que nous pouvons faire ? La France, l'Europe ?
02:09 - Je vous laisse continuer, mais est-ce que la France et l'Europe sont suffisamment vocaux,
02:15 parlent suffisamment fort pour dénoncer ce qui se passe là-bas ?
02:19 Ou est-ce que vous considérez qu'ils sont trop silencieux sur ce sujet ?
02:23 - D'abord, il faut parler, mais parler ne suffit pas.
02:26 Il faudrait parler plus fort et agir plus vite.
02:29 Parler plus fort parce qu'il y a là un risque humanitaire,
02:33 il y a là une nouvelle fois un recours à la force,
02:36 et il y a une région qui est maintenant totalement annexée
02:42 et un pays, l'Arménie, qui peut être menacée.
02:45 Donc c'est en ce sens qu'il faut aussi agir.
02:48 - Donc vous dites que l'étape suivante, c'est s'en prendre directement à l'Arménie.
02:52 - L'étape suivante peut être de la part de l'Azerbaïdjan,
02:55 appuyée par la Turquie et avec le sauf-conduit russe,
02:59 de prendre une autre région de l'Arménie
03:02 pour faire une jonction entre la Turquie et l'Azerbaïdjan.
03:06 C'est ça le risque.
03:07 Donc qu'est-ce qu'il faut faire ?
03:09 D'abord, il faut condamner, il faut exiger, il faut envoyer, c'est le cas, une mission de l'ONU.
03:15 - Par exemple, il faut qu'Emmanuel Macron congédie l'ambassadrice azerbaïdjanaise en France.
03:21 Est-ce que ça sert à quelque chose ?
03:22 - Non, ça ne sert absolument à rien.