Le billet d'humeur de François Morel dans le 7/9 (8h55 - 29 Septembre 2023)
Retrouvez tous les billets de François Morel sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-francois-morel
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AmusantTranscription
00:00 François Morel, bonjour ! Vous savez à quoi je sers, moi ? À prendre de la distance,
00:05 à prendre du recul.
00:07 Vous, journaliste, je ne vous en fais pas le reproche, vous avez le nez dans le guidon,
00:11 incapable que vous êtes de vous détacher des vicissitudes du désastre ordinaire.
00:16 Regardez ce pauvre Askolovitch qui, des potrons minés, doit éplucher les journaux comme
00:22 sous l'occupation ma grand-mère les topinambours, tentant de prélever dans l'agitation et
00:28 la médiocrité du quotidien une information heureuse, comme mon aïeul tenté d'extraire
00:34 sous les écailles brunes et noueuses la chair ivoire et rassérenante d'un légume injustement
00:41 décrié sous prétexte qu'il a le malheur d'être associé à l'une des périodes les
00:46 plus noires de l'histoire de France, même si, et je regrette de le dire, contrairement
00:52 à ce qu'ose affirmer Éric Zemmour, le topinambour fait péter.
00:56 L'actualité, ce n'est pas que je m'en tape, ce n'est pas que je m'en foute, mais je la
01:01 garde à distance, car l'actualité, voyez-vous, j'en prends, mais surtout j'en laisse.
01:06 Macron à la télé, dimanche soir, j'ai fait l'impasse.
01:09 Le pape, Charles III, la semaine dernière, je n'ai pas regardé.
01:12 Je n'ai pas regardé dans le fond, je ne me sens pas tellement plus ignorant que ceux
01:16 qui étaient vissés devant leur poste.
01:18 Non, moi, comme je vous le disais avec une certaine prétention au début de ce papier,
01:22 j'aime mieux revenir sur le fond.
01:24 Je vais donc évoquer ce matin l'affaire qui a enflammé la toile durant une bonne
01:30 partie de l'été, avec cet éloignement temporel nécessaire à la réflexion et à
01:34 l'analyse, je veux parler de l'affaire dite du Connemara.
01:38 C'est vrai que là-bas, au Connemara, ainsi comme le faisait remarquer Juliette Armanet,
01:44 on sait tout le prix du silence.
01:46 Je rappelle l'affaire Juliette Armanet, un matin de brume et de fatigue, d'épuisement,
01:50 de lassitude, sans doute apesanti par le sommeil, admiré au passage la recherche stylistique
01:56 de l'expression « apesanti par le sommeil » quand j'aurais pu dire, comme tout un
02:00 chacun, « la tête dans le cul ». Oui, un matin fatigué, tandis que la parole accompagnait
02:05 la pensée, faisant valser les garde-fous d'un bien séance, Juliette Armanet avait
02:09 osé juger la chanson « Les lacs du Connemara » immonde, dégoûtante, sectaire de droite.
02:16 Branle-bas de combat, réaction courroucée, Dieu France, une fois de plus, allait s'opposer.
02:21 Chaque état-major, illico, se réunissait, préparant les armes afin de faire rendre
02:27 gorge à l'adversaire.
02:28 L'envahissement de l'Ukraine par la Russie, en comparaison, semblait faire figure de plaisante
02:33 péripétie.
02:34 Et puis, un mêle de contrition, envoyé par Juliette à Michel, stoppa net la spirale
02:41 de la violence.
02:42 Contre toute attente, Michel Sardou apparut alors comme un sage, gourou maniani, maître
02:48 miséricordieux, une sorte de Dalai Lama de la variété française, mais qui ne mettrait
02:54 pas la langue.
02:55 Moralité, le pire n'est jamais sûr, l'espoir n'est jamais tout à fait perdu, ainsi que
03:00 le confiait un homard philosophe qui, un temps, fut prisonnier dans un aquarium des cuisines
03:06 du Titanic, après avoir été pêché au large de Queenstone, à plus de 200 miles
03:12 du lac du Connemara.