Le billet d'humeur de François Morel dans le 7/9 (8h55 - 6 Octobre 2023)
Retrouvez tous les billets de François Morel sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-francois-morel
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AmusantTranscription
00:00 Christine Murillo ne veut plus jouer les bonnes, elle les a trop jouées les servantes, les
00:04 bonniches, les caméristes, les chambrières, les soubrettes, les domestiques, les employés
00:08 de maison, les femmes de chambre… Christine Murillo a envie de jouer autre chose.
00:14 Elle a bien raison, elle peut tout jouer.
00:15 Elle en a ras-le-bol des ancillaires.
00:18 En revanche, elle veut bien jouer, parce que ce n'est pas pareil, parce que ça n'a
00:21 rien à voir, parce que c'est différent, une comédienne qui joue les servantes, les
00:26 bonniches, les caméristes, les chambrières, les soubrettes, les domestiques, les employés
00:29 de maison, les femmes de chambre, en l'occurrence Pauline Carton.
00:33 C'est ce qu'on appelle le paradoxe de la comédienne Christine Murillo, qu'il faut
00:37 aller voir au théâtre, de manière générale, chaque fois qu'elle joue quelque chose,
00:41 qu'elle prononce trois mots sur un plateau, qu'elle récite un bout de l'annuaire
00:44 sur n'importe quel traiteau, mais qu'il faut aller voir doublement dans le spectacle
00:50 « Carton et moi » mis en scène par Charles Torgeman, puisqu'on a la chance d'avoir
00:55 dans la même soirée, et sans aucune majoration, sans aucune augmentation, oui, pour le même
01:00 prix, deux comédiennes de génie, je veux parler de Christine Murillo et de Pauline
01:06 Carton.
01:07 Pauline Carton, me direz-vous, car vous êtes cartonophile, n'est plus de ce monde depuis
01:11 le 17 juin 1974, je suis d'accord avec vous, mais Pauline Carton, qui fut l'actrice
01:17 de Sacha Guitry, qui a joué chez Abel Gance, Max Ophuls, Henri-Georges Clouseau, qui a
01:23 chanté l'opérette avec l'accent des Faubourgs, qui détestait tenir un balai ou
01:28 un plumeau en dehors des plateaux de théâtre et de cinéma, dont le luxe était d'admirer
01:32 le jardin des Tuileries de sa chambre du cinquième étage de l'hôtel rue de Rivoli où elle
01:38 logait chaque soir, par Christine Murillo est ressuscité.
01:42 Et il faut voir Christine Murillo, et il faut l'entendre à la Scala Paris du 7 octobre
01:48 au 17 décembre, chanter « J'ai un faible pour les forts », imiter Jean Marais, rejouer
01:54 l'interview dans Paris 1ère de Pauline Carton par Daniel Gilbert, puis dans un quart
01:59 de seconde, sur l'air des palétuviers, exprimer toute la détresse, tout le désespoir
02:04 du monde quand Pauline ne se fait pas à l'idée d'avoir perdu son maître et vieil ami Sacha
02:09 Guitry.
02:10 Le décor du spectacle, Pauline et Carton, est tout simple.
02:13 Au lointain, il y a une servante que Christine éteint au début du spectacle et qu'elle
02:18 rallume à la fin.
02:19 La servante est cette veilleuse allumée au milieu de la scène quand le théâtre, déserté
02:23 par le public, les régisseurs, les comédiens, est plongé dans le noir.
02:27 La servante, dit-on, décourage les fantômes de venir la nuit hanter les théâtres.
02:33 À l'avant scène, il y a une autre servante, Christine Murillo, allumée pendant tout le
02:38 spectacle, qui convoque les fantômes d'un théâtre disparu pour exprimer la joie éternelle
02:44 d'être sur scène, l'amour du public, des comédiennes, des comédiens, la magie renouvelée
02:49 de la représentation théâtrale.
02:51 Pardon Christine, je sais bien que tu ne veux plus jouer les bonniches, les caméristes,
02:55 les chambrières, les soubrettes, les domestiques, les employés de maison, les femmes de chambre,
02:59 mais tu auras beau dire, la meilleure servante du théâtre, c'est toi.
03:04 Allons gazouiller sous les palais du Vieux.
03:06 Ah oui, sous les palais, palais, palais, palais du Vieux.
03:08 Sous les palais du Vieux.