Avoir 20 ans - Influenceurs, les nouvelles idoles

  • l’année dernière
Ils sont influenceurs, youtubeurs, créateurs de contenus. Leur terrain de jeu¿: les réseaux sociaux où ils sont suivis par des centaines de milliers de personnes, voire des millions…
Dans ce nouveau numéro de " Avoir 20 ans", on parle de ces nouvelles idoles des jeunes et des moins jeunes… Quand la vie privée devient publique, quelles sont les opportunités et les dérives du système des influenceurs ? Et pourquoi aimons-nous tant les suivre¿?
Année de Production : 2024
Transcript
00:00 (Générique)
00:20 Ils sont influenceurs, youtubeurs, créateurs de contenus, leur terrain de jeu, les réseaux sociaux,
00:26 où ils sont suivis par des centaines de milliers de personnes, voire des millions.
00:31 On parle aujourd'hui dans un voir-vingt-ans de ces nouvelles idoles des jeunes et des moins jeunes.
00:35 Quand la vie privée devient publique, quelles sont les opportunités et quelles sont les dérives du système des influenceurs ?
00:41 Et pourquoi aimons-nous tant les suivre ?
00:44 On va discuter de ces questions avec Michael Stora. Bonjour.
00:47 Bonjour.
00:48 Vous êtes psychologue, vous êtes psychanalyste expert dans les pratiques numériques,
00:52 fondateur de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines
00:56 et auteur de ce livre "Réseaux asociaux" qui a été publié chez Larousse en 2021.
01:02 À côté de vous, bonjour Myriam Roche.
01:04 Bonjour.
01:05 Vous êtes fondatrice du média "Les gens d'Internet", un média qui est spécialisé sur ce domaine de l'influence.
01:11 Également sur ce plateau, j'ai le plaisir d'accueillir Marie Truppe. Bonjour.
01:14 Bonjour.
01:15 Vous êtes étudiante en école de commerce, vous avez 23 ans.
01:19 Vous allez pouvoir nous dire comment vous utilisez les réseaux sociaux
01:22 puis aussi comment vous vous en méfiez aussi, puisque d'ailleurs vous êtes actuellement en stage
01:26 dans une entreprise qui travaille sur la réputation et sur la question de l'opinion sur Internet.
01:32 Et enfin avec nous, Haïm Lévy. Bonjour.
01:34 Bonjour.
01:35 Vous avez 26 ans, vous êtes créateur de contenu,
01:38 votre compte Instagram est suivi par près de 100 000 personnes.
01:41 Et je disais qu'il y a de tout dans l'influence.
01:44 Vous êtes hypnotiseur et formateur en hypnose.
01:47 Exactement.
01:48 Alors une petite question, curiosité, c'est pas banal,
01:51 est-ce qu'il y a une mode, est-ce qu'il y a une popularité particulière de l'hypnose sur les réseaux sociaux ?
01:56 Ou est-ce que vous êtes un peu seul sur votre créneau ?
01:58 De plus en plus.
01:59 Oui ?
02:00 Parce que forcément, alors moi ça fait 11 ans que je fais ça,
02:03 et là de plus en plus, il y a de plus en plus d'hypnotiseurs,
02:06 vu qu'on apprend l'hypnose un peu à tout le monde, il y en a qui se lancent sur les réseaux,
02:09 et ça commence à prendre en ce moment.
02:10 Dernièrement justement, ça doit faire deux ans, il y a de plus en plus d'hypnotiseurs sur Internet.
02:14 Et vous avez commencé, vous l'avez dit, il y a 11 ans, vous étiez adolescent, il y a une dizaine d'années,
02:20 comment c'est devenu un métier pour vous ?
02:22 À la base, il y a 11 ans j'ai commencé l'hypnose,
02:27 deux ans plus tard j'ai commencé les réseaux, au début c'était juste une passion,
02:30 donc je créais des vidéos, je les présentais, je les postais sur YouTube,
02:34 et puis rapidement, au bout de quelques années, ça a commencé à prendre,
02:39 et c'est surtout depuis TikTok, depuis le format court,
02:41 que là, ça a commencé à exploser, et que j'ai pu vraiment faire un métier,
02:45 que j'ai pu trouver des clients pour les former à l'hypnose,
02:48 parce que c'est un truc qui m'a toujours intéressé, de former les gens à l'hypnose.
02:50 Alors on va continuer à comprendre le fonctionnement des nouveaux métiers, des influenceurs,
02:55 on va notamment plonger dans le quotidien de deux influenceurs,
02:58 l'une est plutôt militante, l'autre se passionne pour la littérature,
03:02 et tous deux partagent quotidiennement leurs aventures avec leurs abonnés.
03:06 Cécile, s'il vous plaît, vous dressez leur portrait.
03:10 Dans la rue, Anissa passe incognito.
03:13 Pourtant, à 23 ans, c'est une star des réseaux sociaux.
03:16 Avec 900 000 abonnés sur son compte TikTok et 135 000 sur Instagram,
03:21 elle parle depuis deux ans aux jeunes de sujets engagés.
03:24 Il faut savoir qu'en France, chaque année, environ 160 000 enfants sont victimes d'agressions sexuelles.
03:29 C'est-à-dire que l'on compte 6,7 millions de victimes de l'inceste.
03:33 Les premières vidéos, franchement, c'était beaucoup, beaucoup de vidéos assez...
03:37 beaucoup humoristiques, en vrai, assez drôles, assez joyeuses,
03:40 enfin, juste moi dans la vie de tous les jours.
03:42 Quand j'ai vu qu'il y avait des gens qui recevaient toute cette joie,
03:44 qui avaient une certaine... en tout cas un intérêt autour de ma personne
03:48 et autour des sujets dont je parlais, je me suis dit,
03:50 autant en faire quelque chose de plutôt sérieux et qui puisse servir.
03:53 L'an dernier, Anissa a choisi de provisoirement quitter les bancs de la fac
03:58 pour se consacrer à ce nouveau métier.
04:00 Elle a intégré une agence d'influence qui lui dégote des contrats.
04:04 Elle dit aujourd'hui bien gagner sa vie.
04:07 C'est assez particulier parce que je ne fais pas, par exemple,
04:09 ce qu'on imagine dans l'influence des ventes de produits, etc.
04:12 Pas du tout. Je suis plutôt payée pour parler, finalement.
04:15 Ça va être payer pour parler à des tables rondes,
04:18 donc c'est beaucoup d'interventions.
04:19 Ça va être, par exemple, prendre la parole sur tel ou tel sujet pour telle marque.
04:22 Lui a choisi un autre modèle économique.
04:25 - Ça va se passer un bon week-end ?
04:27 Jules, dit Jules comme César sur les réseaux sociaux,
04:30 a d'abord créé, il y a quatre ans, son média, Le Crayon,
04:33 avec deux associés, puis a développé son propre compte Instagram.
04:37 - Et ce livre, il a vraiment changé ma perception de l'Algérie.
04:41 Ça faisait partie d'une stratégie un peu plus globale
04:44 de développement de l'image qu'on avait en tant que fondateur
04:47 de l'entreprise Le Crayon et de mon média.
04:50 J'avais envie de partager sur les réseaux sociaux
04:53 des thèmes qui, moi, m'importaient,
04:55 essayer de redonner le goût de la lecture
04:57 à une génération qui a grandi avec les réseaux sociaux.
05:01 Aujourd'hui, ses recommandations littéraires font des milliers de vues.
05:05 Il a plus de 120 000 abonnés et se fait débaucher par les entreprises
05:10 pour assurer leur communication, une rémunération supplémentaire
05:14 et une notoriété nouvelle.
05:16 - Salut !
05:17 - Salut !
05:18 Ce jour-là, il rencontre Dana, fan de ses vidéos.
05:21 - C'est de la richesse, c'est de la culture,
05:23 et ça faisait trop plaisir d'apprendre des choses.
05:25 - J'ai toujours à cœur d'essayer de comprendre
05:28 ce que la personne a pu trouver dans ce contenu.
05:30 Anissa aussi a toujours été très proche de sa communauté.
05:33 Certains membres sont même devenus des amis.
05:36 - Je crois depuis le début.
05:37 - Ouais.
05:38 - Ouais, depuis le début, quoi, TikTok et tout.
05:40 - Depuis le début, c'est TikTok.
05:41 Je me suis dit qu'elle était plus âgée,
05:43 elle avait plus d'expérience,
05:44 et qu'elle pouvait vraiment me conseiller
05:46 sur des petits trucs de ma vie vraiment assez personnels
05:48 à qui je n'osais pas forcément parler à d'autres gens.
05:51 Aujourd'hui, Anissa ne peut plus répondre aux messages
05:53 qu'elle reçoit comme avant, car ils sont devenus trop nombreux.
05:57 Elle réalise aussi tout juste qu'elle a une certaine notoriété.
06:01 - Myriam, Myriam Roche, qu'est-ce qui explique aujourd'hui
06:05 le succès de ces influenceurs, de ces producteurs de contenu-là ?
06:09 En l'occurrence, on va peut-être faire la différence,
06:11 on va s'en expliquer dans cette émission,
06:13 mais on le voit, il y a peut-être une dimension d'identification
06:17 qui est très importante.
06:18 - Exactement.
06:19 Comme on vient tout juste de le voir avec la dernière abonnée,
06:22 elle s'est identifiée à la créatrice de contenu qu'elle suit
06:25 parce que soit elle comprend ses valeurs, elle a les mêmes,
06:30 elle habite peut-être la même ville,
06:32 ou elle adore peut-être, elle a la même passion,
06:35 les mêmes passions, etc.
06:36 Donc il y a ce phénomène d'identification,
06:39 peut-être que Mickaël pourra en parler mieux que moi,
06:41 mais dans un premier temps, c'est qu'on suit une personne
06:44 parce qu'on arrive à comprendre ce qu'elle peut vivre,
06:46 on arrive à comprendre ses contraintes.
06:48 Par exemple, sur les réseaux sociaux,
06:50 il y a beaucoup de mères de famille ou de pères de famille
06:52 qui sont ultra suivies, notamment par d'autres familles
06:55 parce qu'ils parlent du quotidien, d'avoir un enfant en bas âge,
06:59 d'avoir des adolescents, etc.
07:01 Et donc ce phénomène d'identification fait qu'on a envie de voir,
07:04 on a envie de continuer tous les jours de regarder leur story,
07:07 leur contenu, pour essayer de comprendre comment mieux faire
07:10 ou pour se rassurer aussi d'un côté en disant
07:12 "Ah oui, moi aussi, je rencontre les mêmes problématiques".
07:15 - Oui, professionnalisme oblige, pour préparer cette émission,
07:17 je suis allée voir pas mal d'influenceurs
07:19 et donc j'ai découvert pas mal de quotidiens,
07:22 j'ai vu tous les contes de mamans parfaites,
07:26 j'ai compris que j'étais aussi passionnée par les tutos coiffure.
07:29 Enfin bon bref.
07:31 - Il y en a pour tout le monde.
07:33 - Il y en a pour tout le monde.
07:34 Aïm, vous diriez aussi que votre communauté,
07:36 elle vous ressemble à vous, parce que vous faites quand même
07:38 quelque chose de bien particulier, de bien spécifique, Hypnose.
07:41 - Wow, je ne pense pas, non.
07:43 - Non ?
07:44 - Il doit y avoir une petite partie qui me ressemble,
07:46 il y a une petite partie de mon audience,
07:48 qui me suive, qui sont aussi hypnotiseurs,
07:50 et je pense que la grande majorité me suive plutôt par curiosité,
07:53 et surtout, et je pense que c'est le cas de la majorité des créateurs,
07:57 au bout d'un moment, on arrive à comprendre ce qui marche
07:59 à force de créer des vidéos,
08:01 et les créateurs pour moi, c'est les créateurs de contenu
08:04 aujourd'hui sur les réseaux, même, je pense à l'époque,
08:06 mais aujourd'hui c'est encore plus important d'être expert là-dedans,
08:09 dans un truc particulier, c'est connaître les biais humains,
08:12 ce qui va arrêter les gens sur les réseaux.
08:15 - Et c'est là que ça vous aide d'être,
08:17 parce que c'est le même fonctionnement avec l'hypnose,
08:19 c'est de comprendre les biais humains
08:21 pour pouvoir un peu contrôler l'esprit de quelqu'un.
08:25 - Exactement, ouais.
08:26 Alors, sur les réseaux, c'est différent,
08:28 parce que le contexte va être différent,
08:29 et il y a des gens qui vont extrêmement bien comprendre ce contexte,
08:32 le contexte du réseau social TikTok, par exemple,
08:34 où on swipe en permanence,
08:36 où le cerveau est un petit peu déconnecté,
08:38 on est dans cette espèce de système de compulsion,
08:40 on regarde vidéo par vidéo, vidéo par vidéo,
08:42 il y a des gens qui naturellement, et j'en ai rencontré,
08:44 c'est assez rare,
08:45 qui naturellement comprennent l'état dans lequel se trouvent les gens
08:48 quand ils sont sur les réseaux,
08:50 et donc ils comprennent tout de suite
08:52 quand une vidéo va fonctionner ou pas.
08:54 Il y a des gens qui sont assez mauvais,
08:56 comme moi, par exemple, je suis assez mauvais là-dedans,
08:58 et j'ai dû, par itération, à force de reproduire des vidéos,
09:01 me dire "ok, là, le début, ce début-là, c'est un truc qui fonctionne", etc.
09:05 choper des indices comme ça pour améliorer ensuite
09:07 l'efficacité de mes vidéos.
09:09 Parce qu'une vidéo que je vais considérer comme une bonne vidéo
09:13 ne sera pas forcément une vidéo qui va fonctionner sur les réseaux.
09:16 - Oui, une vidéo qui fonctionne sur les réseaux,
09:20 c'est une vidéo qui est une forme d'addiction,
09:24 qui fait qu'on a vraiment envie d'aller jusqu'au bout,
09:26 de continuer à regarder, c'est ça ?
09:27 - Exactement, c'est une vidéo qui va créer des attentes,
09:29 et donc les gens vont la regarder jusqu'au bout.
09:31 Je peux donner un exemple.
09:32 - Oui, par exemple ?
09:33 - Par exemple, une de mes dernières vidéos
09:35 qui a très bien fonctionné, notamment en termes d'abonnement,
09:37 c'est parce que j'explique ce que c'est une rupture du pattern,
09:40 sandwich au poulet, c'est une rupture du pattern.
09:44 Vous n'avez pas compris pourquoi j'ai dit sandwich au poulet.
09:46 - Non, j'ai rien compris de ce que vous venez de dire.
09:48 - C'est exactement ce que j'ai fait dans cette vidéo.
09:50 Ça a arrêté l'attention de tout le monde,
09:52 et du coup ils se sont abonnés, ils se sont dit
09:53 "Putain, il m'a fait une rupture du pattern".
09:55 En fait, une rupture du pattern, c'est quand il y a un mouvement automatique,
09:57 quelque chose d'assez automatique qu'on est en train de faire,
09:59 par exemple m'écouter parler, et d'un seul coup je dis
10:01 quelque chose d'incohérent ou je fais quelque chose d'incohérent
10:03 qui vient complètement casser les attentes.
10:07 Et donc les gens sont restés comme ça devant leur écran,
10:09 et ce simple truc, une rupture du pattern par exemple,
10:11 c'est un truc qu'on peut utiliser dans les vidéos,
10:13 justement pour que les gens continuent à regarder,
10:17 pour faire passer beaucoup mieux un message, etc.
10:19 Il y en a plein sur TikTok des ruptures du pattern,
10:22 mais c'est une technique parmi des centaines qu'on peut utiliser.
10:24 - C'est intéressant Michael Storaz,
10:26 parce qu'on a un point, il y a des choses différentes là,
10:29 comme on vient de dire, il y a une part d'identification
10:32 lorsque l'on regarde la vidéo d'un influenceur,
10:34 et puis on voit aussi qu'il y a tout plein de trucs
10:36 pour pouvoir un peu nous enchaîner à une vidéo.
10:40 Ça va chercher assez loin dans la psychologie des internautes.
10:44 - Oui, c'est bien, on rentre dans le détail,
10:46 il y a un petit peu des techniques,
10:48 je ne sais même pas d'ailleurs, est-ce qu'il y a des écoles
10:50 qui expliquent ces techniques.
10:52 Ce qu'on sait, c'est qu'il y a des techniques,
10:54 entre autres enseignées aux Etats-Unis,
10:56 de captation de l'attention, c'est-à-dire comment faire
10:58 pour que les gens restent le plus longtemps,
11:00 entre autres sur une vidéo, et d'une manière globale,
11:03 même sur les réseaux sociaux.
11:05 On sait que le nouveau modèle économique,
11:07 c'est justement l'économie de l'attention.
11:09 Mais c'est évident que finalement,
11:11 on se rend compte avec les influenceurs
11:13 que ce qui paraît finalement une continuité assez logique,
11:16 c'est-à-dire que peut-être plus ma génération,
11:18 nous avions un rapport d'identification
11:21 à certaines stars, des chanteurs, etc.
11:23 On voulait être comme, mais c'était très vertical.
11:26 - On était fan. - On était fan.
11:28 Alors il y a des fans d'influenceurs,
11:30 mais c'est-à-dire qu'il y avait ce rapport
11:32 où c'était inatteignable.
11:34 Je pense qu'en effet,
11:36 Internet est venu créer une forme d'horizontalité
11:38 dans le rapport à toutes les personnalités.
11:41 Les médecins, tout le monde est commenté,
11:43 critiqué, etc. Et finalement,
11:45 l'influenceur est rentré dans cette idée,
11:47 puisque la plupart des influenceurs ont commencé
11:49 à se filmer dans leur chambre.
11:51 Et donc ça crée un processus d'identification en miroir,
11:53 mais parfois très idéalisant.
11:55 Parce qu'on le voit, on a envie d'être comme elle,
11:57 mais c'est accessible, on peut la commenter,
11:59 on peut la liker, on peut lui écrire,
12:01 peut-être qu'elle répondra ou pas,
12:03 et à un certain moment, il répond plus.
12:05 Mais c'est vrai que tout ça va engendrer
12:07 cette forme d'identification
12:09 qui fait qu'on a envie d'être comme,
12:11 et avec des dérives,
12:13 au fait qu'il y a parfois de la culpabilité
12:15 de ne pas arriver à être comme.
12:17 Mais je dirais qu'en effet, c'est là où,
12:19 pour moi, Rahim,
12:21 nous fait de la création de contenu,
12:23 et là, on est dans un processus
12:25 de création.
12:27 Et c'est très, très différent,
12:29 même si certains sont meilleurs que d'autres.
12:31 - Et vous faites la différence, on en parlait,
12:33 entre les influenceurs, peut-être,
12:35 dont l'unique matière, c'est leur vie privée,
12:37 en direct lien avec la téléréalité,
12:39 par exemple, en surfant sur une forme
12:41 de notoriété, et le fait
12:43 de créer des contenus. C'est ce qu'on a vu,
12:45 d'ailleurs, là-même, dans notre reportage.
12:47 Des gens qui parlent, pour l'un, littérature,
12:49 l'autre, beaucoup santé mentale, d'ailleurs,
12:51 qui partagent leurs expériences, leurs vécus.
12:53 C'est personnel, mais c'est presque
12:55 un travail journalistique ou de média,
12:57 ce qu'ils font.
12:59 - Une matière qui est légère, je ne sais pas,
13:01 je ne connais pas bien la première influenceuse
13:03 qu'on a vue, mais dès
13:05 qu'on commence à parler de soi,
13:07 on est dans, justement,
13:09 le lifestyle. C'est un piège, aussi.
13:11 C'est-à-dire qu'en même temps, c'est normal,
13:13 parce qu'on veut s'identifier à,
13:15 mais néanmoins, la question de se dire
13:17 qu'on joue un rôle, mais au bout d'un moment,
13:19 on voit que certains influenceurs, qui ont d'ailleurs
13:21 beaucoup de succès,
13:23 n'ont plus vraiment de distance
13:25 entre leur vie privée,
13:27 leur moi réel, et le moi virtuel,
13:29 le moi virtuel prenant une telle ampleur.
13:31 Mais c'est vrai que c'est un peu paumant,
13:33 et je tendance à penser que ceux qui font
13:35 de la création de contenu,
13:37 ce sont des créateurs, d'une manière globale,
13:39 c'est beaucoup plus de boulot, disons, les choses.
13:41 C'est un vrai grand travail de montage,
13:43 de mixage et compagnie, et ça n'a rien à voir.
13:45 Et on voit,
13:47 d'ailleurs, des talents incroyables
13:49 qui, parfois, percent
13:51 au-delà des réseaux sociaux.
13:53 - Donc, des talents
13:55 qui font des vidéos au niveau
13:57 du fond, du contenu des vidéos,
13:59 qui ont aussi des petits tips, des petits trucs,
14:01 pour rendre
14:03 les vidéos plus addictives,
14:05 en quelque sorte. Marie, comment est-ce que vous, vous utilisez
14:07 les réseaux sociaux ? C'est quelque chose dans lequel
14:09 vous êtes sensible, vous le savez,
14:11 que vous êtes en train d'être
14:13 un peu happée par une vidéo.
14:15 On en a quand même tous conscience, quand on a passé
14:17 autant de temps, parfois, à surfer
14:19 sur les réseaux. - Totalement, je plaide coupable,
14:21 et je pense un peu comme tout le monde ici.
14:23 J'utilise les réseaux sociaux,
14:25 oui, surtout Instagram, on va dire,
14:27 vraiment pour le côté lifestyle, divertissement.
14:29 Et là, on peut
14:31 vraiment choisir à qui on s'abonne,
14:33 mais maintenant, Instagram, c'est aussi
14:35 beaucoup de vidéos pour soi,
14:37 comme on dit, ou sur TikTok, pour toi.
14:39 Donc, en fait, on continue de swiper, et puis l'algorithme
14:41 étant ce qu'il est...
14:43 - Il vous propose ce que vous avez envie de regarder.
14:45 - Et puis, parfois, il tente, je sais pas,
14:47 une vidéo qui pourrait potentiellement plaire,
14:49 puis peut-être que j'y serais pas allée naturellement.
14:51 Et puis, oui, ça m'intéresse,
14:53 et je voudrais rebondir avec ce qui avait été dit
14:55 juste avant, où on sait
14:57 pas forcément, en fait, justement, comment fonctionne
14:59 cet algorithme. Donc, on teste
15:01 dans la création de contenu ou de vidéos, ou quoi que ce soit.
15:03 Donc, vous, vous savez pas, en tant qu'influenceurs,
15:05 créateurs de contenu, comment ça fonctionne,
15:07 l'algorithme, mais nous non plus, en fait.
15:09 On est tous acteurs d'un jeu,
15:11 on joue tous à un jeu. - On reconnaît pas forcément
15:13 les règles. - On reconnaît pas les règles du jeu, ou pas forcément.
15:15 Donc, il y a cet aspect-là aussi, où
15:17 on a aussi envie d'apprendre un peu plus
15:19 sur comment est-ce qu'on
15:21 est, nous, une personne
15:23 dans ces réseaux.
15:25 - Alors, on va continuer à se
15:27 poser la question
15:29 de l'influence, et de savoir aussi pourquoi
15:31 aujourd'hui, il y a un certain nombre de personnes
15:33 qui essayent de se lancer dans ce nouveau
15:35 métier. Pour ça, on va rejoindre
15:37 Mégane Béguet. Bonjour.
15:39 - Bonjour. - Vous aimez
15:41 partager des vidéos de vos passions
15:43 sur TikTok, sur
15:45 Instagram. Alors, justement, on parlait lifestyle.
15:47 Vous êtes passée, vous, du lifestyle à la moto.
15:49 Vous voulez montrer quoi ? Qu'on peut être
15:51 une bikeuse stylée ?
15:53 - Oui, c'est un petit peu ça.
15:55 En fait, oui,
15:57 j'ai commencé les réseaux avec plus du lifestyle,
15:59 et j'avais beaucoup de femmes
16:01 qui me suivaient, mais ça n'augmentait
16:03 pas tellement. Après, c'était pas forcément mon
16:05 but, mais un jour, je suis passée à la moto. J'ai fait une vidéo,
16:07 et j'ai eu beaucoup de critiques
16:09 d'hommes en disant "qu'est-ce qu'elle fait là,
16:11 celle-là ? Elle a rien à faire dans la moto."
16:13 Et en fait, au lieu d'arrêter, moi, je me suis dit
16:15 "il y a un raison de plus pour prouver qu'on peut être une fille
16:17 et faire des trucs
16:19 de garçons, on va dire."
16:21 - Et oui, du coup, c'est quoi, votre
16:23 communauté ? C'est une communauté plutôt
16:25 masculine, effectivement ?
16:27 - Maintenant, oui, ça a changé
16:29 du tout au tout. D'un coup, je me retrouve avec
16:31 beaucoup plus d'hommes. Maintenant, j'ai presque 70 %
16:33 d'hommes, alors qu'avant, c'était très équitable.
16:35 Et du coup, oui,
16:37 au début, c'était mal accueilli, et maintenant,
16:39 beaucoup d'hommes me suivent pour la passion
16:41 de la moto, justement.
16:43 - Vous dites qu'au début, ça a été plutôt
16:45 mal accueilli. Quel est le type de commentaires
16:47 auxquels vous avez eu à faire face ?
16:49 - J'ai eu des commentaires
16:51 du style
16:53 "elle fait ça juste pour se montrer,
16:55 elle a rien à faire là,
16:57 la moto, c'est pas pour les filles", des trucs un peu
16:59 bêtes, mais des trucs aussi
17:01 du genre, par exemple, des fois, j'enlevais ma
17:03 veste de moto pour faire une vidéo, et on me disait
17:05 que je faisais exprès de me montrer
17:07 mon corps pour avoir des abonnés, alors que pas
17:09 du tout. C'était juste parce que je suis
17:11 à côté de la moto, et je suis pas obligée d'avoir
17:13 l'équipement toujours sur mes vidéos, et tout le temps,
17:15 on me disait qu'en fait, je montrais mon corps pour avoir des abonnés.
17:17 - Et qu'est-ce que ça a créé
17:19 chez vous, le fait d'avoir
17:21 ce type de commentaire ? Vous avez
17:23 laissé glisser ? Ça peut
17:25 vous atteindre ?
17:27 Quel rapport vous avez eu avec ça ?
17:29 - Ben, ça dépend, en fait.
17:33 La manière dont c'est dit, quand c'est juste
17:35 "tu montes ton corps",
17:37 des trucs comme ça, je m'en fous un peu, à vrai dire.
17:39 Au contraire, quand j'ai vu qu'il y avait des filles
17:41 aussi qui commentaient, qui disaient "pour une fois qu'on a
17:43 quelqu'un qui fait de la moto, et qui montre
17:45 un peu notre passion, et
17:47 qui nous représente", en fait, les filles m'ont
17:49 un peu aidée. Et après, ça dépend.
17:51 J'ai eu des commentaires vraiment plus difficiles.
17:53 J'ai même eu mon compte Instagram qui a été signalé
17:55 plusieurs fois, et même
17:57 bloqué à cause de commentaires
17:59 haineux, ou même des insultes, et tout ça.
18:01 Et du coup, ben...
18:03 ça, c'est plus difficile. Alors maintenant, je supprime tout au fur et à mesure.
18:05 Dès qu'il y a un message méchant,
18:07 il ne reste même pas dix secondes.
18:09 Je suis hyper alerte et je supprime.
18:11 - Du coup, ça a dû être compliqué.
18:13 Vous avez même dit que vous,
18:15 parfois, vous vous auto-censurez sur ce que vous
18:17 voulez dire dans vos vidéos.
18:19 Vous appréhendez déjà
18:21 les réactions de certains dans votre communauté ?
18:23 - Oui, exactement.
18:25 Maintenant, je réfléchis à chaque phrase
18:27 que je mets, alors que
18:29 la plupart des choses que je mettais, c'était surtout
18:31 pour de l'humour, par exemple,
18:33 où je me moquais justement
18:35 des garçons qui disaient que ce n'était pas pour les filles,
18:37 sauf que je me suis retrouvée bloquée parce que j'avais, du coup,
18:39 une attitude haineuse envers les hommes sur les réseaux sociaux,
18:41 alors que pas du tout, enfin...
18:43 C'était pas du tout mon but, mais forcément, vu que je faisais des blagues
18:45 pour les contrer, ben en fait, même les blagues,
18:47 l'algorithme n'aime pas et on m'a supprimé mes vidéos.
18:49 Donc, je fais attention à chaque phrase maintenant.
18:51 - Oui, c'est pas facile.
18:53 Et malgré tout, vous avez envie
18:55 de développer votre communauté ?
18:57 Vous avez envie d'en faire un business ?
18:59 Vous avez envie que ça reste, voilà, une activité
19:01 parallèle à ce que vous pouvez faire
19:03 dans la vie ?
19:05 - Ben, dans la vie, je travaille déjà un peu,
19:07 d'une certaine manière aussi,
19:09 sur Internet, puisque je fais
19:11 du design, personnellement, mais sinon,
19:13 je veux développer ça. Au début, je ne savais pas
19:15 trop ce que je voulais en faire, mais...
19:17 Peut-être pas en faire un métier, mais
19:19 continuer à montrer que, ben, les femmes aussi,
19:21 on peut faire des trucs cools, et en fait,
19:23 récemment, j'ai eu des petits partenariats,
19:25 par exemple, dans le monde de la moto,
19:27 où j'ai pu aller voir des courses de moto et des choses comme ça.
19:29 En fait, je me suis dit, ben, j'ai trop envie de développer ça
19:31 et de voir encore plus le monde professionnalisant
19:33 de la moto, et...
19:35 Peut-être pas en faire un business, vraiment, mais, oui,
19:37 avoir ma voix qui compte dans ce monde-là, je trouve ça important.
19:39 - Merci, merci beaucoup,
19:41 Mégane, d'avoir passé ce
19:43 moment avec nous et de nous avoir raconté, ben, voilà,
19:45 peut-être les débuts
19:47 de votre activité
19:49 d'influenceuse.
19:51 Aïm, vous aussi, vous avez des
19:53 haters, vous aussi, vous avez des
19:55 personnes qui sont
19:57 très désagréables, odieuses
19:59 vis-à-vis de votre activité sur les réseaux.
20:01 - Évidemment, oui. Après...
20:03 - Ça fait partie du jeu ? - C'est vrai, c'est le prix à payer
20:05 pour être... Ben, quand on a autant d'abonnés,
20:07 c'est vraiment le prix à payer. L'exemple
20:09 que je trouve assez intéressant, c'est
20:11 imaginez un village de
20:13 1 000 personnes. Déjà, dans ces 1 000 personnes,
20:15 il y aura forcément une personne ou deux ou trois
20:17 qui seront déjà un petit peu folles.
20:19 Imaginez,
20:21 maintenant, 700 000 personnes.
20:23 C'est colossal, quoi. Et donc,
20:25 forcément, il y a beaucoup plus de gens
20:27 qui vont faire des trucs vraiment
20:29 des fois très étranges, qui vont être très
20:31 critiques. Il faut aussi savoir qu'il y a
20:33 beaucoup de très jeunes sur les réseaux
20:35 et aussi que je fais l'hypnose.
20:37 Donc, forcément, il y a plein de gens qui pensent que c'est faux,
20:39 il y a plein de gens qui pensent que... Vu que c'est impressionnant,
20:41 vu que c'est étrange qu'on mette,
20:43 par exemple, des gens par terre dans la rue,
20:45 forcément, pour les mettre en hypnose
20:47 par terre dans la rue... - On vous dit que c'est bidon, quoi.
20:49 - Oui, que c'est des acteurs, que je les paye, etc.
20:51 Ça arrive très souvent.
20:53 - Comment vous réagissez à ça ? Vous dites
20:55 que souvent, les influenceurs,
20:57 les créateurs de contenu, c'est un milieu
20:59 assez solitaire, enfin, on se sent assez seul
21:01 quand on fait ça, en tout cas, cette activité.
21:03 - Très souvent, ouais.
21:05 La plupart des créateurs se sentent super seuls, c'est pour ça que c'est
21:07 un point hyper intéressant, effectivement.
21:09 Et il ne faut pas hésiter à se regrouper, en fait,
21:11 quand on est créateur, à trouver des gens qui nous ressemblent.
21:13 C'est hyper important.
21:15 - Mickaël Stora,
21:17 la haine sur les réseaux sociaux,
21:19 on le voit, ça peut arriver très vite.
21:21 Dès qu'on
21:23 dit un mot de travers qui est mal interprété,
21:25 on a beaucoup parlé, bien sûr, du harcèlement
21:27 scolaire ces dernières semaines,
21:29 mais c'est la même chose, aussi, lorsqu'on
21:31 fait de l'influence,
21:33 les commentaires, on est dans
21:35 un relatif anonymat quand on
21:37 commente, aussi, ce qui explique
21:39 cette méchanceté, cette haine.
21:41 - Oui, évidemment, l'homme
21:43 est un loup pour l'homme, comme disait Hobbes.
21:45 Il y a la méchanceté, et c'est vrai qu'on voit
21:47 à quel point les gens ont l'abri du regard
21:49 de l'autre, derrière leur écran,
21:51 mais peut-être aussi à l'abri de certaines instances
21:53 que nous, psychanalystes, on va appeler le surmoi,
21:55 qui fait qu'on a une forme d'hypocrisie sociale
21:57 normale, qui nous permet de communiquer,
21:59 fait que les gens se lâchent.
22:01 Il y a un déversement de haine. Les haters,
22:03 qui sont différents des trolls, mais les haters
22:05 ont toujours existé depuis
22:07 le début d'Internet, et on voit bien
22:09 comment, finalement, on se retrouve
22:11 selon ce que l'on fait. Si on est
22:13 créateur de contenu, très souvent,
22:15 les gens vont attaquer le contenu.
22:17 Et certains
22:19 peuvent avoir des critiques intéressantes.
22:21 Je pense que c'est toujours intéressant, on le voit chez certains.
22:23 Par contre, lorsqu'on est dans le
22:25 lifestyle, c'est-à-dire que la personne est
22:27 attaquée sur ce qu'elle est.
22:29 - Le contenu, c'est quoi ? - Physiquement. Ses origines.
22:31 On l'a vu avec Léna Situation, qui a été,
22:33 qui a subi un déversement,
22:35 et elle l'a d'autant plus mal pris parce qu'elle-même
22:37 prend ce risque
22:39 d'être dans une position très narcissique,
22:41 c'est-à-dire, c'est moi, c'est mon physique,
22:43 c'est ce que je suis, c'est ma personnalité.
22:45 Et on voit bien comment ils sont plus
22:47 fragilisés. - C'est plus dommageable psychologiquement.
22:49 - Bien sûr, parce que
22:51 lorsqu'on se...
22:53 On prend le risque de s'exposer,
22:55 on prend toujours le risque d'être critiqué.
22:57 Sauf qu'on voit comment, peut-être,
22:59 ceux qui sont dans l'Internet-réalité,
23:01 donc, le vivent
23:03 avec beaucoup plus de difficultés,
23:05 voire même s'effondrent,
23:07 ou décident même d'arrêter.
23:09 - Et sur ce point, je voudrais juste rebondir.
23:11 On a vu Jules tout à l'heure,
23:13 et j'en avais parlé une fois aussi avec lui,
23:15 il demande aussi, ou en tout cas,
23:17 il voudrait... - Dans le reportage, Jules Comcider.
23:19 - Oui, Jules Comcider, pardon.
23:21 Demander à ce que les utilisateurs soient
23:23 également peut-être mieux formés à
23:25 l'impact de leurs commentaires
23:27 sur les réseaux sociaux.
23:29 On en parlait tout à l'heure aussi,
23:31 le créateur de contenu est parfois seul,
23:33 mais parfois, recevoir dans une journée
23:35 tous ces commentaires négatifs,
23:37 ça peut aussi pas mal jouer
23:39 sur sa santé mentale. Et c'est des sujets
23:41 dont on parle petit à petit, de plus en plus.
23:43 - Oui, à travers le harcèlement,
23:45 à l'école, c'est le même type de processus.
23:47 - Et il y a la loi Influenceurs
23:49 qui a été votée le 9 juin dernier
23:51 pour encadrer ce secteur-là,
23:53 mais il faudrait peut-être aussi penser
23:55 à aller plus loin sur certains points.
23:57 - On va en parler, bien sûr,
23:59 de cette loi Influenceurs.
24:01 Je voudrais qu'on se penche aussi un instant
24:03 un peu sur le secteur
24:05 que ça représente, parce qu'on a entendu
24:07 Mégane, par exemple, qui nous disait, bon,
24:09 je peux avoir des haters, etc., mais j'ai quand même
24:11 envie de me lancer là-dedans.
24:13 On a entendu Jules,
24:15 on a entendu Anissa,
24:17 pour qui c'est quand même devenu
24:19 un vrai métier.
24:21 Myriam, comment ça marche ?
24:23 Comment est-ce qu'on se rémunère ?
24:25 Comment ça fonctionne,
24:27 la rémunération dans ce secteur ?
24:29 - Avant de vous donner des précisions,
24:31 je tiens juste à dire que le secteur n'est pas tout nouveau,
24:33 comme on pourrait le croire. Ça fait bien une quinzaine d'années
24:35 qu'en France, vous avez des créateurs de contenu
24:37 qui vivent de la création de contenu sur les réseaux sociaux.
24:39 Ça a commencé par les blogs,
24:41 ça a suivi sur Instagram, YouTube, etc.
24:43 Aujourd'hui, il y a énormément de manières
24:45 de monétiser son contenu
24:47 sur les réseaux sociaux. Il y a évidemment
24:49 les partenariats avec des marques
24:51 que les créateurs peuvent nouer pour
24:53 partager leur avis sur un produit,
24:55 partager une expérience. Vous avez des plateformes...
24:57 - Souvent de la publicité. - De la publicité, exactement.
24:59 Vous avez des plateformes comme YouTube
25:01 où il est possible de monétiser ses vidéos,
25:03 passer un certain nombre d'abonnés,
25:05 ou c'est pareil, en postant et suivant le nombre
25:07 de vues enregistrées dans une vidéo,
25:09 YouTube donne une rémunération.
25:11 Et vous avez aussi des créateurs
25:13 qui, à côté, développent d'autres entreprises.
25:15 Encore une fois, Jules,
25:17 qu'on a vu tout à l'heure, a un média à côté,
25:19 donc une entreprise à côté.
25:21 Tu es aussi hypnotiseur,
25:23 tu fais de l'information à côté.
25:25 Donc il y a la création de contenu,
25:27 mais il y a aussi une activité qui est développée à côté
25:29 qui est peut-être plus rémunératrice
25:31 que ce qui peut être fait en ligne.
25:33 - Oui, Aïm, c'est votre cas,
25:35 vous vous servez plutôt
25:37 de votre audience pour pouvoir
25:39 ensuite développer vos formations.
25:41 Comment est-ce que vous vous rémunérez ?
25:43 - 95% de ma rémunération,
25:45 c'est les formations, exactement.
25:47 Derrière, je forme des professionnels,
25:49 des thérapeutes,
25:51 des psychologues qui veulent apprendre
25:53 les méthodes d'hypnose rapide,
25:55 parce que moi, c'est ce à quoi je forme,
25:57 pour leur cabinet de thérapie, etc.
25:59 - Donc les réseaux, c'est plutôt une vitrine pour vous ?
26:01 - C'est plus un moyen d'acquisition,
26:03 comme vous l'avez parlé, en termes...
26:05 - En termes de marketing.
26:07 - C'est ça, ouais.
26:09 - Marie, vous qui êtes en école de commerce,
26:11 qu'est-ce que ça vous inspire, tout ça,
26:13 ce nouveau secteur qu'on voit émerger ?
26:15 Vous comprenez qu'on puisse lancer là-dedans ?
26:17 D'autant que vous travaillez aussi dans ce domaine-là.
26:19 - Non, totalement. Je peux comprendre
26:21 qu'au début, il y a une passion,
26:23 et donc on a envie de partager sa passion.
26:25 Par exemple, moi, je suis des influenceurs
26:27 ou des créateurs de contenu,
26:29 on va encore, je pense, rediscuter sur les termes,
26:31 qui partagent les bons plans,
26:33 je sais pas, les restaurants sur Paris,
26:35 ou quoi que ce soit, et là-dessus,
26:37 c'est trop bien, on a vraiment envie de savoir
26:39 quelles sont les bonnes adresses
26:41 sur la capitale.
26:43 Et ensuite, je peux comprendre aussi qu'après,
26:45 cette passion, en vue aussi
26:47 du public qu'il y a,
26:49 de l'intérêt des marques aussi,
26:51 fut un temps aussi à présenter
26:53 un petit peu
26:55 leurs produits, mais sans que ce soit vraiment clair.
26:57 Il y a quelques années encore,
26:59 on ne pouvait pas savoir que la marque
27:01 avait été directement associée
27:03 à une vidéo ou à une création de contenu.
27:05 Aujourd'hui, c'est beaucoup plus clair.
27:07 - Depuis la loi, notamment.
27:09 - Et on voit un vrai changement maintenant,
27:11 sur toutes les stories, sur tous les postes,
27:13 c'est vraiment écrit "publicité", "rémunérés",
27:15 "en partenariat", "produits offerts",
27:17 je sais pas, quelles sont toutes les différentes
27:19 possibilités là-dessus.
27:21 - Vous croyez qu'il y a plus de transparence ?
27:23 - Je vois beaucoup plus cette transparence,
27:25 et je pense que vraiment, le modèle est comme ça.
27:27 Aujourd'hui, il n'y a pas de mal à ça.
27:29 Maintenant, c'est beaucoup plus transparent
27:31 et donc plus appréciable aussi, je pense,
27:33 dans l'utilisation qu'on fait du réseau.
27:35 - Oui, tout à fait.
27:37 Myriam, vous qui avez décidé de lancer un média
27:39 vraiment consacré à ce sujet, quand est-ce que
27:41 vous êtes dit que vraiment, il y avait quelque chose
27:43 à faire là-dessus, qu'il y avait un écosystème
27:45 qui était intéressant de décrypter,
27:47 etc.
27:49 - Je pense que c'est arrivé pendant
27:51 le confinement, on a vu éclore
27:53 un nouveau réseau social TikTok
27:55 et apparaître de nouveaux créateurs de contenu
27:57 où on s'est tout de suite posé la question
27:59 de savoir qu'est-ce que ce nouveau
28:01 réseau social, comment l'utiliser, pourquoi il y a
28:03 autant d'utilisateurs qui regardent
28:05 des vidéos, qui s'abonnent à des créateurs,
28:07 à des personnes, etc. Et puis évidemment,
28:09 tout ce qui est venu ensuite avec
28:11 le texte de loi,
28:13 tous les questionnements autour
28:15 de l'utilisation des réseaux sociaux
28:17 par les plus jeunes, de l'impact que ça peut
28:19 avoir également sur leur évolution,
28:21 sur les discussions, sur les échanges
28:23 qu'on peut avoir, etc. Donc je sentais
28:25 en fait, sans vraiment le sentir,
28:27 mais j'avais vraiment l'impression qu'il y avait
28:29 une réelle industrie qu'il fallait
28:31 analyser, qu'il fallait mettre en avant pour mieux
28:33 comprendre comment elle... - Tout fonctionne.
28:35 - Tout ce qu'il voulait. Parce qu'effectivement, jusqu'à présent,
28:37 le partenariat,
28:39 on savait que les influenceurs pouvaient en faire,
28:41 que les créateurs de contenu pouvaient en faire, mais
28:43 comment est-ce que ça se passe véritablement,
28:45 pourquoi il y a des agences, pourquoi il y a des agences spécialisées
28:47 dans le talent management,
28:49 d'autres qui accompagnent des marques,
28:51 c'est quand même assez flou, tout cet écosystème,
28:53 et donc l'idée c'est de le rendre moins flou pour que tout le monde comprenne.
28:55 - Myrème a parlé du
28:57 Covid à l'instant, sur l'explosion des réseaux
28:59 sociaux. Oui, c'est aussi pour ça, selon vous,
29:01 qu'on a eu
29:03 ce moment où toute notre
29:05 vie à la maison,
29:07 s'est centrée sur les réseaux sociaux,
29:09 c'était notre seule fenêtre sur le monde ?
29:11 - Eh oui, concrètement,
29:13 on a vu l'explosion
29:15 évidemment des pratiques
29:17 des réseaux sociaux, et d'ailleurs,
29:19 là où c'était amusant,
29:21 c'est que ce n'était pas que les ados,
29:23 mais c'était aussi les parents, les grands-parents,
29:25 voire même, sur TikTok, je me souviens
29:27 de vidéos faites en famille,
29:29 et je trouvais ça très sympa, parce qu'en fin de compte,
29:31 enfin, par rapport à cette
29:33 question diabolique des écrans, là,
29:35 il était possible de le partager, mais on a vu aussi
29:37 dans l'après-coup, la chute
29:39 totale, même d'un point de vue
29:41 économique, puisque
29:43 Meta, qui voulait lancer son Metaverse,
29:45 a complètement fait marche arrière,
29:47 et on voit que certains réseaux sociaux ont imaginé
29:49 que le monde, que le bonheur
29:51 numérique allait l'emporter sur le bonheur
29:53 réel, et heureusement que non.
29:55 - Heureusement que non. - Heureusement, vous dites.
29:57 Heureusement que le réel est revenu à sa place.
29:59 - Oui, je pense que rien ne vaut le réel,
30:01 il faut que ces réseaux sociaux
30:03 restent, servent le réel,
30:05 c'est pour ça l'idée de plans des restos
30:07 comme moi, parfois je regarde des choses de jardinage,
30:09 je n'ai pas de jardin, mais je ne sais pas pourquoi,
30:11 ça me donne envie, et donc il y a cette idée
30:13 qu'il faut que ça serve le réel, parce que sinon,
30:15 si le réel sert le virtuel et le numérique,
30:17 nous allons être complètement
30:19 aliénés par ces choses-là,
30:21 même s'il y a des choses très sympas,
30:23 mais derrière quand même,
30:25 parce que vous avez cité les réseaux asociaux,
30:27 qui est mon dernier livre, je montre
30:29 qu'il y a des dimensions très toxiques.
30:31 - Lesquelles ? - Ah, je vous le dis comme ça ?
30:33 - Ah bah oui, un peu, quand même.
30:35 - En gros, d'ailleurs,
30:39 je vise plus particulièrement Instagram,
30:41 qui a eu des effets
30:43 délétères sur la santé mentale
30:45 des adolescents et des jeunes,
30:47 puisqu'au fond, certaines influenceuses
30:49 très belles,
30:51 vous avez parlé de mère parfaite,
30:53 donc ça veut dire qu'à un moment...
30:55 - C'est leur génération, on l'a émise.
30:57 - Oui, mais justement, on a tous cette injonction
30:59 d'un bonheur affiché, d'être toujours
31:01 idéal, d'avoir un corps parfait,
31:03 à l'adolescence, dans la construction
31:05 de l'image de soi, au bout d'un moment,
31:07 de manière très insidieuse, ça déprime,
31:09 voire même ça peut engendrer
31:11 des dépressions, des conduites à risque,
31:13 toutes sortes de choses.
31:15 Et ça, je suis pas le seul à le dire,
31:17 vous avez Frances Hogan,
31:19 grande lanceuse d'alerte, qui a montré,
31:21 puisque c'était une ancienne directrice,
31:23 qui a piqué 10 000 pages pour montrer
31:25 qu'ils sont au courant, exactement,
31:27 de ces questions-là. Et c'est ça qui m'inquiète.
31:29 Je vais même plus loin, je pense
31:31 que même sur notre santé à nous, parce que vous voyez,
31:33 je suis aussi papa,
31:35 mais pas parfait,
31:37 et c'est justement ce qui fait
31:39 que je suis inhumain. - Pareillement.
31:41 - Et alors, c'est marrant que vous disiez ça,
31:43 parce que sur Instagram, il y a eu la tendance
31:45 des mères parfaites, qui étaient souvent des femmes très belles,
31:47 "executive women", avec des enfants
31:49 super beaux, et heureusement,
31:51 des Françaises ont créé le site
31:53 des mères imparfaites. Et c'était
31:55 très drôle. Et on a besoin,
31:57 pourquoi est-ce qu'on utilise autant le second degré
31:59 et l'autodérision ? Parce que c'est un pied de nez
32:01 par rapport à cette problématique d'idéal.
32:03 Et je pense que...
32:05 - Il peut y avoir même les antidotes sur les réseaux sociaux
32:07 à ces problématiques-là. - Oui, et...
32:09 - C'est le côté positif, c'est qu'on voit... - Côté positif, c'est le...
32:11 Et j'étais content avec TikTok,
32:13 parce que TikTok a abordé des thématiques comme la question
32:15 non-binaire du genre, de toutes ces questions,
32:17 même de la tristesse.
32:19 Un moment où vous aviez des
32:21 adolescentes qui pouvaient, en s'injant,
32:23 disons, en faisant du playback sur des chansons
32:25 de Billie Eilish,
32:27 exprimer cette idée
32:29 qu'un monde serait toujours le bonheur,
32:31 la réussite à tout prix, sans s'en rendre
32:33 compte, c'est très déprimant.
32:35 Et c'est pour ça qu'heureusement,
32:37 il y a des gens qui font des créations de contenu, de l'humour,
32:39 et des choses qui ne sont pas toujours très gays.
32:41 - On a parlé... - Très heureuse.
32:43 - ...des risques psychologiques,
32:45 donc, de l'influence,
32:47 et on va aussi parler d'autres dérives,
32:49 des dérives économiques
32:51 de l'influence. Et d'ailleurs,
32:53 vous l'avez dit, Myriam, depuis
32:55 le législateur s'en est mêlé,
32:57 et on va parler de cette loi avec notre journaliste
32:59 Quentin Quelmet.
33:01 [Générique]
33:07 - Bonjour Quentin.
33:09 - Bonjour Tam, et bonjour à tous.
33:11 - Bonjour. - Bonjour. - Et on va parler,
33:13 notamment d'un clash très célèbre
33:15 aujourd'hui dans le secteur de l'influence,
33:17 c'est l'affaire Booba Magaliberda,
33:19 c'était le début de tout. - Oui, c'est ça.
33:21 Le clash remonte à plus d'un an même.
33:23 Le rappeur Booba dénonce
33:25 alors sur les réseaux sociaux
33:27 les abus de certains influenceurs.
33:29 En fait, il a lui-même été visé par
33:31 un influenceur dans une vidéo,
33:33 et donc il décide de répondre et d'épingler
33:35 les pratiques de ces influenceurs d'Instagram,
33:37 TikTok et Snapchat. Le magazine
33:39 Économie Capitale s'est même demandé
33:41 très sérieusement, au mois de juillet, si le rappeur
33:43 n'avait pas détruit, je cite,
33:45 "le business des influenceurs".
33:47 Une de ses influenceuses explique dans cet article
33:49 avoir vu fondre ses revenus
33:51 depuis un an, un an et demi.
33:53 Effectivement, elle dit, et je vais dire la vérité,
33:55 il y a des mois, j'ai gagné 35 000 à 40 000 euros,
33:57 et après les polémiques, maintenant,
33:59 on est à des 5 000 euros, dit-elle dans l'article.
34:01 C'est déjà pas mal.
34:03 Oui, c'est vrai, c'est déjà pas mal, mais on voit qu'effectivement,
34:05 ses revenus ont fondu en un an.
34:07 Il faut dire que régulièrement,
34:09 ces influenceurs faisaient
34:11 la une pour des arnaques qu'ils proposaient.
34:13 On a vu ces influenceurs
34:15 promouvoir des produits problématiques sur les réseaux
34:17 sociaux parce qu'il y avait soit des arnaques sur les prix,
34:19 ou alors c'était des articles
34:21 complètement défectueux. Le secteur n'était
34:23 pas encadré, une sorte de far west
34:25 alors. La Dépêche du Midi,
34:27 en janvier dernier, en janvier 2003, qui parlait
34:29 de 60 % des influenceurs
34:31 visés par la répression des fraudes
34:33 pour des manquements dans le respect de la
34:35 réglementation sur la publicité et
34:37 les droits des consommateurs, et justement,
34:39 il y en a une qui avait été épinglée
34:41 dès 2021, c'est l'influenceuse
34:43 Nabila. On regarde un extrait.
34:45 Les chéris, je ne sais pas si vous avez
34:47 déjà entendu parler du bitcoin,
34:49 cette sorte de nouvelle
34:51 monnaie virtuelle,
34:53 et en fait, je connais
34:55 l'une des filles qui travaille
34:57 avec un trader qui sont à fond
34:59 dans le bitcoin. C'est un peu la nouvelle
35:01 monnaie, la monnaie du futur,
35:03 et donc en fait, je trouve que c'est assez bien.
35:05 Nabila
35:07 Benassia Vergara, qui a écouté
35:09 une amende de 20 000 euros pour avoir
35:11 fait la promotion de ses produits boursiers sur
35:13 Snapchat, sans signaler qu'elle
35:15 était bien rémunérée pour le faire.
35:17 Et tout cela n'a pas échappé
35:19 aux parlementaires, cette affaire se
35:21 cache non plus. Il y a donc une loi qui a été
35:23 adoptée très récemment. Voilà, deux députés
35:25 se sont emparés du sujet
35:27 au printemps pour effectivement
35:29 encadrer davantage le secteur.
35:31 D'ailleurs, les clashes avec
35:33 Booba ont été directement à l'origine
35:35 de leur proposition de loi. Ce sont ces députés
35:37 qui l'ont dit eux-mêmes. Le texte
35:39 vise à créer un statut, une définition
35:41 de ce que c'est qu'un influenceur.
35:43 Il était tant, on le dit depuis le début de cette émission,
35:45 mais ils sont quand même 150 000
35:47 en France. La loi qui aussi donne
35:49 des interdits sur certaines publicités,
35:51 on va voir la liste, c'est très important.
35:53 La loi interdit les publicités faisant la promotion
35:55 de la chirurgie, de la médecine
35:57 esthétique, de certains produits
35:59 services financiers, on le disait avec Nabila.
36:01 Également, la loi interdit
36:03 l'abstention thérapeutique,
36:05 c'est très important. Encore,
36:07 la nicotine, ça c'est des ajouts qui ont été
36:09 faits au Sénat. Ou encore, des
36:11 abonnements à des conseils ou à des pronostics
36:13 sportifs. Enfin,
36:15 les influenceurs devront indiquer
36:17 clairement la mention publicité
36:19 ou collaboration commerciale
36:21 sur leur contenu promotionnel. C'est l'un des
36:23 points de la loi qui est le plus compliqué à appliquer
36:25 alors qu'il est pour ces influenceurs et créateurs de contenu.
36:27 Et d'ailleurs, ces influenceurs,
36:29 ils ont critiqué
36:31 dernièrement cette loi, tous les acteurs du secteur
36:33 qui étaient rassemblés. C'est trop compliqué,
36:35 ont-ils dit au gouvernement.
36:37 C'est le message qu'ils ont fait passer il y a quelques jours
36:39 en septembre, lors d'une rencontre
36:41 entre 130 créateurs de contenu
36:43 et le ministre de l'économie, lors d'un événement organisé
36:45 par la Fédération Professionnelle de l'Influence,
36:47 qui s'appelle LUMIC. Ils viennent de s'organiser, justement,
36:49 ce syndicat. On a beaucoup
36:51 de questions auxquelles on n'a pas forcément de réponses.
36:53 A par exemple insister Marie Lopez,
36:55 alias EnjoyPhoenix,
36:57 qui compte 6,3 millions
36:59 d'abonnés sur Instagram. Le gouvernement,
37:01 de son côté, a promis, vous le voyez,
37:03 de clarifier la loi et même de mettre en place
37:05 un groupe de travail sur le sujet.
37:07 Bruno Le Maire a même dit à ses
37:09 influenceurs "Vous êtes une force économique majeure
37:11 de notre pays". Il a dit
37:13 qu'il faut impérativement que l'on corrige le tir
37:15 à propos de cette proposition
37:17 de loi. Il a même promis une prochaine
37:19 rencontre avec ses influenceurs
37:21 dans les six mois, Tam. - Merci.
37:23 Merci beaucoup, Quentin, pour toutes ces explications.
37:25 Et nous sommes
37:27 également en visio avec
37:29 Amel Gacker, qui est signatrice
37:31 Union Centriste du Pas-de-Calais, qui vient d'être réélu,
37:33 qui est rapporteur de ce texte, qui a
37:35 encadré l'activité
37:37 des influenceurs. Amel Gacker,
37:39 d'abord, votre réaction
37:41 à ces propos de Bruno Le Maire, qui promet
37:43 donc de clarifier la loi,
37:45 qui dit que si cette
37:47 loi est source de complexité, il va
37:49 falloir la changer
37:51 et que c'est à ce moment-là une mauvaise loi.
37:53 - Alors, je n'ai pas
37:55 entendu dire... Bonjour à tous,
37:57 pardon, pour commencer.
37:59 Moi, je n'ai pas entendu dans ces propos
38:01 que cette loi était mauvaise.
38:03 Ce que j'ai entendu, c'est qu'elle nécessitait
38:05 peut-être de la clarification. Ce que
38:07 je dis surtout, c'est que cette
38:09 loi, et vous l'avez très bien
38:11 rappelé, vous avez évoqué
38:13 assez précisément son contenu,
38:15 contenu quand même assez clair,
38:17 elle visait, elle avait une vertu
38:19 quand même essentielle, qui était
38:21 vraiment d'encadrer un secteur,
38:23 le secteur de l'influence commerciale,
38:25 qui est aujourd'hui en plein développement.
38:27 D'ailleurs, ce n'est pas nouveau. L'une des
38:29 personnes présentes sur le plateau l'a dit tout
38:31 à l'heure, ça fait maintenant bien plus de 10 ans
38:33 que le secteur de l'influence commerciale,
38:35 en tout cas, existe. Mais c'est vrai qu'à aujourd'hui,
38:37 il est vraiment, il se développe de façon
38:39 exponentielle. Donc,
38:41 le statut ou la définition, en tout cas,
38:43 de ce secteur-là n'existait pas juridiquement.
38:45 Donc nous, lorsque, avec les députés
38:47 de La Porte et Vosgeta, lorsque nous
38:49 avons travaillé sur le texte,
38:51 nous savions qu'il s'agissait d'une
38:53 première pierre à l'édifice, une première pierre
38:55 essentielle, et j'étais heureuse
38:57 d'entendre également une de vos invitées
38:59 qui disait qu'on avait déjà aujourd'hui
39:01 un, je dirais,
39:03 des conséquences assez positives, puisque
39:05 nous, l'état d'esprit,
39:07 en tout cas, dans lequel, moi, en tant que rapporteur,
39:09 j'ai souhaité travailler avec mes collègues
39:11 sur ce texte, c'était de
39:13 clarifier, mais aussi de faire preuve de pédagogie.
39:15 Parce que des règles, il en existait déjà
39:17 sur des règles
39:19 en termes de promotion, en termes de publicité
39:21 des biens et services, sauf que
39:23 beaucoup, aujourd'hui, d'influenceurs ne les connaissaient
39:25 pas, tout simplement. Donc, c'est
39:27 pédagogie et puis transparence,
39:29 et ça, c'est aussi un élément qui nous paraissait essentiel,
39:31 avec plusieurs éléments, dont la mention
39:33 publicité ou collaboration commerciale,
39:35 ce qui était loin, loin d'être
39:37 existant à qui. Alors, j'entends bien
39:39 que peut-être, dans la mise en pratique,
39:41 dans la mise en place, cela est compliqué,
39:43 mais à aujourd'hui,
39:45 je pense qu'il y a vraiment l'avant et l'après
39:47 de cette loi, certainement encore des choses
39:49 à travailler, mais, encore une fois,
39:51 dans le contexte de développement
39:53 de ce secteur, elle a
39:55 aujourd'hui vraiment beaucoup, beaucoup d'avantages.
39:57 Amèle Gacquart, restez avec nous, on va
39:59 aussi faire réagir nos invités
40:01 sur ce plateau. Myriam Proche,
40:03 vous dites aussi que la loi, elle
40:05 était, elle est nécessaire, mais
40:07 vous constatez qu'il y a quand même des flous. Donnez-nous
40:09 quelques exemples sur lesquels vous
40:11 estimez que cette loi, pour l'instant, elle n'est pas
40:13 suffisante. Alors, il y a des flous
40:15 sur le côté gifting. Quand
40:17 on est créateur de contenu, on a l'habitude
40:19 de recevoir des produits gratuitement
40:21 quand une marque sort un nouveau,
40:23 je ne sais pas, un nouveau fond de teint,
40:25 un nouvel appareil photo, etc. Dans la loi,
40:27 il est précisé que ce gifting, aujourd'hui,
40:29 va falloir le déclarer aux impôts.
40:31 Le problème, c'est que les créateurs
40:33 de contenu... - Ça paraît normal, comme ça, mais...
40:35 - Ce qui paraît logique, mais les créateurs de contenu
40:37 ne l'ont jamais fait jusqu'à présent
40:39 et ont quelques soucis sur
40:41 comment est-ce qu'on va devoir déclarer
40:43 ces produits offerts, sachant
40:45 qu'on n'a pas forcément accès au prix,
40:47 on ne sait pas combien ça coûte
40:49 réellement de se les procurer
40:51 et surtout, la question, c'était...
40:53 - Ça peut être vérifié,
40:55 le prix d'un produit. - Ça peut être vérifié,
40:57 mais la problématique,
40:59 c'est par exemple quand ils sont invités en voyage.
41:01 Souvent, ils sont invités par des marques
41:03 à découvrir un produit à l'étranger
41:05 ou à partir en voyage quelques jours,
41:07 une semaine, etc.
41:09 Sur le côté voyage, la marque ne leur précise
41:11 jamais combien véritablement
41:13 ce voyage leur coûte, alors qu'aujourd'hui,
41:15 quand ils acceptent ce type
41:17 de partenariat, aujourd'hui, il va falloir
41:19 qu'ils déclarent ce gifting.
41:21 Donc, il y a ce côté qui était
41:23 assez flou et, comme
41:25 votre collègue l'a dit tout à l'heure,
41:27 à la réunion de l'UMI, il y avait aussi des comptables
41:29 qui étaient présents et qui disaient que
41:31 au niveau comptabilité, il y avait aussi
41:33 des zones de flou, savoir comment faire
41:35 véritablement.
41:37 - Aïmé, comment vous
41:39 réagissez à cette loi ? Est-ce que c'était
41:41 une bonne chose ?
41:43 Elle était nécessaire ?
41:45 Est-ce que vous avez l'impression qu'elle a un peu stigmatisé
41:47 aussi peut-être votre activité ?
41:49 Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
41:51 - Je pense que l'idée est très bonne en soi.
41:53 C'est quand même important de le faire.
41:55 Après, ce n'est pas étonnant que ce soit compliqué de réformer ce genre de choses
41:57 parce que ce sont des gens qui ne communiquent absolument pas
41:59 entre eux. C'est très souvent
42:01 des gens qui travaillent dans des bureaux, qui regardent peut-être
42:03 la télévision, etc.
42:05 Ils ne connaissent absolument pas
42:07 le métier de créateur de contenu, d'influenceur.
42:09 Et donc, forcément, il va falloir
42:11 communiquer et ça va prendre du temps.
42:13 Je trouve que c'est assez normal
42:15 que ça prenne autant de temps. - Est-ce normal qu'il y ait des tours dans la raclette aussi ?
42:17 Qu'il puisse y avoir des flous, des choses
42:19 où tous les cas ne peuvent pas être prévus non plus ?
42:21 - C'est normal. J'ai l'impression qu'il y a une communication
42:23 en tout cas. On verra d'ici six mois.
42:25 Donc, c'est assez bon signe.
42:27 Tant que les gens communiquent, je pense que c'est bon signe.
42:29 - Amel Gacker,
42:31 je reviens à vous.
42:33 Est-ce que c'est particulièrement
42:35 compliqué pour un parlementaire
42:37 de légiférer sur un secteur,
42:39 vous l'avez dit, il y a quand même une dizaine d'années, mais qui reste
42:41 quand même récent,
42:43 et puis qui est très mouvant aussi dans ses pratiques ?
42:45 - Alors,
42:47 c'est compliqué et ça vient d'être
42:49 très justement dit. C'est vraiment
42:51 un secteur qui, bien sûr,
42:53 qui explose, mais qui est aussi extrêmement
42:55 différent
42:57 dans sa nature.
42:59 Aujourd'hui, lorsqu'on parle d'influenceurs, vous avez parlé
43:01 de 150 000 influenceurs,
43:03 on a seulement 15 %
43:05 d'influenceurs qui le font à temps plein.
43:07 Le reste, ce sont des influenceurs qui peuvent
43:09 le faire de façon parfois très périodique,
43:11 dans des secteurs très divers,
43:13 dans le secteur en effet de la finance, dans le secteur
43:15 de la santé, dans le secteur...
43:17 Oui, c'est un secteur extrêmement large,
43:19 en pleine mutation, véritablement.
43:21 Donc oui, c'est complexe,
43:23 mais nous, législateurs,
43:25 vous le savez, dans la façon dont on
43:27 travaille sur les textes, on ne le fait pas seul,
43:29 loin de là, et on ne le fait pas
43:31 dans des bureaux... - Les auditions,
43:33 on les a vues, d'ailleurs.
43:35 - On les fait dans des auditions, moi j'ai reçu,
43:37 j'ai invité, vous savez,
43:39 vous avez parlé de Booba
43:41 et de Magali Berda,
43:43 on m'a posé la question de savoir si c'était
43:45 important que je la rencontre ou pas,
43:47 eu égard tout ce qui se disait,
43:49 etc. Mais moi, aujourd'hui,
43:51 mon rôle c'était d'écouter tout le monde.
43:53 Donc j'ai invité tout le monde, Magali Berda
43:55 a répondu à l'invitation,
43:57 on a écouté, j'ai invité Booba
43:59 qui a décliné l'invitation, ce que je respecte
44:01 complètement, mais ce que je veux dire c'est qu'on
44:03 le fait à partir évidemment d'auditions dans tous
44:05 les secteurs, également,
44:07 l'unique exacte qu'on a reçu également.
44:09 Donc oui, c'est complexe parce que ça reste
44:11 des domaines, voilà encore une fois
44:13 qui évoluent très vite, qui sont
44:15 très larges, mais sur lesquels
44:17 on peut à aujourd'hui, et c'est ce qu'on a
44:19 réussi à faire en tout cas, poser un cadre
44:21 qui forcément sera évolutif, et heureusement
44:23 qu'il sera évolutif. Et oui,
44:25 c'est très rassurant de savoir,
44:27 et c'est l'état d'esprit encore une fois dans lequel
44:29 nous sommes, il continuera à évoluer,
44:31 à s'adapter, et aujourd'hui je suis
44:33 persuadée qu'il y a des questions, des sujets
44:35 qui n'ont pas été intégrés dans cette loi, mais qui
44:37 vont l'être très très vite. Donc il faut vraiment
44:39 rester agile,
44:41 et puis vraiment rester en lien
44:43 en effet avec ceux qui pratiquent
44:45 cette activité commerciale.
44:47 Marie, on vient de parler
44:49 à l'instant de ce clash
44:51 Booba, Magali,
44:53 Verda, toute cette
44:55 chasse aux influs
44:57 voleurs qui a été lancée, est-ce que vous
44:59 c'est vraiment quelque chose
45:01 qui vous a permis de
45:03 découvrir à ce moment-là les dérives, quel impact
45:05 ça a eu sur votre consommation,
45:07 peut-être des réseaux sociaux ?
45:09 Vous en avez déjà conçu avant.
45:11 Premier point, j'aimerais vraiment
45:13 peut-être te rappeler, ou je pense qu'on est
45:15 plutôt d'accord là-dessus, que c'est vraiment
45:17 une minorité, vraiment les influs
45:19 voleurs, les pratiques commerciales
45:21 complètement fallacieuses et illicites,
45:23 c'est vraiment une minorité, et en fait on s'est
45:25 beaucoup concentré là-dessus, donc on a eu un peu tendance,
45:27 j'ai l'impression, en tout cas de mon
45:29 point de vue en tant que consommatrice
45:31 de contenu, que tout le monde,
45:33 tous les influenceurs, tout le monde était
45:35 mauvais, personne ne faisait les choses correctement,
45:37 il y avait juste en fait un vide
45:39 juridique et législatif
45:41 qu'il fallait venir remplir. Et donc
45:43 premier point, deuxième point,
45:45 j'ai jamais vraiment consommé ce genre de contenu,
45:47 mais on les voyait, dans tous les cas on le voyait,
45:49 on se doutait, enfin je veux dire,
45:51 ça sent pas très bon
45:53 quand même, des fois il y a certaines recommandations
45:55 ou promotions qui sont pas les plus
45:57 on va dire les plus... - Vous n'étiez pas naïve.
45:59 - Non, je n'étais pas naïve,
46:01 mais je peux
46:03 tout à fait comprendre
46:05 qu'on puisse vouloir
46:07 acheter un produit, quelqu'un vous le recommande
46:09 justement, il y a aussi cet aspect d'affect,
46:11 vous êtes fan de cette personne,
46:13 elle vous le recommande, très souvent en plus
46:15 il y a une mise en situation, "ah j'utilise
46:17 tel produit, ça a du maquillage,
46:19 ils vont le mettre, hop on se filme,
46:21 regardez il y a un super beau
46:23 résultat, ah bah oui, bien évidemment
46:25 qu'on a envie d'acheter, on se projette aussi
46:27 puisque la personne va l'utiliser, ça va pas être une pub
46:29 à la télé, la pub à la télé
46:31 on sait que c'est de la pub pertinemment,
46:33 il va y avoir des retouches,
46:35 il y a la photo, il y a la caméra,
46:37 il y a le maquillage, sur les réseaux sociaux
46:39 justement, on est généralement
46:41 présupposé, le postulat c'est que
46:43 on est sur une base
46:45 de vérité, parce que les réseaux sociaux
46:47 il n'y a pas de filtre, aujourd'hui il y en a,
46:49 mais donc aussi dans le discours
46:51 qu'on peut avoir, on pourrait
46:53 en effet tomber là-dedans on va dire.
46:55 - Une toute dernière question à Amel Gacker,
46:57 est-ce que
46:59 ce qui manque aussi
47:01 dans le contexte de cette loi
47:03 ce sont les gendarmes pour chasser
47:05 les voleurs, les effectifs
47:07 pour pouvoir
47:09 effectivement chasser
47:11 les personnes qui
47:13 font des infractions à la loi ?
47:15 - Alors ça a été
47:17 relevé dans le texte,
47:19 ça a vraiment fait partie des débats
47:21 au Sénat et également d'ailleurs à l'Assemblée
47:23 nationale,
47:25 c'était d'évoquer la notion
47:27 de moyens, il y a deux choses, la première
47:29 et je rejoins Madame qui
47:31 vient de s'exprimer là-dessus, c'est de
47:33 surtout pas mettre tout le monde dans le même panier
47:35 et cette loi a comme vertu de protéger
47:37 autant les influenceurs commerciaux
47:39 que les consommateurs, ça je le rappelle
47:41 parce que c'est vraiment dans cet état d'esprit là
47:43 qu'on l'a engagé, mais ça veut dire aussi
47:45 derrière, eh bien
47:47 durcir entre guillemets le régime de sanctions
47:49 pour ceux qui ne respecteraient pas
47:51 les règles, donc cette petite minorité qui ne respecterait
47:53 pas les règles, donc durcir
47:55 les sanctions, oui mais avec quels moyens ?
47:57 Forcément c'est un sujet que nous avons
47:59 mis sur la table, notamment
48:01 dans le cadre de la DGCCRF
48:03 aujourd'hui qui est compétente en la matière
48:05 donc toutes les autorités compétentes
48:07 en la matière, donc oui ça a été évoqué
48:09 et l'engagement qui avait été pris d'ailleurs
48:11 par Madame la Ministre
48:13 c'était d'évoquer ce sujet
48:15 là également dans le projet de loi de finance
48:17 qui sera présenté en novembre
48:19 sur lequel on
48:21 abordera aussi cette question de moyens
48:23 parce que oui les obligations c'est bien mais si on n'a pas les moyens
48:25 pour le foutre au nez, ce n'est pas possible.
48:27 Eh bien merci beaucoup, merci Amel Gacker
48:29 d'avoir participé à cette
48:31 émission, Michaël Stora
48:33 il nous reste vraiment quelques minutes
48:35 la question
48:37 c'est aussi de savoir s'il ne faut pas aller plus loin
48:39 dans cette loi, quel autre public il faut
48:41 protéger, est-ce qu'il faut
48:43 notamment accorder une attention particulière
48:45 je pense au public jeune
48:47 aux ados, aux enfants, vous l'avez évoqué
48:49 tout à l'heure. Non mais je trouve
48:51 vraiment et en effet ça rejoint cette idée
48:53 que dès qu'on met des lois sur
48:55 finalement une illusion d'expression
48:57 libre, c'est un peu
48:59 comme ça que reposait internet et finalement on se rend
49:01 compte que finalement la liberté
49:03 n'existe que parce qu'il y a un cadre, c'est assez banal
49:05 et donc l'idée de créer petit
49:07 à petit des cadres permet justement
49:09 de ne pas rentrer dans cette sorte de
49:11 faux semblant qui en effet
49:13 à la télé c'est clair, il y a la pub et puis
49:15 on sait que c'est de la pub et en même temps
49:17 il y a des pubs qui sont incroyablement bonnes
49:19 et donc la question c'est comment
49:21 est-ce que sur internet des personnes,
49:23 des influs voleurs comme vous dites, il y en a peu
49:25 mais elles ont souvent énormément d'abonnés
49:27 c'est ça la question et on sait que souvent les abonnés
49:29 - C'est les petits sans, souvent les petits sans
49:31 - Et souvent leurs abonnés sont très jeunes
49:33 disons jeunes, je sais pas jusqu'à quel âge on est jeune
49:35 mais néanmoins jeunes, parfois ados
49:37 ou enfants et donc ça c'est vrai que là
49:39 l'idée de mettre une loi
49:41 permet pour celui qui regarde de se dire
49:43 tiens, ah oui, ça c'est donc c'est faux
49:45 mais en même temps celle qui le présente
49:47 donc il y a un rapport symbolique
49:49 que je trouve très bon, très sain
49:51 et je pense que même pour les influenceurs
49:53 c'est intéressant aussi parce que
49:55 au-delà de leur modèle économique
49:57 ça leur permet de dire ok, donc là
49:59 c'est un rôle que je joue
50:01 et donc à partir de ce moment-là je ne suis pas
50:03 simplement cette sorte de personnage
50:05 hybride où à force
50:07 de se filmer tout le temps, parce que parfois
50:09 il faut poster énormément de vidéos
50:11 les personnes ne savent plus trop ce qu'il en est
50:13 de leur réalité, de leur moi interne
50:15 et je suis parfois inquiet de la santé
50:17 mentale aussi des influenceurs
50:19 de certains influenceurs, parce que d'après moi
50:21 ils peuvent faire des burn-out, on l'a vu
50:23 c'est-à-dire qu'à force de développer une sorte de moi
50:25 virtuel impressionnant
50:27 où le modèle économique n'était pas toujours très clair
50:31 parfois le moi réel peut s'effondrer
50:33 une sorte de tension comme ça
50:35 ce qu'on appelle nous en psychologie le faux self
50:37 le faux self d'un acteur
50:39 d'un chanteur, on sait parce qu'il joue
50:41 dans un cadre précis, mais l'influenceur lui
50:43 sait tout le temps au quotidien
50:45 un mot pour conclure aussi
50:47 Myriam là-dessus, parce que vous aussi vous dites
50:49 qu'il faut quand même aussi notamment protéger
50:51 sans doute les plus jeunes et que c'est là-dessus qu'il y a encore
50:53 un chantier à faire
50:55 d'un point de vue législatif
50:57 effectivement je pense qu'il y a aussi un besoin de formation
50:59 auprès des plus jeunes pour
51:01 peut-être leur expliquer comment utiliser les réseaux sociaux
51:03 ce qu'on peut y trouver, qu'est-ce que ça veut dire
51:05 collaboration commerciale sur une story
51:07 des créateurs de contenu
51:09 parce que nous avec le recul
51:11 qu'on a on peut comprendre, mais quelqu'un
51:13 qui est peut-être beaucoup plus jeune n'a pas
51:15 la même logique et la même réflexion que nous
51:17 Aïmé Lévy, le mot de la fin
51:19 comment vous allez capter notre attention jusqu'à la fin ?
51:21 Ah, là j'ai pas d'idée pour la fin
51:23 Vous avez vu ? C'est une rupture de patterne
51:25 Je vous ai bien appris du coup
51:27 J'apprends vite
51:29 52 minutes ça m'a suffit
51:31 Merci, merci beaucoup à tous les 4
51:33 d'avoir participé à cette émission
51:35 on vous retrouve très vite
51:37 pour un nouveau numéro d'Avoir 20 ans
51:39 [Musique]

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