Reginald Cornier, coordinateur de développement social pour les Petits Frères des Pauvres en Ille-et-Vilaine, invité de France Bleu Armorique, ce jeudi 28 septembre.
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00:00 L'association "Les petits frères des pauvres" présente son huitième rapport sur l'isolement des personnes âgées et les liens entre générations.
00:06 - Oui bonjour Réginald Cornier. - Bonjour.
00:09 - Vous êtes coordinateur du développement social pour les petits frères des pauvres, principalement en Ille-et-Vilaine, mais pas seulement.
00:14 Dans ce qui ressort de ce rapport présenté ce matin, il y a ce constat, les différentes générations sont de moins en moins proches.
00:21 Qu'est-ce que ça signifie ? Les grands-parents et les petits-enfants se voient moins ou alors ils s'entendent moins bien ?
00:26 - Alors, ce qu'il faut retenir c'est que la famille demeure un pilier quand même à travers la génération.
00:32 Un quart des personnes âgées voient moins ses enfants et petits-enfants,
00:37 et un peu plus d'une personne sur deux de 18 à 30 ans, donc voient moins ses grands-parents qu'auparavant.
00:45 Mais, donc il y a les causes de l'éloignement géographique et pour les plus jeunes la prise d'indépendance, évidemment.
00:53 Après, en dehors de la famille, ce sont le travail pour les actifs qui fédère encore les générations, qui fait qu'elles se côtoient,
01:02 et quand même assez loin derrière, le voisinage et les associations.
01:07 Plus les écartages augmentent, moins les liens se tissent,
01:13 et ceux qui ont le moins de liens avec les autres générations, ce sont les personnes du grand âge et les personnes en situation de précarité, qu'ils soient âgés ou jeunes.
01:21 - C'est l'une de vos missions chez les Petits Frères des Pauvres, justement, de créer du lien entre les générations.
01:26 Il n'est jamais trop tard pour créer ce lien ? Il n'est jamais vraiment rompu, ce lien ?
01:30 - Alors, il peut être rompu, mais par contre il n'est jamais trop tard pour essayer de recréer du lien social.
01:38 C'était la mission première du fondateur avant Marquizay en 1946, qui avait déjà pressenti qu'on ne pourrait pas y arriver
01:45 sans mettre les générations autour d'une table, sans créer une solidarité entre elles.
01:50 Et puis la transition démographique que nous vivons, il y a quand même aujourd'hui plus de personnes de plus de 60 ans que de personnes de moins de 20 ans,
01:59 donc nous oblige à faire quelque chose, puisqu'il y a une hausse de l'isolement des personnes âgées, encore plus nette après le confinement,
02:06 et puis une paupérisation de la population âgée également.
02:10 - Comment on fait concrètement, alors, pour les réunir, ces générations ? Vous faites des actions concrètes chez les Petits Frères des Pauvres ?
02:15 - Alors, chez les Petits Frères des Pauvres, et puis d'autres partenaires, bien sûr, de plus en plus d'actions concrètes.
02:20 Alors, on a quand même, il faut voir aussi qu'en 2022, par exemple, chez les Petits Frères des Pauvres, on a quand même accueilli,
02:28 parmi les nouveaux bénévoles, la nouvelle femme d'engagement, il y a 26 personnes de moins de 30 ans, donc c'est à noter,
02:35 ce qui correspond à 16% au global des 15 000 bénévoles en France chez les Petits Frères des Pauvres, et on le constate dans d'autres associations également.
02:44 Donc, ils se vivent au quotidien, ces liens intergénérationnels, bien sûr, c'est dans les visites à domicile,
02:49 c'est également dans les actions collectives, les Noëls, les grands repas de Noël qui peuvent être organisés,
02:55 également les séjours de vacances. Alors, pour vous dire, pour illustrer, par exemple, Noirenne, cette année,
03:02 on a accueilli des volontaires européennes, Romy et Paola, et une volontaire en service civique, Gwendoline, qui ont participé au Noël
03:09 avec les personnes âgées, donc qui mangeaient avec elles, qui ont passé un temps extraordinaire, d'ailleurs.
03:14 Et qui sont allées plus loin pour vivre l'aventure en séjour de vacances, et dans les séjours de vacances, ça a créé beaucoup de liens.
03:19 Et ce qui est intéressant, c'est qu'on a fait un petit avant-première de ce plaidoyer la semaine dernière dans le local des bénévoles avec quelques personnes accompagnées, une dizaine,
03:28 et que ce chiffre, on le voit bien, il y a 80... enfin, il y a une majorité de personnes de plus de 85 ans qui pensent qu'elles n'intéressent pas du tout les plus jeunes.
03:39 - C'est pas forcément le cas. - Eh bien, c'est pas forcément le cas, et justement, elles ont débattu entre elles,
03:43 elles étaient étonnées, elles disaient "Ah oui, finalement !"
03:45 Et chacun d'un côté comme de l'autre, les jeunes pensent qu'ils n'intéressent pas les vieux, et les vieux pensent ne pas intéresser les jeunes.
03:51 Et je leur ai dit "Mais regardez, Romy, Paola, quand elles sont venues avec vous pendant les séjours de vacances, tout ce que vous avez vécu ensemble,
03:57 Romy qui vous a initiés à l'aquarelle, certains d'entre vous n'en avaient jamais fait."
04:02 Donc, "Bah oui, oui, c'est vrai, c'est vrai, bah oui !"
04:05 Et même le regard de Romy et Paola, ce qui est intéressant,
04:08 elles disaient que leurs grands-parents, qu'elles ont encore, elles ont une vingtaine d'années,
04:13 ça a changé leur lien aussi avec eux, elles les ont vus sous un autre regard.
04:17 Il y a quelque chose sur toute la richesse qui peut émaner de ces échanges,
04:22 également la prise de conscience de la vulnérabilité, de la fragilité et toute la force en même temps,
04:27 qui est une très bonne chose.
04:29 - Il y a effectivement toujours des choses à apprendre des plus jeunes générations vers les plus anciennes,
04:32 et vice-versa d'ailleurs, c'est pas seulement que dans un sens,
04:35 c'est l'objet de votre association, les petits frères des pauvres.
04:38 - Il y a aussi, je me permets de le dire, de plus en plus d'événements qu'on organise entre partenaires,
04:43 par exemple, avec des partenaires aînés, 14,
04:46 le 3 octobre, il y aura une journée de sensibilisation
04:51 sur la lutte contre l'isolement qui se passera sur la dalle du Colombier,
04:55 devant la maison des aînés et des aidants.
04:57 Et c'est aussi faire venir des gens qui se sentent isolés,
05:00 ce qui n'est pas évident de les mobiliser,
05:02 mais de compter peut-être sur le voisinage, sur les relations qu'elles peuvent avoir
05:06 autour d'elles pour les faire venir, mais également
05:08 le grand public pour les sensibiliser à ça.
05:10 Il y aura également un bal intergénérationnel
05:13 organisé par la coordination des aînés du Nord-Est de Rennes,
05:17 le bal de Morpa, où il y aura des étudiants du lycée Jeanne d'Arc
05:21 qui participeront au bal, feront danser, danseront,
05:25 ou alors c'est les personnes âgées qui les feront danser,
05:27 enfin tout ça c'est intéressant puisque c'est dans les deux sens.
05:29 - On a bien noté tout ça. Merci beaucoup Réginale Corny,
05:32 qui est le coordinateur du développement social chez les petits frères.