"Je suis un écrivain qui écrit avec la nostalgie de ne pas avoir été musicien"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Ce jeudi 28 septembre, le romancier, réalisateur et comédien, Éric-Emmanuel Schmitt. Il publie aujourd’hui un nouveau roman : "La rivale" aux éditions Albin Michel.
Transcript
00:00 - Bonjour Éric-Emmanuel Schmitt. - Bonjour.
00:01 - Vous êtes un amoureux des mots, de la vie, un raconteur et même
00:05 un faiseur d'histoire, j'ai envie de dire.
00:06 Votre plume, vos réalisations se sont imposées rapidement dans les
00:09 paysages littéraires, cinématographiques et théâtrales,
00:12 avec à la clé de nombreux prix et des mollières.
00:15 La part de l'autre, "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran",
00:17 "Oscar et la Dame Rose" ou encore "L'enfant de Noé", cette immense
00:20 déclaration aussi d'amour à votre mère, journal d'un amour perdu.
00:23 Vos livres ont su toucher, convaincre, accompagner aussi,
00:27 après votre saga de l'humanité en huit volumes, soit 5 000 pages,
00:30 qui nous racontait la traversée des temps.
00:31 Vous publiez "La Rivale" aux éditions Albert Michel.
00:33 "La Rivale", c'est un hommage personnel que vous souhaitiez rendre
00:36 à Maria Callas et à l'esprit de la Scala, un théâtre habité par son
00:40 passé et par un public à la fois chevronné et érudit, finalement.
00:43 Cet hommage construit comme un témoignage, d'ailleurs, quand on le
00:46 lit, est raconté à travers l'histoire triste d'une mystérieuse vieille
00:48 dame, elle s'appelle Carlotta Berloumi, qui se définit comme
00:52 ancienne grande rivale de la cantatrice grecque.
00:54 Et on mesure, comme il a été difficile de lutter contre la Callas,
00:57 le 2 décembre de cette année, donc prochain, Maria Callas aurait
01:01 eu 100 ans.
01:02 Et pourtant, elle semble toujours être bien présente.
01:05 - Oui, c'est définitivement une légende, sinon un mythe.
01:10 Et heureusement, un mythe documenté, puisqu'on a quand même les
01:13 disques et on a quelques images.
01:15 Mais au fond, elle est un personnage d'opéra elle-même.
01:20 Elle a été celle qui représentait mieux que personne les héroïnes
01:25 des opéras, mais elle était elle-même un personnage d'opéra,
01:28 c'est-à-dire qu'avec une dimension tragique.
01:30 C'est quelqu'un qui part de loin, de la misère.
01:34 Elle n'est pas aimée par sa mère.
01:36 Elle éboulotte et hop, elle conquiert le public par sa voix.
01:41 Et ensuite, elle essaye d'avoir un physique qui ressemble à sa voix.
01:45 Elle perd 30 kilos.
01:46 Elle devient la femme superbe qu'elle est.
01:49 Et elle incarne pendant quelques années sublimement les choses.
01:53 Mais le temps la rattrape plus vite que les autres, peut-être parce
01:57 qu'elle a réussi plus vite que les autres.
01:58 À un âge où une cantatrice, normalement, est au sommet de sa gloire,
02:02 elle, elle a des problèmes vocaux, elle disparaît.
02:04 Et en même temps, sa vie est attaquée aussi par une passion amoureuse
02:10 qui va être décevante avec Onassis.
02:12 Et elle va mourir seule dans une tristesse extrême à Paris.
02:16 Donc, elle ressemble aux héroïnes qu'elle a incarnées.
02:19 - À travers cet ouvrage, vous nous prenez par la main.
02:22 Vous nous entraînez dans les coulisses de l'Opéra, qui est un lieu
02:25 qui reste extrêmement mystérieux.
02:27 C'était ça aussi le but de cet ouvrage, de dépoussiérer tout ça sur
02:32 un lieu qui, finalement, ne prend pas de poussière.
02:34 - Oui, c'est vrai que moi, j'ai une passion pour l'Opéra parce que
02:38 je trouve que c'est le seul spectacle qui réunit tous les arts.
02:43 Ça réunit évidemment l'art du chant, du jeu d'acteurs, des décorateurs,
02:48 des costumiers, de la musique et de la danse.
02:51 Enfin, c'est pour ça, c'est rarement totalement réussi.
02:55 Mais quand c'est vraiment réussi, mais on sort de là, on marche au-dessus
03:03 du trottoir.
03:04 Donc, c'est quelque chose d'exceptionnel, l'Opéra, à cause
03:08 de la conjugaison des talents.
03:11 Et voilà, moi, je voulais montrer, je voulais raconter Callas en creux.
03:17 C'est-à-dire, j'ai voulu partir d'un personnage qui est quelqu'un
03:22 d'assez ordinaire.
03:23 Il se trouve qu'elle a une belle voix.
03:24 Elle chante bien, comme sa mère, comme sa grand-mère.
03:26 Elle est repérée et elle fait des débuts fracassants parce qu'elle
03:30 est jeune et qu'elle a une belle voix.
03:31 Mais ça ne l'intéresse pas vraiment.
03:34 Elle ne travaille pas beaucoup, etc.
03:35 Et elle se trouve confrontée à ce phénomène du siècle, Callas,
03:40 puisque elle chante en même temps que Callas.
03:43 Et elle ne comprend pas ce qui se passe.
03:46 C'est-à-dire que ce qui m'intéressait, c'était de décrire Callas à travers
03:51 quelqu'un qui la déteste et qui ne comprend pas du tout ce dont il s'agit.
03:54 Alors, il y a un moment que je trouve très croustillant, c'est que un de
03:57 ses amants l'emmène à la Scala le jour où la Callas joue la Traviata,
04:02 mise en scène par Visconti.
04:04 Et c'était un spectacle absolument sublime.
04:08 Et Callas était l'incarnation de la Traviata.
04:11 Et elle, elle dit "mais qu'est-ce que c'est que ça ?"
04:13 Mais on y croit.
04:15 L'opéra, c'est juste des jolis airs qu'on chante à la fin du repas.
04:19 Ce n'est pas cette femme qui se traîne par terre parce qu'elle est
04:21 poitrinaire, parce que son amant est parti, qui meurt et qui fait
04:25 pleurer toute la salle.
04:26 Elle ne comprend pas, finalement, à quel point l'opéra est un art
04:30 qui monte haut quand il est totalement assumé par les gens qui le font.
04:33 Ce qu'on comprend surtout, c'est la place des contatrices et ce qu'elles
04:36 vivent, c'est-à-dire qu'on se rend compte à quel point les rôles
04:38 qu'elles incarnent sur scène ne peuvent que les abîmer à terme.
04:41 - Oui, sauf si on est comme Carlotta, on passe à travers tout.
04:45 Elle veut juste montrer son si bémol et son contrut.
04:47 Donc, elle chante très, très longtemps.
04:50 Elle va jouer les jeunes filles jusqu'à plus de 60 ans, les jeunes
04:53 filles vierges, d'ailleurs, la plupart du temps, ce qui n'est pas
04:56 le cas dans sa vie.
04:57 Mais effectivement, si on a une âme artiste, ces rôles sont dévorants.
05:04 Je veux dire qu'Alas a interprété des sacrifiés.
05:07 Quasiment tous ses personnages mouraient sur scène.
05:10 Donc, elle avait rendez-vous avec les extrêmes de la passion et la
05:15 conclusion qui était la mort.
05:17 Elle a répété sa mort toute sa vie.
05:19 - Il y a un travail aussi de génération et de transmission à travers
05:23 cet ouvrage, Eric-Evanuel Schmitt, c'est-à-dire qu'il y a ce petit Enzo.
05:26 J'ai l'impression qu'il a beaucoup de vous.
05:28 Il crée des liens, il essaye de comprendre, il essaye de rendre
05:33 justice aussi.
05:34 Il a cette passion du chant, cette passion de la calasse, malheureusement
05:38 pour lui, puisque Carlotta Bernoulli, à chaque fois qu'il prononce ce
05:41 nom-là, on ressent que ça lui crée des limites, des crises dures,
05:44 ticères.
05:45 Mais en même temps, il a vraiment un respect incroyable pour le
05:50 travail de voix, pour le travail de la scène.
05:52 - Oui, et puis même dans cette vieille femme, il entend encore
05:56 cette voix qui a été belle.
05:59 Et puis, à la limite, il voudrait la réhabiliter, mais il n'arrive
06:03 pas à savoir si c'est une mythomane, s'il était vraiment bol ou
06:07 vraiment nul.
06:08 D'ailleurs, au fond, personne ne le sait.
06:09 - Même une chimère, d'ailleurs, ça a bon détendre par son grand-père.
06:13 - Mais Enzo, c'est un jeune homme qui, comme ça arrive toujours
06:17 et comme ça arrivera toujours, qui a un jour été emmené par quelqu'un
06:20 à l'opéra et qui a pris les voix comme ça dans son corps, parce que
06:24 c'est ça qui est extraordinaire à l'opéra, c'est que c'est physique.
06:27 Ça n'a rien à voir avec les concerts où tout est amplifié, etc.
06:29 La production du son n'est pas soutenue par de la technique.
06:33 C'est des athlètes de la voix qui, tout d'un coup, ne passent pas
06:36 dessus un orchestre.
06:37 Et mais c'est quelque chose qui se passe dans le corps qu'on ne
06:41 comprend pas et on y retourne pour essayer de comprendre.
06:44 Et on ne comprend jamais.
06:45 C'est pour ça qu'on passe sa vie à l'opéra.
06:46 - Le point de départ, d'ailleurs, vous concernant avec Emmanuel Schmitt,
06:49 après vos études, c'était surtout cette preuve de piano qui vous...
06:53 Il y a eu un rapport, une sorte de déclic vous concernant.
06:56 C'est vrai que la musique, quand on regarde bien, même dans vos
06:58 œuvres, vous avez abordé quand même pas mal, que ce soit Mozart,
07:01 Beethoven, Verdi.
07:03 Vous avez abordé énormément de compositeurs qui ont marqué.
07:08 Et là, vous vous attaquez à la calasse.
07:09 Et quand on vous lit, on se rend compte qu'il y a une vraie musicalité,
07:12 comme une partition de musique.
07:14 Est-ce que vous êtes un musicien ou un chef d'orchestre ?
07:16 - Je suis un écrivain qui écrit avec la nostalgie de n'avoir pas été
07:20 musicien.
07:21 Mais effectivement, tous les musiciens me disent "mais c'est fou,
07:24 tu écris de la musique dans ton écriture perpétuellement".
07:27 Non, mais moi, j'ai été sauvé par une femme qui chante.
07:29 J'avais 15 ans, je faisais cette dépression des adolescents et j'avais
07:37 peur d'entrer dans la vie.
07:39 Et je voulais vraiment...
07:40 J'avais planifié mon suicide, mon départ.
07:42 J'étais dans ces conditions-là.
07:44 Et puis, on m'a emmené à l'opéra et une femme est entrée et elle s'est
07:50 mise à chanter.
07:51 C'était Dove et Sono, un air de Mozart, dans les noces de Figaro.
07:55 Et pendant quatre minutes, la beauté m'a sorti de mon marasme.
08:02 Je me suis dit "s'il y a des choses comme ça sur Terre, je reste".
08:05 Et en fait, vous voyez, le chant, une femme qui chante, Mozart,
08:09 c'était une clé, la clé de tout ce qui est digne d'être admiré dans
08:13 le monde, de tout ce qui le fait vibrer, de tout ce qui nous rend la
08:17 vie plus intense.
08:18 Et c'est ça qu'on va chercher quand on va au-devant de l'art.
08:21 Cette espèce de grande émotion qui donne la force de vivre et après
08:25 la force de transmettre aux autres.
08:26 Voilà, moi, cette femme, un jour, quand j'avais 15 ans, m'a sauvée.
08:30 - C'est quoi votre but aujourd'hui ?
08:31 C'est de transmettre aussi ?
08:32 - Transmettre, bien sûr.
08:33 - On le voit d'ailleurs à travers les volumes que vous venez de nous
08:39 offrir.
08:40 - Ma seule légitimité, pour moi, c'est d'être un passeur de culture,
08:46 mais aussi un passeur d'extase, un passeur de sens du mystère,
08:50 un passeur de l'épaisseur de l'existence.
08:56 Parce qu'on vit dans un monde tellement matérialiste que tout est
09:00 objet, tout est concept.
09:02 Non, non, la vie, c'est beaucoup plus intéressant que ça.
09:05 Et je pense qu'avec les mots, avec un bon usage des mots, on arrive
09:09 à réaboucher le lecteur avec les sensations fondamentales.
09:15 - Vous avez réagi tout à l'heure quand j'ai parlé du fait que vous
09:18 étiez un raconteur d'histoire, même un faiseur d'histoire.
09:20 Ça vous convient, ça, comme terme ou pas ?
09:22 - Faiseur d'histoire, je n'ai pas cette réputation, parce que je suis
09:25 assez facile.
09:26 - Dans le bon sens du terme, vous dire.
09:27 - Bien sûr, oui.
09:28 Moi, je sens un conteur.
09:30 Quand on me demande parfois pour une émission, qu'est-ce qu'on met ?
09:34 Je dis, mais t'es écrivain, parce que j'ai aussi fait des films,
09:37 des pièces de théâtre et je monte parfois sur scène.
09:40 Mais conteur, en fait, dans tous les cas, il s'agit de...
09:42 Je raconte, je raconte des histoires.
09:45 - L'écriture vous a donc permis de vous trouver, Eric Emmanuel Chimie,
09:48 d'accomplir des rêves que vous aviez en secret, peut-être de vaincre
09:52 aussi votre, entre guillemets, timidité de départ ?
09:55 - Oui, me trouver et trouver les autres.
09:58 De plusieurs façons.
10:01 On est écrivain que si on est empathique, que si on sait saisir
10:06 le monde à travers les autres et des tas de personnages, surtout,
10:09 par exemple, au théâtre.
10:10 Et donc, en écrivain, je suis devenu mille autres.
10:14 Et puis, deuxième conséquence, j'ai rencontré les autres,
10:17 les lecteurs, les spectateurs, etc.
10:19 Moi, me connaître, je ne suis pas un grand partisan de l'exploration intérieure.
10:26 Vous savez, Socrate...
10:27 - Pourtant, c'est une quête, ce que vous faites.
10:28 Il y a un travail, en tout cas.
10:30 - Socrate disait "Connais-toi toi-même".
10:31 Moi, je dis toujours "Mais connais-toi toi-même", parce que je n'ai pas
10:36 envie de toucher à cet équilibre ou à ce déséquilibre qui me rend
10:39 heureux et fécond.
10:41 Vous voyez, il me semble que si je m'y attaquais, peut-être que ça
10:45 pourrait pencher.
10:46 - Le point commun à tout ça, que ce soit l'écriture, la réalisation,
10:51 le cinéma, le fait de monter sur scène, j'ai le sentiment que c'est
10:55 la sensibilité qui vous habite.
10:57 Est-ce que c'est difficile au quotidien, Éric-Évanuel Schmitt,
10:59 de gérer cette sensibilité-là ?
11:02 - Ça l'a été longtemps.
11:03 Oui, oui, oui.
11:04 C'est d'ailleurs pour ça que, quand j'avais 17-18 ans, j'ai décidé
11:07 que je ferais des études très intellectuelles, si possible
11:10 de la philosophie, pour essayer de me donner une structure,
11:13 une colonne vertébrale qui m'empêcherait de m'effondrer sous
11:16 les émotions qui me tombaient dessus.
11:18 Oui, oui.
11:19 J'ai longtemps eu peur de mourir d'émotions.
11:22 Et d'ailleurs, mes amis le savent.
11:24 Quand je dois vivre un grand événement, ils disent "Oh là là,
11:27 comment Éric va réagir ?"
11:28 Je pense que la philosophie et ensuite les mots pouvoir articuler
11:35 enfin les émotions et en faire quelque chose, ça m'a sauvé.
11:40 - Kallas, on a le sentiment que c'est le même processus,
11:43 mais avec sa voix, le fait de chanter l'a sauvé à plusieurs
11:46 reprises et finalement, ça a fini par la détruire.
11:48 Comment vous décririez Maria Kallas ?
11:52 Qui était-elle ?
11:53 - Je crois qu'elle était totalement dévouée à son art.
11:58 Quand on entend ses interviews, c'est extraordinaire.
12:01 Elle dit "Nous sommes sur Terre pour transmettre la vie,
12:05 que ce soit en ayant des enfants, elle, elle n'a pas pu, ou en
12:08 transmettant l'art, la beauté."
12:10 Je crois qu'elle avait vraiment le sentiment d'avoir réussi sa
12:14 mission, seulement avoir réussi son devoir, ça ne rend pas
12:16 forcément heureux.
12:17 Elle avait pris du retard dès le départ sur les histoires d'amour
12:20 parce que c'était une enfant mal aimée.
12:22 Et après, elle a d'abord épousé une sorte de papa qui s'est occupé
12:28 de sa carrière, etc.
12:29 Et tout d'un coup, la passion sensuelle, elle la trouve
12:31 évidemment avec un homme volage, libertin, qui est honnaciste.
12:35 Et elle ne voit pas du tout que...
12:37 Alors elle, elle s'éveille enfin.
12:38 - Armateur grec, d'ailleurs.
12:39 - Armateur grec, milliardaire, grec comme elle.
12:43 Et elle ne voit pas du tout qu'elle est typiquement allée vers
12:47 l'homme qui allait effectivement réveiller la femme en elle,
12:50 mais l'abandonner très vite.
12:51 - Les histoires d'amour finissent toujours mal.
12:53 De toute façon, c'est bien connu, non ?
12:54 - Oui, mais attendez, si elle rend heureuse pendant un certain temps.
13:01 - Je vais poser la question de savoir quel était votre instrument
13:03 préféré ?
13:04 La voix, l'écriture, la scène, vous mêlez tout ?
13:06 - La voix, définitivement.
13:09 Je peux oublier les traits exacts d'un visage.
13:14 Je n'oublie jamais la voix.
13:15 Des aides que j'ai perdues, j'entends toujours la voix.
13:19 Dans ma mémoire seulement.
13:21 Oui, parce que la voix, c'est le corps, c'est le souffle,
13:27 c'est l'émotion qui est au bord de chaque syllabe.
13:32 C'est l'élan ou l'absence d'élan.
13:35 Approche-toi quand on chuchote ou pousse-toi quand on crie.
13:41 C'est vraiment l'expression de l'âme.
13:43 Les yeux et la voix sont les grandes expressions de l'âme.
13:46 - Dans votre plume, c'est aussi pour ça qu'on entend votre voix à vous.
13:49 Pour terminer, la Bible de l'opéra, comme on la surnommait,
13:53 celle qui a révolutionné l'art lyrique pour beaucoup, la diva,
13:57 serait-elle éternelle et immortelle ?
14:00 - C'est certain qu'elle a acquis un statut...
14:03 Ça sera toujours une référence.
14:05 D'ailleurs, vous savez, il y a des émissions qui font parfois des écoutes à l'aveugle,
14:10 comme la tribune des critiques de disques, que j'écoute depuis que je suis adolescent.
14:14 Il n'y a rien à faire.
14:15 Aujourd'hui encore, quand on passe plusieurs versions d'un opéra à l'aveugle,
14:19 d'abord, on reconnaît tout de suite Callas parce qu'elle a une voix particulière
14:23 qui n'est pas la plus belle du monde, mais qui est extrêmement typée.
14:27 Mais après, son art du chant, à chaque fois, est indépassable.
14:30 À chaque fois, les critiques disent "il faudrait qu'on l'enlève de la sélection
14:33 pour trouver à nouveau numéro un", mais elle est toujours là.
14:36 C'est tout ce qu'elle a fait, elle l'a fait au sommet.
14:39 C'est des voix qui portent à la fois les souffrances du corps
14:44 et les possibilités d'extase du corps.
14:46 C'est des voix qui viennent vraiment de loin.
14:47 Et alors, ces voix-là, on ne s'enlâchera jamais.
14:50 - Merci beaucoup, Eric-Emmanuel Schmitt, d'être repassé dans le monde d'Élodie
14:53 sur France Info.
14:54 Votre nouveau livre s'intitule "La rivale",
14:56 un regard sur l'une des plus belles voix jamais entendues à travers le monde entier.