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Le professeur des universités Gilles Kepel, à propos de l'idéologie wokiste, dans le Grand Rendez-Vous : «C'est vraiment l'éradication qui est l'objectif et le remplacement par une autre manière de voir les choses qui est complètement idéologique».

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Transcription
00:00 vous avez raconté la déferlante de la religion woke à l'université.
00:04 Est-ce que vous diriez aujourd'hui, certains disent que c'est des minorités qu'on en fait trop,
00:09 ou est-ce que vous vous dites que ce sont des minorités ?
00:11 Ou est-ce que vous dites non, cette idéologie est en train de tout submerger ?
00:14 - À l'université, ce qui se passe aujourd'hui, c'est un petit peu comme l'époque
00:19 où, quand j'étais jeune militant gauchiste, le marxisme, d'abord le Parti communiste,
00:25 qui dominait à l'université après la Seconde Guerre mondiale,
00:29 mais aussi la pensée gauchiste était complètement dominante dans les sciences humaines,
00:34 avec ses divers avatars, etc.
00:37 Puis ensuite, elle s'est décomposée en toutes sortes de choses
00:39 dont on peut aujourd'hui faire son miel,
00:42 même si j'ai rappelé que finalement, je me suis beaucoup interrogé sur le rapport entre
00:46 Gilles Deleuze et sa théorie du rhizome révolutionnaire
00:49 et la façon dont ça avait percolé pour les idéologues précurseurs de Daech.
00:55 Mais effectivement, c'est le cas aujourd'hui.
00:56 Je trouve quand même que j'ai l'âge que j'ai et que je prenne ma retraite très bien,
01:03 même si on me pousse le plus vite possible dehors pour que je disparaisse et ne puisse plus enseigner.
01:07 Mais il me semble quand même que les thèmes que nous avons évoqués aujourd'hui
01:12 ne sont pas totalement inexistants dans la société française
01:15 et que continuer à les étudier par d'autres, je ne suis pas éternel bien sûr,
01:20 même qu'ils pensent des choses très différentes,
01:22 mais qu'on étudie ce genre de choses, c'est quand même un impératif pour notre université.
01:26 On ne peut pas être démuni par rapport à ça.
01:28 Mais là, il y a un interdit, on ne peut plus étudier ça.
01:30 La vingtaine de livres que j'ai publiés depuis 40 ans,
01:33 traduits en autant de langues, ne sont pas nuls et non avenus, je pense.
01:37 Et tout d'un coup, c'est vraiment l'éradication qui est l'objectif
01:44 et le remplacement par une autre manière de voir les choses qui est complètement idéologique.
01:50 Alors par exemple, on n'étudie plus le monde musulman et arabe et méditerranéen,
01:58 on étudie le sud global, qu'on dit d'ailleurs en anglais,
02:02 parce qu'on ne pense aujourd'hui la pensée des coloniales, etc.
02:07 [Musique]
02:11 [SILENCE]

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