Le Frère Thierry Hubert et son équipe couvrent le voyage de François à Marseille pour France Télévisions
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00:00 Bonjour Frère Thierry Hubert ! Bonjour Céline !
00:02 Vous êtes prêtre chez les Dominicains, vous êtes depuis 5 ans le producteur du Comité
00:06 Français de Radio-Télévision qui fabrique notamment le Jour du Seigneur, émission qui
00:10 fête ses 75 ans cette année.
00:12 Et vous produisez aussi avec France 2 toute la couverture du service public sur la venue
00:16 du Pape aujourd'hui et demain à Marseille, avec notamment cette messe que va célébrer
00:20 François demain au Stade Vélodrome.
00:22 Vous le connaissez le Pape ? Vous l'avez déjà rencontré ?
00:24 Non, malheureusement, il ne m'a pas été donné de rencontrer le Pape François, donc
00:28 je serai très heureux de le découvrir à Marseille cet après-midi.
00:32 Il y a une rencontre qui est prévue entre vous ou pas du tout ?
00:35 Non, non, non, mais nous avons des équipes qui le suivent un peu plus près que moi-même.
00:41 Alors quel est votre rôle de producteur exactement là à Marseille, aujourd'hui et demain ?
00:44 Eh bien c'est-à-dire d'accompagner, d'abord on a la messe aussi dimanche de clôture de
00:51 ces grandes journées de rencontres méditerranéennes.
00:54 À la major ?
00:55 À la major, avec 70 évêques et puis tout le peuple et les fidèles de Marseille qui
01:02 voudront célébrer ce moment unique où tout d'un coup Marseille est devenue un peu la
01:07 capitale aussi de l'hospitalité, la capitale du questionnement sur cette question cruciale
01:14 de la migration.
01:15 Et donc on est très heureux de pouvoir produire cette messe-là et de donner ce message d'amitié
01:23 et d'ouverture que le pape François promeut depuis le début de son pontificat.
01:28 Ça va être un dispositif plus important que d'habitude ? Plus de matériel, de caméras
01:33 que pour une messe classique ?
01:34 Oui, oui, parce que la major est très grande et très belle, qu'il y aura aussi un duplex
01:41 avec une interview exclusive du cardinal Aveline, l'archevêque de Marseille, qui donnera les
01:46 conclusions de ces rencontres et de la journée avec le pape.
01:52 Et puis il y a aussi le dispositif de l'info de France 2 qui seront présents en duplex
01:59 aussi sur notre plateau.
02:00 On doit faire des répétitions pour une messe comme ça ?
02:03 Alors, c'est une très bonne question parce que théoriquement oui, sauf que là nous
02:08 n'avons pas le temps donc nous serons dans l'événement lui-même.
02:11 Nous avons eu la chance de pouvoir célébrer déjà il y a 15 mois Pâques à Marseille
02:17 et donc on a à peu près nos repères et donc on devrait s'en sortir.
02:22 Mais nous n'aurons pas les procédures classiques d'un week-end d'une messe télévisée en
02:28 province.
02:29 Pour une messe, revenons à ce mot classique, du dimanche, qu'est-ce qu'il y a à faire
02:34 quand on produit un tel événement ? Parce que c'est un peu toujours la même chose,
02:37 non ?
02:38 C'est un peu la même chose mais en même temps ce qu'il y a de fascinant, vous voyez,
02:43 c'est que la messe en direct à la télévision, qu'est-ce que c'est ? C'est un événement
02:48 en direct, ce qui n'est plus le cas de beaucoup d'émissions de télévision, dans un lieu
02:53 exceptionnel, ce qui pour le réalisateur est un défi acoustique, un défi lumière,
02:59 un défi de placement des caméras extraordinaire.
03:03 Et puis c'est un direct de proximité parce que 98% des gens qui vont faire cette émission
03:08 en direct, c'est la première fois qu'ils font de la télé, ils n'en feront plus jamais
03:11 de leur vie.
03:12 Donc vous voyez, c'est un produit audiovisuel qui est extraordinaire.
03:17 Y'a des prêtres qui refusent que leur messe soit filmée ?
03:19 Ah ben c'est-à-dire qu'une messe télévisée c'est trois à six mois de préparation en
03:24 amont avec les liens qu'on tisse avec la paroisse et donc si le prêtre dit "on veut
03:29 pas que vous veniez", comme ça mobilise une trentaine de personnes des services de
03:33 France TV Studio et de nos équipes, on ne peut pas venir comme ça à l'improviste
03:38 en se disant "tiens, vous faites dimanche son film".
03:41 Vous pouvez nous le dire frère Thierry Hubert, y'a des prêtres qui sont moins bons à
03:45 la télé que d'autres.
03:46 Le casting est important ?
03:48 Oui, oui, oui, oui, ou en tout cas on peut avoir des prêtres qui disent "ah mais moi
03:53 je ferais bien l'homélie parce que j'ai l'habitude de prêcher".
03:55 Sauf que c'est pareil.
03:56 Qu'est-ce que c'est qu'une homélie à la télévision ?
03:58 Et bien c'est huit minutes où on parle devant 600 000 à 700 000 personnes et à
04:04 part le président de la République qui fait un acte de lecture solitaire d'un texte,
04:09 y'a personne d'autre qu'un prêtre qui peut faire ça.
04:12 Et c'est une pression tout d'un coup considérable.
04:15 Et que le prêtre qui dit "ah ben moi je voudrais bien", finalement souvent dès
04:18 le mot d'accueil, il va un peu patauger.
04:21 La messe du jour du Seigneur attire en moyenne 600 000 téléspectateurs, ça peut atteindre
04:26 le million lors des grandes fêtes religieuses comme Pâques par exemple, c'était même
04:30 bien au-dessus du million pendant le confinement, on s'était parlé à ce moment-là, là
04:34 pour l'office de ce week-end, vous pensez que ça va attirer beaucoup, beaucoup de monde ?
04:38 Oui, c'est sûr que si on pouvait, je pense qu'on devrait, comme la messe du Pape cet
04:43 été à Lisbonne pour la clôture des JMJ, je pense que ce serait bien qu'on attienne
04:50 dernier quart d'heure le million de téléspectateurs.
04:52 C'est ce que vous visez ?
04:53 Oui, secrètement !
04:54 Bah non, vous venez de nous dire !
04:57 Humblement !
04:58 Alors je disais 600 000 téléspectateurs en moyenne, c'est beaucoup plus qu'avant
05:02 le Covid, qu'avant 2019, ça veut dire que la crise sanitaire a rapproché les Français
05:07 de la foi chrétienne ?
05:08 C'est-à-dire qu'on pourrait dire ça dans une première grande ligne, en allant dans
05:13 les détails, on pourrait se dire aussi que des gens plus âgés qui avaient l'habitude
05:18 d'aller en paroisse, ont continué un petit peu d'avoir peur, ou ont pris le rythme
05:24 de la messe dominicale.
05:25 Vous avez vidé les églises alors !
05:27 On peut peut-être parfois nous dire ça avec un public disons plus âgé, mais en même
05:33 temps on voit dans les statistiques que nous fournit Médiamétrie, qu'on a une moyenne
05:40 d'âge qui commence à rebaisser, ça veut dire qu'on continue d'avoir un public plus
05:46 jeune qui nous regarde, disons.
05:48 Alors en dehors de la messe, vous produisez 120 heures d'émissions chaque année, il
05:51 y a des reportages, des débats, des magazines, que vous mettez sur votre site lejourdusseigneur.com
05:57 et il y a, je crois, vous m'en avez parlé juste avant, un documentaire qui est en préparation
06:01 et qui me fascine.
06:02 Racontez-le nous, c'est en lien avec la venue du Pape à Marseille.
06:06 Oui, il y a quelques mois, j'avais vu passer sur les réseaux sociaux le projet de Paul
06:13 Delivron, qui est un jeune professionnel qui, il y a dix ans à Marseille, a eu un accident
06:22 qui l'a rendu paraplégique et il a eu l'idée, il y a six mois, d'offrir un fauteuil roulant
06:31 au Pape en bois parce qu'en sortant d'un voyage en Inde, il s'est dit "mais il faut
06:39 que je fasse un fauteuil roulant pour les pauvres et le bois c'est ce qu'il y a de
06:43 plus simple".
06:44 Et puis il a voulu faire ce prototype pour le Pape, qu'il va l'offrir à Marseille
06:50 et ce fauteuil avec à l'intérieur du fauteuil du bois de la charpente de Notre-Dame, puisque
06:57 la charpente est contemporaine de Saint-François qui est le nom de notre Saint-Père.
07:01 La boucle est bouclée et donc vous avez tout filmé de la conception jusqu'à ce cadeau
07:07 qui va être mon père.
07:08 Oui, c'est un documentaire qui va se terminer avec cette remise ce week-end.
07:11 Est-ce que votre portail numérique vous permet d'attirer un public plus jeune ?
07:14 Oui, oui, et nos réseaux sociaux n'ont pas du tout la même typologie, le même profil
07:21 que nos publics de la télé.
07:24 On a en plus la volonté d'ici quelques mois de sortir une grande plateforme VOD avec
07:33 une architecture, une présentation qui nous fera penser à des grandes chaînes de télé
07:42 qui sont déjà très performantes dans la VOD, dans les propositions de documentaires
07:47 et de films et qui devraient marquer pour ces 75 ans un beau tournant numérique du
07:54 jour du Seigneur et qui s'offre ainsi de pouvoir répondre à sa mission d'annoncer
08:00 l'Évangile et de l'espérance aux gens quand on est tous un petit peu grogui en
08:04 ce moment et de le faire sur tous les écrans.
08:07 Vous connaissez le Père Mathieu ? Oui !
08:09 Voilà, vous savez où je veux en venir.
08:11 Il a des milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux et lui aussi il a lancé une plateforme
08:14 dédiée à la foi chrétienne qui s'appelle Théostream.
08:16 C'est un concurrent ? Non pas du tout, il faut toujours se considérer
08:20 comme complémentaire.
08:22 Si vous voulez, toute l'histoire de l'Église montre des tendances un peu plus claires ou
08:27 un peu plus foncées, un peu plus marquées par ceci ou par cela.
08:31 Entre Saint François qui va épouser il y a 800 ans la pauvreté au milieu des gens
08:36 et Saint Dominique qui va plutôt rejoindre les gens par l'étude, il y a des manières
08:41 tellement différentes d'annoncer l'espérance chrétienne qu'il faut se réjouir de cette
08:47 multiplicité.
08:48 Comment est financé le comité français de radio-télévision ? C'est France Télé
08:53 qui met la main à la poche ? Ce sont les paroissiens ?
08:55 Alors pour les messes c'est mixte puisque c'est une coproduction France Télévision
09:02 et le CFRT.
09:03 Et le CFRT est ensuite une association de loi 1901 qui vit grâce à peu près à 300
09:09 000 donateurs si on compte sur deux exercices.
09:14 Dans chaque pays où il y a une émission comme le Jour du Seigneur, c'est un prêtre
09:18 qui en est le producteur ou vous êtes une bizarrerie frère Thierry Hubert ?
09:23 Et bien on peut dire que la France est une bizarrerie et que dans ce questionnement d'ailleurs
09:28 sur la laïcité, c'est ce génie qui est venu dès le début de la télévision d'offrir
09:35 un espace à l'ensemble des religions parce que précisons que le Jour du Seigneur est
09:40 la septième émission des chemins de la foi qui commence à 8h30 avec les bouddhistes
09:46 sur France 2 et qui se termine à partir de 10h30 par le Jour du Seigneur.
09:51 Et que c'est là une expression très variée des sensibilités des traditions religieuses
09:57 et qui permettent à des gens de découvrir aussi toutes ces richesses.
10:01 Et que ça c'est unique en Europe et que c'est dû à l'histoire où la télévision
10:09 française s'est créée avec des ingénieurs et des responsables qui étaient très sensibles
10:16 à la question religieuse.
10:19 Il y a l'ouverture au monde juif et puis orthodoxe et puis en 81 c'est François
10:24 Mitterrand qui propose l'islam en revenant d'un voyage en Egypte et puis en 96 c'est
10:32 l'arrivée des bouddhistes.
10:34 On vous souhaite un très bon voyage à Marseille et une belle rencontre avec le pape François.
10:38 Merci d'être venu Frère Thierry Hubert.