Haut-Karabakh : "Les Azerbaïdjanais n'ont pas déposé les armes", assure le représentant de la province en France

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Transcript
00:00 - Et nous sommes en plateau avec Yovannes Guivorcquian.
00:02 Bonjour, merci de répondre à France 24.
00:04 Vous êtes le représentant du Haut-Karabagh en France,
00:05 je le disais en titre.
00:07 D'abord, que retenez-vous, que retirez-vous
00:10 de ce 1er entretien, de cette 1re rencontre ?
00:12 L'Azerbaïdjan parle de discussions constructives.
00:17 - Monsieur, ce qui s'est passé depuis 2, 3 jours,
00:20 il y a une guerre de la part de l'Azerbaïdjan,
00:22 une violence, et par cette guerre,
00:24 l'Azerbaïdjan nous a imposé une reddition.
00:27 Nous avons déposé les armes, on parle de cessez-feu,
00:29 mais c'est une vraie reddition,
00:30 parce que les Azerbaïdjanais n'ont pas déposé les armes.
00:33 Ils continuent à tirer sur nous,
00:35 et c'est la raison pour laquelle je ne parlerai en aucun cas
00:37 de ces cessez-feu.
00:40 Et derrière, il y a une imposition de négociations,
00:44 une théâtralisation de discussions, qu'on appelle un dialogue.
00:49 Le couteau sur la gorge, l'Azerbaïdjan va imposer le diktat,
00:53 parce que ces négociations, comme vous le dites,
00:56 se déroulent après la violence exercée par l'Azerbaïdjan,
01:02 par cette dictature qui nous impose ces discussions.
01:06 Je n'attends, je ne peux attendre rien de positif.
01:10 -Alors pourquoi participer à ces discussions ?
01:12 -Parce que nous sommes le couteau sur la gorge,
01:15 parce que l'Azerbaïdjan menace de tuer nos civils,
01:19 parce que l'Azerbaïdjan ne laisse même pas un couloir humanitaire
01:22 pour que nos civils puissent sortir du pays
01:25 et avoir le droit de l'exode.
01:26 C'est ça, la situation au Karabakh, c'est ça, la réalité au Karabakh.
01:30 -Pouvez-vous nous dire ce qu'il se passe aujourd'hui ?
01:33 On a passé le témoignage d'une habitante,
01:36 d'une Arménienne du Haut-Karabakh,
01:37 qui dit qu'il y a encore des bombardements aujourd'hui à Stepanakert.
01:42 -Je vous le confirme, il y a des tirs, il y a des bombardements.
01:45 Nous ne savons pas, là où il y a des soldats azerbaïdjanais,
01:48 comment la population arménienne est traitée.
01:51 Nous craignons le pire, qu'ils soient volés, tout simplement.
01:56 Ils doivent être séquestrés, voire tués,
01:58 parce que nous n'avons aucune information de ces villages
02:01 qui sont passés sous le contrôle azerbaïdjanais.
02:05 Une fois encore, nous avons été contraints de déposer nos armes
02:08 parce que nos maigres forces d'autodéfense
02:11 n'ont pas pu, seules, face à cette machine de guerre
02:14 de la dictature azerbaïdjanaise, tenir plus de 48 heures.
02:18 Donc il y a eu une rédition.
02:20 Aujourd'hui, l'Azerbaïdjan impose ces conditions.
02:24 -Les intentions de Bakou sont claires.
02:26 Nous avons reçu tout à l'heure l'ambassadrice
02:29 de l'Azerbaïdjan, ici, en France.
02:31 Elle parle de réintégration des habitants du Haut-Karabakh
02:33 dans la vie sociale, économique.
02:36 On va l'écouter. On va écouter un extrait.
02:39 -L'Azerbaïdjan a déclaré plusieurs fois, au plus haut niveau,
02:43 que nous considérons les arméniens,
02:45 les résidents arméniens de Karabakh
02:47 en tant que les citoyens de l'Azerbaïdjan.
02:49 Bien sûr, c'est à eux de décider de devenir citoyens au pain,
02:53 mais du point de vue droit international,
02:56 ces Arméniens, ils sont résidents du territoire azerbaïdjanais.
03:00 Et bien sûr, même hier, le président a déclaré que,
03:03 si on parle des droits certains pour les Arméniens,
03:06 qu'on donne ces droits aux autres représentants
03:09 des minorités dans l'Azerbaïdjan.
03:11 Ce sont des droits éducation, ce sont des droits culturels,
03:14 ce sont des droits municipaux.
03:16 Et bien sûr, ces questions, on va discuter
03:18 avec les représentants des résidents arméniens de Karabakh.
03:22 Votre réaction ?
03:23 -Si la situation n'était pas aussi tragique,
03:25 ce serait drôle que l'Azerbaïdjan ou sa représentante
03:28 parle du droit international.
03:30 Cela fait 9 mois, monsieur, que le même Azerbaïdjan
03:33 affame les Arméniens du Haut-Karabakh.
03:36 9 mois, soi-disant, les citoyens ou les résidents du Haut-Karabakh,
03:41 qui seraient des citoyens de l'Azerbaïdjan,
03:43 sont affamés parce qu'arméniens
03:46 et parce que ces Arméniens
03:51 veulent tout simplement vivre en paix
03:54 et vivre sur un territoire où ils vivent depuis des millénaires.
03:58 -Vous ne croyez pas les garanties qui sont avancées par Bakou ?
04:01 -Prenez toutes les villes de l'Azerbaïdjan
04:02 qui sont sous le contrôle effectif de Bakou.
04:05 Vous ne trouverez pas un seul Arménien,
04:08 un seul Arménien vivant.
04:10 C'est ça, la réalité en Azerbaïdjan.
04:12 Alors, on peut tout dire,
04:14 on peut dire tous les jours des promesses.
04:17 Cela engage tous ceux qui les entendent, bien entendu.
04:21 Mais il y a des régions entières
04:23 qui étaient jadis peuplées d'Arméniens.
04:26 Aujourd'hui, et depuis quelques années,
04:29 l'Azerbaïdjan a pris le contrôle de ces régions.
04:31 Il n'y a pas un seul Arménien dans ces régions.
04:33 -Donc, vous n'avez aujourd'hui aucun espoir de garantie
04:36 pour votre sécurité, pour la vie des habitants du Haut-Karabakh ?
04:40 -Garantie par l'Azerbaïdjan ?
04:42 Celui-même qui nous affame depuis 9 mois,
04:44 malgré l'ordonnance de la Cour internationale de justice.
04:48 -Alors, pourquoi vous asseoir à la même table qu'eux ?
04:51 -Mais je vous explique, monsieur, c'est un couteau sur la gorge
04:55 que l'Azerbaïdjan théâtralise cette négociation, cette discussion.
05:00 Voyez-vous, nous n'avons pas le choix d'y aller.
05:02 Sinon, les gens seront morts, seront emprisonnés.
05:05 -Donc, vous espérez quand même quelques avancées,
05:08 même un infime espoir de garantie ?
05:10 -Tout ce que nous espérons, c'est aujourd'hui,
05:12 c'est qu'un couloir humanitaire soit laissé
05:15 et qu'un massacre ne soit pas produit sur place en Azerbaïdjan,
05:18 parce que, je vous répète, l'Azerbaïdjan, aujourd'hui,
05:20 ne laisse pas la population arménienne,
05:22 ceux qui veulent partir, quitter le territoire du Haut-Karabakh.
05:26 Nous demandons un seul droit, le dernier,
05:29 que nous puissions fuir, en fait, avoir le droit à l'exode
05:33 pour que ces personnes d'origine arménienne
05:36 ne soient pas, une fois de plus, tuées,
05:39 comme l'Azerbaïdjan le fait depuis des décennies.
05:41 -Fuir en Arménie, bien sûr ?
05:42 -Fuir en Arménie, bien sûr,
05:43 où leur sécurité, au moins, est garantie.
05:48 -Vous parliez de ce blocus humanitaire,
05:51 blocus depuis 9 mois sur le Haut-Karabakh,
05:54 avec ce corridor de la Chine qui est fermé par l'Azerbaïdjan.
05:59 L'ambassadrice, écoutez-la,
06:02 tout à l'heure, nous dit que des camions humanitaires
06:04 vont atteindre le Haut-Karabakh.
06:06 On ne sait pas par quelle route.
06:10 On va l'écouter.
06:12 -On n'a pas atteint 9 mois.
06:15 -Le corridor de la Chine est fermé depuis 9 mois.
06:17 Mais il y avait d'autres itinéraires,
06:19 il y avait d'autres routes, particulièrement,
06:22 je vous dis, la route de Aghdam-Rankandi,
06:24 qui a été proposée, qui est plus courte, plus efficace.
06:28 Mais cette route a été bloquée physiquement
06:30 par des séparatistes radicaux arméniens.
06:33 Et même aujourd'hui, il y a des camions
06:36 qui attendent toujours pour envoyer,
06:38 pour acheminer les deux humanitaires.
06:40 Et vous savez qu'il y a quelques jours
06:42 que, première fois, les deux routes
06:44 étaient fonctionnées simultanément.
06:46 Et bien sûr, on espère que les deux routes
06:50 vont être opérées à l'avenir.
06:53 -C'est le grand argument de l'Azerbaïdjan.
06:55 Vous auriez pu passer par d'autres routes.
06:58 -Et qui bloque la route ?
07:01 La route dont l'ambassadrice d'Azerbaïdjan parle
07:05 passe par l'Azerbaïdjan.
07:06 Donc nous, sur le territoire de l'Azerbaïdjan,
07:08 nous aurions pu bloquer une route
07:12 pour avoir les premières vivres.
07:15 -Monsieur Chacquy, est-il libre de croire
07:17 ou ne pas croire ce qu'une représentante d'une détective
07:20 dit par une propagande pure ?
07:22 Tout simplement, j'essaie de vous dire
07:24 qu'il n'y a pas seulement
07:28 l'alimentation qui manque.
07:32 L'électricité est coupée depuis 9 mois au Karabakh.
07:35 Le gaz est coupé depuis 9 mois au Karabakh.
07:37 Qui les coupe ? Qui les coupe ?
07:39 Les médicaments manquent depuis 9 mois au Karabakh.
07:43 La famine est une arme.
07:45 Aujourd'hui, dans la main de l'Azerbaïdjan,
07:47 même après la réédition, l'Azerbaïdjan n'a pas établi
07:50 le gaz, n'a pas établi l'électricité,
07:51 n'a pas encore donné accès à des ONG humanitaires.
07:56 J'aurais aimé qu'aujourd'hui, face à vous,
07:59 l'ambassadrice de l'Azerbaïdjan dise
08:00 "Oui, nous avons donné accès aux journalistes étrangers",
08:04 par exemple.
08:05 "Nous avons donné accès aux ONG humanitaires."
08:07 Est-ce que c'est le cas ou pas ?
08:09 Ils ont fermé, ils ont créé un camp de concentration.
08:12 Personne ne peut sortir, personne ne peut entrer
08:14 dans ce camp de concentration.
08:16 Nous sommes mis dans des cages comme des animaux.
08:19 Et madame l'ambassadeur ose parler que c'est de notre faute
08:23 que nous n'avons pas à nourrir.
08:25 C'est ça, la réalité, la situation au Karabakh.
08:28 -Une dernière question.
08:29 Quels sont vos liens aujourd'hui avec les autorités de Yerevan,
08:34 avec Nicole Pachinian ?
08:35 Est-ce que vous pouvez nous confirmer
08:36 qu'ils ne participent pas aux négociations ?
08:39 -Je le confirme. La République d'Arménie
08:40 ne participe pas aux négociations.
08:42 Merci Monsieur Guy Bourquian, représentant du Haut Carabar, ici en France.

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