• l’année dernière
Breakeuse professionnelle, Camille Regneault est tombée dans la culture hip-hop grâce à la danse. Aujourd'hui athlète en équipe de France de breaking, elle attend de décrocher sa qualification pour les JO de Paris 2024 et évoque l'inclusivité qui règne dans ce milieu et dans sa discipline.
Transcription
00:00 Je me suis entraînée comme une folle et à la fin de cette année-là,
00:02 j'ai été championne de France.
00:03 Je me suis dit vraiment, tout est possible et quand on croit en ses rêves
00:06 et qu'on va jusqu'au bout, on peut vraiment y arriver.
00:08 Salut, moi c'est Camille.
00:14 Je suis à tête en équipe de France de breaking
00:16 et aussi chorégraphe de ma compagnie de danse qui s'appelle Yeyellow.
00:19 Et ça, c'est ma mascotte, Pikachu.
00:22 J'ai découvert la culture hip-hop par le rap.
00:24 J'ai découvert le graph, le DJing, mais aussi la danse.
00:28 Et dans la danse, ce que j'ai préféré, c'était vraiment le break.
00:31 Il y avait des figures super impressionnantes,
00:34 avoir un style vraiment propre à soi.
00:35 De faire ressortir sa personnalité, en fait, dans la danse,
00:38 ça c'est un truc qui m'a vraiment plu.
00:40 J'ai appris le break toute seule, en autodidacte.
00:44 Quand j'ai voulu en faire, j'avais à peu près 14-15 ans
00:47 et à cette époque-là, j'habitais en Picardie, en Haute-France.
00:50 Donc, il n'y avait personne qui faisait du break.
00:52 Il faut savoir qu'à l'époque, il n'y avait pas YouTube, pas d'Internet.
00:56 Et j'avais trouvé un reportage sur une chaîne de télé
00:59 qui parlait du hip-hop en général.
01:01 Dans cette cassette, au fond, en arrière-plan,
01:03 on pouvait voir des gens qui brekaient.
01:05 Je mettais pause sur la cassette,
01:07 j'essayais de refaire les mouvements, etc.
01:09 Ce n'était pas très facile.
01:11 Finalement, je n'ai rencontré que des personnes
01:12 qui faisaient une autre discipline de la danse hip-hop,
01:15 qui s'appelle du popping, qui n'a rien à voir avec le break.
01:17 En fait, c'est une danse qui se fait debout.
01:19 Je suis devenue danseuse professionnelle en faisant du popping.
01:22 Et ensuite, je suis entrée dans une compagnie de danse.
01:24 Dans cette compagnie, j'ai rencontré un breaker.
01:27 C'était vraiment mon rêve de faire du break.
01:28 Et je pensais qu'il était trop tard,
01:30 parce que j'avais à l'époque 23-24 ans.
01:32 Je le voyais breaker tous les jours.
01:34 Et je me disais, "Waouh, c'est ça que je voulais faire."
01:36 Et à 26 ans, j'ai vraiment décidé de me lancer.
01:39 Je ne voulais pas avoir des regrets.
01:41 Donc, je me donnais un an pour faire que du break
01:44 et voir ce que ça donnait.
01:45 Et du coup, je me suis entraînée comme une folle.
01:46 Et en fait, l'année d'après, donc l'année de mes 27 ans,
01:49 j'ai commencé à faire des battles.
01:50 Et à la fin de cette année-là, j'ai été championne de France.
01:53 Je me suis dit, vraiment, tout est possible.
01:54 Et quand on croit en ses rêves et qu'on va jusqu'au bout,
01:56 on peut vraiment y arriver.
01:57 En général, c'est bien d'avoir sa propre personnalité.
01:59 Du coup, je ne voulais pas trop me faire influencer
02:01 par des mouvements, etc.
02:02 Donc, mes influences, ça a plutôt été tout ce qui est manga.
02:05 Ça, c'est vraiment quelque chose qui m'inspire énormément.
02:08 Mes meilleurs souvenirs de carrière,
02:09 le premier, c'est quand j'ai gagné
02:11 mes premiers championnats de France.
02:12 Et ça m'a vraiment montré que c'était mon chemin
02:14 et qu'il fallait que je continue vers ça.
02:16 Mon deuxième meilleur moment,
02:17 c'était quand j'ai gagné un championnat du monde
02:20 qui s'appelle Unbreakable.
02:21 Super important, parce que c'était un gros battle international.
02:24 Et voilà, j'étais super contente de gagner.
02:26 Mon troisième moment, c'est...
02:27 En fait, j'ai gagné un battle contre des garçons.
02:30 Et j'ai gagné la qualif' Ile-de-France
02:32 dans la catégorie B-Boy.
02:33 Un super souvenir, parce que c'est vraiment
02:35 quelque chose dont j'étais fière.
02:37 Pour moi, l'état d'esprit du breaking
02:38 et de la culture hip-hop en général,
02:41 "Peace, love, unity", c'est ce qui se dit dans le milieu.
02:44 Le breaking a des valeurs très positives et très, très belles.
02:47 Moi, je n'ai jamais subi de préjugés
02:49 parce que j'étais une femme et que je faisais du break.
02:51 J'ai plutôt rencontré des personnes qui m'ont soutenue.
02:54 J'ai déjà entendu plutôt des filles, des fois, qui se freinent.
02:57 Des fois, j'entendais des filles qui me disaient
02:58 "Je ne peux pas faire cette figure-là parce que je suis une fille."
03:00 Malheureusement, j'ai l'impression que des fois,
03:01 c'est plus nous-mêmes qui nous bloquons,
03:03 alors que tout est possible.
03:04 Je trouve que dans la pratique du break,
03:06 je ne ressens pas l'inégalité entre hommes-femmes.
03:09 C'est une des rares disciplines où on peut faire des battles,
03:12 où il y a les hommes et les femmes qui sont mélangés.
03:14 Ça ne pose aucun problème.
03:15 Je trouve ça magnifique.
03:17 C'est propre à la culture hip-hop en général.
03:18 C'est vraiment une culture qui est vraiment inclusive,
03:21 qui inclut vraiment tout le monde.
03:23 Dans un battle, vous allez voir des enfants,
03:25 des filles, des garçons, des handicapés.
03:28 Ils vont tous concourir dans la même catégorie.
03:30 Ça, c'est un échange qui est merveilleux, incroyable.
03:32 On se respecte tous.
03:34 C'est ça que j'adore aussi dans le breaking.
03:36 Avec ma compagnie, Yéyélo,
03:38 on a des initiatives pour partager le break et parler du break.
03:42 On donne beaucoup d'ateliers en milieu scolaire,
03:44 dans beaucoup d'endroits, des conférences, des ateliers.
03:47 Pour moi, c'est super important de partager cette culture,
03:50 de partager le break.
03:51 Comme je vous le disais, ça a des valeurs magnifiques.
03:54 Je trouve ça bien de les partager.
03:55 Partager mon parcours, mon histoire, si ça peut aider aussi,
03:58 c'est vraiment quelque chose que j'aime faire.
04:00 Pour moi, les Jeux Olympiques de Paris 2024,
04:03 ce sera forcément un moment historique.
04:05 C'est la première fois qu'il y aura le break,
04:07 le breaking aux Jeux Olympiques.
04:09 C'est un moment que j'ai envie de vivre.
04:10 Maintenant que le break est rentré au JO,
04:12 ça n'a pas énormément changé pour moi
04:14 parce que je faisais déjà beaucoup de battles,
04:16 beaucoup de compétitions,
04:17 donc je m'entraîne vraiment de la même manière.
04:19 Après, ce qui a changé plutôt, c'est l'accompagnement.
04:21 Par exemple, maintenant, il y a un pôle à l'INSEP,
04:23 donc on peut venir s'entraîner à l'INSEP.
04:25 Ça, c'est quelque chose qu'on n'avait pas avant.
04:26 On est plus suivi médicalement.
04:28 Maintenant, la Fédération Française de Danse
04:30 qui est rattachée au breaking, ce qui n'existait pas du tout avant.
04:33 Bien sûr, on a plus d'opportunités
04:36 pour ce qui est sponsor, mécénat, etc.
04:38 Ma préparation, si je suis qualifiée,
04:41 ce sera beaucoup d'entraînement.
04:43 Mais c'est ce que je fais déjà, donc ça va.
04:45 Pour vous dire un peu ma façon de m'entraîner,
04:48 à peu près une heure d'étirement le matin.
04:51 Après, je fais à peu près 1h30 de préparation physique aussi le matin.
04:55 Après, je fais ma petite pause repas.
04:57 Et après, l'après-midi, je m'entraîne 2 à 3 heures
05:00 vraiment là sur ma discipline, le breaking.
05:02 Mon spectacle "Dos au mur",
05:04 c'est la première création que j'ai faite avec ma compagnie Yeyello.
05:07 C'est un spectacle avec deux breakers.
05:08 Donc, on est deux sur scène
05:10 et il y a un grand mur qui traite de la séparation,
05:12 des barrières qu'on peut avoir physiques,
05:14 mais aussi intérieurement, dans sa tête, etc.
05:17 C'est un spectacle en théâtre qui dure une heure
05:19 et qui est magnifique.
05:20 Venez le voir !
05:21 [Rires]
05:23 ♪ ♪ ♪

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