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Transcription
00:00 Et voilà le roi qui foule les Champs-Elysées, 36e déplacement officiel de Charles III qui
00:07 parle français couramment, on va en parler dans notre édition, qui a beaucoup voyagé
00:11 dans l'Hexagone en tant que prince héritier.
00:14 Il représentait sa mère en 1970 je crois, lors d'un mémorial après la mort de De Gaulle.
00:21 Et Charles III, le couple royal et le couple présidentiel qui se salue sur les Champs-Elysées.
00:33 Voilà, il y a des règles qui sont très précises.
00:37 Frédéric Donatel, le protocole qui autorise ou pas de toucher le roi.
00:43 Alors normalement on n'est pas censé le toucher.
00:46 J'ai vu Emmanuel Macron qui ne peut pas s'empêcher de passer la main partout, mais il faut savoir
00:53 que la révérence n'est pas une obligation pour la première dame.
00:56 Carla Bruni le faisait très bien quand elle était en face d'Elisabeth II.
01:01 Le protocole précise qu'on peut serrer la main au roi et à la reine.
01:06 Et le roi lui-même d'ailleurs, Charles III, est beaucoup plus tactile aussi que sa mère.
01:10 Il n'y a pas de fricto comme on dirait.
01:12 Il a pris des bains de foule, il serre les mains.
01:15 Est-ce qu'il est un peu plus loin du protocole ?
01:20 Non, je pense que c'est lié à sa personnalité.
01:23 C'est lié à sa personnalité.
01:24 Il a toujours été un peu enjoué.
01:26 De toute façon, même quand il était prince de Galles, il était très proche des gens.
01:29 Il n'hésitait pas à lever un verre de bière à la main, à chanter, à danser.
01:35 C'était le prince héritier.
01:37 Sa mère était beaucoup plus distante vis-à-vis des Britanniques ou vis-à-vis des gens qu'elle rencontrait.
01:42 Il faut attendre que le roi ou la reine vous parle avant de répondre.
01:47 Là, la grande question qui va être, c'est est-ce qu'il va aller à la rencontre des Français ?
01:51 Parce qu'il aime ce contact.
01:53 Souvenez-vous quand il y a eu...
01:54 Une voiture décapotable qui devrait descendre les Champs-Elysées.
01:57 Alors peut-être qu'il y aura un arrêt pour aller à la rencontre du public.
02:00 Souvenez-vous lorsqu'il y a eu les funérailles avant d'entrer à Buckingham.
02:03 Il a fait arrêter la voiture et il est allé au contact.
02:06 C'est une révolution.
02:07 Il y a même quelqu'un qui lui a fait une bise.
02:08 Il a fait une bise, oui.
02:10 En notre temps, on aurait dit que c'était un crime de lèse-majesté.
02:13 Mais là, pour le coup, effectivement, très moderne.
02:17 On va suivre la cérémonie qui commence.
02:19 De ravivage de la flamme et de dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu.
02:23 D'abord, les hymnes.
02:25 Voilà, "God Save the Queen".
02:27 Alors, "The King".
02:28 "The King", pardon, oui. On a changé des périodes.
02:31 "In national" de Columbo à Young-Etter, si je me rappelle.
02:34 Alors, allez-y. Peut-être que c'est un anecdote.
02:36 Donc, on va écouter.
02:38 (Musique)
03:02 (Musique)
03:22 (Musique)
03:42 (Musique)
04:03 (Musique)
04:16 Voilà, Emmanuel Macron et le roi Charles III qui passent en revue maintenant des troupes.
04:21 Par...
04:23 Devant... Sous l'arc de triomphe, pardon.
04:25 On a entendu "La Marseillaise" et "God Save the King".
04:29 Et une britannique, Frédérique de Natal, qui remonte à 1686, qui a une histoire bien à elle, c'est ça ?
04:34 Oui, alors que l'on doit au "Royal Séant" de Louis XIV, figurez-vous.
04:38 C'est un petit peu scabreux, mais l'histoire est véridique.
04:41 Eh bien, il faut savoir qu'à l'époque, notre pauvre Louis XIV se fait une déchirure anale.
04:47 Il faut l'opérer de toute urgence.
04:49 C'est la première fois qu'on va pratiquer cette opération sur le roi.
04:52 Autant vous dire que le chirurgien devait avoir certainement peur de finir au galère s'il ratait la chose.
04:57 Et Madame de Maintenon, qui voulant plaire au roi qui souffrait atrocement dans son lit à Versailles,
05:03 décide d'aller voir Lully et lui dit "Mais il faut composer une hymne pour apaiser les tourments du roi".
05:09 Et nous voilà donc avec "Dieu sauve le roi", tout est dit dans la phrase.
05:13 Donc on va jouer cela pendant un petit moment.
05:16 L'opération de la fameuse fistule royale va se faire.
05:19 Et figurez-vous qu'un certain Endel, passant chez Lully, entend ce thème et va l'adorer.
05:24 Il va lui le proposer au roi d'Angleterre qui dit "Banco".
05:27 - Ah mais on aime l'histoire, c'est magnifique. - Ah bah oui.
05:30 - Belle histoire. - Et voilà donc "God save the king", on le doit à la fistule de Louis XIV, incroyable mémoire.
05:36 - Et elle résonne encore, cette hymne en 2023. - Absolument.
05:40 - Peut-être une autre anecdote. - Là d'ailleurs je trouve que c'est la marche consulaire qu'on entend.
05:44 - Oui absolument, tout à fait. - Donc la marche consulaire pour le roi d'Angleterre.
05:47 Consul Napoléon Ier, avec qui on le sait, les relations n'étaient pas excellentes on va dire.
05:52 - Voilà, le temps passe. - Le temps passe et heureusement.
05:55 Là où il y a une belle complicité entre Emmanuel Macron et le roi Charles III.
06:00 Vous connaissez l'anecdote de leur rencontre ? Comment est-ce qu'ils se sont rencontrés chez Lussan en Paris Match ?
06:05 Alors je vous laisse peut-être le dire, non ?
06:07 Alors c'était à l'occasion du 75e anniversaire du débarquement de Normandie en juin 2019.
06:12 Allez-y si vous voulez Frédéric Donatel, ou je continue.
06:14 Alors Emmanuel Macron attiré par les nombreuses breloques du prince à l'époque,
06:19 avec cet humour très british qui le caractérise, il m'avait glissé.
06:23 Voilà ce qui arrive quand on attend très longtemps au marché du trône.
06:27 Humour british bien sûr.
06:29 Et ça avait marqué Emmanuel Macron visiblement,
06:32 qui va lui offrir une édition originale et numérotée des racines du ciel de Romagary,
06:37 ainsi qu'une médaille en or à l'effigie du roi, du monarque.
06:41 Voilà donc ces deux hommes qui rendent hommage aux unités militaires
06:47 qui se retrouvent autour de l'arc de triomphe.
06:50 Il y a une entente, vous le disiez Frédéric Donatel,
06:53 qui remonte à plusieurs années, presque une complicité entre eux.
06:57 Oui, oui, oui, allez-y Frédéric.
06:59 Ils s'entendent très bien.
07:01 Bruno, allez-y. Ils s'entendent très bien.
07:03 Oui, depuis 2019, le courant passe merveilleusement.
07:07 Autant d'ailleurs que cela a passé avec la reine d'Angleterre,
07:11 qui a, enfin, feu, Elisabeth II,
07:13 qui a quand même connu tous nos présidents de la République et de la Vème,
07:16 Juge de De Gaulle à Emmanuel Macron,
07:19 qui adorait venir en France.
07:22 Elle a fait plus d'une dizaine de visites officielles,
07:24 qui a été reçue majestueusement.
07:26 Elle s'entendait très, très bien avec Frédéric Mitterrand, par exemple.
07:28 Il y avait un très, très bon accord.
07:30 François Mitterrand.
07:31 Oui, pardon, François Mitterrand.
07:32 Elle pouvait aussi bien s'entendre avec Frédéric Mitterrand.
07:34 Qui d'ailleurs était présent, je crois, en 1992.
07:37 Mais elle s'entendait très bien avec François Mitterrand,
07:40 effectivement, qui lui adorait les rois.
07:42 On va suivre cette nouvelle séquence, donc, du dépôt de gerbe.
07:45 Sous l'arc de triomphe,
07:47 donc, ce déplacement devant la tombe du soldat inconnu
07:52 et le dépôt de gerbe commun entre le président de la République et le roi Charles III.
07:57 Ils vont ensuite raviver la flamme.
07:59 Oui, évidemment, le fait de raviver la flamme du soldat inconnu,
08:02 c'est aussi pour rappeler que la France et l'Angleterre ont combattu ensemble,
08:07 notamment pendant la Première Guerre mondiale,
08:10 et puis ensuite, évidemment, pendant la Seconde Guerre mondiale.
08:13 C'est aussi symboliquement pour célébrer cette entente,
08:16 non pas seulement en temps de paix, mais aussi quand les temps sont durs,
08:20 les deux pays, finalement, surmontent leur divergence et arrivent à s'entraider.
08:26 Et pourtant, la France et l'Angleterre sont beaucoup affrontées aussi dans l'histoire.
08:34 La guerre des Mides-en-Tours.
08:35 C'est un peu une espèce d'amour entre miel et fiel, nous et les Britanniques.
08:42 La guerre de Cent Ans y a été pour longtemps.
08:45 On n'a jamais oublié que Jeanne d'Arc a été brûlée par les Anglais,
08:49 enfin du moins par un élève français au service des Anglais.
08:53 Et puis il y a eu les guerres avec Napoléon. Waterloo reste quand même dans les mémoires.
08:57 Et même si, effectivement, nous avons combattu sous le même drapeau
09:00 durant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale,
09:03 il y a quand même eu une petite rivalité entre Winston Churchill et le général de Gaulle,
09:08 qui s'est un petit peu vengé plus tard quand l'Angleterre, enfin le Royaume-Uni,
09:12 a voulu entrer au sein de la communauté des États européens,
09:15 la CEE de l'époque, qu'on appelle aujourd'hui l'Union européenne.
09:18 Oui, d'ailleurs, le général de Gaulle disait que les Anglais dans l'Europe,
09:21 je ne me souviens plus de l'expression exacte, mais enfin, ça va être un peu le foutoir.
09:25 Finalement, peut-être qu'il n'avait pas si tort que ça,
09:28 puisque on a vu que les Anglais ont été des partenaires très difficiles.
09:32 On se souvient notamment de l'époque de Margaret Thatcher,
09:35 où elle disait « Give me my money back ».
09:38 Et la sonnerie aux morts qui retentit.
09:41 Il y aura ensuite une minute de silence et encore les hymnes qui vont s'élever.
09:45 On va les écouter.
09:47 (Musique)
10:03 (...)
10:32 (...)
10:44 (...)
11:13 (...)
11:28 (...)
11:57 (...)
12:26 (...)
12:33 Magnifique spectacle dans le ciel également,
12:36 puisque la patrouille de France est passée juste au-dessus du roi Charles III et d'Emmanuel Macron.
12:42 Elle ne sera pas la seule, puisqu'on attend également les fameux « Red Arrows » de la Royal Air Force.
12:49 18 avions qui passent dans le ciel parisien.
12:54 Peut-être encore le symbole de la coopération militaire cette fois entre les deux pays, Bruno ?
13:00 Oui, une coopération militaire qui se porte relativement bien,
13:05 qui a été un peu relancée d'ailleurs au dernier sommet franco-britannique,
13:09 qui a eu lieu au mois de mars à l'Elysée.
13:13 C'est à la fois pour rappeler cette bonne coopération militaire,
13:18 et puis c'est aussi un rappel historique de la manière dont les deux armées ont coopéré dans le passé récent,
13:25 notamment au XXe siècle.
13:27 Frédéric de Natale ?
13:29 Oui, après la coopération militaire, je n'aurais rien d'autre à ajouter,
13:33 ce qui a été dit, ce que je remarque surtout, c'est l'émotion qu'on a pu voir transparaître sur le visage du roi.
13:40 On a senti qu'il y avait quelque chose.
13:42 A-t-il songé à sa mère, bonne question, a-t-il songé à son père ?
13:45 Il ne faut pas oublier que le feu le Duc de Dimbourg, Philippe,
13:49 était très proche des régiments militaires, il a fait lui-même son service dans la marine,
13:54 il a excellé durant la Seconde Guerre mondiale,
13:57 c'est l'uniforme qui a plu à la jeune Elisabeth II,
14:00 qui avait à peine 14 ans à l'époque quand elle l'a rencontrée.
14:04 Et puis ce God Save the King chanté en pleine République, je trouve que ça ne manque pas de piquant quelque part.
14:11 Sylvain Rousseau, vous êtes sur place, vous avez bien de la chance,
14:15 c'est vrai que les Parisiens et les touristes sont gâtés, cette cérémonie est très réussie.
14:21 Oui, une cérémonie très solennelle, on a vu Emmanuel Macron et le roi Charles d'abord passer les troupes en revue,
14:31 écouter les hymnes, raviver la flamme, tout ce qui était prévu au programme,
14:35 le clou du spectacle finalement, ce n'était pas forcément le passage du roi Charles,
14:39 c'était vraiment cette image des avions de la patrouille de France,
14:43 suivie immédiatement derrière par leurs homologues de la Royal Air Force, les Reds à Rose,
14:48 trois couleurs, bleu, blanc, rouge.
14:51 C'est un peu l'avantage aussi, lorsqu'on partage les mêmes couleurs,
14:54 lorsque les deux patrouilles peuvent faire du bleu, blanc, rouge,
14:57 c'est beaucoup plus facile de mettre les avions les uns à la suite des autres que s'il fallait tout mélanger.
15:02 Mais effectivement, ces avions tout rouges qui suivaient vraiment de très près les avions de la patrouille de France,
15:08 le son de ces avions qui a déchiré le ciel parisien, c'était effectivement magnifique,
15:14 et tout le monde a retenu son souffle, tout le monde a regardé.
15:17 Après, c'est surtout maintenant dans la descente vers l'Elysée,
15:22 que les badauds, que les touristes qui sont sur le bord de la route,
15:26 sur le bord des Champs-Elysées vont pouvoir vraiment observer ce qui va se passer.
15:31 A priori, la voiture, ce sera une décapotable,
15:34 et puis, cela va prendre également plus de temps, le roi Charles et Emmanuel Macron vont mettre plus de temps
15:39 en descendant lentement vers le palais de l'Elysée,
15:42 pour que ceux qui sont venus voir, soit par curiosité, soit pour vraiment rendre hommage au roi Charles,
15:48 puissent vraiment profiter du spectacle, de la visite du monarque à Paris.
15:53 Signature du Livre d'Or, salut des portes-drapeaux en ce moment même,
15:58 salut du drapeau du Comité de la Flamme également,
16:01 salut de l'étendard de l'Institution Nationale des Invalides,
16:04 et puis salut des délégations britanniques et françaises, avant donc cette descente des Champs-Elysées.
16:09 Dites-nous, peut-être Sylvain, comment ça va se dérouler ?
16:12 Le roi et le président seront côte à côte, et leurs épouses seront dans une autre voiture, c'est ça ?
16:17 Alors, ce qu'on sait, c'est que le monarque et le président seront accompagnés par la garde nationale,
16:26 par la garde républicaine, 136 chevaux qui vont les escorter jusqu'à l'Elysée.
16:32 Effectivement, le roi Charles et Emmanuel Macron devraient descendre côte à côte.
16:36 Est-ce qu'il y aura un bain de foule ? Est-ce que le roi Charles va aller à la rencontre des gens,
16:42 du public qui aime assez sur le bord des routes ?
16:44 Nous ne le savons pas encore.
16:46 On sait qu'Emmanuel Macron est très friand de ce genre de bain de foule.
16:49 On sait que le roi Charles aimait bien ça, lui aussi, également,
16:52 et maintenant il est roi, c'est peut-être un petit peu différent, peut-être qu'il ne se le permettra pas.
16:56 Nous verrons ça lors de la descente, qui va commencer dans quelques minutes maintenant,
17:01 pour que les deux hommes se dirigent vers le palais de l'Elysée,
17:04 où ils auront un entretien en tête à tête, initialement prévu à 16h,
17:08 mais il semblerait que nous soyons un tout petit peu en retard sur l'horaire.
17:12 Effectivement, quelques minutes de retard.
17:15 Voilà donc la cérémonie sur l'Arc de Triomphe qui se poursuit.
17:20 Frédéric de Natal, vous avez souligné la gravité et l'émotion du roi Charles III lors de cette cérémonie.
17:31 Et puis cette hymne chantée "God Save the King" sous l'Arc de Triomphe,
17:36 les Français restent très attachés à la monarchie britannique.
17:41 Est-ce qu'on est plus royalistes que le roi, au final ?
17:45 C'est un débat qu'on lance.
17:47 C'est un grand débat.
17:48 Pour ce qui est de la question de l'attachement des Français,
17:51 dire que les Français seraient massivement royalistes,
17:55 ce serait peut-être un peu exagérer.
17:59 Alors figurez-vous qu'on n'en a jamais fait le deuil,
18:01 c'est peut-être pour ça qu'on est toujours en train de regarder du côté des monarchies,
18:04 que ce soit l'Espagne, Monaco ou le Royaume-Uni.
18:08 Il n'en demeure pas moins que c'est tout un paradoxe.
18:12 Vous le savez, vous l'avez souligné, en mai 793, nous avons guillotiné Louis XVI,
18:17 je repasserai dessus.
18:19 Et en même temps, on ne peut pas s'empêcher de regarder cette monarchie
18:22 qui est dans toute la symbolique, qui représente l'unité,
18:25 où un roi a cette position d'arbitre naturelle.
18:29 Quand on regarde les sondages, déjà on regarde les mariages royaux,
18:32 qui réunissent des millions de Français.
18:34 Il y a quand même quelque chose derrière
18:36 qui laisse sous-entendre que les Français gardent une certaine fibre royale.
18:39 On se passionne, on a fait rentrer cette famille royale britannique,
18:41 pour ne citer qu'elle, dans nos familles.
18:43 Elisabeth II est un petit peu la grand-mère de tout le monde.
18:45 Tout le monde la connaissait, elle a traversé 5 générations.
18:47 She was the queen.
18:49 Elle était une icône internationale.
18:53 Et puis quand on regarde un petit peu les chiffres,
18:56 on s'aperçoit quand même que les Français ont un sentiment d'attachement un petit peu perceptible.
19:01 Alors, je lisais en septembre 2022, Odoxa avait révélé
19:05 que 38% des Français rêvaient de monarchie.
19:08 38% ?
19:09 38%.
19:10 Alors, naturellement, dans les faits réels, un autre sondage de BVA en 2016,
19:14 disait que 17% des Français souhaitaient le rétablissement de la monarchie,
19:20 ce qui n'est quand même pas rien.
19:22 Et puis, toujours chez les Français, 44% pensent que la royauté est intemporelle,
19:28 est parfaitement adaptée à notre siècle.
19:30 C'est assez incroyable ces chiffres, et pourtant ce sont des enquêtes d'opinion,
19:34 difficile de les faire mentir.
19:37 Alors après, est-ce qu'on serait prêt à passer le cap ?
19:40 Rappelez-vous, en 2015, Emmanuel Macron avait dit "il manque un roi, t'as la France".
19:44 Et c'est vrai que c'est l'interprétation qu'il en fait, hein.
19:47 Il y a un traumatisme qui n'a jamais été comblé.
19:49 Oui, c'est à la fois un traumatisme, enfin il ne faut pas tout mettre sur la tête de ce pauvre Louis XVI,
19:54 l'expression est mal employée, mais enfin, sur la tête des révolutionnaires, plus exactement.
19:58 Mais ça a été notre histoire pendant des siècles et des siècles.
20:04 Donc, évidemment, ça reste quand même très fortement imprégné dans l'inconscient collectif, d'une part.
20:09 C'était aussi le temps de la grandeur de la France.
20:13 Il y a eu d'autres épisodes ensuite quand même, où la France aussi a été assez prestigieuse.
20:19 Donc il y a un peu de cette nostalgie, et puis les Français ont toujours gardé un tempérament,
20:26 peut-être aimé avoir un chef, qu'il s'appelle Louis XIV, ou Napoléon d'ailleurs,
20:32 c'est pas forcément un roi, ou Charles de Gaulle.
20:36 Je vous ressors une phrase de De Gaulle qui disait "les Français ont le goût du prince, mais ils vont le chercher à l'étranger".
20:42 Bref, la réalité c'est bien, mais pas chez nous.
20:45 Oui, alors je pense qu'ils ont gardé ce goût du prince, ce goût du chef, peut-être,
20:50 mais c'est toujours compliqué en France, parce que c'est toujours contrebalancé,
20:54 par le fait que moi je ne pense pas qu'une majorité de Français aimeraient avoir comme ça une famille royale,
20:59 qui vit dans des beaux palais, qui est immensément riche.
21:03 Le côté égalitariste des Français, forgé par deux siècles de lutte sociale, historique,
21:11 parce que vous vous rappelez que la République a quand même mis presque 100 ans à s'établir en France,
21:14 ça ne s'est pas fait non plus d'un claquement de doigts.
21:17 Mais il a ce côté monarque Emmanuel Macron, non ?
21:19 Je ne sais pas si ce serait tout le monde.
21:21 Il a ce côté monarque aussi Emmanuel Macron.
21:23 Ça c'est les institutions de la 5ème République.
21:25 Voilà, j'allais dire, c'est ça, il ne faut pas oublier une chose, c'est que la Constitution de 1958,
21:28 elle a été établie à travers d'abord tout notre héritage capétien,
21:32 et ensuite la charte de 1814, où de Gaulle s'est beaucoup inspiré.
21:36 Il souhaitait réconcilier les Français avec un État fort.
21:39 Les Français ne supporteraient pas d'ailleurs d'avoir un pouvoir faible.
21:42 On l'a vu, dès lors qu'un président est faible, les Français ne savent plus vers qui se tourner
21:47 et cherchent un arbitre, un leader qui leur permette de se diriger.
21:50 Après, il ne faut pas oublier une chose, de Gaulle a fait cette Constitution aussi dans un esprit
21:56 dont on n'aime pas trop parler ou du moins on essaye de minimiser la chose,
21:59 il souhaitait restaurer la monarchie. Dans les années 60, il y a eu un projet qui a été mis en place,
22:04 il y a eu des rendez-vous fréquents entre le général de Gaulle et le comte de Paris à l'époque.
22:07 L'Express, un magazine qui a pignon sur rue, avait titré en 1963 "Le comte de Paris, héritier de de Gaulle".
22:14 Donc on s'attendait à ce qu'il y ait une restauration.
22:16 Alors, ce ne serait pas fait comme ça, on n'aurait pas rappelé les carrosses,
22:19 mais il y a quand même eu, à travers l'histoire de France, en tout cas depuis le moment où on a renversé
22:23 nos rois et nos empereurs, parce que nous avons le 1er Empire, le 2nd Empire,
22:27 qui ont beaucoup marqué également l'histoire française, il ne faut pas l'oublier,
22:31 des tentatives de restauration de la monarchie.
22:33 Et oui, on a failli redevenir une monarchie.
22:35 Absolument, en 3ème République, l'Assemblée est entièrement composée de royalistes.
22:40 Même durant la 2nde guerre mondiale, le comte de Paris, vous savez, il y a un projet en Algérie française,
22:45 à l'époque où le comte de Paris tente de s'emparer du pouvoir après avoir fait assassiner Darlon.
22:50 Du moins, c'est une des thèses qui est en vigueur, parce qu'il y en a de nombreuses.
22:54 Je vous parlais des années 60, les mouvements monarchistes n'ont jamais disparu et sont encore là.
22:58 On en parlait dernièrement, d'ailleurs, au mois de mai, lorsque l'Action française,
23:02 qui est peut-être l'un des plus connus aujourd'hui, a fait plier le gouvernement pour manifester.
23:08 Et puis, vous avez toujours des commémorations, mais au-delà de ça,
23:11 vous avez le patrimoine français qui, lui, respire la monarchie.
23:16 Donc, partout où vous allez, c'est, ma foi, des représentations royales.
23:23 Et puis, si demain, nous avions une monarchie, il suffit de remplacer...
23:27 Oui, enfin, en partie, il y a évidemment beaucoup de représentations royales,
23:30 mais depuis le temps, il y a aussi beaucoup de représentations républicaines.
23:34 Donc, c'est un mélange, aujourd'hui. On ne peut pas dire qu'il n'y ait que des représentations royales.
23:38 Oui, mais elles ne sont pas inscrites dans un passé tel que nous connaissons.

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