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00:00 Va-t-on vivre une crise de l'apprentissage ? L'État veut faire 500 millions d'euros d'économies en prenant moins en charge les contrats.
00:06 Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire chez nous ?
00:08 Eh bien on en parle ce matin avec le directeur du Centre de formation des apprentis du bâtiment à Blanquefort, Thomas Coignac, c'est notre invité.
00:14 Bonjour David Labarbe.
00:15 Bonjour Thomas.
00:16 Qu'est-ce que ça va changer alors, cette annonce de l'État de vouloir faire des économies sur l'apprentissage ?
00:21 Est-ce que ça va changer ? Ce sont les résultats financiers des structures qui se doivent d'être évidemment à l'équilibre en fin d'exercice.
00:30 Nous, tout simplement sur les CFA du BTP de la Nouvelle Aquitaine, donc effectivement je dirige le CFA du bâtiment et des travaux publics de la Gironde, pour être très précis.
00:42 Tu accueilles combien d'étudiants d'apprentis ?
00:44 Nous accueillons, on va accueillir cette année plus de 1500 apprentis sur la Gironde et un peu plus de 4000 à l'échelle de la Nouvelle Aquitaine,
00:52 puisque nous avons 7 CFA sur le territoire Nouvelle Aquitaine entre l'ex-Aquitaine et l'ex-Limousin.
00:58 Et donc on va vous enlever 5% de votre budget, c'est ça finalement la conséquence concrète ?
01:01 On va enlever plus de 5% de notre budget à l'horizon 2025, ce sont pratiquement 2 millions d'euros de chiffres d'affaires à moins,
01:09 à laquelle nous allons être confrontés, donc ça veut dire que la marge que nous avons aujourd'hui, qui est de l'ordre en moyenne de 400 à 500 euros par contrat,
01:23 et bien elle va être totalement rognée.
01:26 Et qu'est-ce que vous allez faire avec cet argent en moins ?
01:29 Ce que nous allons faire, alors les solutions ne sont pas si simples à trouver,
01:34 nous allons évidemment essayer d'optimiser les coûts,
01:39 on le note tous, le prix de l'énergie qui a augmenté ces dernières années, le coût des matériaux,
01:50 vous savez nous formons à des métiers, nous en tention, des métiers plutôt artisanaux,
01:56 et qui nécessitent du coup des plateaux techniques,
02:00 ce ne sont pas des formations type tertiaires dans une salle avec un intervenant et puis des ordinateurs,
02:07 ce sont des plateaux techniques qui coûtent extrêmement cher, sur lesquels il faut investir,
02:12 pour lesquels il faut des matériaux, et l'inflation à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés depuis plusieurs mois,
02:21 qui est de l'ordre de 12 à 20% en fonction de l'activité des métiers, et tous les impacts.
02:27 - L'Etat avait massivement investi après le Covid, notamment dans l'apprentissage,
02:33 d'ailleurs un rapport gouvernemental parlait même de "politique surdimensionnée et inflationniste",
02:39 est-ce que ce n'est pas normal aussi qu'à un moment l'Etat reprenne ses billes ?
02:42 - On comprend tout à fait, il faut que ce mode de formation soit finançable,
02:49 - Il faut qu'il s'auto-finance ?
02:51 - S'auto-financer je ne sais pas, mais en tous les cas il faut que ce soit viable pour que ça dure,
02:56 en 2018 il y avait moins de 400 000 apprentis en France,
03:00 on est à 800 000 avec un objectif à 1 million en 2027,
03:04 mais on note en parallèle que le taux de chômage qui diminue c'est peut-être aussi dû en partie à cette réforme-là,
03:14 qui est la vraie réforme pour combattre le chômage du gouvernement précédent et de celui-ci,
03:19 peut-être qu'il y a des moyens aussi à aller chercher sur les économies à ce niveau-là et de l'unique,
03:24 il faut qu'on optimise évidemment nos frais de fonctionnement.
03:29 - Vous êtes prêt à faire des efforts de votre côté aussi ?
03:31 - De fait nous serons obligés de faire des efforts,
03:36 parce que nous nous considérons comme des aménageurs du territoire par les compétences,
03:42 et sans la formation professionnelle en alternance, certains métiers en tension le sauront encore plus.
03:49 - Vous êtes inquiet ou pas ? On ne sent pas spécialement d'inquiétude ce matin ?
03:53 - Actuellement nous ne sommes pas forcément inquiets,
03:55 parce que les CFA sont correctement remplis, voire très bien remplis,
04:01 on enregistre encore une croissance de 2 à 3% d'activités pour la rentrée en cours,
04:07 par rapport à une année qui était déjà assez faste.
04:10 Donc pour l'instant nous ne sommes pas inquiets,
04:12 mais les projections à 2025 pour ce qui nous concerne, ça va se faire progressivement,
04:16 mais une perte de 2 millions d'euros sur 34-35 millions, ce n'est pas neutre,
04:21 c'est en gros la marge que l'on dégage à ce jour.
04:24 - Et dans ces conditions on peut atteindre le million d'apprentis ou pas,
04:26 cet objectif du gouvernement ? Si l'état met moins ?
04:29 - Si l'état met moins, je ne sais pas dans quelle mesure le nombre d'apprentis pourra encore augmenter,
04:35 on note sur les formations niveau 3 encore cette année une belle croissance,
04:42 c'est lié aussi au contexte économique global,
04:46 je ne suis pas capable de dire si on l'atteindra,
04:51 mais en tous les cas il va falloir trouver un équilibre dans ce réajustement
04:57 et dans ces baisses de financement qui avaient été annoncées à plusieurs reprises,
05:01 qui ont été reportées, mais qui maintenant ne font rien.
05:05 - On entend effectivement ce besoin d'équilibre avec vous,
05:07 David Labarbe, directeur du centre de formation des apprentis du bâtiment et des travaux publics
05:12 de la Gironde et de la Nouvelle-Équitaine à Blanquefort,
05:13 merci d'avoir été avec nous ce matin, bonne journée à vous.
05:15 - Super, bonne journée. - Merci.

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