Qui est Jacky Ickx

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00:00 -Jacques Higgs, bonsoir. Vous connaissez tout le monde.
00:02 Hélène Grimaud, pianiste.
00:04 Eglantine Aiméier, animatrice de télévision.
00:06 Nimi Maty, comédienne.
00:08 Alain Lipietz, futur président de la République.
00:12 Et Thomas Dutronc, qui a exactement la même désinvolture que son père,
00:16 ce qui fait très plaisir à voir.
00:17 Moi, j'adore votre nom.
00:18 Parce que Higgs, ça me fait penser à quand j'étais petit,
00:21 on lisait les bandes dessinées...
00:22 Non, non, c'est pas ce que vous croyez.
00:24 Non, c'est que quand j'étais petit,
00:26 il y avait des bandes dessinées avec le pilote sans visage, comme ça.
00:28 C'était l'époque de Michel Vaillant.
00:30 Les dessins de gratons.
00:32 Et moi, pour moi, Jacques Higgs, c'est tout ça, c'est lié à tout ça.
00:35 Je suis très heureux de vous recevoir.
00:36 C'est un pilote de légende.
00:37 Vous avez gagné combien de Grands Prix ?
00:39 -J'ai gagné 8 Grands Prix.
00:41 -Et participé à combien ?
00:43 -116.
00:44 -Et au Mans, combien de victoires ?
00:45 6 ? -6.
00:46 -On vous appelait Monsieur le Mans.
00:48 Vous avez été nommé pilote des 24 Heures du Mans pour le XXe siècle.
00:52 C'est un énorme, ça, comme titre.
00:53 On vous appelait aussi Rainmaster,
00:55 parce que vous conduisiez fort sous la pluie, comme Schumacher.
00:58 Très fort sous la pluie.
01:00 C'est quoi le secret pour conduire sous la pluie ?
01:03 -Les bons essuie-glaces.
01:05 -Il n'y a pas beaucoup d'essuie-glaces en formulaire.
01:13 -Oui. C'est quoi le secret ?
01:14 -Je crois qu'il faut beaucoup de sensibilité.
01:16 J'ai fait beaucoup de moto avant de faire la voiture.
01:18 Ça m'a beaucoup aidé.
01:19 -Aujourd'hui, vous êtes toujours sur 4 roues.
01:21 Vous organisez des rallies, notamment le rallye d'Egypte.
01:24 Vous organisez aussi des courses.
01:26 Vous êtes directeur de course du Grand Prix de Monaco.
01:29 Dernièrement, directeur de l'épreuve des 69e 24 Heures du Mans,
01:33 les 16 et 17 juin derniers.
01:35 Et votre fille courait.
01:37 -Oui.
01:38 -Vanina.
01:39 -Vous connaissez beaucoup de choses de moi.
01:41 -On va voir. Vanina, une de vos filles,
01:43 allait dans l'écurie de Paul Belmondo sur Chrysler Viper.
01:47 Elle a 26 ans. C'était sa première participation.
01:49 Vous avez été content de ses performances ?
01:52 -J'aurais été content s'il avait été à l'arrivée.
01:55 Mais c'est vrai que c'est très émotionnant.
01:57 -Elle a abandonné pendant la nuit, c'est ça ?
01:59 -Elle a abandonné pendant la nuit, sur sortie de route.
02:02 Mais c'est vrai qu'on vit les choses différemment
02:07 quand on a quelqu'un qui fait un sport à risque
02:11 et qui fait partie de sa famille.
02:13 Moi, je me souviens, en tous les cas,
02:15 ma mère, en son temps, il y a 30 ans,
02:17 elle avait des week-ends très, très difficiles.
02:20 Et je le comprends mieux aujourd'hui.
02:22 -Elle ne vous a jamais vu courir au Mans, votre fille ?
02:24 Elle avait 7 ans en 82, quand vous avez gagné pour la dernière fois.
02:28 En plus du Mans, elle a fait le Dakar,
02:30 elle a fait Indianapolis.
02:32 Elle fait beaucoup de compétition automobile, quand même.
02:34 Elle va se lancer là-dedans ? Elle va faire ça ?
02:36 -On va finir par croire qu'il y a des gènes, peut-être,
02:39 dans la course automobile. Mais en tous les cas,
02:41 ça lui est venu tard.
02:43 Elle faisait des études de biologie,
02:45 université en biologie.
02:47 Elle a terminé sa biologie.
02:49 Et quand elle l'a terminée, elle a décidé de faire de la course automobile.
02:51 Mais franchement, je n'étais pas au courant.
02:53 Parce que c'est plutôt une vocation tardive.
02:56 -Vous aussi, ce n'est pas venu tout de suite.
02:58 On va en parler.
03:00 Alors, Jacques X, vêtement, en 1945,
03:06 à Ixelles, en Belgique.
03:08 Votre père était journaliste automobile.
03:10 Ça avait été auparavant un très célèbre rallyman.
03:12 Votre frère aussi était dans la compétition automobile.
03:14 Donc, vous aviez un environnement très mécanique.
03:18 Mais vous, vous ne vous accrochez pas à ça.
03:21 Vous dites, quand j'étais gosse,
03:23 je détestais l'automobile.
03:25 Vous trouviez les courses terriblement ennuyeuses.
03:27 Quand on sait ce que vous êtes devenu.
03:29 Et un jour, vous avez demandé à votre père
03:31 de plus vous emmener aux courses automobile.
03:33 A l'école, vous n'étiez pas meilleur, mauvais élève.
03:35 Même pas un bon sportif, disaient vos professeurs.
03:37 Et à l'âge de 16 ans,
03:39 c'est vrai tout ça,
03:41 pour meubler vos dimanches,
03:43 vous vous mettez à la moto.
03:45 Mais comme ça, non ? Juste pour vous occuper,
03:47 vous vous emmerdiez.
03:49 Oui, tout ça, c'est vrai.
03:51 Je devrais faire attention,
03:53 parce que j'ai des enfants petits
03:55 qui vont peut-être me regarder.
03:57 Et en fait, j'étais premier à l'école.
03:59 Ah bon ? Oui, d'accord.
04:01 Je peux difficilement leur dire que j'étais le meilleur élève.
04:03 J'étais un excellent élève, mes fiches sont pourries.
04:05 Non, tout est vrai.
04:07 Et alors, vous faites de la moto,
04:09 vraiment, pour vous occuper le dimanche après-midi,
04:11 parce que vous vous emmerdiez.
04:13 Et puis, vous faites vos premières courses.
04:15 Et puis, le représentateur de Suzuki vous confie une moto.
04:17 Et là, vous commencez à vous découvrir une âme de pilote.
04:19 Mais enfin, on ne peut pas dire que c'est venu très naturellement, tout ça.
04:21 En tous les cas, la tradition familiale
04:23 n'a pas influé sur vous outre-mesure.
04:25 Parce que vous avez commencé par refuser ça, au départ.
04:29 Peut-être même que le fait de faire de la moto,
04:31 c'est déjà peut-être une autre façon de refuser l'automobile.
04:33 Je vais essayer de résumer ça en peu de mots.
04:37 C'est vrai que ma scolarité n'a pas été formidable.
04:43 Et c'est vrai que j'ai entendu dire très, très souvent
04:47 que je ne serais pas seulement mauvais à tout, mais bon à rien.
04:51 Alors, c'est vrai que j'aurais aimé sans doute être...
04:57 J'adorais la nature.
04:59 J'adorais, je vivais très seul, très solitaire.
05:01 J'adorais la nature.
05:03 Je pensais être peut-être garde-chasse, peut-être jardinier.
05:05 Je sais que ça prête à sourire.
05:07 Je n'aimais pas les courses automobiles.
05:09 - Non, non, pas à lui. Ça lui plaît beaucoup, ça, les jardiniers.
05:11 - J'ai trouvé ça monstrueusement ennuyeux, les courses automobiles.
05:15 Mais c'est vrai qu'à travers la moto, j'ai découvert que finalement,
05:18 je pouvais aussi gagner. - Oui, ça vous a plu, ça.
05:21 - Et le goût de gagner, c'est quand même...
05:23 - Bien, alors, on continue votre histoire.
05:25 Donc, au départ, vous n'avez pas l'intention de devenir un pro.
05:28 Mais finalement, vous êtes pris dans cette espèce d'engrenage.
05:31 Vous y prenez goût.
05:33 Et là, vous apprenez vraiment à conduire, en fait, au service militaire.
05:35 Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que Jacques Higgs
05:37 se retrouve au service militaire dans les blindés
05:39 et il conduit des AMX 15 tonnes.
05:42 C'est lourd à conduire, hein, avec 12 hommes à bord.
05:45 Et vous avez appris le dérapage contrôlé, c'est vrai,
05:47 en conduisant des chars d'assaut.
05:49 Parce que vous dites que quand on arrive à faire
05:51 un dérapage contrôlé avec un char d'assaut,
05:53 après, on peut se démerder avec n'importe quelle caisse.
05:55 - C'est vrai. Les AMX, qui est un char français,
05:58 c'est un char chenillé métallique, sans les gommes.
06:03 Donc, on pouvait faire de très, très beaux têtes à queue.
06:05 J'arrivais à me ranger dans les parkings avant les écolages.
06:08 - Voilà. - En marche arrière, en faisant de très beaux têtes à queue.
06:11 Mais j'ignorais encore à ce moment-là que j'allais faire de l'automobile.
06:13 - Ah oui. Après le service, vous revenez...
06:16 Vous avez quoi, 21 ans, en 66, et là, vous rencontrez Ken Tyrell,
06:19 qui vous installe d'abord en Formule 3 et en Formule 2.
06:23 Qui c'était Ken Tyrell, à l'époque ?
06:26 - Ken Tyrell est l'homme... - Là aussi, c'est un nom...
06:29 - Ken Tyrell est l'homme qui a fait rouler
06:33 François Severs, Jimmy Stewart,
06:35 qui a fait rouler le premier, les Matra,
06:40 l'aventure Matra.
06:42 Ken Tyrell, c'est le renouveau de la France dans le sport automobile,
06:46 tant au niveau industriel qu'au niveau des pilotes.
06:49 Puisque dans toute cette période qui va suivre,
06:52 on va trouver 7, 8 pilotes français,
06:54 tous de très, très grande qualité,
06:57 et tous qui auront connu, finalement, des succès peut-être différents,
07:01 mais tous de très, très haut niveau.
07:03 Et je pense à François Severs, parce que ça, c'est vraiment les débuts de Matra.
07:08 - Alors, lui, vous lui avez cassé plein de bagnoles à Ken Tyrell,
07:11 mais il se plaignait pas, il attendait que vous ayez fini votre expérience.
07:14 Hein ? Il vous attendait ? - Oui, il faut commencer par...
07:17 - Il y avait de la patience. - Oui, il faut beaucoup de courage.
07:19 Quand on casse les voitures des autres,
07:21 il faut beaucoup de courage pour renouveler sa confiance.
07:25 C'est vrai. C'est vrai.
07:27 - Alors, en 66, c'est vos premiers 24 heures du Mans.
07:30 En 67, c'est vos grands débuts.
07:32 Vous gagnez les 1 000 km de Spa sous la pluie.
07:34 C'est là que vous obtenez ce surnom de Rainmaster.
07:37 Ensuite, il y a le Nürburgring, et vous passez chez Ferrari.
07:40 Alors, pourquoi ce Ken Tyrell à qui vous deviez tout,
07:43 pourquoi, un jour, vous l'abandonnez pour passer chez le Comandatore ?
07:47 - C'était un choix cornelien, parce que c'est vrai que...
07:51 Quand quelqu'un vous a choisis et vous a quelque part créés,
07:55 et fait connaître le sommet,
07:58 on est extrêmement redevable de plein de choses,
08:01 et c'est aussi évident que si j'avais pu continuer avec lui,
08:04 j'aurais continué avec lui. - Oui.
08:06 - Mais les destinées varient à certains moments.
08:08 Il faut faire des choix.
08:10 Le choix Ferrari était aussi un très bon choix.
08:12 - Là, vous avez 23 ans, donc Enzo Ferrari flash sur vous.
08:14 Vous avez 23 ans. Vous rentrez dans la Scuderia.
08:17 Je crois que vous êtes le plus jeune pilote qu'il ait jamais eu à la Scuderia.
08:21 Et en 1968, vous gagnez votre premier Grand Prix à Rouen,
08:24 toujours sous la pluie.
08:26 - Bien sûr.
08:28 - 50 000 spectateurs, 17 voitures au départ.
08:33 Le Grand Prix de France, couru sur le circuit de Rouen-les-Essarts,
08:36 s'annonçait comme une grande réussite.
08:38 - Il y a bien longtemps que l'on avait vu une voiture rouge
08:41 du Comandatore Ferrari remporter une victoire.
08:44 Et à Rouen, sa numéro 26, pilotée par le Benjamin de la course,
08:47 le bel Jackie X, gagne.
08:49 - Dangereuse ou non, utile ou non,
08:54 la course des 24 heures du Mans reste le spectacle sportif
08:57 le plus prisé du monde.
08:59 400 000 spectateurs cette année.
09:01 À présent, la Ford GT40 de Jackie X et Oliver est en 3e position.
09:09 Elle grignote les Porsche.
09:11 Elle va les avoir à l'usure.
09:13 Et ce sera, peu avant 14 heures,
09:16 l'extraordinaire sprint X-Hermann,
09:18 dont Jackie X sortira vainqueur,
09:20 faisant tourner, c'est bien leur tour,
09:22 les têtes des spectateurs.
09:24 - Panique, catastrophe, voyage au bout de l'enfer,
09:32 ces mots sortiront plus tard de la bouche des meilleurs concurrents.
09:36 Jackie X lui-même ne sera pas épargné
09:39 et s'égarera sur la piste avant de retrouver,
09:42 presque par hasard, l'arbre du Ténéré.
09:45 - Qu'est-ce qui s'est passé, Jackie?
09:51 - On a cassé le pont, le pont avant, 90 km d'ici.
09:54 - 60 voitures, soit le tiers seulement des engagés,
09:59 finiront le rallye.
10:01 Parcours sans faute pour Jackie X et Claude Brasseur,
10:05 victorieux avec une heure d'avance sur Trossas et Briarwood,
10:09 de ce Paris-Dakar de la revanche.
10:12 - Voilà, Jackie X.
10:21 On a vu 2 choses intéressantes dans ce sujet.
10:24 On a vu d'abord ce qu'on appelait le département,
10:27 c'est-à-dire que les pilotes traversaient la piste à pied
10:30 pour aller se mettre dans la voiture.
10:32 Vous trouviez ça dangereux.
10:34 Une année, je ne sais pas en quelle année, vous avez refusé de le faire.
10:38 Vous étiez contre cette idée de traverser la piste pour aller dans la voiture.
10:42 L'année d'après, ça a été supprimé.
10:44 - Oui, c'est exact.
10:46 C'est vrai que j'ai un beau image.
10:48 Je me rends compte que j'ai fait beaucoup de choses.
10:51 Et dans le fond, les palmarès, c'est une chose sur laquelle j'aime beaucoup revenir.
10:56 C'est l'occasion pour moi de le dire.
10:59 On se rend compte que les palmarès, ça se construit vraiment sur la passion des autres.
11:06 C'est-à-dire que c'est vrai que j'ai un beau palmarès,
11:09 mais en vieillissant ou en étant un peu moins jeune,
11:13 on se rend compte combien on dépend de l'anonymat et de la passion partagée des curés.
11:19 Quand on parle de tout ça, je n'ai jamais été seul.
11:23 Il y a toujours eu plein d'intervenants.
11:25 - C'est comme à la télé, je vous rassure.
11:27 On croit toujours que c'est l'animateur qui fait tout.
11:29 - C'est vrai que c'est facile de dire que c'est un travail d'équipe.
11:32 Mais c'est vraiment une réalité.
11:34 La passion, c'est formidable.
11:36 C'est vrai que c'est grâce à ça que des gens comme moi ou d'autres,
11:40 ou les pilotes modèles, gagnent.
11:42 C'est grâce à tous ces gens, à ces travailleurs de l'ombre.
11:45 Et ça, je pense que c'est très important de le dire.
11:47 Ce n'est pas une formule banale.
11:50 Elle est une réalité dans le succès d'une vie ou dans la réussite d'une vie.
11:54 - Alors, on a vu aussi effectivement le Dakar.
11:56 Sur le Dakar, ça a quand même donné une nouvelle dimension à votre vie
11:59 parce qu'il y avait toujours la course, évidemment,
12:01 et le plaisir que vous y preniez.
12:03 Mais il y avait aussi l'aventure.
12:04 D'un seul coup, ça a ajouté une dimension extraordinaire à tout ça, non ?
12:07 - C'est-à-dire que c'est difficile d'expliquer.
12:12 C'est difficile d'expliquer quand vous courez pendant 35 ans
12:16 et que tout vous réussit très bien, avec beaucoup de chance.
12:21 C'est difficile d'expliquer alors que, dans le fond,
12:24 on connaît plus la partie, j'allais dire, télévisée
12:28 ou la partie connue ou professionnelle.
12:30 C'est très difficile d'expliquer que probablement mes plus belles années,
12:34 en tous les cas, ce sont les années de Thierry Sabine.
12:38 Je les appelle Thierry Sabine parce que, en tous les cas,
12:41 en ce qui me concerne, c'est un homme qui a changé ma vie
12:44 en faisant cette course du Paris-Dakar.
12:47 J'ai découvert qu'il y avait d'autres choses.
12:49 Il y avait vraiment d'autres choses que le sport.
12:51 Le sport, c'était formidable. Le Dakar, c'était formidable.
12:53 Mais à côté de ça, il y avait l'Afrique que je ne connaissais pas.
12:57 Il y avait le désert que je ne connaissais pas.
12:59 Il y avait la dureté, pas du désert en particulier,
13:05 mais la dureté de l'Afrique.
13:06 Ça m'a fait prendre franchement une dimension intellectuelle,
13:11 d'abord différente, et puis ça m'a remis, ça m'a bien remis...
13:15 - Les choses en perspective.
13:16 - Oui, en place. Parce que vraiment, quand on revient de là...
13:19 - C'est comme Hélène quand elle est partie aux États-Unis.
13:20 D'un seul coup, elle était star du piano,
13:22 puis elle s'est retrouvée aux États-Unis, comme ça, avec ses loups.
13:24 Ça remet les choses à leur place.
13:25 - Voilà. Quand on revient de là, on prend sa place exacte.
13:28 - Exact. Peu importe ce que vous avez fait,
13:30 le passé, finalement, n'a pas beaucoup d'importance.
13:33 Le futur a probablement beaucoup plus d'intérêt.
13:35 Mais surtout, vous prenez une taille humaine,
13:37 et puis ça vous apprend à mettre un bémol à vos égos.
13:43 On est mieux.
13:44 - Alors, évidemment, il y a beaucoup de pilotes qui sont célèbres,
13:47 mais je ne sais pas, vous avez une image comme ça,
13:49 de "gentleman driver".
13:51 Et c'est vrai qu'en 68, il y a une anecdote qui est tout à fait bouleversante.
13:55 Vous avez 23 ans.
13:56 Vous venez de gagner votre premier Grand Prix de Formule 1 à Rouen.
13:59 Et dans ce Grand Prix, Jo Schlesser a trouvé la mort.
14:02 Et vous, vous allez chercher votre bouquet,
14:04 puisque c'est le bouquet de la récompense.
14:06 Vous faites votre tour, et vous vous arrêtez.
14:08 Vous arrêtez votre voiture à l'endroit où Jo Schlesser a trouvé la mort,
14:11 et vous déposez le bouquet qu'on vient de vous remettre.
14:14 - Enfin, à moi, ça me semble...
14:17 À moi, ça me semble normal.
14:19 - Oui. C'est pour ça.
14:21 - Ça me semble normal, parce que c'est vrai que la course automobile,
14:23 on parle toujours des joies,
14:25 mais il y a aussi des moments de grande tristesse
14:27 et de très grande dureté.
14:29 Et c'est vrai que le sport automobile, il y a 30 ans,
14:33 c'était un sport à haut risque.
14:35 Il y avait beaucoup d'accidents.
14:37 Jo Schlesser était français.
14:39 C'était la course de sa vie.
14:41 Et aussi, bon, le jour d'une très, très grande tragédie.
14:45 Alors, finalement, la victoire n'avait pas beaucoup d'importance,
14:48 parce qu'il y avait une grande tristesse
14:50 qui régnait à Rouen cet après-midi-là.
14:53 - Vous n'avez pas l'impression qu'aujourd'hui,
14:55 les courses automobiles de Formule 1 sont devenues un peu moins gentlemen,
14:57 quoique c'est un peu plus basé sur la victoire pure, sur l'argent.
15:02 Il y a plus ce côté club, racing club qu'il y avait à l'époque.
15:06 - Je pense que...
15:08 Je ne pense pas qu'il faille faire des comparaisons, très sincèrement.
15:11 J'ai vécu une autre époque,
15:13 bon, où c'était...
15:15 L'argent n'avait pas beaucoup d'importance.
15:17 On conduisait, c'était dangereux.
15:19 - Vous vous apparentez probablement plus à un acte de chevalerie.
15:22 - Oui, c'est ça que je voulais dire, oui.
15:24 - Certainement inconscient,
15:26 parce que personne ne pensait aux risques encourus.
15:28 - Oui.
15:29 - La course moderne, c'est un autre spectacle,
15:32 c'est une autre démonstration.
15:33 - C'est plus un jeu vidéo aujourd'hui, non ?
15:35 - Mais franchement, c'est très, très difficile.
15:37 C'est très, très, très, très difficile.
15:39 Ceux qui font ce métier-là,
15:41 c'est 22 élus de la Formule 1,
15:44 ce sont tous des gens exceptionnels.
15:46 Moi, j'ai beaucoup de respect pour eux.
15:48 Et franchement, dans certains cas,
15:51 je me demande même
15:53 si j'aurais jamais pu conduire ce genre de voiture-là.
15:55 Donc je suis bien né, je suis né dans la bonne époque.
15:58 Je ne les envie pas.
16:00 Je trouve ce qui mérite,
16:02 ce qu'ils méritent en tous les cas,
16:04 le succès qu'ils connaissent.
16:06 C'est un sport très...

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