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Du mardi au jeudi, retrouvez le match du soir entre Pablo Pillaud-Vivien et Charles Consigny dans l'émission 90 minutes de Julie Hammett. Au programme ce mercredi, le cas d'un gynécologue attaqué pour avoir refusé d'ausculter une femme transgenre.  

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Transcription
00:00 ça dit aussi Charles, c'est que justement, peut-être que notre société n'a pas encore…
00:10 a besoin d'évoluer sur ces questions-là.
00:11 Ce médecin qui s'est retrouvé désemparé face à une femme trans, ce n'est pas normal,
00:16 mais en même temps, il n'a pas été formé, comme vous le disiez.
00:19 Peut-être qu'on n'a pas encore fait assez dans notre société pour mieux les accueillir,
00:23 les suivre, médicalement notamment, parce que l'accès aux soins, on le rappelle, est universel.
00:27 Oui, peut-être.
00:30 Pourquoi vous rigolez ?
00:32 Parce que vous posez des questions qui donnent les réponses presque en même temps que les questions.
00:39 C'est un peu des questions rhétoriques.
00:40 C'est un médecin qui a déconné, il le reconnaît, il s'est montré très véhément.
00:46 Je pense qu'il n'y a pas de débat particulier à avoir.
00:51 Peut-être qu'en effet, les médecins doivent être un peu plus…
00:53 Certains médecins doivent être un peu plus mis au parfum de ces évolutions rapides de la société.
01:00 Après, on en parle quand même énormément.
01:03 Je pense qu'on en parle d'ailleurs en proportion du nombre de personnes que ça concerne.
01:10 Je pense que ça prend une place dans les médias vraiment très importante.
01:13 Après, c'est peut-être nécessaire.
01:16 Je pense que les questions, par exemple, sur les transsexuels, les questions de genre,
01:20 toutes ces questions sur lesquelles on parle quand même beaucoup.
01:25 Elles prennent trop de place dans les médias ?
01:26 Non, je ne dis pas qu'elles prennent trop de place.
01:28 Oui, à mon sens, peut-être qu'elles en prennent un petit peu trop.
01:31 C'est-à-dire qu'au bout d'un moment, vous avez aussi là la réaction,
01:34 que moi je condamne absolument, de ce médecin.
01:36 On a l'impression que c'est quelqu'un qui est exaspéré, ce qui ne l'excuse en rien.
01:41 Il a bien fait de présenter des plates excuses.
01:43 Mais je remarque simplement qu'on en parle déjà beaucoup.
01:47 Les médecins, aux dernières nouvelles, ne sont pas exactement des gens dépourvus de capacités intellectuelles.
01:52 Donc je pense qu'ils comprennent tout à fait ce qui se passe dans la société.
01:55 Je ne suis pas sûr qu'ils aient besoin qu'on leur mette des formations.
01:59 Oui, peut-être que ceux qui en ressentent le besoin peuvent le demander.
02:02 Mais je ne tiens pas, si vous voulez, à ce qu'on embête des médecins
02:08 avec des nouvelles formations qui auraient été dictées par des modes médiatiques.
02:12 Moi je pense qu'on parle beaucoup de la question trans aujourd'hui dans les médias
02:19 et plus globalement dans la société, parce que les hommes et les femmes trans sont victimes de violences,
02:24 mais particulièrement quotidiennes, et qu'il faut trouver une solution à ça.
02:29 Il faut faire évoluer la société, et donc je trouve ça bien qu'on en parle.
02:32 Si les transphobes pouvaient un peu moins prendre la parole, je pense qu'on se porterait mieux.
02:35 Après, il y a une deuxième chose, c'est que moi je pense qu'il y a aussi un petit problème avec les gynécologues.
02:42 En général. Parce que je vous rappelle que le président de l'association des gynécologues,
02:47 il avait répondu à Agnès Buzyn sur la question de l'IVG, et il avait dit
02:53 "Vous savez, moi je ne pratique pas l'IVG, je ne veux pas accueillir, je ne veux pas pratiquer l'IVG, je suis gynécologue, je ne veux pas."
02:59 C'est son droit, mais ça pose des questions.
03:01 C'est sa cause de conscience.
03:03 Moi, exactement comme Agnès Buzyn à l'époque, qui était ministre de la Santé,
03:06 je suis pour qu'effectivement il ne s'approche pas d'une femme qui veut pratiquer l'IVG
03:11 si lui-même, fondamentalement, il est contre l'IVG.
03:13 Mais ça pose une question du caractère réactionnaire de ce corps.
03:17 On parle d'un exemple, peut-être qu'on peut la généraliser.
03:21 Il y a des femmes qui vont voir des gynécologues...
03:23 Il faut rééduquer les gynécologues.
03:25 Non, mais il faut faire attention, ces gens accueillent des femmes,
03:29 accueillent là en l'occurrence des femmes trans.
03:31 Il faut que Caroline Dehaze vienne faire des formations aux gynécologues.
03:35 Ils sont misogynes.
03:37 Le corps médical, comme tous les corps, ne sont pas complètement imperméables
03:42 aux polémiques et aux réactionnariats.
03:45 Il y a aussi, à mon sens, à aller vers ce corps médical...
03:49 Mais attention à ne pas le généraliser non plus.
03:51 Tous les gynécologues ne sont pas réactionnaires et anti-IVG.
03:56 À l'époque, Agnès Buzyn avait sorti des chiffres
04:00 et les gynécologues qui refusaient l'IVG,
04:03 je n'ai plus les chiffres en tête, mais ce n'était pas négligeable.
04:06 Et encore une fois, c'était le président de l'association des gynécologues.
04:08 Mais c'est leur droit le plus strict.
04:11 Mais c'est à la fois leur droit le plus strict et à la fois c'est un problème.
04:14 Est-ce que là, ça va trop loin qu'ils portent plainte contre les associations SOS Noto ?
04:20 De toute façon, tout le monde porte plainte pour tout.
04:24 Moi, je trouve que dès lors qu'il s'est excusé, qu'il reconnaît qu'il a déconné,
04:28 non, ce n'est pas la peine de porter plainte.
04:30 Tu as un drôle d'avocat, toi.
04:32 Tu disais à beaucoup de gens "Porte plainte, il s'est excusé, c'est bon, on ne porte plus plainte."
04:35 Oui, quand quelqu'un vient me voir pour déposer une plainte inutile,
04:38 je lui dis "Madame, Monsieur, cette plainte est inutile."
04:40 Je pense que la transphobie doit être reconnue aussi par la justice
04:44 et c'est important lorsque il y a des faits de transphobie.
04:47 Tu seras content, la justice, elle, elle est très perméable à l'air du temps.
04:50 C'est un des sujets que je voulais aborder sur le sujet précédent,
04:54 c'est que les juges sont des éponges à l'air du temps.
04:57 Donc tous les mouvements, MeToo, etc., on les retrouve dans les cabinets des juges
05:00 et ils y vont aveuglément.
05:02 Et c'est tant mieux !
05:02 Non, pas toujours, pas toujours, pas toujours.
05:05 Sur la question du féminisme et d'aller contre la transphobie ?
05:09 Sur la question, par exemple sur MeToo,
05:11 moi je vois des dossiers totalement effarants
05:14 dans lesquels des gens sont poursuivis sans preuve et mis en examen sans preuve
05:17 sur la base de simples déclarations
05:19 parce que depuis qu'il y a eu ce mouvement,
05:21 il y a une espèce de terrorisme intellectuel sur les juges, notamment.
05:25 Et oui, c'est quelque chose qui existe.
05:27 Je suis désolé, mais bien sûr !
05:28 Terrorisme intellectuel sur les juges ?
05:29 Mais bien sûr, parce qu'un juge qui refuserait d'écouter une parole
05:33 qui vient se plaindre d'une agression sexuelle
05:36 serait décrit par des gens comme Pablo, comme réactionnaire
05:39 et comme misogyne, etc.
05:41 Et il y a sur certains sujets aujourd'hui, moi je trouve,
05:44 une forme d'autoritarisme intellectuel sur lesquels on ne peut rien dire.
05:48 Et typiquement, par exemple, si ces recours n'aboutissent pas,
05:53 et je ne comprends pas ta propension à jeter l'opprobre sur l'institution judiciaire.
05:58 C'est quand même un bilan important de la République !
06:00 Justement, je te donne mon témoignage personnel.
06:04 Tu es à la télé !
06:06 Tu ne peux pas jeter et dire en relation judiciaire que ça ne marche pas.
06:09 Mais je ne dis pas ça !
06:10 Je te dis que par exemple, les mouvements...
06:13 Tu te plains du fait que les gynécologues sont réactionnaires.
06:16 Oui !
06:17 Tu seras content d'apprendre que les magistrats sont progressistes.
06:21 Progressistes au point d'être extrêmement perméables à l'ère du temps.
06:25 Et moi je pense que l'ère du temps, c'est un peu comme l'opinion publique,
06:28 c'est quelque chose qui doit rester à la porte de l'enceinte judiciaire.
06:31 Et à la porte aussi du cabinet médical.
06:34 Non, je veux qu'il ne se laisse pas intimider par des ayatollahs de la pensée.

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