Après la défaite des Bleus 2-1 face à l'Allemagne ce mardi soir à Dortmund, Jérôme Rothen évoque les faiblesses de l'Équipe de France sur ce match, sans Kylian Mbappé sur le terrain. Pour l'ex-international français, les Bleus sont dépendants de leur capitaine.
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00:00 Hier, Bappé n'a pas participé à la rencontre, d'ailleurs pas d'inquiétude sur les infos qu'on a,
00:03 sur son état de santé, il devrait jouer contre Nice vendredi avec le PSG.
00:06 Sachez que sur les 4 derniers matchs des Bleus, Bappé n'a pas démarré aucune victoire.
00:11 Alors est-ce que sans lui, l'équipe de France est une équipe banale ?
00:13 Vous pouvez nous appeler au 3216 pour en débattre.
00:15 Jérôme.
00:16 Oui, oui, c'est malheureux de dire ça parce qu'on a un grand vivier,
00:20 mais pour dire toute l'importance de Kylian, tout le monde est unanime pour dire,
00:24 tous les joueurs aujourd'hui, j'ai encore vu Kieza, le joueur de la Juve,
00:32 lui rendre hommage en disant qu'il le trouvait stratosphérique ce joueur-là.
00:36 Oui, comme tout le monde, de toute façon, automatiquement,
00:38 l'équipe devient dépendante d'un joueur comme lui,
00:42 comme elle est dépendante d'un Léo Messi, d'un Cristiano Ronaldo,
00:47 c'est des joueurs qui te subliment une équipe parce qu'ils te la font gagner, tout simplement.
00:51 Donc quand lui n'est pas là, on l'a vu hier dans le dernier geste, c'est compliqué.
00:57 Des fois, c'est compliqué même quand il est là,
00:59 parce qu'il n'avait pas été bon contre l'Irlande et moi, je l'ai dit.
01:02 Mais n'empêche que ça ne lui arrive pas souvent de ne pas être bon.
01:05 Il est souvent décisif et automatiquement,
01:07 quand tu as ce ratio au casse-but qu'il a en équipe de France, c'est un gros manque.
01:13 Parce que derrière, on se rend compte que la relève, elle est là, elle existe,
01:19 mais elle galère et puis tu as des joueurs qui deviennent encore plus joueurs leaders.
01:22 Et là, vous allez dire que je fais une fixette,
01:25 mais sur Antoine Griezmann, on attendait beaucoup dans un rôle plus décisif, plus offensif.
01:30 On a été encore une fois déçus parce que le jeu devait tourner autour de lui.
01:36 Et puis déçus d'autres joueurs qui n'ont pas pu prendre le relais.
01:39 Il y a le fait de mettre Kylian Mbappé en avant.
01:42 Eh oui, et surtout contre les Allemands.
01:45 Je pense que défensivement, il y a un peu de lourdeur sur certains joueurs.
01:49 Il aurait fait très mal, mais comme il fait mal d'habitude contre ces Allemands.
01:52 Il n'était pas là.
01:53 D'autres joueurs n'ont pas réussi à avoir le rendement qu'on souhaitait.
01:58 Et puis surtout, le dispositif de Didier, moi, je n'ai pas aimé.
02:01 De toute façon, je déteste quand il met Rabiot quatrième à gauche comme ça.
02:05 Ce n'est pas du tout un milieu gauche.
02:07 Alors je veux bien qu'il me parle de...
02:09 C'est une organisation pour défendre et après, offensivement,
02:12 il y a un peu plus de liberté pour les joueurs.
02:16 Mais on ne l'a pas vu hier.
02:17 Je suis désolé.
02:18 Ce n'est pas bon du tout.
02:20 Et puis, ce n'est pas bon dans des joueurs qui sont aujourd'hui un petit peu en balance.
02:25 Je te prends l'exemple de Thaudibaut.
02:28 Je te prends l'exemple de Saliba.
02:30 Je te prends l'exemple de Pavard.
02:33 Pavard hier, c'est catastrophique, les gars.
02:35 Alors moi, je veux bien entre Koundé, qui n'est pas bon arrière droit,
02:38 et Pavard hier, qui est catastrophique.
02:40 Et je ne parle même pas offensivement, je parle défensivement.
02:42 Il a pris un bouillon contre Heinrich.
02:44 Heinrich, c'est le joueur qui joue à Monaco quand même.
02:46 Il lui a pris de vitesse, des passements de jambes, des trucs.
02:49 J'ai l'impression que c'était Ronaldo.
02:52 - Il y avait le dénommé Nabri dans son secteur aussi,
02:55 qui ne lui a pas fait des cadeaux.
02:56 - Oui, oui, oui.
02:56 Mais les dédoublements, on les a vus de Heinrich.
02:59 - Mais nul, mais nul !
03:01 - Donc j'espère que Didier va tirer des enseignements de cette défaite.
03:06 De toute façon, il ne faut pas s'alarmer parce qu'on a le droit de perdre un match.
03:11 Mais les enseignements, c'est qu'il y a des manques dans certains postes.
03:15 Et même quand on gagne, il y a aussi des manques.
03:17 Donc j'espère sur la prochaine sélection, voir un joueur comme Klos.
03:20 Je ne sais pas ce que vous en pensez, Jean-Michel et Pascal.
03:23 Allez-y.
03:24 - Oui, entre défenseurs, la question n'est pas la question.
03:27 - La question, c'est Bappé.
03:29 - C'est Bappé.
03:30 Il faut le mettre dans le coton.
03:35 Voilà, parce que si l'équipe de France n'a pas Bappé,
03:38 ce n'est même pas une équipe banale quelconque.
03:40 C'est une mauvaise équipe.
03:42 Hier, j'ai cru à un moment donné, quand Coman a fait 2-3 feintes de frappe,
03:47 2-3 crochets, qu'il allait peut-être un petit peu enflammer l'équipe.
03:50 Mais il n'y a rien.
03:51 Heureusement qu'il y a eu deux joueurs qui ont été à peu près au niveau international,
03:56 qui s'appellent Chouameni et Coman.
03:58 Je les mets tous les deux.
03:59 Mais le reste, c'est d'une banalité, d'une pauvreté.
04:04 Ce pauvre pavard.
04:06 Alors non seulement il ne tient pas les 90 minutes,
04:10 mais les minutes où il est sur le terrain,
04:12 mais c'est un poteau télégraphique.
04:14 C'est incroyable.
04:16 Hier, il a été battu dans tous les domaines, absolument tous les domaines.
04:22 Et le gars, il reste, je ne sais pas, 75 minutes sur le terrain.
04:26 Je dois dire que j'ai regardé d'un œil attentif,
04:31 mais à un moment ou un autre, ma motivation a craqué
04:36 parce que c'était d'un ennui, d'un ennui.
04:40 Mais c'était terrible.
04:41 Et il faut savoir quand même que cette équipe de France,
04:45 elle a fait un match à peu près identique à ce qu'elle avait fait en finale de la Coupe du Monde,
04:51 c'est-à-dire battu dans tous les domaines,
04:54 battu dans tous les domaines avec parfois quelques petites réactions.
04:57 Sauf que dans ce match-là, elle n'a pas eu un bapé dans les dix dernières minutes pour...
05:03 - Renverser le match. - Remettre un petit peu d'espoir dans le...
05:07 - Mais je reviens au débat quand même. - C'est le seul...
05:09 - Je reviens à l'objet du débat, Jean-Michel.
05:11 Est-ce que ça veut dire que sans bapé, on est incapable de jouer ?
05:14 Il y a quand même des joueurs internationaux, là.
05:15 Il y a quand même des grands joueurs.
05:16 Comment ça se fait que quand il n'est pas là, on soit incapables ?
05:18 - Mais arrête de parler de grands joueurs !
05:20 Arrête de parler de grands joueurs ! - Ils jouent dans les plus grands clubs, quand même !
05:23 - Oui, on a le droit d'attendre... - Enfin, Jean-Michel...
05:25 - Jean-Louis a raison, on a le droit d'attendre beaucoup plus de certains.
05:27 - Dembélé, Colomoyni, Chouaméli, Rabiot... - Dembélé n'a pas joué, là.
05:31 - Enfin, je ne sais pas, ils jouent tous au Real, à la Juve...
05:33 - Mais oui, mais Rabiot ! Rabiot, qui a plutôt fait de bonnes prestations,
05:38 il joue... Allez, on va le dire pour faire plaisir à Jérôme,
05:43 il joue à l'yégauche !
05:45 Il est fait pour jouer à l'yégauche, comme moi, pour être danseur à l'opéra.
05:48 C'est à peu près pareil, quoi !
05:50 Tu ne peux pas jouer comme ça !
05:52 - Et si à la place... Et si arrière droit...
05:55 - C'est échantant, on lui enlève Bappé, il perd le pédale, il ne sait pas s'adapter...
05:57 - Non, mais si tu joues avec un défenseur droit,
06:00 et que tu choisis entre Pavard et Koundé,
06:03 tu sais, au niveau international, les choses se gagnent
06:06 au centième de seconde, comme en Formule 1 !
06:09 D'accord ? Là, tu joues toujours à 9,5, à 10...
06:14 Ce n'est pas possible !
06:16 Ce n'est pas possible, même contre une équipe d'Allemagne quelconque,
06:20 non seulement tu es battu...
06:21 - Après, tu as été champion du monde avec Pavard aussi,
06:23 tu vois, l'un n'empêche pas l'autre...
06:26 - Mais il a le droit aussi, Pavard,
06:30 de ne pas être aussi bon qu'il l'a été !
06:32 - Oui, bien sûr !
06:34 - Et à ce moment-là, tu en tires quand même les conclusions,
06:36 parce que ça fait un moment qu'on a été champion du monde,
06:39 et ça fait un moment qu'il n'est pas bon !
06:41 - Mais c'est parce que quand on a Bappé, on ne se repose pas trop sur lui,
06:43 en disant "lui va nous sauver", etc.
06:45 - Non, mais Jean-Louis, tout simplement,
06:49 c'est que tu prends cette équipe d'hier, sur les 11,
06:53 combien y en a qui jouent en France ?
06:54 Un, deux ?
06:57 - Oui, de l'équipe de France.
06:59 - Oui, de l'équipe de France d'hier, combien y en a qui jouent en France ?
07:02 Bon, pour dire que cette équipe, tu as quand même des très grands joueurs,
07:07 tu as l'équipe avec Kylian Mbappé pour jouer totalement différent,
07:11 parce que bon, ça reste quand même pour moi le meilleur joueur au monde qu'on ait,
07:15 et on a cette chance.
07:17 Alors imagine s'il vient quitter le championnat français.
07:20 Les gars, on perd tout !
07:23 - Oui, d'accord, mais sur l'équipe de France,
07:24 ça veut dire que sans lui, on ne peut pas gagner un match.
07:26 - Non, mais c'est même un bien,
07:28 mais Jean-Louis, Jérôme, c'est même un bien,
07:31 hier, il n'était pas sur la feuille de match,
07:32 tu es obligé de composer avec,
07:35 Colomoni, il était un peu perdu,
07:38 Griezmann, pareil,
07:40 heureusement que tu as Chouameni et Coman,
07:42 comme il a dit Jean-Michel, pour avoir eu ces éclairs-là,
07:46 mais autrement, ce n'est pas une équipe de petits,
07:51 ce sont des joueurs qui jouent dans les meilleurs clubs.
07:55 - C'est pour ça, Pascal, qu'on a le droit d'attendre mieux.
07:58 - Oui, mais Jérôme,
08:00 qu'ils se mettent en place, qu'ils travaillent, c'est un match amical.
08:03 J'ai entendu dire, oui, mais les Allemands,
08:06 ils ont perdu contre tout le monde.
08:08 - Le problème, Pascal, je pense,
08:11 c'est comme quand on a eu,
08:13 nous, on n'est quand même pas sevré de grands joueurs par génération.
08:17 On a eu, quand tu avais Zizou,
08:19 quand tu avais avant Platini.
08:21 - Mais on a toujours eu des grosses équipes.
08:23 - Oui, c'est pour ça.
08:24 Donc, automatiquement, les équipes, elles sont dépendantes de ces joueurs-là.
08:27 Kylian, c'est un rôle qui est différent des deux autres que je viens de te citer,
08:31 parce que c'est plus un finisseur à la base.
08:33 Moi, je n'aime pas quand il fait un peu son meneur comme il l'avait contre l'Irlande.
08:37 Tu vois, je le préfère dans la surface.
08:39 Là, il est important, mais pour qu'il touche des ballons dans la surface,
08:42 il faut ramener les ballons.
08:43 Il faut que des joueurs montrent qu'en effet,
08:46 et je suis d'accord avec Jean-Michel et avec toi, Pascal,
08:49 c'est qu'ils jouent dans des grandes équipes.
08:51 Donc, on est en droit d'attendre beaucoup mieux
08:53 quand ils mettent le maillot de l'équipe de France.
08:55 Être plus décisif, prendre des initiatives.
08:58 Alors, il y a la compo hier, je pense très, très, très clairement
09:02 que Didier, il s'est planté tactiquement sur le match d'hier.
09:06 Parce que quand tu nous remets Rabiot,
09:08 alors, est-ce qu'il a eu peur des attaques allemandes,
09:12 du milieu de terrain allemand ?
09:13 - Oui, il était... - Ça faisait peur, les Allemands,
09:15 avec les derniers résultats qu'ils avaient faits.
09:16 - Non, mais c'est pour ça. - C'était peur, hein ?
09:18 Non, mais tu es d'accord avec moi, Jean-Michel, c'est surprenant.
09:20 C'est surprenant qu'ils te mettent Rabiot dans une position
09:23 où il n'excelle pas, sauf quand tu subis.
09:26 Mais Jérôme, je ne vais pas te le dire à toi.
09:28 Le football, tout se passe au milieu de terrain.
09:31 Si tu n'as pas le finisseur, comme tu viens de dire,
09:34 le meilleur joueur au monde, que c'est nous qui l'avons.
09:37 Si tu n'as pas ça, qu'est-ce que tu fais ?
09:39 À un moment donné, tu recules un peu plus
09:42 et là, tu te mets en doute toi-même.
09:43 Si tu n'as pas devant la finition pour terminer...
09:46 - Oui, mais il faut avoir la finition, Pascal.
09:47 Il faut que le ballon, on le ramène.
09:49 Moi, hier, je ne vais pas tomber sur Colomboigny.
09:52 Oui, il n'est pas dans son assiette, il ne fait pas un bon match.
09:54 - Voilà, mais tu peux te permettre avec cette équipe de jouer plus haut.
09:58 - Je ne vais pas lui tomber dessus.
09:59 Je pense qu'il est capable de beaucoup mieux faire et il l'a montré.
10:01 Et il marquera des buts prochainement avec l'équipe de France.
10:04 Il ne faut pas remettre en question le niveau de Colomboigny sur ce match.
10:07 Même de Griezmann.
10:08 Ce n'est pas cette question-là.
10:09 C'est une question juste de la force collective qu'on envoie.
10:13 Tu l'as dit, Jean-Michel, la comparaison avec l'Argentine.
10:18 Quand on parle de cette finale de Coupe du Monde,
10:20 on retient le scénario de malade à la fin,
10:22 ce match sensationnel qu'on perd au pénalty.
10:27 Mais avant, on prend un bouillon et ce n'est pas connu.
10:31 - Jamais on n'en a pris dans un match. Jamais.
10:33 - Et parce qu'il y avait un adversaire de qualité.
10:36 Là, on ne peut pas juger les dernières perves de l'équipe de France
10:38 parce que les adversaires sont très faibles, il faut reconnaître.
10:41 Donc quand le niveau s'élève, eh ben oui, on galère.
10:44 On galère et je trouve que Didier n'a pas encore trouvé le bon schéma,
10:49 surtout quand il te manque un mec qui est stratosphérique comme Kylian Mbappé.