• l’année dernière
Dominique Strauss-Kahn, ancien président du FMI et président de l’association marocaine “Mekkil’” était l’invité de BFMTV pour évoquer le séisme qui a fait plus de 2900 morts et 5530 blessés selon un dernier bilan officiel.

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Transcription
00:00 Justement, quels sont ces besoins primaires pour la population ?
00:03 - Alors, il y a de tout.
00:06 Il y a eu d'abord les couvertures, s'il fait froid la nuit.
00:09 Paradoxalement, on peut trouver ça bizarre au Maroc, mais il fait froid la nuit.
00:12 Il y a les problèmes alimentaires, évidemment.
00:16 Et puis, il y a des problèmes qui touchent aux soins médicaux,
00:19 avec cette nuance que les autorités veulent absolument contrôler
00:23 ce qui se passe en matière médicale, ce que je trouve, évidemment, absolument normal.
00:26 Donc, on achemine aussi bien des vêtements, des bâtelats, mais aussi de l'eau, des vivres, de l'huile, du blé.
00:33 Enfin, bref, l'ensemble de ce qu'il faut à ces gens qui n'ont plus rien.
00:37 Il faut avoir vécu un tremblement de terre.
00:40 Comme vous le disiez, je n'étais pas là lors du tremblement de terre d'il y a quelques jours au Maroc,
00:44 mais j'ai vécu, quand j'étais jeune, le tremblement de terre d'Agadir.
00:47 Et j'ai les souvenirs, évidemment, très présents.
00:49 Les besoins sont immédiats.
00:51 Ils sont très puissants.
00:53 Et la façon dont la population est désemparée la rend incapable de les résoudre tout seul.
00:59 Donc, il faut apporter de l'aide.
01:01 – Vous avez parlé de votre propre expérience, enfant.
01:03 Vous avez donc vécu, vous l'avez dit, ce tremblement de terre d'Agadir.
01:06 C'était le 29 février 1960.
01:08 Je crois que vous alliez avoir 11 ans.
01:10 Vous avez raconté le traumatisme, le bruit, l'effroi, le chaos.
01:14 Vous êtes resté, d'ailleurs, logé sous une tente une quinzaine de jours.
01:17 C'est ce que vivent, en ce moment même, beaucoup de Marocains.
01:21 Tout de suite, vous avez pensé à votre propre histoire, à ce que vous aviez vécu.
01:24 Et ça vous donne peut-être l'idée qu'il faut agir le plus vite possible pour les enfants, notamment ?
01:28 – Évidemment, les souvenirs remontent, c'est inévitable.
01:34 La situation est différente.
01:37 Agadir, c'était un séisme en zone urbaine.
01:39 Là, c'est en zone rurale.
01:40 L'inconvénient de la zone urbaine,
01:42 c'est qu'il y a beaucoup plus de maisons, d'immeubles qui s'effondrent.
01:45 L'inconvénient de la zone rurale, c'est que c'est très difficile d'accès.
01:47 Qu'on a beaucoup de mal à apporter les secours.
01:49 Mais effectivement, moi j'ai vécu trois semaines sous les tentes militaires.
01:52 Les mêmes, j'espère qu'elles ont un peu amélioré,
01:55 mais les mêmes que celles qu'aujourd'hui l'armée a installées
01:58 pour loger tous ceux qui sont sans toit.
02:00 Et quand on voit la façon dont ces gens ont tout perdu dans leur maison,
02:04 jusqu'à leurs économies qu'ils avaient en cash et qui n'ont plus un sou devant eux,
02:07 parce que tout ce qu'ils avaient était dans la maison,
02:09 eh bien on se rend compte que la solidarité est absolument nécessaire.
02:13 Après, viendra le temps de la reconstruction.
02:18 - On peut dire qu'à l'époque, vous avez finalement réussi à survivre grâce à un miracle.
02:24 Vous pouvez le raconter ?
02:26 - Oui, enfin grâce à un miracle. C'est un miracle assez simple.
02:30 Je suis dans un immeuble qui a resté debout.
02:32 C'est un immeuble qui était bien construit.
02:34 C'est celui où il y avait le consulat de France d'ailleurs.
02:36 Il a tremblé, il a eu des tas de fissures, mais il est resté debout.
02:39 Et donc, juste après, dans les dix minutes qui ont suivi la secousse,
02:44 mes parents ont rassemblé leurs enfants,
02:47 mon frère, ma soeur et moi, on est descendus.
02:49 On a sauté dans une voiture et on s'est réfugiés dans la maison d'un ami
02:53 qui habitait la banlieue d'Agadir, où il y avait un grand jardin.
02:56 On était beaucoup d'ailleurs à avoir la même idée,
02:57 donc il y a eu une grosse influence,
02:58 parce que dans ce jardin, on était à l'abri des risques de secousses futures.
03:03 Les maisons qui étaient à côté de moi n'ont pas toujours eu cette chance.
03:07 Et j'ai un souvenir particulièrement difficile,
03:10 qui est que deux jours après, j'ai insisté beaucoup
03:12 pour faire un tour avec mon père en ville, pour voir les dégâts.
03:16 Il a eu raison ou tort de céder à ma demande, j'en sais rien.
03:20 Mais en passant devant des maisons qui sont aplaties
03:23 comme un millefeuille de deux mètres de haut,
03:24 alors qu'il y avait dix étages,
03:26 et quand vous savez que vos copains de classe sont là-dessous,
03:29 c'est des souvenirs que vous n'oubliez pas.

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