Livreurs

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00:00 Nous sommes le mercredi 13 septembre, soyez les bienvenus sur France Bleu et France 3.
00:04 On s'intéresse ce matin à la cohabitation entre les livreurs à scooter Uber Eats, Deliveroo,
00:08 Just Eat ou bien les riverains aussi.
00:10 La tension monte dans certains quartiers.
00:12 Le secrétaire général du syndicat des livreurs Uber Eats et Toulousains est votre invité.
00:16 Flora Midi dans notre quart d'heure Toulousain.
00:18 Bonjour Johan Taillandier.
00:20 Bonjour.
00:21 Face aux tensions en centre-ville que l'on peut connaître quand on habite dans le centre
00:25 de Toulouse, l'adjoint à la sécurité à la mairie a dit ce matin sur France Bleu
00:29 et Britannique qu'il envisageait d'interdire la circulation des livreurs à scooter dans
00:33 les zones piétonnes à certaines heures.
00:35 C'est déjà le cas par exemple à Montpellier.
00:37 Quelle est votre réaction ce matin Johan Taillandier ?
00:40 Je ne suis pas surpris parce que ce n'est pas la première fois qu'il y a des tensions
00:45 à Toulouse.
00:46 Je me rappelle avant il y avait une cuisine, on ne parle que de cuisine du côté du Grand
00:50 Rond et il y a eu des tensions parce que ce moment c'est un quartier résidentiel.
00:53 Même moi j'ai vu des bastons, on va dire même limités entre résidents et livreurs.
00:59 Mais là ce que j'entends c'est que j'ai vraiment l'impression qu'on pénalise le livreur
01:06 et j'ai envie de dire que font les plateformes numériques comme Uber Eats et Deliveroo,
01:13 ils nous laissent une nouvelle fois seuls face aux habitants et là si je comprends
01:19 bien les livreurs à scooter ne pourront plus aller dans certains quartiers donc on pénalise
01:24 une nouvelle fois le livreur qui dit déjà le chiffre d'affaires on n'en a pas beaucoup,
01:29 là on devra donc marcher j'imagine pour aller au restaurant.
01:32 Il faut revoir tout le modèle des plateformes, c'est ce que vous dites, revoir tout le fonctionnement
01:37 de ces plateformes type Uber Eats, Deliveroo, il faut tout repenser.
01:41 Il faut tout repenser mais la question même ne se pose pas parce qu'à la base si on respecte
01:47 le droit du travail on devrait être salarié et je pense qu'on prend beaucoup de risques
01:51 parce qu'on est auto-entrepreneur parce qu'on ne respecte pas le droit du travail et donc
01:55 en étant auto-entrepreneur on est payé à la tâche.
01:57 Donc les livreurs prennent des risques pour faire la commande le plus vite et même c'est
02:01 vrai pour une question de sécurité même on va mettre le scooter très vite, on va
02:06 aller au restaurant, c'est vraiment minuté et même on ne met plus d'antivol pour certains
02:10 avec le vélo et on sait voler les vélos.
02:12 Donc en fait certains livreurs sont obligés de rouler là où ils ne devraient pas, de
02:18 griller des feux rouges, ce que vous nous dites, pour gagner leur pain.
02:21 Pour gagner oui, il y a une telle précarité du côté des livreurs qu'ils se dépêchent
02:25 mais la question ne devrait même pas se poser, on devrait être salarié normalement.
02:28 Certaines villes comme Nantes ou Montpellier ont carrément interdit la livraison de repas
02:31 à scooter dans les centres-villes, est-ce qu'il faut faire ça à Toulouse ? C'est
02:34 un peu la question qu'on vous pose ce matin 05 34 43 31 31, vous pouvez témoigner, Fanny
02:39 Attan vous appelle.
02:40 - Anne Taille, on dit qu'une habitante a été agressée par un livreur la semaine
02:43 dernière au quartier Saint-Aubin parce qu'elle lui reprochait de stationner devant la porte
02:47 de son garage, la police est intervenue, les scooters provoquent des nuisances, les livreurs
02:52 se garent mal, on vient de le détailler déjà.
02:54 Vous arrivez quand même à comprendre, on imagine l'agacement des habitants, il y a
02:59 une part de responsabilité, vous parlez des plateformes, mais il y a aussi une responsabilité
03:03 de chaque livreur.
03:04 - Alors moi je condamne cette violence, je la condamne sans aucun détour.
03:08 Mais à la base, l'ubérisation, ça n'était que des livreurs à vélo.
03:13 A la base, les scooters étaient interdits, pourquoi on a basculé ?
03:16 - Pourquoi vous avez des scooters et vous ne faisiez pas des vélos ou des vélos électriques
03:19 ? - Quand j'ai commencé en 2018, les zones
03:21 étaient plus petites, on faisait quand même entre 80 et 100 km/h et puis kilomètres
03:26 pour faire des livraisons par jour, et les plateformes nous ont demandé d'aller beaucoup
03:30 plus loin et beaucoup plus rapidement.
03:32 Il y a des livreurs à Toulouse avec des livreurs qui se sont fait virer parce qu'ils n'allaient
03:37 pas assez vite.
03:38 Donc bien évidemment, les livreurs, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont préféré arrêter
03:43 le vélo et prendre des scooters, qui d'ailleurs, normalement, est totalement interdit parce
03:47 qu'il y a une question de loi quand on a des aliments à transporter.
03:54 - Il faut une licence particulière, question, pour rouler à scooter et livrer de la nourriture.
03:58 - Tout à fait.
03:59 - Et les livreurs à Toulouse l'ont, cette licence ?
04:01 - Très peu, très peu, mais voilà, on joue avec le droit parce que Deliveroo et Uber
04:06 ne respectent pas, eux, le droit déjà.
04:08 C'est eux le problème.
04:09 - Vous parliez des plateformes, je crois qu'il y a quand même un effort de sensibilisation
04:14 vis-à-vis des livreurs puisque Uber Eats, par exemple, envoie des rappels de temps en
04:18 temps, par message.
04:19 Ce sont des SMS que les livreurs reçoivent ?
04:21 - Alors des SMS, puis il y a des zones grises où le livreur ne peut plus stationner devant
04:27 certains restaurants, donc sur une zone de 50 à 100 mètres.
04:31 Donc le livreur est obligé de déposer son scooter quelque part, marcher et aller dans
04:37 le restaurant.
04:38 - Elles sont où ces zones grises à Toulouse ? Vous avez des exemples ?
04:40 - Ça dépend, par exemple, ça peut être 50 mètres ou 100 mètres à côté d'un McDonald's.
04:46 Mais là aussi, c'est une perte de temps pour le livreur et je peux vous dire, quand le
04:50 chiffre d'affaires est au plus bas, il y a une telle précarité, c'est une perte de
04:54 temps.
04:55 - Et en cas de non-respect de cette règle, vous pouvez avoir une amende ?
04:58 - Il y a une amende, il y a un livreur que j'ai eu hier qui m'a dit qu'il avait eu 135
05:02 euros il y a peu de temps et les amendes d'ailleurs se développent de plus en plus sur Toulouse.
05:07 - Et 135 euros d'amende, ça représente combien d'heures de travail, de livraison ? Est-ce
05:12 que ça peut vous coûter une journée finalement cette amende ?
05:14 - Oui, parce qu'un livreur en moyenne c'est 60 à 70 euros par jour en travaillant 7 à
05:22 8 heures.
05:23 Donc c'est deux ou trois jours de travail.
05:25 Oui, c'est vraiment énorme.
05:28 - Les livreurs ont de nombreux griefs, vous vous les représentez au travers de votre
05:32 syndicat.
05:33 Je crois que les chauffeurs voulaient un local de rassemblement à Toulouse pour pouvoir
05:37 se poser, boire un coup, aller aux toilettes.
05:39 Est-ce que ça existe à Toulouse ou c'est pas encore le cas ?
05:41 - Non, ça n'existe pas et c'est une demande du syndicat CGT, des livreurs ubérisés toulousains.
05:45 C'est une demande parce que par exemple, il y a 3-4 semaines, nous étions en alerte
05:49 rouge canicule, les plateformes n'ont pas suspendu les commandes.
05:53 On voyait les livreurs un peu partout à Toulouse cherchant le frais.
05:57 Normalement, ça devrait être interdit même de travailler dans ces conditions pareilles.
06:00 Et donc, on a travaillé dans ces conditions.
06:03 L'hiver, il pleut, il neige, il gèle, nous travaillons dehors.
06:08 Là aussi, où sont les plateformes ? Elles ne payent rien.
06:11 C'est nous qui payons les cotisations pour l'Ursaf, c'est nous qui attendons.
06:15 - On a bien entendu votre demande ce matin sur France Blog Citanie, avoir notamment un
06:19 local à Toulouse.
06:20 Merci Yoann Taillandier d'être intervenu ce matin.

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