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00:00 On a une semaine pour partir quand l'immeuble est vendu, etc.
00:02 Surveiller sous caméra surveillance,
00:05 ce sont des faits qui précarisent encore plus les gens qui profitent de ces locations.
00:26 Le rôle du Resident Manager, c'est de recruter les résidents.
00:30 Ceux qui payent la caution tout de suite, vous pouvez rentrer, les autres vous partez.
00:33 Les installer dans l'immeuble et s'assurer qu'ils ont bien compris le règlement.
00:36 Pour ça, il faut s'installer avec eux.
00:38 Les managers sont soumis aux mêmes règles que les résidents.
00:40 Pas le droit de s'absenter plus de deux jours sans autorisation.
00:42 Pas plus de deux invités.
00:43 Pas de fête.
00:44 Pas d'enfant.
00:46 Pas d'enfant.
00:46 Je ne connaissais absolument pas cette loi qui est passée en juillet dernier.
00:51 Elle était déjà appliquée, mais à titre expérimental, depuis 2018.
00:56 Il y a plein de choses qui ont été un peu faites à la sauvage,
00:59 avec des règles très restrictives.
01:02 C'est important de mettre une lumière dessus et peut-être aussi,
01:04 peut-être que ces règles vont s'assouplir ou en tout cas même ne plus exister.
01:08 C'est déjà très présent en Angleterre et en Hollande et ça arrive vraiment en France.
01:13 Donc on va en entendre parler à partir d'aujourd'hui.
01:15 En fait, il faut bien qu'ils comprennent qu'ils sont résidents et pas locataires.
01:19 C'est leur vie privée, non ?
01:20 Tu les fliques en fait, c'est abusé.
01:21 Ne dites rien à vous, c'est à vous que je ne jogue pas.
01:23 Vous avez signé le contrat.
01:24 Au bout de trois avertissements, vous savez ce qui se passe.
01:26 L'immeuble, ils le protègent, ils l'entretiennent, mais ils ne sont pas chez eux.
01:29 C'est l'occasion pour le metteur en scène de parler plus généralement
01:34 du monde du travail tel qu'il est aujourd'hui,
01:36 de l'extrême flexibilité des employés, de l'ubérisation du travail,
01:41 de la servitude volontaire, de ce qu'on accepte au travail
01:45 alors qu'on n'est pas censé le faire.
01:47 C'est toujours gratifiant en tant qu'acteur de parler d'autre chose
01:50 que les petites contingences de son personnage,
01:52 de parler de quelque chose de plus grand que soi.
01:54 On est porté comme ça par le message qu'on va délivrer,
01:57 même si ce n'est pas un film partisan.
01:58 Et d'ailleurs, ils ne jugent absolument aucun personnage.
02:01 On a pris un avocat et il nous dit de faire une demande d'expulsion.
02:05 Faites ce que vous avez à faire.
02:07 Notamment, mon personnage, Inès, se retrouve du jour au lendemain à la rue
02:12 puisqu'il faut qu'elle retrouve un appartement.
02:14 Et aujourd'hui, il faut trois fois le montant du loyer en salaire,
02:20 un CDI, des garants.
02:22 C'est très compliqué aujourd'hui.
02:24 Donc, on comprend en fait ce que fait mon personnage
02:28 parce qu'on sait qu'elle est en mode survie.
02:32 Devoir, en tant que manageuse, maintenir des règles de vie
02:36 à des gens avec lesquels je vis.
02:38 Et en même temps, je suis rattrapée par leur humanité,
02:41 je suis prise d'empathie.
02:42 Mais je fais tout ça pour sauver ma propre peau
02:45 puisque je suis moi-même dans une situation précaire
02:47 dans le film avec mon fils.
02:48 C'est nous, eux ? C'est ça ?
02:50 Le fils de 14 ans représente un peu sa conscience morale
02:53 vis-à-vis de tout ce qu'elle fait.
02:55 Elle, elle est en culpabilité totale parce qu'elle le laisse livrer
02:58 à lui-même seul dans leur appartement pour aller travailler en banlieue
03:01 parce qu'elle a dit qu'elle n'avait pas d'enfant.
03:03 Il a une vraie conscience politique et il a envie de tout faire péter,
03:07 il a envie de faire la révolution.
03:08 Et elle, elle accepte des choses qui font qu'elle est un peu
03:12 effectivement capitulée ou...
03:15 Elle est résignée.
03:17 Rôles déjà durs dans la série Hippocrate,
03:19 mais là, ça l'est beaucoup plus.
03:21 J'adore aller vers ces zones d'ombre.
03:24 J'aime bien aller dans les endroits qui ne sont pas aimables,
03:29 qui ne sont pas ce qu'on attend du féminin.
03:31 Moi, je me suis beaucoup demandé à titre personnel
03:34 si en tant que mère, j'aurais fait ces choix-là
03:36 pour protéger mes enfants ou pas.
03:40 C'est un vaste débat.
03:43 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:45 [Musique]