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00:00 On peut vite, avec cette société, se retrouver enfermée dans quelque chose de conventionnel,
00:06 de la représentation de la femme, de ce qu'elle doit être, comment elle doit se comporter,
00:09 ce que doit être une mère.
00:11 Et je trouve qu'on est plein de choses, on est plein de, j'ai envie de vous dire,
00:16 presque d'entités en tant que femmes.
00:20 On est plusieurs femmes en même temps.
00:22 "Le bonheur est pour demain" raconte l'histoire d'amour entre Sophie,
00:25 jouée par Laetitia Casta et Claude dans les années 90, sur fond de prison,
00:30 avant et après un braquage qui tourne mal.
00:33 Sacrifices, passions, mais aussi sororités sont au cœur du film de Brigitte Sy.
00:38 Sophie, c'est un peu moi dans l'histoire, pas dans le personnage.
00:41 Parce que j'ai vécu ça.
00:43 Je me suis mariée en prison, j'ai aimé un homme qui n'était pas là.
00:47 Je m'intéresse aux gens qui se mettent en danger.
00:50 Les femmes prennent des risques parce qu'elles pensent qu'elles vont gagner.
00:54 Et que souvent elles gagnent.
00:56 Les hommes ne prennent pas les risques en se disant "on va gagner".
01:00 Ils prennent des risques tout court.
01:01 Je ne sais pas comment vous dire.
01:02 Il y a quelque chose de sacrificiel chez les femmes, bien sûr.
01:05 Je pense que les femmes prennent des risques pour l'autre,
01:09 bien plus que les hommes.
01:11 Ce qui est beau pour moi dans la vie des femmes
01:15 qui sont impliquées dans les histoires d'hommes incarcérés,
01:19 c'est qu'il y a chez ces femmes-là une très grande solidarité.
01:23 Il y a aussi de la rivalité.
01:24 Moi ce qui m'intéresse c'est de regarder la solidarité.
01:27 Les gens qui ont pu voir le film ont fait la réflexion "oui, mais il ne fait pas peur".
01:31 Alors du coup on a du mal à croire à cette histoire d'amour de cet homme
01:34 où Sophie est séduite par cet homme-là.
01:38 Bah si, justement, elle est séduite par cet homme.
01:41 Elle va être touchée par comment lui la regarde et comment il va la traiter.
01:45 Dans l'imaginaire un peu collectif, les gens ont besoin d'une certaine violence.
01:49 Oui, exactement.
01:50 D'un cliché de...
01:52 Chez les hommes incarcérés, comme partout ailleurs, il y a de tout.
01:57 Il y a des hommes très violents qui ont du sang sur les mains
02:00 et puis il y a des hommes très doux et très romantiques.
02:02 Et il se trouve que moi...
02:04 Qui ont aussi du sang sur les mains.
02:05 Qui ont aussi, ou pas, qui ont aussi du sang sur les mains.
02:08 Bah là il en a.
02:08 Moi je n'aime pas les hommes violents, je fuis la violence.
02:12 Voilà, c'est la douceur qui m'intéresse, c'est pas la violence.
02:17 Alors ça combat un cliché, mais tant mieux d'une certaine façon.
02:20 Ces femmes passent avant tout en tant que femmes,
02:23 puisqu'elles vivent leurs passions, elles sont entières,
02:27 elles sont au point même d'être un peu dans la destruction, clairement.
02:30 Et franchement, moi en tant que femme, ça me parle, même si je n'ai pas eu ce parcours-là.
02:37 Mais ça me parle parce qu'on peut vite, avec cette société,
02:41 se retrouver enfermée dans quelque chose de conventionnel,
02:45 de la représentation de la femme, de ce qu'elle doit être,
02:47 comment elle doit se comporter.
02:49 Et je trouve qu'on est plein de choses,
02:53 on est plein de, j'ai envie de vous dire, presque d'entités en tant que femmes.
02:58 On est plusieurs femmes en même temps et le film parle très bien de ça.
03:02 [Musique]