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La comédienne Louise Bourgoin qui est présente à l’affiche du film Anti-Squat de Nicolas Silhol ce mercredi 6 septembre à accepter de répondre à nos questions.
Transcription
00:00 Inès, c'est une femme qui s'occupe seule de son fils et qui va se retrouver dans une
00:11 situation un peu angoissante du jour au lendemain puisque son propriétaire veut récupérer
00:16 son appartement et donc il va lui falloir déménager le plus vite possible et surtout
00:20 trouver un CDI pour pouvoir payer un loyer conséquent.
00:24 Donc elle va se retrouver très vite manageuse d'une boîte qui s'appelle Antisquat et elle
00:31 va s'occuper de recruter des résidents et elle va s'installer avec eux pour leur rappeler
00:35 les règles.
00:36 En fait ces résidents ce sont des locataires mais de loyers extrêmement faibles dans des
00:42 lieux qui sont désaffectés et ils sont là pour avoir un toit sur la tête mais aussi
00:48 pour protéger le lieu du squat et donc ça existe vraiment.
00:52 C'est une loi qui est passée en juillet dernier aujourd'hui, ça s'appelle la protection
00:57 par occupation.
00:58 On peut louer de grandes surfaces pour 200 euros par mois mais en échange on garde l'immeuble
01:04 et ça donne lieu à des règles très strictes.
01:07 Par exemple on ne peut pas recevoir d'invité chez soi, on ne peut pas s'absenter plus de
01:13 deux jours sans autorisation, on ne peut pas avoir d'enfants, pas d'animaux de compagnie,
01:17 on ne peut pas faire de fêtes et surtout quand l'immeuble est vendu on a une semaine
01:22 pour partir.
01:23 Donc ce sont des lois très restrictives et c'est un bon exemple du travail tel qu'il
01:30 est aujourd'hui, l'ubérisation par exemple.
01:33 On a l'impression quand on voit le film d'une forme de dystopie alors qu'en fait c'est
01:38 aujourd'hui et ça existe.
01:39 J'ai lu les livres que m'a conseillé Nicolas Cilolle, j'ai beaucoup répété avec les
01:48 résidents parce qu'il y en avait qui étaient non professionnels, qui n'étaient pas comédiens
01:53 vraiment.
01:54 J'ai été très portée par les décors aussi parce qu'on a quand même tourné un
01:58 mois dans une banque désaffectée, sans chauffage, entourée d'autoroutes.
02:03 Ça, ça nous a beaucoup porté aussi parce que c'est un lieu où on n'a pas envie de
02:07 rester et donc il y a une urgence comme ça qui s'est dégagée de ce lieu.
02:11 Et puis j'ai beaucoup répété avec Samy Belkessa qui joue mon fils dans le film,
02:18 qui incarne un peu ma conscience morale dans le sens où c'est lui qui me rappelle à l'ordre
02:23 et qui me dit "maman tu devrais pas faire ça, c'est pas bien, tes employeurs ils abusent
02:28 complètement".
02:29 Il est extraordinaire parce qu'il n'avait jamais joué, il a juste mis une annonce Facebook
02:35 pour de la figuration, il s'est retrouvé en casting avec moi et ça s'est hyper bien
02:39 passé.
02:40 Il a ça dans le sang, il est tout le temps juste et en plus il n'avait jamais rappé
02:43 et il rappe dans le film très très bien.
02:45 J'ai accepté ce projet pour deux choses, d'abord à la lecture, j'avais très très
02:53 envie de voir ces lieux un peu apocalyptiques de grands bureaux désaffectés, vides, investis
03:01 par des gens avec leurs petites affaires intimes maladroitement alors que ça s'y prête pas.
03:07 Et c'est une sorte de futur proche, je sais pas comment expliquer mais c'est une sorte
03:13 d'image que j'avais très envie de voir et j'avais aussi envie de jouer cette femme
03:18 qui est vraiment prise en étau à travers tout ce qui va lui arriver.
03:22 En fait, psychologiquement, ce qu'elle a à affronter est très difficile et les choses
03:27 le sont de plus en plus au cours du film, c'est vraiment un thriller haletant.
03:32 J'avais absolument pas connaissance de cette loi, je savais pas du tout que la protection
03:41 par occupation existait, c'est très développé en Angleterre et en Hollande et là ça va
03:46 l'être en France mais a priori je comprends mon personnage au départ parce que ça semble
03:51 assez humaniste, c'est un échange de bons procédés, il y a des propriétaires qui
03:54 ont des milliers de mètres carrés de locaux vacants, des gens qui ont 200 euros par mois
04:00 à mettre dans un loyer, ça part d'un très bon principe mais on découvre au cours du
04:06 film et dans les faits que ça pense plus au profit qu'à l'humain.
04:13 Je trouve que la classe moyenne est très représentée dans le cinéma français, il
04:20 y a énormément de films sociaux en France.
04:21 Ce qui est intéressant dans le film en tout cas c'est que justement on pourrait s'attendre
04:25 à ce que des gens qui cherchent un loyer de 200 euros ce soit des gens qui n'ont pas
04:29 de travail, qui n'ont pas de revenus, qui sont au RSA et là ce sont des gens qui ont
04:35 à priori un travail, qui sont justement dans la classe moyenne en fait donc ça montre
04:41 que oui le pays s'est appauvri.
04:43 Justement ce que veut défendre Nicolas Cilolle c'est qu'avec le collectif justement ces
04:55 résidents vont essayer de se souder et se protéger un peu de ce qui leur arrive parce
05:00 que les lois sont abusives, les règles sont trop restrictives et puis surtout pour le
05:06 rappeler en fait cette loi elle est passée en juillet dernier mais elle était depuis
05:09 2018 en place à titre expérimental.
05:13 Ça donne lieu un peu à des dérives quoi puisque c'est un peu sauvage la façon dont
05:17 ça s'est mis en place et surtout la précarité de ces gens autorise aussi des choses que
05:23 normalement quand on n'est pas dans la difficulté à froid on n'accepterait pas en fait.
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