Christophe Bouillon, maire de Barentin

  • l’année dernière
Christophe Bouillon, maire de Barentin et président de l'Association des petites villes de France, sur le plan de rénovation des zones commerciales, dévoilé ce lundi par le gouvernement.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 8h15, le gouvernement a annoncé un plan pour rénover et moderniser entre 1500 et 1800 zones
00:08 commerciales. La France Moche, comme on la surnomme, 24 millions d'euros débloqués. On en parle avec
00:14 notre invité, le président de l'association des petites villes de France et maire de Barentin,
00:19 Marianne Nacké. Bonjour Christophe Bouillon. Bonjour. Votre zone commerciale de Barentin,
00:23 vous la trouvez moche ? Alors je trouve qu'elle a un peu vieilli, elle a fait son temps comme on
00:28 dit, mais elle a rendu de fiers services et elle continue à rendre de fiers services. On ne peut
00:32 que l'améliorer, il faut la moderniser, l'embellir et la transformer. Elle a été inaugurée en 1973,
00:37 vous pensez qu'elle a besoin de bénéficier du plan du gouvernement ? Oui, d'abord parce qu'elle
00:41 connaît de la vacance. Elle a été faite à une époque où c'était le tout voiture, où c'était
00:45 simple, on mettait des sortes de boîtes à chaussures métalliques au milieu d'une parcelle
00:49 et les gens venaient naturellement. Tout ça a changé, les consommateurs ont évolué, il faut
00:53 faire venir le vélo, il faut que ça soit simple en piéton, que ça soit agréable. Avant c'était la
00:58 grande sortie en région, on venait à la zone commerciale en famille le samedi parce qu'on
01:02 savait qu'on pouvait tout trouver autour de soi et puis c'était attrayant, attractif. Ça l'est
01:07 encore mais ça a besoin de se mettre au diapason des nouvelles habitudes des consommateurs. Donc
01:13 vous allez déposer votre candidature auprès de la préfecture pour être éligible à ce plan ? Oui
01:18 parce que c'est une des plus grosses zones de la région avec 224 enseignes, plus de 120 hectares,
01:24 2500 emplois, il y a de quoi faire mais en même temps il y a des signes d'inquiétude. On a eu des
01:29 grandes enseignes qui ont fermé récemment, il y en a d'autres qui arrivent bien évidemment mais
01:33 c'est pas suffisant. Il faut sans doute avoir aussi une offre de loisirs. Puis on a pris les
01:37 devants, on a fait pendant plus d'un an une grosse étude, un gros travail avec l'ensemble des acteurs,
01:43 les enseignes, les propriétaires. C'est important les propriétaires parce que sur 222 enseignes,
01:47 vous avez 149 propriétaires et vous pouvez rien faire sans eux donc on a besoin de les associer
01:52 dans la démarche de transformation. 224 enseignes, entre 18 et 20% de vacances, vous venez de le dire,
01:59 ça veut dire que c'est un modèle économique qui vacille ? Pas tant que ça parce qu'on a quand même
02:04 encore 72% des achats qui se font dans les zones commerciales. C'est-à-dire qu'ils ne sont pas
02:09 condamnés. D'ailleurs ce plan, c'est pas un plan de liquidation, c'est un plan de transformation,
02:15 c'est-à-dire qu'on cherche à rebondir. Mais encore une fois les consommateurs ont changé. Avant
02:19 c'était le seul moyen, la zone commerciale, de rencontrer physiquement des produits. Depuis
02:24 internet est arrivé et puis il y a des consommateurs qui ont changé. Le e-commerce, les consommateurs
02:29 ont changé leur habitude, il y a la seconde main. Vous savez en l'espace de deux ans en France,
02:33 il y a eu énormément d'enseignes qui ont disparu. Sainte-Marina, André, Pinky, la liste est longue,
02:39 c'est 1200 magasins en France qui ont fermé. Donc les habitudes ont changé, il faut en tenir compte
02:45 et puis de la même façon je pense qu'il faut faire en sorte, et là c'est un maire qui vous parle,
02:49 quand vous avez 120 hectares qui le soir à 19h30-20h s'est fermé, il faut faire en sorte
02:55 que ces morceaux de villes demain soient des quartiers de vie. France Bleu Normandie,
02:59 il est 8h18, nous sommes avec Christophe Bouillon, maire de Barentin, président de l'association
03:03 des petites villes de France. Alors justement, faire de ces quartiers des petites villes,
03:09 c'est une bonne idée parce que par exemple on a demandé aux habitants de Tourville-la-Rivière,
03:13 aux clients qui passaient par là, est-ce que vous viendriez habiter ici ? Et ils ont tout de suite
03:19 dit "oh non". Donc est-ce que vraiment c'est une bonne idée ? Le gouvernement veut justement
03:23 peut-être trouver du foncier, bâtir des logements ? - On n'a pas le choix. Pourquoi on n'a pas le choix ?
03:28 Vous savez on a tous aujourd'hui l'objectif du zéro artificiation net. Pour le faire simple,
03:32 le foncier va devenir rare, il ne faudra plus construire sur de la terre agricole. Il faudra
03:36 densifier et il faudra aller chercher là où il y a du terrain de libre. Et les zones commerciales
03:40 sont l'endroit idéal pour faire cela. D'ailleurs les grandes foncières des grands groupes,
03:46 celles d'Auchan, celles de Carrefour, Carmilla, Noud et etc, ils réfléchissent, regardent sérieusement
03:51 les choses. On a des parkings géants, eh bien il faut faire en sorte d'avoir de la mixité demain.
03:56 Un peu de logement, un peu d'équipement, de services. Il existe déjà dans des zones
04:00 commerciales des équipements. Celles de Barentas, vous avez un collège, vous avez un stade par
04:03 exemple. Mais demain on voudra aussi venir y chercher des services médicaux, pourquoi pas,
04:07 des services administratifs. Faire en sorte à ce que le soir, ça ne soit pas un endroit
04:11 complètement fermé. Bien sûr, ce n'est pas si simple que ça, parce que la réaction des habitants
04:16 est juste. Quand vous regardez les choses aujourd'hui, vous ne vous dites pas "je vais
04:19 faire construire un pavillon ou avoir un appartement au milieu d'un parking". C'est pour ça qu'il y a
04:24 besoin de transformer les choses pour en rendre beaucoup plus attractif. Mais vous savez,
04:27 quand vous regardez dans le nord de l'Europe, prenez par exemple la Hollande, on voit cette
04:31 mixité où vous avez du logement, de la zone commerciale et ça s'intègre parfaitement.
04:36 - Donc c'est possible. Est-ce que tout cela, on a entendu à quelques auditeurs ce matin l'évoquer,
04:40 cela ne va pas se faire au détriment des coeurs de ville, des petits commerçants ?
04:44 - Alors par exemple, on a des programmes "Petite ville de demain" ou "Action coeur de ville" et
04:49 ce n'est pas un hasard. Vous avez beaucoup de ces territoires, de ces communes qui sont investis
04:54 dans ces programmes, qui ont des zones commerciales. C'est-à-dire qu'il ne faut pas opposer les deux.
04:58 C'est vrai qu'à l'époque où se sont créées les zones commerciales, c'était le grand commerce.
05:03 - De quoi habitent vraiment ? Est-ce que les petits commerçants du centre-ville
05:06 n'ont pas déserté pour aller justement dans ces zones commerciales où ils étaient sûrs
05:10 de trouver des clients ? - Alors d'abord, ce n'est pas exactement
05:12 les mêmes clients. Vous savez, la zone d'Achalandise, la zone commerciale de Barentin,
05:17 c'est plus de 500 000 habitants. Le coeur de ville de Pavillie ou de Barentin, ce n'est pas
05:23 la même zone d'Achalandise. Ce n'est pas le même type de commerce. Mais les deux,
05:26 que ce soit la grande surface ou les petits commerces, connaissent aujourd'hui les mêmes
05:29 difficultés. C'est-à-dire la concurrence avec l'Internet, le fait aussi que les consommateurs
05:35 ont changé leur habitude. Je crois que ce qu'il faut, c'est un dynamisme au niveau de la zone
05:39 commerciale et un renforcement du cadre ville dans les centres-villes. Et ce n'est pas contradictoire.
05:44 Vous avez en effet beaucoup de communes qui cherchent plutôt à faire en sorte, à travers
05:50 des marchés, de l'animation, à dynamiser à la fois leur centre-ville et leur centre-bourg,
05:53 et en même temps à faire en sorte qu'on maintienne de l'emploi aussi dans la zone
05:57 commerciale. Je rappelle qu'il y a 2500 emplois par exemple sur la zone commerciale de Barentin.
06:01 Et le gouvernement avait déjà annoncé à l'automne dernier son intention de s'attaquer
06:04 aux entrées de villes avec un plan doté de 5 milliards d'euros. Merci beaucoup Christophe
06:08 Bouillon, président de l'association des petites villes de France.

Recommandée