Le film a divisé le Festival de Cannes et va bousculer à coup sûr les esprits en cette rentrée cinéma tant le récit est transgressif : Léa Drucker est à l'affiche de "L'été dernier" de Catherine Breillat. Elle y joue le rôle de Anne, avocate renommée, en couple, 2 enfants., une vie très paisible. Mais tout bascule avec l'arrivée dans son existence de Théo, 17 ans. Léa Drucker répond aux questions de Julien Sellier, Stéphane Boudsocq, Marion Calais et Cyprien Cini.
Regardez L'invité de RTL Soir du 11 septembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié. RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:07 18h44 minutes, la bande vous accompagne jusqu'à 20h avec Cyprien, avec Marion. Et Stéphane Boutsok, notre spécialiste
00:15 cinéma qui nous a rejoint. Bonsoir Stéphane. Bonsoir tout le monde. Tous ensemble nous recevons maintenant notre invité événement, la comédienne Léa Drucker. Bonsoir Léa Drucker.
00:22 Vous êtes à l'affiche cette semaine de l'été dernier de Catherine Breillat, le film qui a un petit peu divisé le festival de Cannes et qui va
00:28 bousculer à coup sûr les esprits en cette rentrée cinéma tant le récit est transgressif. Vous jouez Anne, avocate
00:33 renommée, en couple, deux enfants, une vie très paisible mais tout bascule
00:37 avec l'arrivée dans son existence de Théo. Théo c'est son beau-fils, un adolescent rebelle et provocateur qui vient s'installer dans la grande maison
00:44 bourgeoise familiale. Et votre personnage va alors entamer une liaison avec ce jeune de 17 ans. Elle ne réussit pas à résister à ses pulsions.
00:51 Sa vie risque alors de voler en éclat.
00:54 Le film a divisé la critique à Cannes, il faut dire que le sujet est sulfureux.
00:58 Ça ne vous a pas effrayé Léa Drucker au moment de vous lancer dans ce projet d'ailleurs ?
01:02 Je me suis posé des questions bien sûr, c'est normal avec un sujet comme ça.
01:07 J'ai
01:10 évidemment réfléchi à tout ça mais en fait je trouve que le cinéma permet de...
01:14 et c'est ce que j'aime d'ailleurs dans le cinéma, c'est ce qui permet de prendre le temps de raconter des choses complexes.
01:19 C'est à dire que ce qu'on pourrait, si je résumais le scénario sur une ligne,
01:24 on pourrait se dire "mais cette femme est un monstre" et voilà, et puis c'est réglé. Ce qui est intéressant au cinéma, c'est qu'on a
01:29 l'opportunité, nous comédiens ou auteurs,
01:31 de pouvoir raconter ces histoires d'une façon humaine avec tout ce que ça peut avoir de dérangeant ou de
01:37 désagréable.
01:40 Mais ça permet ça et moi je trouve ça passionnant et c'est pour ça que je fais ce métier.
01:43 Voilà. Alors toutes celles et tous ceux qui vont voir le film, c'est notre cas autour de la table, on a tous en fait une idée
01:49 sur Anne. Vous, est-ce que vous l'avez jugée ? Est-ce que vous vous êtes fait votre idée ?
01:54 Quand j'aborde un personnage, surtout un personnage comme celui-là, je vous avoue que je ne le juge pas.
02:00 J'essaie de lui trouver toutes les justifications possibles de toutes ses actions.
02:04 Parce que sinon je peux pas la jouer. Si j'arrive en me disant...
02:08 si je me mets en... comment dire... dans un état un peu... ou condescendant ou...
02:15 ou si j'arbitre ce qu'elle fait, je peux plus le jouer, je peux plus l'incarner, je peux plus passer par ses émotions.
02:20 Et c'est intéressant. Même moi j'ai découvert des choses sur ce sujet-là en le tournant.
02:25 Moi je pense que c'est au spectateur
02:27 de se faire une idée. C'est à celui qui voit le film, parce que les films racontent
02:31 quelque chose du spectateur qui le voit. Donc moi ce qui m'intéresse c'est ça, c'est que les gens puissent avoir des réactions, j'espère, et elles seront très différentes.
02:39 C'est au spectateur d'effectuer la démarche, de juger ou non, ou de ne pas juger d'ailleurs. Mais est-ce que vous comprenez que ça puisse
02:45 déranger, interpeller aussi cette absence de jugement dans le regard de la réalisatrice, à l'heure aujourd'hui, de "Me Too"?
02:51 Mais je pense pas du tout que ce soit un film, par exemple, qui soit anti-Me Too. C'est pas du tout...
02:56 Je pense que c'est des questions
03:00 qui actuellement nous obsèdent. C'est des choses dont on parle tout le temps. Enfin dans la littérature, il se passe
03:05 d'ailleurs des choses passionnantes autour de ce sujet.
03:10 Mais là, cette histoire, l'été dernier, c'est pas vraiment un film qui donne un point de vue
03:13 sur des événements de société. Enfin si, je dis n'importe quoi. C'est-à-dire qu'il le montre de façon émotionnelle, il le montre de façon organique.
03:21 Et c'est ce que je vous disais tout à l'heure, c'est que c'est
03:24 l'humanité qu'on montre. Et moi je trouve important de montrer le côté obscur des choses, parce que ça apprend plus, on apprend plus de nous-mêmes.
03:31 C'est vrai que votre rôle il est très dense. Il y a le désir, le scandale, la morale, l'interdit, le carcan de la bourgeoisie autour de
03:37 votre personnage. Votre performance d'actrice, je ne suis pas le seul à le dire, parce que la critique est unanime, elle est assez
03:43 bluffante. J'imagine que ça, ça vous touche. Bien sûr que ça me touche. Mais c'est une chance de pouvoir
03:48 avoir des rôles aussi fascinants, c'est-à-dire avec autant de tiroirs.
03:52 Je n'arrive pas à tout résoudre le premier jour de tournage. Ça se fait au fur et à mesure avec le temps et avec Catherine Breillat,
03:59 la metteur en scène. Mais j'aime ces personnages comme ça, qui ont du mystère et
04:07 dont on ne comprend pas tout. Parce que je trouve que la vie est comme ça.
04:10 - Ce rôle, c'est aussi un défi pour vous, en quelque sorte, parce qu'il y a des scènes très érotiques.
04:15 Vous n'aviez jamais tourné ce genre de scènes. C'est extrêmement difficile
04:21 de se lancer, de jouer ces scènes-là, j'imagine.
04:25 - Le plus difficile, c'est les appréhensions qu'on a avant de les faire, bien sûr, parce qu'on s'imagine plein de choses.
04:30 Elles étaient très dessinées, ces scènes. Elles étaient très dessinées, décidées même, dans la mise en scène et dans le cadre.
04:36 Je savais exactement dans quoi on s'embarquait physiquement, ce qu'on allait voir ou ce qu'on n'allait pas voir.
04:41 Par contre, c'est tout ce qui se passe à l'intérieur de la relation, de l'émotion.
04:45 Je ne pouvais pas prévoir. Je ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer avec Samuel Kircher ou avec Olivia Rabourdin.
04:50 Et puis, je trouve que c'est un métier intéressant quand on transgresse un peu, quand on va un petit peu au-delà de ses limites.
04:56 Sinon, on s'endort.
04:57 - Samuel Kircher, c'est le tout jeune acteur qui jouait son premier film.
05:01 - C'est un acteur merveilleux.
05:02 - Ça devait être très difficile pour lui aussi, justement, en tant que jeune acteur.
05:04 - On avait tous les deux un peu peur.
05:06 - Bien sûr. Et d'ailleurs, c'était joli parce qu'on en a parlé ensemble avant de tourner.
05:10 Il m'a dit "j'ai un petit peu peur".
05:11 Je dis "ben oui, moi aussi, j'ai pas tellement l'habitude".
05:13 Donc, on va être tous les deux ensemble là-dedans.
05:15 - En même temps, c'est plutôt rassurant pour lui, ça.
05:16 - Oui, oui, mais on s'entendait très, très bien.
05:18 Et puis, il n'y avait pas de...
05:20 C'était comme une scène de danse, en fait, si vous voulez.
05:24 Il y a quelque chose à abandonner, bien sûr, mais il y avait quelque chose qui était très cadré.
05:28 Donc, ça, ça nous sécurisait beaucoup.
05:31 Après, le plus grand risque, en fait, c'est que ce soit mauvais.
05:34 C'est de se dire que quand on verra la scène, on trouvera ça moche ou on trouvera ça raté.
05:38 Moi, c'était ça, finalement, qui me stressait le plus.
05:41 Merci beaucoup.
05:42 - Anne, ce personnage, c'est en tous les cas un nouveau rôle marquant.
05:45 Il y a eu "Couleur de l'incendie" l'an dernier.
05:47 Il y a bien sûr eu "Jusqu'à la gare", le César, en 2018.
05:51 Vous diriez qu'à ce moment-là, il y a eu une bascule, en tous les cas,
05:55 un début de starisation, peut-être ?
05:57 - En tous cas, oui, je dois dire qu'on a eu une attention incroyable sur "Jusqu'à la garde".
06:03 Moi, j'avais la conviction, quand on faisait un film hyper intéressant, hyper important,
06:08 on ne pouvait pas imaginer que les gens...
06:10 On ne savait pas si les gens auraient envie d'aller voir un film sur les violences conjugales, à cette époque-là.
06:14 On l'a tourné en 2017, je crois, ou si je ne me souviens plus.
06:19 Mais, en fait, oui, il y a eu un intérêt passionné pour ce film.
06:22 Donc, ça nous a apporté, pour Denis Ménocher, pour moi...
06:25 - Ça a changé le regard du monde du cinéma sur vous ?
06:28 Ce n'est pas vous faire injure que vous avez été longtemps cantonnés,
06:30 et nous, on le regrette, à des seconds rôles, et aujourd'hui...
06:33 - Oui, mais j'ai appris mon métier.
06:35 Alors ça, je vais vous dire, les seconds rôles, c'est une chance quand on les fait pendant...
06:38 Parce qu'on a le temps d'expérimenter les choses, et quand on vous donne des rôles importants,
06:42 vous vous êtes un peu mieux armés, peut-être.
06:44 - Oui, il y a eu starification, on le disait un petit peu.
06:47 On en prépare une interview, il y a plein d'articles sur vous.
06:49 Du coup, tous les gens disent que vous êtes hyper drôle, au quotidien, etc.
06:52 - Là, je suis très sérieuse, oui.
06:54 - Vous faites des films souvent très sérieux aussi.
06:56 Peut-être un grand rôle dans une comédie ?
06:58 Vous avez déjà fait des comédies, mais le premier rôle, etc.
07:01 - Moi, j'ai une passion pour la comédie, j'ai commencé comme ça, j'adore ça.
07:05 Je vis avec un réalisateur qui a fait beaucoup de comédies,
07:07 avec qui je me suis éclatée dans un de ses films, d'ailleurs, qui s'appelle "C'est la vie",
07:10 où je trouve que j'avais un personnage de comédie que j'ai adoré faire.
07:14 Donc, je ne demande pas mieux.
07:16 - Vous parlez de vos débuts, c'est vrai que vous vous êtes lancée quand vous aviez la vingtaine,
07:18 avec les micro-trottoirs au culot pour Edouard Baer sur Radio Nova.
07:22 Vous repensez parfois à ce début de carrière ?
07:24 Ce n'était pas simple, il fallait travailler à la pizzeria pour payer les cours de théâtre ?
07:27 - Oui, comme beaucoup d'acteurs, comme beaucoup d'actrices,
07:29 et de jeunes acteurs et jeunes actrices, ça ne marche pas forcément quand on a vingt ans.
07:33 Il faut le temps de se trouver, il faut le temps de comprendre un peu comment fonctionne ce métier.
07:38 Il faut apprendre aussi à dire non à des choses.
07:41 Un ensemble de choses, c'est comme la vie, c'est assez proche.
07:44 Et après, il y en a qui ont de la chance, c'est comme les gens qui gagnent au loto, ça ne marche pas tout de suite.
07:47 - Oui, c'est vrai que ça a commencé très tôt, tout jeune.
07:51 Tellement pas drôle au début, et là je suis là !
07:54 - Alors, puisqu'on parle de vos débuts, Léa Drucker, on a lu, vous allez nous dire si c'est vrai,
07:58 que tout a commencé au lycée Molière à Paris,
08:01 où vous vous seriez inscrite au club de théâtre par béguin pour un garçon.
08:07 - Complètement !
08:07 - Plus que par vocation, ça ne tient qu'à ça, une carrière ?
08:10 - Je n'avais aucun intérêt pour le théâtre dans un premier temps.
08:13 J'étais amoureuse d'un garçon qui s'appelait Guillaume,
08:16 on m'a dit qu'il s'inscrit au club de théâtre, alors je me suis inscrite au club de théâtre.
08:19 - Et ça a fonctionné, Guillaume ?
08:20 - Pas du tout, on était amis, oui, mais ça n'a pas du tout fonctionné.
08:22 - Guillaume, si tu nous écoutes...
08:24 - Non, mais il ne fait pas du cinéma, il est théâtre, Guillaume.
08:26 - Non, pas du tout.
08:26 - Mais si Guillaume avait fait de l'escrime ?
08:28 - Oui, j'aurais fait de l'escrime !
08:30 - Vous parleriez de Guillaume !
08:31 - Ben voilà, absolument, je me serais inscrite au club d'escrime,
08:33 mais ça aurait été dommage, parce que j'aurais raté ma vocation de théâtre.
08:37 - Merci Léa Drucker d'avoir été notre invitée dans RTL Bonsoir le Sulfur, l'été dernier, sort mercredi au cinéma.
08:43 Courte pause, RTL Bonsoir continue, on est ensemble jusqu'à 20h avec toute l'équipe.
08:47 Isabelle Choquet nous a rejoint en studio.
08:48 Bonsoir Isabelle.
08:49 - Bonsoir.
08:50 - Dans un instant, le grand match des infos pour briller entre Isabelle et Marion,
08:53 vous en avez l'habitude, à tout de suite.
08:55 RTL Bonsoir
08:57 [SILENCE]