Collision à Élancourt: "C'est une question de racisme structurel", pour Fatima Ouassak (cofondatrice du collectif "Front de mères")
Un adolescent de 16 ans est en état de mort cérébrale après avoir percuté une voiture de police à Élancourt (Yvelines). Les gardes à vue des policiers mis en cause ont été levées.
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00:00 Il s'agit d'un garçon, un mineur, il faut vraiment le rappeler, c'est un gamin en fait, 16 ans,
00:04 qui est percuté par une voiture de police.
00:06 - Ou qui la percute !
00:07 - Non, non, non, qui est percuté par une voiture de police.
00:09 - Vous avez vu les images ? La voiture est percutée de quoi ?
00:11 - Qui est percutée par une voiture de police. Et on criminalise ce garçon, on la fait à l'envers en quelque sorte.
00:15 C'est-à-dire que ce garçon qui est pour l'instant victime, qui est effectivement en situation de mort cérébrale,
00:18 tout à coup, il a quelque chose à se reprocher, alors que ceux qui lui ont foncé dessus, des policiers,
00:23 ont été mis en garde à vue, et c'est eux qui sont présumés criminels.
00:27 - Non, non, non, ils sont présumés innocents, madame. Présumés innocents, madame, ne détournez pas les mots.
00:32 - Ils ont été placés en garde à vue. - Vous ne pouvez pas dire ça.
00:34 - La victime dans l'histoire... - Mais la garde à vue ne fait pas un coupable, madame.
00:36 - Pour l'instant, la seule victime... - Ils sont présumés innocents.
00:39 - La seule victime dans l'histoire, pour l'instant, c'est ce gamin de 16 ans,
00:42 - Oui, d'un accident dont on ne connaît pas la responsable. - qui est en situation de mort cérébrale.
00:45 - Il n'avait pas de casque ! Il n'avait pas de casque, il aurait dû le mettre.
00:48 - Alors justement, vous parlez du casque, je vous entendais aussi tout à l'heure.
00:51 Je renvoie aux travaux d'un sociologue qui s'appelle Benoît Cocard, qui a travaillé pendant une dizaine d'années
00:55 auprès de la jeunesse des campagnes en déclin.
00:57 Il montre que cette jeunesse, majorité blanche dans les campagnes en déclin,
01:01 a les mêmes pratiques autour de la moto, du motocross, que dans les quartiers populaires.
01:06 C'est la même jeunesse. Ils conduisent sans casque, ils conduisent alors qu'ils sont mineurs,
01:11 ils essaient de semer les gendarmes, ils font les 400 coups, etc.
01:15 On ne déplore pas de mort dans les campagnes en déclin.
01:18 Ce n'est pas parce qu'ils conduisent sans casque, parce qu'ils essaient de semer les gendarmes,
01:22 qu'on justifie qu'on les exécute d'une balle dans le thorax, qu'on les écrase,
01:27 qu'on leur fonce dessus avec des voitures de police.
01:29 Parce qu'on se dit "ce n'est pas parce qu'ils conduisent sans casque qu'ils méritent de mourir".
01:33 - Pour vous, quelle est la différence ?
01:35 - Elle est raciale. C'est parce que dans les quartiers populaires,
01:38 on a affaire à une jeunesse qui est en majorité non-blanche,
01:41 et là, tout à coup, cette jeunesse, sa vie, la vie de ces jeunes, vaut beaucoup moins.
01:45 Elle ne vaut rien, en quelque sorte.
01:47 C'est-à-dire qu'on nous sort des arguments qui sont, moi je vous le dis,
01:50 lamentables. Justifier la mort d'un mineur, qui est pour l'instant percuté par une voiture de police,
01:54 la justifier par le fait de ne pas poser de casque, c'est indigne, monsieur.
01:58 C'est indigne, c'est infâme.
02:00 Est-ce que vous accepteriez, si votre gamin de 16 ans était percuté par une voiture de police,
02:04 est-ce que vous accepteriez que moi je vous sorte comme argument
02:07 "Ah oui, mais monsieur, il n'avait pas de casque, il n'avait pas de permis, etc."
02:10 C'est indigne. La vie de votre fils ne vaut pas plus que la vie de ce gamin, monsieur.
02:14 C'est une question de racisme structurel.
02:17 C'est une question de racisme structurel.
02:19 De la manière dont la police traite la jeunesse des quartiers populaires.
02:23 Je vous dis simplement qu'à l'heure où nous parlons de dire qu'il a été percuté, on ne sait pas...
02:29 En tout cas, il est mort et il est victime.
02:30 Oui, il est mort.
02:31 En tout cas, il est mort et il ne mérite pas de mourir.
02:32 Bien sûr.
02:33 Et il ne méritait pas de mourir.
02:34 Un jeune de 16 ans ne mérite pas de mourir.
02:35 Et il ne méritait pas de mourir. C'est ça le débat.
02:37 Il ne méritait pas de mourir.
02:38 Quoi qu'il ait fait, il ne méritait pas de mourir.
02:40 Il est victime d'un accident dont on ne connaît pas la chaîne de responsabilité.
02:43 Pour l'instant, on a des témoignages.
02:45 La différence campagne-ville est intéressante.
02:50 Est-ce qu'elle n'est pas liée aussi, cette différence, au fait qu'en ville, dans ces quartiers, il y a une densité telle que,
02:56 Edin, ceux qui peuvent arrêter ne viennent plus vivre.
02:59 Et deuxièmement, le danger pour l'environnement, le danger pour les habitants...
03:03 Lisez des livres.
03:04 Les gars, ce livre, lisez-le avant de vous exprimer.
03:06 Laissez-moi terminer.
03:07 Non, ce n'est pas la thèse du livre.
03:08 C'est ma question.
03:11 Est-ce que ce n'est pas lié au fait qu'il y a plus de risques pour l'environnement, parce qu'il y a plus de passants, comme race campagne ?
03:19 Non.
03:20 Je vous invite à lire le livre et vous verrez que la seule différence, c'est que la jeunesse des campagnes en déclin
03:26 est considérée comme méritant de vivre davantage que la jeunesse des quartiers populaires.
03:30 On considère que les jeunes noirs, arabes, non-blancs, des quartiers populaires, finalement, on peut leur foncer dessus,
03:36 100 fois de moins.
03:37 On peut les exécuter comme ce qui s'est passé avec Nahel.
03:40 Parce que là, on parle de Cefa, mais parlons aussi de Nahel, parlons d'Al Hussein.
03:44 C'est une vieille histoire.
03:45 Malika Yazid dans les années 70, Fatima Bédard, Malika Yazid, 8 ans, 7 ans, 8 ans dans les années 70,
03:50 Fatima Bédard, 15 ans dans les années 60, Zied, Bena, Buna Traoré.
03:55 C'est une longue liste de gosses.
03:57 Attendez, je finis.
03:58 C'est une longue liste de gosses qui sont tués.
04:00 Pourquoi se dénoncer les arabes ?
04:02 Pourquoi se dénoncer les non-blancs ?
04:03 Pourquoi pas dans les campagnes ?