En direct sur CNews, Jean-Marc Morandini se rend dans une tour tenue par des dealers à Melun et prend le risque de monter au 5e étage où se fait « le deal » - Regardez
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00:00 C'était le côté propre, donc on va essayer de monter les escaliers pour arriver au 5ème étage,
00:11 puisque vous avez vu dans les panneaux qui sont affichés, c'est au 5ème étage que se fait le deal.
00:17 Alors c'est vrai que là, il y a un peu de lumière dans les escaliers, donc ça c'est pas mal.
00:24 Ce matin à 8h il n'y en avait pas, il y avait des petits collégiens qui descendaient avec leur cartable, avec la lumière à la main.
00:32 Et ce qui est clair, ce que vous ne voyez pas forcément à la télé, c'est que ça sent l'urine à tous les étages.
00:38 Ici il y a une très forte odeur qui vous prend à la gorge, qui vous prend au nez.
00:44 On est en train d'approcher, on ne sait pas quel étage on est, on est au 4ème.
00:49 Donc on est en train d'approcher, Marie on va peut-être laisser passer, je ne sais pas si on a un peu de sécurité devant ?
00:54 D'accord, on va continuer à monter alors. Il ne faut pas mettre en danger les équipes qui sont avec nous.
01:02 Voilà, et c'est là qu'on arrive au 5ème étage.
01:08 Et en général il y a des gens qui sont là ?
01:11 Ils sont 3-4 ici avec des barricades qu'on a enlevées encore cette semaine,
01:14 mais je sais qu'ils vont être remis certainement dans la semaine,
01:16 puisque c'est à peu près toutes les semaines qu'ils remettent quand on enlève.
01:20 Mais cet étage, il y a des appartements ?
01:23 Non, alors après on sait qu'ici il y a des nourrices.
01:26 Il y a une procédure d'ailleurs en cours d'une nourrice dont on attend les résultats par la justice.
01:30 On arrive, madame, on arrive. Il y a une dame qui nous appelle, qui nous demande de monter, on va monter.
01:34 Mais voilà, c'est vrai que vous voyez bien que c'est intolérable.
01:38 Et comme me disait le monsieur le député, il faut qu'on casse cette chose qui existe maintenant depuis 30-40 ans,
01:44 mais qui devient un point de plus en plus criant, on le voit,
01:47 et il faut qu'on y mette maintenant des moyens lourds et une vraie politique pour ces quartiers.
01:51 On ne peut pas abandonner nos locataires et le bailleur de telle façon.
01:56 Alors on a une dame qui nous demande de monter, donc on va monter.
02:01 C'est vrai que l'accès aux étages supérieurs est en général compliqué.
02:06 Dites-lui qu'on filmera ses pieds de toute façon, puisqu'on vous filmera les pieds, madame.
02:12 Ne vous inquiétez pas, on va filmer uniquement le sol pour que vous n'ayez pas de problème.
02:19 Bonjour, madame.
02:20 Oui, madame, tout va bien parce que je suis assise dans le travail.
02:25 Je suis 80% handicapée, les dos, les genoux, 50-50.
02:32 Parce que des mois, il n'y avait pas de samba.
02:35 L'office n'a jamais changé d'appartement depuis 10 ans.
02:39 Les pieds sont toujours à tendre, à tendre, à tendre.
02:43 Mais vous arrivez à descendre, vous arrivez à sortir ?
02:45 Il ne descend pas.
02:46 Vous, vous arrivez à descendre ?
02:47 Non, non, non, non, non.
02:48 Il ne veut pas partir voir mon médecin, rien du tout.
02:51 Il me change d'appartement, il descend en bas.
02:54 Ça fait 10 ans qu'il attend.
02:56 Il n'y a rien, ça marche.
02:58 Mon médecin l'a envoyé courrier.
03:00 Mais comment vous vivez ? Comment vous récupérez un manger ?
03:03 Comment vous faites tout ça ?
03:04 Médecin en foy, il me fait un peu d'aide.
03:06 Sinon, il n'y a rien.
03:07 Le médecin lui a fait le piqué à la maison.
03:09 Parce qu'à un moment, il n'arrivait pas à dormir.
03:12 C'est la faute à qui pour vous ?
03:13 C'est quoi ? C'est parce qu'il y a des dealers ?
03:15 Je suis venue ici en 2002.
03:20 Il y a tout calme.
03:22 Le temps m'a validé, il m'a dit qu'il devait sortir d'ici.
03:25 Mais ici, c'est trop calme.
03:27 Tout est en marche, tout est en marche.
03:29 Tout est propre, tout est calme.
03:32 Maintenant, je suis venue ici.
03:34 Impossible.
03:35 Les voisins en haut, ils sont sautés.
03:39 Il n'y a personne ici.
03:41 Il y a un handicapé, il y a hypertension, diabète.
03:46 Bien sûr, la vie est compliquée.
03:49 Merci madame.
03:51 On a d'autres gens.
03:52 On va continuer à filmer les pieds.
03:53 On ne filme pas les visages pour votre sécurité.
03:56 Bonjour madame, vous habitez ici ?
03:57 Oui.
03:58 Comment ça se passe le quotidien ici ?
04:00 Le quotidien est très difficile monsieur.
04:02 Simplement qu'il y a des lois qui ne sont pas respectées.
04:05 Alors il faut faire quelque chose pour que chaque habitant puisse vivre normalement.
04:10 C'est tout.
04:11 Et qu'il y a le business, ils le font, mais qu'ils n'empêchent pas les autres.
04:15 Vous n'en avez pas appris les dealers spécialement, mais vous dites "moi je veux continuer à vivre normalement".
04:19 Si les pauvres, moi je suis dans l'ouvre.
04:21 Avec les jeunes, il faut bien qu'ils vivent de quelque chose, puisque le gouvernement ne fait rien.
04:25 Alors il faut faire quelque chose, sentiment.
04:28 Mais il ne faut pas que ça compatisse sur une sorte de...
04:30 Moi j'ai mon mari qui a 86, je ne peux pas faire les provisos, je ne peux pas les renter.
04:35 J'en ai 84, je travaille.
04:37 Parce que Macron ne paie plus les petites retraites.
04:39 Depuis 25 ans je suis égyptologue et assyriologue, internationale.
04:43 Vous êtes égyptologue ?
04:44 Oui.
04:45 Et vous vous retrouvez à vivre ici ?
04:47 Oui, parce qu'on m'a repris mon appartement à Paris, pour le relouer aux Ukrainiens.
04:52 Au lieu de 1000 euros, ça passe à 1500.
04:54 Je me suis retrouvée avec un mois pour dire "ben vous partez".
04:58 Mais arriver ici c'est l'enfer, enfin on voit bien...
05:00 C'est mon mari qui...
05:01 Non mais je comprends bien madame.
05:02 Mais c'est vrai que c'est l'enfer, on voit là, on a des odeurs d'urine qui nous arrivent et qui montent.
05:06 On a la drogue qui est en trafic.
05:09 Je pense que la question sanitaire est différente.
05:12 Il faudrait que la mairie fasse quelque chose pour nettoyer au moins le sanitaire.
05:17 On a rempli de bêtes, bon il y a un moyen de faire...
05:22 Et puis que les jeunes ne soient pas non plus à faire leur besoin n'importe où.
05:26 Vous avez quel rapport avec les dealers qui sont dans l'immeuble ?
05:30 Ils sont polis, restent polis et gentils avec vous ?
05:33 Oui, par contre j'en ai eu trois, noirs, je spécifie, qui m'ont agressée dans l'escalier.
05:38 C'est pour ça que mon mari est obligé avec moi de descendre.
05:42 J'ai eu très très peur parce que je me tenais.
05:45 J'étais un peu fatiguée, j'avais le chien de 5 kilos de l'autre côté.
05:50 J'étais pas fière.
05:52 Quand je suis rentrée, je vais vous dire que j'avais les jambes ouvertes.
05:54 On a ici, tout à l'heure c'était un peu la même chose, on a ici le monsieur qui habite à 77.
05:58 C'est le président de l'habitat 77 à qui ces immeubles appartiennent.
06:02 Donc vous avez envie de lui dire qu'il faut intervenir plus pour travailler sur l'hygiène,
06:06 pour travailler sur la propreté ?
06:09 Je pense que quand on est teneur d'un bâtiment comme ça, il doit être respecté aux normes.
06:15 Il doit être nettoyé et tout.
06:17 Il faut aussi que les locataires mettent des petites poubelles.
06:20 Regardez, il n'y a pas de feu, il n'y a pas d'éteinteur.
06:24 Ça c'est déjà un gros problème.
06:26 Il y a des problèmes de sécurité.
06:28 C'est vrai que quand on arrive, on sent cette odeur.
06:31 Là c'est compliqué.
06:33 Oui, alors c'est ce que je vous ai expliqué.
06:35 Les femmes de ménage passent dans les parties communes ici deux fois par semaine.
06:39 Vous devez les voir.
06:41 Je le fais monsieur, je le fais moi-même parce que c'est dégoûtant, excusez-moi.
06:44 Oui, mais je sais que c'est régulièrement dégoûtant.
06:46 On peut aller sur les immeubles à côté, sur les deux tours à côté où il n'y a pas de trafic.
06:50 Vous allez vous apercevoir que ce n'est pas du tout les mêmes.
06:52 On est d'accord.
06:53 Donc le problème c'est bien les dealers qui occupent cet espace
06:55 et qui salopent tout et qui ne respectent rien.
06:57 Et c'est vrai que parfois il y a des personnes, des prestataires qui ne veulent plus passer
07:00 parce qu'ils sont aussi soumis à des agréments.
07:03 Du coup certains font valoir le droit de retrait.
07:05 Vous avez vu qu'on avait repeint, changé les portes l'année dernière
07:09 et que tout ça a été cassé régulièrement.
07:11 Donc nous on peut remettre des moyens.
07:13 Moi je suis prêt.
07:14 On peut refaire une opération y compris avec vous.
07:16 On nettoie tout, on repeint tout et vous revenez qu'un jour après.
07:18 Et vous verrez que ce sera la même chose.
07:20 Sauf que nous Habitat ne peut pas mettre 200 000 euros par an simplement sur cette tour.
07:24 On a 19 000 logements sur la Seine-et-Marne.
07:26 On est présent sur 102 communes.
07:27 Sur 102 communes, on a 20 communes sur lesquelles il y a des points de vif.
07:30 Pourquoi on ne met pas des poubelles ?
07:32 Simplement des poubelles.
07:33 Pourquoi on ne met pas simplement des poubelles ?
07:35 On y met le feu.
07:37 Ce qui est compliqué c'est que quand on voit la situation dans cet immeuble,
07:40 on se dit que ce n'est pas possible qu'en France,
07:42 en 2023, on est dans une situation comme ça.
07:45 On est dans un immeuble qui est délabré.
07:47 Il suffit même de regarder là-haut.
07:49 Tout est en morceaux.
07:51 Tout a été changé l'année dernière, M. Morandini.
07:53 Donc moi je veux bien qu'on refasse tout.
07:55 Mais si on ne règle pas le problème du deal ici,
07:57 et c'est bien le cœur du problème,
07:59 si on ne règle pas cette question au niveau national,
08:01 par une politique ambitieuse et ferme avec le zéro impunité,
08:05 on ne changera rien.
08:06 C'est-à-dire qu'on pourra toujours revenir,
08:08 toujours nettoyer, toujours repeindre.
08:10 Ça sera systématiquement cassé.
08:11 Donc le nœud du problème, le cœur du problème,
08:13 c'est comment on fait pour éradiquer ces problèmes de deal sur cette tour.
08:17 Juste, on va faire la pause depuis dans un instant,
08:18 mais je voudrais qu'on redescende au cinquième,
08:20 Marie va passer devant,
08:21 puisque le cinquième, c'est un peu le nœud du problème de cet immeuble.
08:25 C'est le cinquième étage.
08:27 C'est là où se fait le trafic de deal en permanence.
08:30 Je n'étais pas sûr qu'on y arrive à y monter,
08:33 mais voilà, on est là.
08:35 Donc en fait, c'est vrai que les clients arrivent par le bas,
08:39 et ici en permanence, il y a 3-4 personnes qui sont là
08:44 et qui sont là pour fournir.
08:46 On voit l'état de l'immeuble, effectivement.
08:48 C'est quoi, c'est des appartements de chaque côté ?
08:50 En fait, oui, il y a une course qui va faire à chaque fois.
08:52 Il y a des appartements qui sont desservis par les deux accès autour du palier.
08:56 Voilà, et donc c'est là que se fait le deal.
08:59 Et c'est pour ça qu'en bas, tout à l'heure,
09:00 on avait ces jeunes qui sont en train de surveiller
09:02 ce qui monte et ce qui arrive.
09:04 Alors ce que je vous propose, c'est qu'on va faire la pause de pub
09:06 pendant juste deux petites minutes
09:08 pour nous le temps de redescendre.
09:10 Et puis on va se retrouver en direct.
09:12 On a encore beaucoup d'invités avec qui on va parler.
09:14 Et puis on va continuer à vous faire découvrir ce qui se passe
09:16 dans ce quartier en direct.
09:17 Je vous rappelle qu'on est à Melun.
09:18 On est dans cette tour qui est tenue par les dealers
09:21 depuis au moins deux ans.
09:22 C'est ce que nous disaient les policiers tout à l'heure.
09:24 Ça fait au moins deux ans que cette tour est tenue.
09:26 Les accès sont très compliqués, à la fois pour les habitants,
09:29 vous les avez entendus, et à la fois, normalement, pour la presse.
09:32 C'est compliqué, mais on a réussi à être là avec tout ce qui se passe.
09:37 Une pause rapide et on se retrouve juste en bas de l'image.