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Enseignant, normalien, agrégé de Lettres, Jean-Paul Brighelli est l’auteur du livre à succès : "La fabrique du crétin". Il revient avec un nouvel ouvrage aux idées dérangeantes et percutantes : "L’école à deux vitesses". Le professeur marseillais, dont on connait le franc-parler, évoque les sujets d’actualité : l’abaya, l’uniforme ou les propositions en matière scolaire d’Emmanuel Macron. Il dénonce à nouveau la faillite du système éducatif et une école qui est au point de rupture.
Jean-Paul Brighelli fait un vibrant plaidoyer en faveur de la mixité sociale. Et si tout au long du livre, il explique qu’il n’y a pas, au départ, de bons et mauvais élèves, il y a en revanche, de bons et mauvais enseignants. Les recommandations de l’auteur en direction de ses collègues professeurs sont pour le moins iconoclastes : tolérance zéro en classe, apprendre à mouiller sa chemise, redonner du sens à la valeur travail, apprendre à se tenir physiquement debout. Brighelli va encore plus loin en déclarant : "Un bon enseignant n’est pas là pour apporter la paix mais l’épée. Il n’est pas là pour faire apprendre les maths, le français, les sciences etc. Il est là pour enseigner notre Civilisation !".
Jean-Paul Brighelli prévient enfin que monter le niveau d’exigence des élèves mais aussi des professeurs, c’est élever le niveau de tout un peuple. Sans quoi, nous allons droit vers une déflagration qui ne sera pas seulement scolaire.

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00:00 [Générique]
00:05 Enseignant normalien, agrégé de lettres, Jean-Paul Briguelli est l'auteur, vous le savez, du best-seller "La Fabrique du Crétin".
00:11 Et il revient avec un nouvel ouvrage aux idées dérangeantes, intitulé "L'école à deux vitesses",
00:17 aux éditions L'Archipel et en vente dès maintenant sur la boutique TVL, sur le site TVL.fr.
00:23 Jean-Paul Briguelli, bonjour.
00:24 Bonjour.
00:25 Merci d'être avec nous sur TVL.
00:26 Nous allons évoquer ce livre qui va faire grincer bien des dents,
00:31 mais auparavant l'actualité, c'est "L'interdiction", par le ministre Gabriel Attal, de La Maillat et du Camus.
00:37 Est-ce que pour vous, c'est une décision qui va dans le bon sens,
00:40 ou c'est le moyen de faire diversion, d'éluder les vraies questions sur l'état de l'éducation nationale en France en 2023 ?
00:48 Alors avant tout, c'est un bon coup politique.
00:52 Gabriel Attal a éclaté façon puzzle, comme dit Bernard Blier dans "Le Tenton-Flingueur",
00:58 l'ensemble de la gauche qui se divise entre ceux qui voient de l'anti-islamisme, de l'anti-etc.,
01:07 ceux qui approuvent, Fabien Roussel par exemple.
01:11 Très bien, ils ne savent plus où ils ont leur tête.
01:14 Deuxièmement, c'est quand même une façon de se démarquer de Papin-Diaye,
01:20 de montrer que les choses ont changé, parce que pendant l'année qu'il a passée au ministère,
01:25 il s'est révélé dans les détails un adversaire assez résolu, on va dire, du clan laïc.
01:33 Il a déplacé des gens, il en a nommé d'autres.
01:36 Il est arrivé sur les positions qui étaient celles de Jean-Luc Bianco,
01:40 à l'époque où Bianco dirigeait l'Observatoire de la laïcité.
01:43 J'avais une longue polémique avec lui, parce qu'il prêchait la laïcité ouverte.
01:50 Je lui ai dit "oui, comme les cuisses du même nom".
01:54 Vous savez, mon côté distingué, british, immédiatement.
01:58 Et troisièmement, il envoie un signal quand même aux musulmans,
02:04 en leur disant "on vous a laissé prospérer quand même, mais il y a des limites".
02:11 D'ailleurs, ça s'est révélé assez efficace, parce que sur 12 millions d'élèves qui rentraient,
02:17 des abaya non retirés, il y en a eu 67.
02:20 C'est-à-dire 0,00005.
02:24 Donc bravo de ce point de vue-là.
02:26 Maintenant, est-ce que c'était la première mesure qu'il fallait prendre ?
02:30 C'est symbolique si on veut, mais si on en reste au symbole, c'est un peu pauvre.
02:34 Il aurait été plus significatif de décréter par exemple la fin du collège unique,
02:41 sonner la fin de la récré, expliquer aux profs qu'il va falloir travailler,
02:46 enfin, toute une série de choses qui risquent de fâcher.
02:50 On va en parler tout cela.
02:51 Vous dites dans l'école de vitesse qu'une évidence surnage,
02:54 les élèves devraient porter un uniforme,
02:57 pour faire tomber toutes les questions vestimentaires qu'on vient d'évoquer.
03:02 On parle d'expérimentation.
03:05 Est-ce que vous pensez qu'il faut encore aller plus loin et mettre cela en place rapidement ?
03:09 J'ai fait un article.
03:10 Je suis parti en mission véritablement exploratoire au Japon en avril-mai dernier
03:16 pour observer comment cela fonctionnait au Japon.
03:19 Puisque tout le Japon vit sous uniforme.
03:22 Chaque école a son uniforme et c'est toujours la même chose.
03:26 C'est chemisier-jupe pour les filles,
03:29 blazer pour les garçons avec un côté un peu militaire,
03:32 derrière des boutons dorés, des tenues un peu raides.
03:38 Et ça fonctionne très bien.
03:40 Au-delà de l'uniforme, par exemple, les cheveux doivent être attachés,
03:44 ils ne doivent pas être teints, on ne doit pas porter de bijoux,
03:47 il ne doit pas y avoir de tatouage, ce qui sont très mal vus au Japon,
03:52 de façon générale.
03:55 Et même pour les filles, interdiction des collants.
03:58 Dans un pays où il peut faire -15°C l'hiver.
04:03 J'en avais tiré plusieurs enseignements.
04:07 Primo, ça évite les concurrences vestimentaires.
04:11 Le côté "moi j'ai le dernier pull de chez..."
04:15 "et moi j'ai le dernier jean de chez..." etc.
04:18 Ça évite le racket.
04:20 Par définition, on ne va pas se racketer la même chose que ce qu'on a déjà.
04:24 J'avais suggéré qu'on fasse un référendum national
04:28 de façon à l'imposer globalement,
04:30 et surtout que ces uniformes soient fabriqués en France.
04:33 Ce qui permettrait 12 millions d'élèves à habiller tous les ans,
04:37 ce qui permettrait de relancer massivement l'industrie textile
04:44 qui a été sacrifiée dans les années 80.
04:46 Je vous rappelle qu'on avait une industrie textile extrêmement forte dans ce pays.
04:51 Mais surtout, il faut penser à cette idée d'uniforme.
04:56 Bien sûr, il y a un côté militaire.
04:58 Mais aussi l'idée d'uniformiser les gens
05:02 de façon à ce qu'ils ne se distinguent que par leur travail et leur capacité intellectuelle.
05:08 Je vous rappelle d'ailleurs que c'est une règle quand on fait une dissertation.
05:12 Par exemple, le mot interdit c'est "je".
05:14 Parce que ce sont les idées que l'on défend
05:17 qui doivent être remarquables et pas l'étalage de son nombril.
05:22 Dernier point, l'uniforme, on le met le matin,
05:26 exactement comme vous vous êtes habillés ce matin,
05:28 vous voyez ce bleu typique, la pochette, les lunettes.
05:32 Vous vous êtes habillés pour aller au combat, en quelque sorte.
05:37 Le combat du travail, etc.
05:41 L'uniforme c'est du même ordre.
05:42 Faire comprendre aux élèves que ce n'est pas, quand on va à l'école,
05:46 ce n'est pas la même chose que quand on va voir des copains dans la rue.
05:49 Ou on peut être plus relâché, etc.
05:52 On met un uniforme pour aller dans un endroit où l'on va travailler.
05:57 C'est une préfiguration, en quelque sorte,
06:02 de ce que sera le travail professionnel par la suite.
06:04 Pourquoi mettre un uniforme aux enfants ?
06:06 Il n'y a plus d'uniforme pour les professeurs,
06:08 il n'y a plus d'uniforme pour les postiers,
06:09 il n'y a plus d'uniforme presque dans la SNCF,
06:11 il n'y a plus d'uniforme des militaires
06:13 car ils ne peuvent plus se promener dans la rue en uniforme.
06:15 L'uniforme a disparu partout, vous l'avez réimposé aux jeunes ?
06:18 Vous avez énuméré, admirablement, l'ensemble des retraites,
06:24 si je puis dire, que nous avons opérées en France.
06:27 Si on veut revivifier la France en tant que pays,
06:30 il faut justement commencer à la base.
06:33 La base, c'est l'école, c'est des 5-6 ans, etc.
06:36 En plus de ça, les enfants peuvent très bien jouer avec ça.
06:39 Je rappelle quand même qu'aux Antilles, ils sont en uniforme, tous,
06:44 et ça ne les braque pas plus que ça.
06:48 Ils ont la possibilité, quand ils sortent de l'école,
06:50 de remettre leurs jeans troués s'ils en ont envie,
06:53 mais pas à l'école.
06:56 Et de la même manière, il faudrait bien sûr inciter les professeurs
07:00 à y aller habillés d'une façon un peu stricte,
07:03 eux aussi en tenue de combat.
07:05 Le président de la République, Emmanuel Macron,
07:07 a récemment, dans le Point, indiqué toute une série de propositions
07:11 pour redresser l'éducation nationale.
07:13 Il avait vu, indiqué qu'il faisait de ce sujet
07:17 une priorité politique cardinale.
07:21 Il fait toute une série de propositions,
07:23 j'ai noté celles qui font peut-être quand même consensus,
07:26 une demi-heure de sport obligatoire chaque jour,
07:28 renforcement de l'éducation artistique culturelle,
07:30 vacances écourtées pour les décrocheurs.
07:31 Et vous, vous jugez tout ça très sévèrement,
07:33 et vous dites, Emmanuel Macron, il a 20 ans de retard.
07:38 Il a 20 ans de retard, c'est-à-dire que ce sont des mesures
07:40 qui auraient fait sens il y a 20 ans.
07:43 Mais il y a 20 ans, il est allé à la gauche au pouvoir,
07:45 et il est hors de question de contrarier les syndicats d'enseignants, etc.
07:50 En fait, c'est Jospin, qui était Premier ministre à l'horizon des années 2000.
07:55 Bon, le sport à l'école, on va prendre le sport à l'école.
07:59 Le sport à l'école est contaminé par le fait que ce n'est pas du sport,
08:03 c'est de l'EPS, harcèlement physique et sportif, etc.
08:07 – Est-ce pas la même chose ?
08:08 – Ah, ce n'est pas du tout la même chose.
08:09 Lorsque, par exemple, vous faites une épreuve de course,
08:13 on vous demande avant quel temps vous comptez mettre,
08:17 et on vous note en fonction de votre conformité à votre prévision.
08:21 On ne note pas, comme ça se faisait autrefois, en valeur absolue,
08:26 en fonction de la performance, etc.
08:29 parce que ce serait discriminer, bien sûr,
08:31 ceux qui mettent 18 secondes sur 100 mètres.
08:35 Or, il ne faut plus discriminer qui que ce soit.
08:39 Et ce n'est plus du sport, mais plus du tout.
08:44 En tout cas, le vrai sport, c'est l'initial de la compétition.
08:49 C'est d'autant plus absurde que les gosses
08:52 sont extrêmement férus de compétition en tout genre.
08:55 Ils connaissent par cœur les scores des équipes de foot,
08:59 ils s'identifient à tel ou tel champion, etc.
09:02 Et là, on leur dit non, non, dernier point,
09:05 il y a un article récent dans une revue pédagogique,
09:09 il y a un nombre sidérant en France de dispensés.
09:13 C'est même une catégorie à part, les dispensés de sport.
09:16 Alors, il y en a certains qui ont certainement des problèmes majeurs, etc.
09:25 Mais enfin, les médecins donnent des dispenses sportives,
09:29 en particulier pour les jeunes filles musulmanes,
09:31 de façon à ce qu'elles n'allent pas à la piscine.
09:33 Il faut cesser, il faut absolument cesser.
09:36 Il n'y a pas de dispense de cours de maths,
09:38 il n'y a pas de dispense de cours de lettres,
09:39 il n'y a pas de dispense de cours de SVT.
09:42 Le sport est une activité rigoureusement comme les autres,
09:45 si on veut la faire sérieusement, il faut que tout le monde la fasse.
09:49 Et si ça ne leur fait pas plaisir,
09:51 il y en a plein à qui ça ne fait pas plaisir d'aller en maths,
09:54 vous voyez, ou en français, ou quoi que ce soit.
09:57 – Allez, venons-en au sujet de l'ouvrage.
09:59 Vous avez dénoncé il y a presque 20 ans déjà,
10:02 la faillite du système éducatif à grand bruit.
10:06 Et à vous lire, on comprend que la situation a encore empiré
10:09 et que l'école est dorénavant point de rupture.
10:12 Et votre constat est le suivant, la mixité scolaire est une supercherie,
10:16 le fossé ne cesse de s'élargir, on a un système à deux vitesses,
10:19 celui des riches et celui des pauvres.
10:23 L'école des riches, l'école des pauvres.
10:25 C'est aussi binaire que ça.
10:26 – Oui, c'est aussi binaire que ça.
10:29 Alors d'abord, ça l'est d'autant plus que,
10:32 vous avez dû remarquer que depuis une quinzaine d'années,
10:34 la classe moyenne est en train de disparaître.
10:37 La classe moyenne est poussée vers le fossé, en quelque sorte.
10:40 Je rappelle que l'école s'est maintenue longtemps
10:44 parce que la classe moyenne, qui est quand même l'essentiel des troupes,
10:48 espérait pour ses enfants un sort meilleur.
10:52 Actuellement, l'état des choses,
10:55 c'est que les enfants de la classe moyenne auront un sort bien pire.
10:58 – Voilà, on prend, ne serait-ce qu'un exemple parmi d'autres,
11:03 la possibilité d'accession au logement.
11:06 La possibilité d'accession au logement,
11:08 on est dans un environnement de Paris,
11:11 où on parle combien coûtent les studios à Paris.
11:16 Vous voyez, qui a 1000 ou 1200 euros à mettre par mois sur 12 mètres carrés ?
11:23 Parce que c'est ça les tarifs.
11:25 Et je vous rappelle, les propriétaires demandent
11:27 que vous ayez la caution d'un salaire 3 fois supérieur au loyer.
11:32 Enfin, les classes moyennes sont absolument écrasées.
11:35 Donc, on ne se retrouve plus qu'avec des très pauvres et des bientôt pauvres.
11:40 Et en face, une poignée, mais une poignée, de CSP++, si je puis dire,
11:49 qui mettent leurs enfants effectivement dans des écoles privées au public.
11:55 D'ailleurs, ça n'a absolument aucune importance.
11:57 Où ils se perpétuent.
11:58 Voir Gabriel Attal, produit de l'école asiatienne.
12:02 Voir Papin-Diaye, qui avait mis ses enfants à l'école asiatienne.
12:06 Ce sont les lieux de l'entre-soi, en quelque sorte.
12:10 Ce sont les lieux où il est nécessaire d'être passé pour être reconnu.
12:15 Prendre un exemple quand même.
12:17 Ce sont des établissements qui ont des réputations extraordinaires,
12:20 pas forcément méritées d'ailleurs, en tant que soignis.
12:22 Gabriel Attal était un élève très moyen et il a passé le bac.
12:27 Il a été pris immédiatement à Sciences Po Paris.
12:30 Voilà, par un tour magique.
12:33 Il a été reconnu comme l'un des siens.
12:36 Et l'autre bout du système, ce sont ces 10% d'enfants de la classe la plus privilégiée,
12:45 dont il n'est pas évident qu'ils aient un intellect particulièrement brillant,
12:50 parce que ça ne s'érite pas.
12:52 Voilà.
12:53 Je vous le dis, même chez les chevaux, ça ne s'érite pas, les hautes capacités.
12:58 Mais qui sont mis en cocotte, en quelque sorte,
13:02 et en circuit fermé, de façon à reproduire le système.
13:08 C'est tellement vrai que les concours supérieurs, auxquels j'ai préparé, etc.,
13:15 déplorent le niveau des candidats.
13:18 Le jury de l'ENA, depuis plusieurs années, déplore le seuil extraordinaire de conformisme,
13:25 de manque d'idées, de manque d'imagination des candidats
13:29 qui feront la prochaine promo et qui remplaceront à terme Macron, Borne, etc.
13:37 Tout ce produit d'une école qui est juste une école de conformisme et de manque d'imagination.
13:43 Si les énarques avaient l'imagination, on n'en serait pas là.
13:45 Vous faites un vibrant plaidoyer, je comprends bien, en faveur de la mixité sociale,
13:50 dans l'intérêt de la nation.
13:51 Pas uniquement sociale.
13:53 Mais c'est là où ça m'intéresse, parce que vous dites,
13:56 une nation ne peut pas survivre en se privant de 90% de ses forces vives
14:00 qui sont totalement abandonnées, et là, pour l'instant, je vous suis parfaitement.
14:03 Et vous ajoutez qu'une certaine mixité sociale, alors,
14:06 peut-être l'outil de la renaissance de l'enseignement.
14:08 Mais j'ai envie de vous dire que là, je trouve qu'il y a peut-être, de votre part,
14:11 20 ans de retard, parce que la mixité sociale, elle est moins aujourd'hui
14:15 une considération de classe sociale qu'une question ethnique.
14:19 Enfin, la mixité sociale, elle fonctionne pour une population
14:23 au projet civilisationnel qui est homogène.
14:25 Sinon, ça ne fonctionne pas. Ça ne fonctionne plus.
14:27 Alors, lorsque je parle de mixité, actuellement, la pure mixité sociale,
14:34 infiltrée ou exfiltrée, 20 ou 25 ou 30% de boursiers à tel niveau,
14:40 c'est du quantitatif pur. On en meurt de ça. On va en crever.
14:44 Ce que je propose, c'est une mixité pédagogique,
14:48 c'est-à-dire, enfin, socialopédagogique,
14:51 c'est-à-dire mettre dans des bons établissements
14:54 des enfants qui viennent de milieux extrêmement diversifiés,
15:00 voire parfois très bas, voire parfois ethniquement fort étrangers,
15:05 et les intégrer parce qu'ils ont les capacités intellectuelles.
15:10 Je suis pour l'élitisme républicain.
15:13 Je suis contre l'égalitarisme républicain.
15:15 La mixité telle et qu'elle est conçue depuis plusieurs années,
15:19 telle qu'elle a été mise en place incendiemment par Pécresse
15:21 qui voulait 25% de boursiers dans les classes prépa, etc.,
15:25 c'est une mixité quantitative.
15:28 Ça n'a aucun sens. Aucun sens.
15:30 Ce qu'il faut, c'est recréer des classes de niveau
15:34 dans lesquelles on mettra tous les élèves,
15:36 quelles que soient leurs origines,
15:39 qui ont la capacité pour être à tel ou tel niveau
15:41 dans telle ou telle matière.
15:43 De plus en plus, je pense qu'il faut partir
15:45 et abandonner cette notion de classe entière
15:48 et fonctionner par matière et par certification dans la matière.
15:53 Abandonner le bac, par exemple,
15:55 et le remplacer par des certifications comme on fait en langue.
15:57 Vous savez, certification A, A+, A-, etc., A1, A2.
16:03 Vous auriez des certifications en maths, en ceci, en cela,
16:05 et le supérieur pourrait s'appuyer véritablement
16:09 sur un niveau réel et non pas sur un niveau fictif.
16:12 Et vous pourriez d'ailleurs négliger un petit peu
16:15 telle matière pour laquelle vous n'avez pas d'appétence,
16:19 mettre le paquet sur telle autre, etc.
16:21 On est très, très loin de ça.
16:23 C'est pour ça que je dis qu'il faut renverser la table.
16:25 Il faut cesser de penser en années successives
16:30 et isoler les unes des autres.
16:32 Il faut penser en termes de matière
16:34 avec une règle absolue,
16:37 c'est que plus vous avez des élèves bons,
16:41 plus vous pouvez en mettre dans une classe.
16:43 On peut avoir 45 ou 50 élèves de très haut niveau sans problème.
16:48 C'est ce qu'on a en prépa.
16:50 Plus vous avez des élèves en très grande difficulté,
16:52 moins il faut qu'ils soient nombreux.
16:55 Au-delà de 12 ou 15,
16:56 vous ne pouvez pas enseigner à une classe d'élèves
17:00 très retardés du point de vue académique.
17:03 Mais ça, c'est un bouleversement total de principes.
17:08 Il faut bien entendu moduler les programmes
17:11 en fonction des élèves que vous avez en face.
17:14 En donner plus à ceux qui au départ en ont moins.
17:17 La demi-heure ou l'heure de français de plus en sixième
17:21 qui a été décrétée en juin dernier,
17:23 c'est de la poudre aux yeux,
17:25 au cas où on va en faire une dictée,
17:27 qui sera faite par les professeurs des écoles
17:30 qui n'ont pas formé les élèves qui sont arrivés en sixième
17:33 puisque d'après le ministère,
17:34 45% ne savent ni lire ni écrire.
17:37 La difficulté Jean-Baptiste Breguelli,
17:40 c'est que je comprends parfaitement,
17:41 vous dites "il y a une classe aisée,
17:43 elle dispose de passe droit,
17:44 et ça permet aux élèves d'être dans les meilleurs établissements,
17:48 de rester dans l'entre-soi".
17:49 Tout ça me va bien.
17:49 Vous dites de l'autre côté,
17:50 il y a des établissements ghettos et des labris
17:53 dans lesquels on a abandonné les élèves qui sont dedans.
17:56 C'est où je ne vous suis pas,
17:58 c'est dans la masse, vous dites la classe moyenne,
17:59 elle existe encore,
18:00 et en fait la plupart du temps,
18:02 vous mettez en cause par exemple les palmarès des lycées,
18:07 mais cette classe moyenne,
18:08 ou même les classes les plus populaires,
18:10 elles se saignent pour mettre leurs enfants dans des établissements,
18:14 non pas les meilleurs dans les établissements,
18:16 protégés, protégés de l'insécurité,
18:19 protégés du délabrement,
18:20 protégés de la drogue, etc.
18:23 – Vous avez raison.
18:24 – C'est ça qui me pose problème si vous voulez.
18:26 – Vous avez raison.
18:26 – Il y a beaucoup de gens qui dépensent énormément d'argent,
18:28 mais pas pour les mettre à Henri IV ou à Stanislas à Paris,
18:31 mais tout simplement pour les protéger.
18:33 – Alors je vais prendre un exemple,
18:35 j'habite Marseille,
18:36 vous avez l'un des deux meilleurs lycées privés de Marseille,
18:41 qui s'appelle Lacordaire,
18:42 il est dans le 13e emmendissement,
18:43 c'est-à-dire au cœur des quartiers nord,
18:45 et un assez grand nombre de musulmans
18:48 inscrivent leurs enfants à Lacordaire,
18:50 école privée catholique, etc., sous contrat,
18:54 pour leur éviter les collèges de secteur
18:58 qui sont essentiellement des établissements prévention-violence.
19:02 Ça en dit long quand même,
19:04 où les gosses quand ils sortent de l'école fin 6e ou fin 5e,
19:08 font les guetteurs le soir pour les dealers du quartier.
19:12 Bon, alors primo, il y a des problèmes
19:15 qui devraient être réglés juridiquement,
19:19 extérieurs, à l'école quand même, pour voir une chose.
19:22 Deuxièmement, je propose de dons dans ce livre,
19:27 c'est insupportable, vous savez, les gens qui habitent le ghetto
19:29 et qui sont condamnés à envoyer leurs enfants à l'école du ghetto.
19:33 Bon, je propose d'éliminer les ghettos,
19:37 mais vraiment de les éliminer.
19:39 Il y a les quartiers à Marseille, la Castellane par exemple,
19:42 on dirait un château fort.
19:43 Bien sûr, vous regardez des photos de la Castellane,
19:46 c'est fait de façon à ce que les voitures de police ne puissent pas entrer.
19:49 L'architecte qui a fait ça,
19:51 j'aimerais bien l'encadrer un petit peu un jour pour lui expliquer,
19:56 ce sont des endroits qu'il faut faire sauter,
19:58 mais véritablement sauter et disperser les gens de façon autoritaire.
20:04 Faire du buzzing, comme on dit aux États-Unis,
20:06 pour envoyer les gens, les dispatcher à droite, à gauche, etc.
20:10 Les noyer en quelque sorte dans la masse,
20:12 parce qu'ils n'ont de force que dans le regroupement.
20:16 Et enfin, je vous le dis,
20:20 j'ai eu de très très bons élèves maghrébins à Marseille,
20:25 dont l'objectif était justement de réussir pour se barrer.
20:29 J'ai eu une classe qui travaillait,
20:31 qui préparait ce qu'on appelle l'HECTA concours,
20:34 qui ouvre aux 7 IEP de province.
20:37 Et l'IEP qui était le plus convoité, c'était Lille.
20:41 D'abord parce qu'il y a une école de journalisme associée,
20:43 qui est d'un très bon niveau,
20:45 et ensuite parce que c'était loin,
20:47 loin de papa-maman, loin des grands frères, etc.
20:50 Les filles en particulier en rêvaient véritablement.
20:53 On arrivait à intégrer dans cette école 50% de nos effectifs,
20:57 ce qui est quand même considérable,
20:59 et les 50% on les intégrait à Cage Business School,
21:02 qui est l'une des bonnes écoles de commerce françaises.
21:05 Bon, donc les bons élèves existent,
21:09 mais ces élèves on les avait recrutés exprès,
21:11 et on leur donnait en un an la nourriture
21:14 à laquelle ils n'avaient pas eu droit
21:16 dans leurs établissements pendant 15 ans.
21:19 C'est ça qui est scandaleux.
21:21 C'est que des enseignants, sous des prétextes divers et variés,
21:25 n'aient pas donné à ces moms,
21:26 qui étaient absolument demandeurs,
21:30 de quoi se sentir culturellement français.
21:34 Ça c'est un passage important du livre,
21:36 parce que bon, alors vous dites
21:38 qu'il n'y avait pas de bons ou de mauvais élèves au départ,
21:40 bien évidemment.
21:42 - Sauf exception en rarité.
21:43 - Voilà, sauf si bien évidemment à éducation sérieuse, égal.
21:47 Mais alors par contre, là vous affirmez
21:49 qu'il y a des bons et des mauvais enseignants,
21:51 et pour vous le bon prof, c'est tout un symbole,
21:53 c'est un prof physiquement debout.
21:56 - Oui, je vais vous dire,
21:59 je crois que je ne me suis jamais assis
22:01 en 45 ans de carrière, jamais.
22:03 J'ai considéré qu'un prof est sur scène.
22:08 Je rappelle que l'une des choses qui ont été détruites en 68,
22:11 c'était les estrades des enseignants.
22:13 Les estrades avaient un sens symbolique et pratique,
22:17 c'est parce que ça permettait d'aller en haut des tableaux.
22:19 Et ça s'est vu au moment où on a enlevé les estrades,
22:22 et où en même temps la profession s'est féminisée,
22:25 et où des femmes plus petites, d'ailleurs,
22:27 n'arrivaient pas en haut du tableau.
22:30 Bon, et on est en représentation quand on est en cours.
22:35 Quelques matières qu'on enseigne,
22:37 on est en représentation, on fait du théâtre.
22:40 Je pense que l'une des méthodes les plus sérieuses
22:44 pour former des profs, ce serait de leur faire faire
22:47 du concours d'impro.
22:48 Vous savez, on leur donne un sujet,
22:50 ils ont une minute de réflexion,
22:51 trois minutes de démonstration, et il faut se lancer.
22:55 Là, je m'adresse à des collègues qui viennent de rentrer,
22:59 à cette semaine, et qui ont été,
23:02 les nouveaux collègues en particulier,
23:04 qui se sont retrouvés face à des classes en se disant
23:07 "mais qu'est-ce que je vais dire ?"
23:09 Vous savez, ce moment de panique absolue, d'adrénaline.
23:12 Bon, ce que je vais dire, c'est justement du spectacle.
23:16 C'est-à-dire que les enfants sont là pour admirer,
23:21 au fond, l'enseignant.
23:23 Il y a trop d'enseignants qui ne sont pas admirables.
23:26 Il y a trop d'enseignants qui se réfugient
23:28 derrière leurs petits doigts et des prétextes divers et variés
23:31 pour dire "ah non, étudier trois œuvres en français en première,
23:35 je ne peux pas".
23:36 Mais qu'est-ce que tu as fait pendant tes études ?
23:39 Et qu'est-ce que tu fais le dimanche ?
23:42 C'est un métier où on a 18 heures de cours
23:45 parce que justement, le reste du temps,
23:48 on prépare ses cours.
23:50 J'ai toujours passé mes vacances à préparer
23:53 ce que j'allais faire après.
23:55 Ce qui fait que le problème des vacances,
23:57 c'est un problème toujours extraordinairement mal posé.
24:00 Les gens croient que les vacances des enseignants
24:02 sont les mêmes que les vacances des mineurs de fond.
24:05 Ce n'est pas vrai.
24:06 Je vous rappelle d'ailleurs que si c'était si fascinant ce métier,
24:12 si c'était bien payé, avec tellement de vacances,
24:15 cinq mois de vacances pratiquement,
24:18 on n'aurait pas de problème de recrutement quand même.
24:21 Or, on croule sous les problèmes de recrutement.
24:24 Il y a moins de candidats que ce qu'il y a d'offres de poste.
24:28 On est à -3000 en sept heures entrées.
24:32 On va prendre des gens qui sortent de licence à peu près
24:35 et qui n'ont aucune compétence.
24:38 Alors, il va falloir que les enseignants soient reformés très très vite.
24:44 Et pas forcément sur du temps scolaire.
24:46 Là, il va falloir être un tout petit peu strict.
24:48 Enfin mince, qu'est-ce qu'on ferait d'eux si on était en Chine ?
24:52 Vous voyez ? Est-ce qu'on les maintiendrait comme profs ?
24:55 Voilà. Qu'est-ce qu'on ferait d'eux si on était en Corée ?
24:57 Est-ce qu'on les maintiendrait comme profs ?
24:59 Qu'est-ce qu'on ferait d'eux si on était au Japon ?
25:01 Dans toutes les démocraties
25:03 qui sont sur le dessus du classement PISA,
25:06 entre la Chine et la France,
25:08 au niveau du classement PISA, il y a 100 points d'écart.
25:10 100 points !
25:11 On a été la meilleure nation au monde au niveau scolaire.
25:15 On est actuellement dans le bas du classement.
25:19 Dans le bas du classement des nations, on va dire, développées.
25:22 Après, bon, vous avez le Pérou, etc.
25:26 Mais ils ont d'autres problèmes.
25:27 Mais actuellement, Blanquer pensait
25:31 imposer pour apprendre les maths à l'école primaire
25:34 la méthode de Singapour.
25:37 On n'est plus fichu de trouver une méthode française
25:40 qui apprenne les 4 opérations de base au CP.
25:44 Actuellement, les 4 opérations de base sont
25:47 dispatiées sur 5 ans.
25:49 Et je peux vous assurer qu'ils arrivent en 6e.
25:51 La division, c'est toujours l'écran noir pour eux.
25:55 Allez, dernière question.
25:57 Toujours sur vos collègues profs.
25:59 Vos recommandations, elles sont quand même pour le moins éconoclastes.
26:02 Et je me dis que les syndicats d'enseignants
26:04 doivent vous voir arriver avec effroi.
26:06 Je cite en vrac, "tolérance zéro, art de mouiller sa chemise,
26:09 art de redonner du sens à la valeur travail".
26:12 Mais vous allez même plus loin, vous dites,
26:13 "un bon enseignant n'est pas là pour apporter la paix,
26:16 mais l'épée", citation de Mathieu,
26:18 "il n'est pas là pour faire apprendre les maths le français,
26:20 mais pour enseigner une civilisation, la nôtre".
26:24 Oui.
26:25 C'est le débat qu'il y a eu.
26:27 Le président de la République a dit,
26:29 il faut revenir à une histoire chronologique.
26:31 Il n'est pas au courant, véritablement.
26:33 L'histoire est soi-disant chronologique,
26:35 sauf qu'il y a des trous.
26:36 Vous voyez, ça fait des années, par exemple,
26:37 que je suis aperçu qu'aucun élève,
26:40 aucun, ne savait quoi que ce soit sur la guerre de Trenton.
26:44 C'est la première guerre mondiale qu'il y a eu en Europe.
26:48 C'est un événement absolument considérable
26:51 qui a consacré l'effondrement de l'Espagne, etc.
26:55 Ils ne savent pas du tout.
26:56 De la même façon, Louis XIV, actuellement,
26:58 c'est un esclavagiste, c'est Colbert,
27:01 c'est le Code noir, etc.
27:03 Il va falloir être un tout petit peu sérieux.
27:06 Regardez justement ce qui se fait en Chine.
27:08 Ils exaltent la nation, y compris d'ailleurs
27:10 en racontant des Fariboles, à certains moments.
27:14 Ils font des films sublimement beaux
27:17 sur les grandes actions de l'armée populaire, etc.
27:22 On a des milliers de sujets en France,
27:26 pas uniquement les guerres de Vendée.
27:27 Vous voyez, on pourrait faire des sujets,
27:31 en quelque sorte, qui permettent de regrouper véritablement.
27:37 On laisse les uns et les autres enseigner,
27:40 alors un, l'esclavage au nom de Sainte Taubira,
27:44 un autre, le...
27:46 Je rappelle qu'il y a aussi ceux qu'on n'enseigne pas.
27:48 Par exemple, il y a des tas d'enseignants
27:50 qui ne veulent pas enseigner la Shoah,
27:52 de peur de froisser les antisémites du système.
27:57 Lorsque Samuel Paty a été assassiné par un islamiste,
28:03 dans la nuit, j'ai fait un powerpoint
28:06 sur l'histoire de la caricature depuis le XVIe siècle,
28:10 en y mettant aussi les caricatures du journal danois
28:13 qu'avait reprise Charlie, etc.
28:16 Et j'ai passé ça à une classe qui était à 80% maghrébine
28:20 et qui n'a pas moufté.
28:21 Je vous le dis, c'est juste une question de rapport,
28:25 presque de rapport physique aux élèves.
28:27 On leur apporte quelque chose,
28:30 c'est bien sûr que c'est vertical,
28:32 bien sûr que je ne vais pas leur dire
28:33 "Alors qu'est-ce que tu en penses sur ce ton-là ?"
28:37 Non, voilà, c'est ça, ce sont les faits,
28:40 et tu fermes ta gueule et tu prends des notes.
28:43 Et la prochaine fois, je t'interjurerai sur la question.
28:47 Merci beaucoup Jean-Paul Briguerie.
28:48 On continue parce que face à la déflagration,
28:50 vous prenez la révolution avec vos mots.
28:53 L'école à deux vitesses, vos éditions à l'archipel.
28:55 Merci beaucoup d'être venu.
28:56 Merci à vous.
28:57 Sous-titrage Société Radio-Canada

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