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00:00 - Notre invité Robinson Rossi, bonjour à vous. - Bonjour.
00:03 - Merci d'être avec nous. Vous êtes le secrétaire de l'Union des étudiants de Grenoble.
00:07 Je voudrais d'abord vous faire entendre un premier témoignage, celui de Jean-Louis, étudiant de 25 ans.
00:12 Il n'a pas trouvé de logement à Grenoble, il dort donc dans une auberge de jeunesse.
00:16 - Je suis vraiment venu là-même, c'est parce que j'avais plus d'autre choix.
00:21 Disons que j'ai commencé à chercher depuis juin.
00:24 Et voilà, je me suis dit, parce que vous parlez avec plein de gens, vous vous dites,
00:28 tu seras à la rue, surtout quand tu ne connais pas des gens sur la ville,
00:31 l'auberge de jeunesse, on n'a pas le choix.
00:34 - Voilà, témoignage de Jean-Louis. Est-ce que ce témoignage Robinson Rossi,
00:37 c'est un cas isolé ou est-ce qu'il représente bien les difficultés des étudiants de Grenoble ?
00:42 - Il représente malheureusement bien les difficultés.
00:44 Après, les situations et les prises de solutions des étudiants et étudiantes sont très larges.
00:48 Et en fait, beaucoup de fois, les personnes ne se signalent même pas.
00:51 Beaucoup, en fait, aussi, ne cherchent même plus à étudier dans la ville de leur choix.
00:55 Et certaines, du coup, vont aller loger, rester chez leurs parents
00:58 pour essayer d'aller dans les villes universitaires les plus proches.
01:01 Les situations sont complexes.
01:02 - Est-ce que c'est un problème de place ou un problème de prix à Grenoble ?
01:05 - C'est un peu les deux, en effet, à la fois sur les places.
01:08 Vous l'avez dit tout à l'heure, sur tous les logements en Crousse,
01:10 là, actuellement, ils sont tous occupés.
01:12 - 5200 places, tout occupé. - Exactement.
01:14 Et en plus de ça, il y a en effet un problème de prix.
01:17 Dans notre enquête sur le logement, on a remarqué que le tarif moyen à Grenoble
01:21 était de 468 euros par mois, ce qui fait que ça reste quand même très élevé.
01:25 Il faut imaginer que l'échelon de bourse le plus haut, il est seulement 100 euros au-dessus.
01:28 C'est très peu de gens qui touchent à cette bourse-là.
01:30 - Et les loyers, effectivement, à Grenoble, augmentent un petit peu plus qu'au niveau national.
01:33 C'est ce que montre aussi l'enquête d'un autre syndicat, l'UNEF,
01:36 qui montrait cependant que Grenoble, dans le classement des villes étudiantes
01:39 les plus chères, n'était qu'en 22e position.
01:42 C'est que le prix n'est pas tant un problème que ça, encore ?
01:45 - Ça reste un très grand problème, en effet, parce que le coût du logement tel qu'il est
01:50 dépasse clairement les revenus moyens des étudiants.
01:52 Il faut se rendre compte qu'aujourd'hui, la part moyenne du logement dans nos dépenses,
01:56 c'est deux tiers.
01:57 Donc c'est beaucoup plus élevé que pour des ménages moyens.
02:00 Et ces deux tiers-là, en fait, prennent une place énorme.
02:02 Et vu la vitesse à laquelle va notamment l'inflation, on a beaucoup d'inquiétudes sur la suite.
02:06 - On file au Standard, Robinson Rossi, avec le témoignage de Christina.
02:10 Bonjour, Christina.
02:11 - Oui, bonjour Théo.
02:13 - Vous louez un logement pour trois étudiants, quartier des Eaux-Claires, à Grenoble.
02:18 - Oui, c'est ça. En fait, c'est un appartement que j'ai acheté cette année pour mettre
02:23 en location pour les étudiants.
02:25 Je pense que vous l'entendez, moi, je suis américaine.
02:28 Et moi, je suis arrivée à Grenoble il y a 20 ans pour faire mes études.
02:32 Et je me rappelle justement à quel point c'était anxiogène, en fait, d'arriver dans
02:37 une ville où on ne connaît personne.
02:39 En plus, si on ne maîtrise pas la langue, de chercher un appartement.
02:42 Moi, je ne comprenais pas comment ça fonctionnait, etc.
02:45 Donc là, je me suis dit, en fait, je voulais investir justement pour préparer ma retraite.
02:51 Et je me suis dit, plutôt que de placer ça sur les livrets, etc., je vais acheter un
02:56 appartement, le rénover et le mettre en location pour les étudiants.
03:01 - Et vous avez des demandes déjà d'étudiants, Christina ?
03:05 - Oui, on a quelques demandes déjà sur les trois chambres.
03:10 Donc ça, c'est encourageant, mais effectivement, on voit que la situation, c'est un peu compliqué
03:16 à Grenoble.
03:17 Et je pense que c'est maintenant, en fait, que moi, je vois qu'il y a des demandes où
03:21 ils me disent, c'est urgent, je cherche une chambre, c'est urgent, etc.
03:25 Et donc, on a des demandes, mais pour l'instant, les trois chambres sont disponibles.
03:30 - Bon, on peut laisser vos coordonnées au standard, peut-être, Christina, au standard
03:33 de France Bleu Isère, pour que des étudiants qui, effectivement, sont sous logement, nous appellent.
03:38 Merci beaucoup, Christina, de nous avoir appelés.
03:41 - Merci à vous.
03:42 - Robinson aussi, je reviens à vous.
03:44 Il y a visiblement des annonces à Grenoble, mais il faut peut-être aller plus loin, s'éloigner
03:49 du campus, du centre-ville, aller aux Eau Claire, par exemple, comme l'appartement de Christina.
03:54 - Oui, en effet, beaucoup de personnes vont aller loger encore plus loin dans la métropole.
03:58 La difficulté, à la fois, c'est en effet, du coup, gérer le transport.
04:02 Nous, c'est pour ça qu'on revendique vraiment d'aller vers la gratuité des transports,
04:05 parce que le coût est extrême, je pense que vous voyez, en prenant le ticket chaque jour.
04:08 Mais aussi, après, il y a la condition de logement.
04:10 En effet, là, c'est des places en colocation, on ne sait pas forcément ce que cherchent
04:13 les étudiants, notamment pour un cadre serein, pour étudier, réussir leurs études.
04:16 Et aussi, il y a la question de la visibilité des offres.
04:18 Beaucoup d'offres en colocation, etc., sont sur des plateformes en ligne, assez peu réglementées.
04:22 Et en fait, les étudiants sont beaucoup touchés aussi par les arnaques en ligne.
04:25 Donc, nous, ça nous arrive assez régulièrement de devoir les accompagner, à la fois avant,
04:29 dans les tas des lieux, rappeler un peu aussi les principes importants à surveiller, avant
04:33 d'aller justement dans des offres, parce qu'il ne se passe que, on est dans des situations anxiogènes,
04:37 comme Christina l'a bien dit, où en effet, on a envie de vite accepter des offres de logement.
04:41 On n'a aucun repère, aucune aide sur place.
04:43 Et c'est pour ça que nous aussi, on a un système d'entraide d'urgence pour héberger
04:47 des gens qui se retrouvent sans logement.
04:48 On a dû l'utiliser l'année dernière, on pense qu'on va l'utiliser cette année encore.
04:50 France Bleu Isère, 7h51, comme Christina, vous nous appelez, complétez avec vos histoires.
04:55 Racontez-nous comment ça se passe pour vos jeunes, vos enfants, vos petits-enfants,
04:58 cette rentrée, les difficultés avec l'inflation, avec le logement étudiant, 0,476, 46, 45 de fois.
05:04 Et puis des commentaires également, Swayzik, sur notre page Facebook.
05:07 Comme celui de Corinne, qui nous a laissé un commentaire sur la page Facebook de France Bleu Isère,
05:12 et qui a, elle aussi, une solution.
05:14 Alors, vous allez nous dire ce que vous en pensez, Rovassor aussi.
05:18 Elle, elle parle des colocations, vous savez, intergénérationnelles, avec des personnes
05:23 âgées, ou alors de vivre chez une personne âgée, en échange de services, etc.
05:28 Est-ce que c'est une solution pour quelques étudiants, déjà ?
05:32 Peut-être pour celles et ceux qui le souhaitent.
05:34 Pour nous, en tant que projet de société, en effet, ce qui est important, c'est que
05:37 les jeunes puissent émanciper, en dehors du cadre familial, et donc, en effet, essayer
05:41 de se détacher au maximum d'un logement en échange de services.
05:44 Mais par contre, que le loyer soit vraiment la condition sénéco-anon pour accéder au logement.
05:48 Donc, nous, on est assez critiques, on va dire, vis-à-vis de l'habitat intergénérationnel
05:51 sur ce plan-là, mais par contre, ça peut répondre à des besoins, et dans ce cas-là,
05:54 très bien.
05:55 Mais par contre, en effet, il faut vraiment chercher à baisser le prix du logement, permettre
05:58 aux jeunes de s'émanciper, notamment avec une allocation d'autonomie jeunesse.
06:00 Oui, ça ne règle pas le problème de base.
06:02 C'est ça.
06:03 Et puis, on entendait à la présidente du CRUS, Grenoble Alpes, qui annonçait aussi
06:06 des constructions, ou des rénovations, en tout cas, de places.
06:09 Il y a des places qui vont se libérer en octobre, ça c'est une bonne nouvelle ?
06:12 C'est une bonne nouvelle.
06:13 Il y a un retard très très fort qui a été pris sur les constructions de logements, notamment
06:16 le plan 60 000, qui était de l'ancienne ministre de l'enseignement supérieur, on n'a que 35
06:20 000 pour l'instant, et nous, on aimerait en urgence en avoir 150 000 pour essayer de
06:24 remettre à flot par rapport au nombre de logements qu'on avait il y a 20 ans, et notamment,
06:29 on aimerait pouvoir loger 25 % des étudiants en logement étudiant.
06:32 Une rentrée, Robinson Rossi, marquée aussi par l'inflation, en particulier des prises
06:37 alimentaires, qui pèsent sur les étudiants.
06:39 Écoutez le témoignage de Basile, il a 24 ans, il est étudiant en philosophie à Grenoble,
06:45 obligé de renier dans ses dépenses.
06:47 Évidemment, c'est sur l'alimentaire.
06:49 Pour beaucoup, ça va être les logements, parce qu'on va aller dans des logements petits,
06:54 qui sont groupés, qui sont dans des conditions un petit peu catastrophiques, on ne va pas
06:58 se mentir, et ça va être sur l'alimentaire.
07:00 Les fournitures, je pense que c'est la réalité pour tout le monde d'aller tirer les cahiers
07:05 de l'année dernière, pour essayer de réutiliser les pages, les pages qui ne sont pas utilisées.
07:10 Voilà la réalité de Basile, étudiant à Grenoble.
07:13 Face à cela, vous, à l'Union des étudiants de Grenoble, vous réclamez un revenu étudiant.
07:18 En quoi ça consiste ?
07:20 L'idée, tout simplement, c'est de considérer qu'on est adulte maintenant, mais qu'aussi
07:23 les études sont notre principale occupation, notre principal travail, et qu'on puisse
07:27 permettre à tout le monde de le faire sereinement.
07:29 Malheureusement, aujourd'hui, un étudiant sur deux doit se salarier à côté de ses études,
07:32 et en fait, c'est la première cause des chèques en licence.
07:34 Ça crée beaucoup d'inégalités.
07:35 Ce qu'on propose, c'est justement de s'émanciper des parents, qui peuvent aider beaucoup certaines
07:39 personnes, et donc considérer que c'est l'État qui peut prendre ça en charge nationalement.
07:42 Donc, chaque mois, avoir une allocation de 1 128 euros, c'est le seuil de pauvreté,
07:46 qui permet à tout le monde d'étudier sereinement, et en fait, de beaucoup mieux réussir.
07:50 Ça marche dans certains pays, très bien.
07:51 Le gouvernement préfère revaloriser les bourses.
07:54 Elles ont été revalorisées de 37 euros, elles vont l'être en tout cas ce mois-ci.
07:58 Ça, c'est pas suffisant aujourd'hui ?
08:00 La direction est la bonne.
08:01 C'est-à-dire qu'en effet, il faut augmenter les bourses, il faut aller vers des annualisations.
08:05 Cette revalorisation, elle a été obtenue parce qu'il y a une forte mobilisation de
08:07 jeunesse pendant la réforme des retraites.
08:09 En effet, c'est pas assez, parce que l'inflation, justement, dans nos enquêtes, on révèle
08:13 que l'inflation est à 50 euros par mois.
08:15 Donc, on est en dessous.
08:16 L'autre problématique aussi, c'est que cet élargissement des bourses vendues par
08:20 le gouvernement est en fait bien inférieur au nombre de personnes qui ont perdu l'accès
08:23 à la bourse.
08:24 73 000 personnes en ont perdu l'accès du fait des changements de critères en quelques
08:27 années.
08:28 Et donc, en effet, il faut vraiment aller plus loin.
08:29 Et nous, ce qui nous inquiète, c'est qu'en parallèle, par contre, le gouvernement est
08:32 très vite prêt à augmenter, notamment la taxe CEVEC, qui elle, est indexée sur l'inflation.
08:37 Contribution des étudiantes et de campus, qui est une taxe assez obscure d'ailleurs
08:41 dans son utilisation souvent.
08:42 Et vous réclamez donc un revenu étudiant.
08:44 Merci beaucoup.
08:45 Merci à vous.
08:46 Merci Robinson Rossi d'avoir été avec nous ce matin.
08:48 Je rappelle que vous êtes le secrétaire de l'Union des étudiants de Grenoble.
08:50 Belle journée et belle rentrée alors.
08:51 Merci beaucoup.