• l’année dernière
Irène Inchauspé, journaliste au service économie, revient sur les difficultés rencontrées par la France pour exploiter son propre nickel en Nouvelle-Calédonie. Des accrocs qui ne sont pas sans conséquences tant cette ressource minérale se révèle stratégique à l’heure de la transition énergétique

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Transcription
00:00 Globalement, rien ne va dans l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie.
00:03 Il faut d'abord rappeler que le nickel est un de ces métaux essentiels
00:11 à la transition écologique, en particulier à cause de son utilisation
00:15 dans les batteries électriques des voitures.
00:17 Donc la France a une grande chance avec la Nouvelle-Calédonie,
00:23 qui dispose de réserves importantes de ce métal,
00:26 mais c'est le seul territoire au monde qui perd de l'argent sur l'exploitation du nickel.
00:30 Donc si les usines, il y en a trois, en Nouvelle-Calédonie, ne sont pas rentables,
00:35 c'est qu'en fait elles n'arrivent pas à produire suffisamment
00:38 par rapport à ce qu'elles pourraient faire.
00:41 Et pourquoi cela ?
00:43 Alors il y a eu un rapport de l'Inspection générale des finances
00:45 et du Conseil général à l'économie qui a été rendu le premier route.
00:49 Et alors qu'ici, tu pèles mêles tout un tas de raisons,
00:51 le fait que les gisements les plus riches sont en train de s'épuiser
00:54 parce qu'ils sont sous-exploités et mal exploités,
00:57 parce qu'il y a un climat social qui n'est pas bon,
00:59 parce qu'il y a des données réglementaires qui ne sont pas bonnes,
01:01 parce que le coût de l'énergie est beaucoup plus élevé en Nouvelle-Calédonie
01:04 que chez ses principaux concurrents.
01:06 Globalement, rien ne va dans l'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie.
01:09 Selon le rapport, la défaillance des trois usines
01:17 qui produisent du nickel en Nouvelle-Calédonie
01:19 entraînerait une hausse de 50% du chômage sur ce territoire.
01:22 Évidemment, un déficit public considérablement accru
01:26 et des coûts environnementaux assez importants.
01:28 Donc, c'est inenvisageable,
01:29 surtout à un moment où la demande mondiale de nickel explose,
01:33 puisque selon le rapport Varin
01:35 sur notre approvisionnement en matière première essentielle,
01:38 elle devrait être multipliée par 3,5 d'ici 2030.
01:42 Et pour l'instant, cela fait le beau jeu de nos concurrents,
01:45 en particulier de l'Indonésie,
01:47 qui est le premier producteur mondial de nickel
01:49 et dont la production ne cesse d'augmenter
01:52 alors que la nôtre stagne depuis 12 ans.
01:54 Toute cette semaine, il y a des réunions qui se tiennent
02:01 globalement sur la Nouvelle-Calédonie,
02:03 à Bercy, à Matignon et à Beauvau,
02:05 et en particulier sur le nickel.
02:07 Lors de son voyage à Nouméa en fin de juillet dernier,
02:10 Emmanuel Macron avait dit
02:12 « il faut que tout ça redevienne rentable,
02:14 parce que moi, État, je veux bien mettre de l'argent dans ces usines,
02:17 mais il faut vraiment qu'elles deviennent rentables,
02:18 parce qu'on parle d'investissements importants,
02:20 puisqu'il s'agit de 5 milliards d'euros
02:22 qu'il faudrait pour rebooster cette filière. »
02:25 Mais il n'y a pas que des problèmes économiques,
02:27 il y a un problème politique qui existe depuis au moins 12 ans.
02:31 C'est cette fameuse doctrine nickel imposée, inventée par les Kanaks,
02:35 qui est en fait une vision politique du nickel
02:39 et qui consisterait à nationaliser tout ça.
02:41 Le problème, c'est qu'adapter à la gestion de l'usine de nickel du Nord,
02:45 qui a été gérée notamment par les Kanaks,
02:47 c'est catastrophique,
02:48 puisqu'on est à l'heure actuelle pour cette usine
02:50 à 10 milliards d'euros d'endettement.
02:52 Donc, comme dit Emmanuel Macron,
02:53 il va falloir revoir tout ça, y compris la doctrine nickel.
02:56 Ça ne va pas faire plaisir à tout le monde,
02:58 mais il va vraiment falloir le faire.
02:59 [Musique]

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