Selon un baromètre publié par la Fédération des acteurs de la solidarité et l'Unicef, plus de 2 000 enfants étaient à la rue à la veille de la rentrée scolaire partout en France. Un chiffre en augmentation à l'échelle nationale et dans les Hauts-de-France.
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00:00 Bonjour Vincent Morival, 218 enfants à la rue à travers les Hauts-de-France avant la rentrée 2023.
00:06 Comment est-ce que vous êtes arrivé à ce chiffre ?
00:08 Alors c'est une étude qui repose sur les données du 115, qui sont assez parcellaires parce que tout le monde n'appelle pas le 115.
00:15 Mais donc en tout cas voilà on a un logiciel qui nous permet d'extraire les données.
00:18 Et on s'est rendu compte, donc voilà qu'on fait des études, c'est le cinquième baromètre qu'on fait avec l'UNICEF depuis 2017.
00:24 Et on s'est rendu compte donc d'une forte augmentation de ces chiffres. Sur la France c'est quasiment 2000 enfants qui sont à la rue.
00:31 Et donc sur les Hauts-de-France 218. Et quand on regarde les chiffres sur tout le mois de juillet, c'est plus de 700 enfants différents
00:37 qui sont sans solution d'hébergement ou de logement et qui se retrouvent dans des situations donc très compliquées avec pas de solution pour pouvoir...
00:45 Ils ne savent pas où dormir en fait tous les soirs.
00:46 Vous l'avez souligné, chiffre parcellaire puisque ces 218 enfants finalement ce sont 218 appels de leurs parents au 115.
00:53 C'était il y a deux semaines, je sais ça, dans la nuit du 21 au 22 août.
00:57 Mais ça veut dire que potentiellement ils sont beaucoup plus nombreux là alors que l'école a repris.
01:01 C'est ça. Nous ce qu'on demande aussi c'est justement la création d'un observatoire indépendant qui puisse avoir des chiffres beaucoup plus complets
01:08 pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités parce que l'année dernière quand on a fait paraître notre baromètre,
01:13 le gouvernement a dit qu'il fallait qu'il n'y ait plus d'enfants à la rue.
01:16 On se rend compte un an après que les chiffres ont augmenté de 20%.
01:18 Donc c'est qu'il y a un vrai échec là-dessus et que ces personnes sont vraiment sans solution.
01:23 Et on les voit qui, quand elles se présentent dans les accueils de jour, on peut les orienter où ?
01:27 Vers les familles, vers les églises, vers l'hôpital. C'est vraiment des situations très catastrophiques.
01:31 On entendait effectivement à 7h le témoignage d'une mère et son fils qui dorment dans une église à Lille
01:36 alors que le petit garçon est scolarisé à Roubaix.
01:40 Quelles sont les histoires derrière ces familles ? Parce que ces enfants portent l'histoire de leurs parents.
01:44 Nous on a entendu un témoignage d'une dame qui demande l'asile, qui essaie de se faire régulariser.
01:49 Il y a beaucoup comme ça de sans-papiers ou il y a vraiment tous les profils ?
01:51 Il y a vraiment tous les profils. C'est vrai qu'il y a quand même des sans-papiers parce qu'il y a un contexte géopolitique actuel
01:55 qui est assez compliqué avec beaucoup de familles qui fuient leur pays pour simplement rester en vie.
01:59 Mais on a aussi quand même tout ce qui est les conséquences de l'inflation, de la précarisation.
02:04 Il y a un vrai glissement de la société. Les gens glissent vers la pauvreté en fait.
02:09 Il est 7h47, vous êtes sur France Bleu Nord.
02:12 Notre invité ce matin est Vincent Morival, le vice-président dans les Hauts-de-France de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
02:17 218 enfants à la rue à la veille de la rentrée scolaire et ces enfants malgré tout vont à l'école.
02:24 À chaque fois, ils arrivent à y aller ?
02:26 En tout cas, les parents font le maximum pour garder ce lien avec l'école parce que déjà,
02:30 ça permet aux enfants d'être abrités pendant la journée et puis c'est le seul moyen pour eux pour s'intégrer en tout cas.
02:36 Et on constate qu'il y a vraiment des choses. Comme l'a expliqué la dame ce matin, elle habite à Lille.
02:40 Elle met ses enfants à l'école à Roubaix et ça en fait, il faut vraiment le maximum pour garder tout ça.
02:44 Mais c'est vrai que les enfants sont dans des situations compliquées à la fois au niveau santé
02:48 parce que quand on vit un peu n'importe où, c'est compliqué de prendre soin de soi.
02:51 Et puis quand les résultats scolaires sont en difficulté, nous les associations, on n'a pas forcément les moyens de les accompagner.
02:57 Et c'est aussi ça qu'on demande nous au gouvernement, de pouvoir augmenter nos moyens,
03:00 d'avoir des psychologues, d'avoir des médecins, d'avoir des travailleurs sociaux qui puissent accompagner ces personnes
03:05 et trouver des places d'hébergement parce que le toit, c'est la première solution pour tous ces enfants.
03:10 - Parce que cette situation a bien sûr des conséquences sur leur apprentissage.
03:14 C'est important malgré tout qu'ils continuent à y aller, justement à l'école, pour pouvoir s'intégrer plus facilement ?
03:19 - C'est ça en fait. Il faut vraiment qu'ils puissent continuer à fréquenter les établissements scolaires
03:23 pour pouvoir avoir une certaine normalité en fait.
03:26 Quand on est enfant, il y en a beaucoup, quand on discute avec ses enfants,
03:29 ils trouvent que c'est normal de dormir une semaine chez Monsieur Machin, une semaine à l'église, une semaine à l'hôpital.
03:34 Ils ne se rendent plus compte des choses et quand ils vont à l'école, au moins ça leur permet de garder cette normalité dans leur existence.
03:39 Et puis d'avoir, je vous dis, un repas parce que souvent ils mangent à la cantine,
03:43 d'être à l'abri pendant toute la journée, ce qui permet aussi aux parents de faire les démarches
03:46 pour pouvoir ouvrir leurs droits, aller dans toutes les administrations, appeler le 115.
03:52 Ce sont des choses qui prennent énormément de temps.
03:53 Quand on est à la rue, c'est vraiment de la survie en fait.
03:55 On ne vit pas vraiment, on survit, on essaie d'aller jusqu'au soir, jusqu'au lendemain et on n'arrive pas à se projeter.
04:01 - Vous l'avez souligné Vincent Morival, le gouvernement l'an dernier, après la publication de votre baromètre,
04:05 avait promis de faire quelque chose.
04:07 La solution aujourd'hui, elle est où ? Est-ce que c'est un problème de logement ?
04:09 Est-ce qu'il faut davantage de logement ? Est-ce que c'est un problème social plus large ?
04:13 Est-ce qu'il faut un meilleur accompagnement, plus d'aide financière ?
04:16 Elle se trouve où la solution aujourd'hui ?
04:18 - Le problème, il est vraiment global en fait.
04:19 Donc déjà, il y a un vrai problème de logement sur les Hauts-de-France par exemple.
04:22 Il y a quatre demandes de logement pour une attribution.
04:25 Donc il y a vraiment un engorgement de ce côté-là.
04:28 Et ensuite, le gouvernement a annoncé aussi qu'il y avait des fermetures de places.
04:32 Donc on a de la chance dans le Nord, les gens ne sont pas remis à la rue.
04:35 Ça veut dire que quand la personne est relogée, les places sont fermées.
04:38 Alors nous, ce qu'on demande, c'est que ces places-là ne soient pas fermées
04:40 et qu'on garde un nombre de places importants
04:42 et qu'il y ait un projet pour l'année prochaine,
04:44 sur le projet de loi de finances, qui permette de créer de nouvelles places
04:47 et qui permette d'accompagner tous ces enfants.
04:49 Enfin, on est en 2023, ce n'est pas normal qu'il y ait encore 2000 enfants en France qui soient à la rue.
04:53 - Pour accompagner ces familles, pour accompagner ces enfants,
04:56 vous dites qu'on a besoin de moyens.
04:57 Les Restos du Coeur, il y a deux jours,
05:00 on dit qu'ils n'allaient pas terminer l'année vu leur déficit.
05:03 La Croix-Rouge hier également dit que l'association est en grande difficulté financière.
05:08 Vous êtes dans la même situation aujourd'hui,
05:10 fédération des acteurs de la solidarité qui regroupe énormément d'associations partout en France.
05:14 Vous êtes dans la même situation financière que les Restos, que la Croix-Rouge.
05:18 - C'est ça, en fait, tous nos adhérents le font remonter.
05:20 En fait, on a tous des baisses de budget de 6 à 10 %
05:23 dans un contexte où les besoins augmentent et l'inflation est là.
05:26 Et donc, voilà, c'est vrai que nous, ce qu'on demande,
05:28 c'est que les besoins soient au moins maintenus
05:30 et en tout cas réévalués à la hausse pour faire face à tous ces nouveaux besoins
05:33 que nous, on constate en tout cas au quotidien.
05:35 - Pour aider vous en particulier, donc, ces enfants, 218 enfants à la rue
05:40 à la veille de la rentrée des classes.
05:42 C'est un chiffre qui augmente de 20 % comparé à l'an dernier.
05:45 Vous avez rappelé également ce chiffre, 2000 enfants à l'échelle de la France.
05:48 Merci beaucoup, Vincent Morival, vice-président dans les Hauts-de-France
05:51 de la fédération des acteurs de la solidarité,
05:53 d'être venu détailler cette étude ce matin sur France Bleu Nord.
05:55 Bonne journée. - Merci à vous.