• l’année dernière
Mère d’un gendarme impliqué dans l’affaire Adama Traoré, Virginie, était invitée sur le plateau de Soir Info, ce lundi 4 septembre, sur CNEWS. Elle s’est exprimée sur le non-lieu dont a bénéficié son fils devant le tribunal : «C’était trop, sept ans pour des gendarmes qui n’ont jamais été mis en examen».

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Transcription
00:00 -Dans un premier temps, je dirais que je vais réagir comme une mère.
00:04 Ma première pensée va à la maman d'Adama Traoré.
00:08 Je me demande comment cette maman
00:10 va pouvoir faire le deuil de son fils
00:13 alors que sa belle-fille lui dit depuis 7 ans
00:16 qu'Adama a été victime de violences policières
00:18 et qu'il s'agit d'un crime raciste.
00:20 La douleur de cette maman a été sacrifiée
00:23 sur le tel médiatico-politique.
00:25 Quand Adama Traoré a été érigé en symbole de violences policières
00:32 et de la lutte contre le racisme,
00:34 alors qu'il ne s'agit ni d'une violence policière
00:36 ni d'un acte raciste.
00:38 -Il n'y a rien dans le dossier qui permet d'imputer une faute
00:41 quelconque aux gendarmes qui ont procédé à cette arrestation,
00:45 dont votre fils fait partie.
00:47 -Il n'y a strictement rien.
00:50 Il n'y a vraiment rien.
00:51 Ce qui est hallucinant, c'est que ça ait duré si longtemps
00:55 et là, je rejoins Assa Traoré, c'était beaucoup trop long.
00:58 C'est vraiment...
01:00 C'est cette année où les juges ont passé leur temps
01:04 à examiner toutes les procédures qui leur ont été remises.
01:07 7 ans à auditionner,
01:08 7 ans à accepter les actes à la dernière minute,
01:12 7 ans à écouter,
01:13 7 ans à se faire menacer, à avoir son nom divulgué,
01:16 7 ans à subir des pressions médiatiques, c'est terrible,
01:19 et 7 ans pour rendre une justice à des gendarmes
01:22 qui n'ont jamais été mis en examen.
01:25 -Justement, votre fils et ses gendarmes
01:28 n'ont jamais été mis en examen.
01:30 Vous prenez la parole, vous avez pris la parole,
01:33 vous avez écrit un livre il y a quelques temps,
01:35 là encore, vous défendez votre enfant.
01:38 Un mot sur la gendarmerie.
01:40 Vous avez été abandonnée par l'institution ou pas ?
01:43 -Non, je n'ai pas été abandonnée par la gendarmerie.
01:46 Je ne fais pas partie de la gendarmerie.
01:48 -Votre fils en fait partie.
01:50 -Oui, mon fils en fait partie, mais il n'a pas été abandonné.
01:53 Il a été complètement soutenu par sa hiérarchie.
01:56 C'est une certitude. Et heureusement.
01:59 -Dans quel état psychologique il est ?
02:01 J'imagine que c'est votre enfant.
02:03 Il a eu ce nom-lieu prononcé vendredi.
02:05 Quelle a été sa première réaction ?
02:08 Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
02:10 -On ne s'est pas dit grand-chose.
02:12 Je crois que si mon fils doit s'exprimer un jour,
02:15 c'est lui qui le fera.
02:16 La seule chose que je peux vous dire en tant que mère,
02:20 c'est qu'il a eu un grand assoulagement.
02:22 La seule chose pour notre famille, maintenant,
02:25 c'est de pouvoir vivre dans la sérénité et se reconstruire.
02:28 -Pardon de vous rappeler de ce triste soir de 2016,
02:31 mais vous vous souvenez des heures qui ont suivi ce drame
02:35 quand votre fils vous a téléphoné, bouleversé ?
02:37 Vous avez des souvenirs, des brifs de cet appel,
02:40 de cette bascule, finalement, dans votre existence,
02:43 la sienne, mais celle de toute votre famille, j'imagine.
02:47 -Oui, ça a été quelque chose de très, très violent.
02:50 Ca a été quelque chose de...
02:52 Qui m'a mise en état de sidération, au départ.
02:55 Qui m'a fait ne pas comprendre ce qui se passait.
02:59 C'est votre fils, et tout d'un coup, il est accusé,
03:03 très vite, d'un crime qu'il n'a pas commis.
03:06 C'est extrêmement compliqué.
03:08 Ca a été violent, ça a été douloureux,
03:11 pour tout le monde, pour toute la famille,
03:13 pour tout l'environnement.
03:16 C'est vrai que c'est pour ça qu'on n'a plus envie.
03:19 C'est-à-dire que, là, au bout de sept ans,
03:21 comment est-ce qu'on peut penser ?
03:23 C'est de l'ordre de l'incompréhension.
03:25 Comment est-ce qu'on peut penser que les juges ont oublié
03:29 quelque chose alors qu'ils ont travaillé dessus ?
03:31 Est-ce qu'ils ont violé le droit ? Est-ce qu'ils sont incohérents ?
03:35 Est-ce que l'enquête a été bâclée ? Non, c'est impossible.
03:39 On ne peut pas mettre en accusation
03:41 des gendarmes qui n'ont jamais été mis en examen.
03:43 -Qu'est-ce qui vous a fait le plus mal ces dernières années ?
03:47 C'est votre fils ou cette... Il faut le dire aussi,
03:50 cette forme de sympathie médiatique quasi généralisée
03:53 à l'endroit de la famille Traoré ?
03:55 -Oui, c'était pour moi, et j'en parle beaucoup dans le livre,
03:59 quelque chose de l'ordre de l'incompréhension.
04:02 Ça l'est toujours.
04:03 Si on voit ce qui se passe en ce moment,
04:05 ça fait plusieurs jours qu'on sait, si les Français n'ont pas compris,
04:09 le 5 septembre, il y a une manifestation à tel endroit,
04:12 à telle heure. C'est pas écrivainé nombreux, mais presque.
04:16 C'est vraiment pour moi quelque chose d'assez sidérant.
04:19 Le JDD, l'IB, France Info, le Parisien,
04:21 tout le monde s'est saisi de ça, et tout d'un coup,
04:24 pour moi, c'est quelque chose de très grave,
04:27 parce que pouvoir faire passer cette information
04:31 à se rassembler autour d'elle
04:33 pour quelque chose qui est, pour moi, de l'ordre de l'inadmissible,
04:37 puisque la justice a fait son travail,
04:39 et dire "venez tous nombreux",
04:41 ça voudrait dire que la justice n'a pas fait son travail.
04:45 -Vous avez déjà échangé avec Assa Traoré ?
04:47 -Pardon ? -Vous avez déjà rencontré
04:49 ou échangé avec Assa Traoré ?
04:51 -Non. Honnêtement, je vois pas l'intérêt, mais...
04:55 Pour moi, elle n'est pas...
04:57 Enfin, voilà, le jour où on n'en parlera plus,
05:00 on n'en parlera plus.
05:02 Si les médias arrêtaient, ce qui s'est passé pendant plusieurs mois,
05:05 elle a été mise au rencard en grande partie
05:08 après la sortie de mon livre,
05:10 on n'en a plus entendu parler.
05:12 On n'en parlera plus.
05:13 Elle n'est pas la représentante de la lutte contre le racisme
05:17 ni contre les violences policières.
05:19 Il y a d'autres entreprises, qu'elle a d'ailleurs phagocytées,
05:22 qui se battaient déjà pour parler de ces violences policières,
05:26 parce que je suis d'accord, il y a des violences policières.
05:29 Tous les policiers et les gendarmes ne sont pas violents
05:33 et ne commettent pas d'actes de cette violence-là,
05:36 mais il y a des choses qu'il faut faire,
05:38 des choses sur lesquelles il faut travailler,
05:41 sur les gens, il faut se réunir pour travailler,
05:44 pour créer quelque chose.
05:45 C'est-à-dire que, oui, les banlieues ont été délaissées,
05:49 il y a des choses inimaginables, il y a du trafic de drogue...
05:52 -Mais Adama Traoré n'est pas un George Floyd à la française.
05:56 -Pardon ?
05:57 -Mais Adama Traoré n'est pas un George Floyd à la française.
06:01 -Ah non.
06:02 Ah non, vraiment pas.
06:03 Il n'est pas du tout un George Floyd à la française.
06:06 C'est une exportation, on va dire, des Black Lives Matter
06:11 pour essayer de faire ramener en France
06:14 et dire que nous, nous sommes racistes,
06:16 mais dernièrement, on a quand même entendu légèrement
06:19 un tout petit peu parler, mais il n'y a eu aucune manifestation
06:23 organisée, or ces deux Noirs ont été assassinés
06:26 d'une manière terrifiante, terrifiante.
06:29 On n'en a parlé nulle part.
06:31 Je n'ai pas entendu Adama Traoré proposer
06:33 une manifestation, une mobilisation.
06:36 [Musique]
06:39 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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