• l’année dernière
Transcription
00:00 Elle me montre des photos, c'était choquant.
00:02 Ah ouais, y'a un dossier qui m'a marqué, ouais.
00:03 Ça fait partie de mes premiers dossiers.
00:05 J'étais à la mairie, en train de faire une démarche perso.
00:07 Le ton monte entre une dame et la personne qui était à l'accueil à la mairie.
00:11 J'interviens, je demande ce qui se passe.
00:13 Cette dame-là, elle parlait pas bien le français.
00:15 Elle m'explique qu'elle vit dans un logement qui est insalubre.
00:17 Elle me montre des photos, c'était choquant.
00:19 Je lui dis à la dame "Venez, venez au cabinet, on va voir ce qu'on peut faire".
00:22 Et elle me dit "J'ai pas d'argent, on est la pomme".
00:24 Et c'est vrai que je voyais bien que son visage était complètement éteint. Elle a perdu son mari, il y a peut-être deux, trois semaines.
00:30 Ils étaient déjà dans cette situation-là, dans le logement.
00:32 Elle a quatre enfants, tu vois.
00:33 Plus petite, elle a six mois.
00:34 Et plus grand, il a cinq ans.
00:36 Du coup, elle vient au cabinet, on discute.
00:38 C'était très compliqué de la comprendre parce que par le soniquier, cette dame,
00:41 on finit par se comprendre parce qu'il y a cet interprète.
00:43 On va saisir le juge en urgence.
00:45 Son bailleur voulait rien faire.
00:46 Le jour de l'audience, je blède pour cette dame.
00:48 On réussit à obtenir gain de cause.
00:50 Le bailleur social qui l'a contacte, qui lui dit "On va vous reloger".
00:54 Elle m'envoie des photos et je vois qu'elle est relogée dans un logement neuf.
00:57 Le bailleur social a été quand même touché par sa cause
01:00 parce que bon, il n'était pas obligé de la reloger dans un logement neuf.
01:03 C'est une affaire qui m'a particulièrement émue.
01:04 C'est des dossiers que tu fais bénévolement, du coup, dans ce genre de cas ?
01:06 Ah bah oui, là, pour le coup.
01:08 Je n'ai pas pris d'honoraires à cette dame.
01:09 Justement, avoir du temps pour te consacrer à des projets parce que t'as envie d'aider les gens.
01:13 Il faut quand même vivre, hein !
01:14 On ne fait pas tellement bénévolement parce qu'on perçoit quand même quelque chose de notre barreau.
01:17 Pour ça, bien entendu, pour faire vivre son cabinet, il faut percevoir des honoraires,
01:21 il faut savoir facturer, mais il y a aussi cette dimension d'humanité.
01:24 Quand vraiment, tu vois que la personne, elle n'a pas les moyens, tu lui dis "Payez-moi plus tard".
01:27 Là, tout de suite, l'argent, ce n'est pas un problème.
01:29 On le paierait quand vous pourrez.
01:30 J'imagine que tu as des situations aussi où tu dois être hyper vite disponible avec des clients que tu peux avoir.
01:34 Comment tu gères ça ? Tu dois toujours être à l'affût, quoi ?
01:36 Franchement, l'urgence est l'imprévu.
01:38 C'est le principe du métier.
01:39 Avant de faire mes premiers stages vraiment avocat,
01:41 pour moi, tu es avocat, tu es dans ton cabinet, tu prépares ton dossier, tu as le temps et tout.
01:45 Pas du tout.
01:46 Des fois, tu as des confrères que tu dois substituer.
01:48 Parfois, tu as des dossiers qui tombent là comme ça.
01:51 Tu dois gérer l'urgence parce que tu as un client qui peut avoir un garde à vue.
01:53 Il faut que tu partes pour l'assister en garde à vue.
01:56 Après, tu as quand même des matières dans lesquelles tu es un peu moins sujet aux urgences que d'autres.
01:59 Tu fais du droit pénal, tu es sûre que c'est de l'urgence permanente.

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