Le président de la République a annoncé que la charge fiscale pesant sur les classes moyennes serait allégée : de 2 milliards d’euros, d’ici à la fin de son mandat. Or des personnalités, aussi éminentes que le premier Président de la Cour des comptes, assurent que la France ne peut pas s’offrir une réduction d’impôt « non compensée », c’est-à-dire non financée par des baisses de dépenses. Alors, la France a-t-elle les moyens de baisser ses impôts ? C’est le sujet de ce billet libéral. [...]
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00:08 Le président de la République a annoncé que la charge fiscale pesant sur les classes moyennes serait allégée,
00:14 de 2 milliards d'euros d'ici à la fin de son mandat.
00:18 Or, des personnalités aussi éminentes que le premier président de la Cour des comptes
00:23 assurent que la France ne peut pas s'offrir une réduction d'impôts non compensée,
00:28 c'est-à-dire non financée, par une baisse des dépenses.
00:32 Alors, la France a-t-elle les moyens de baisser ses impôts ?
00:36 C'est le sujet de ce billet libéral.
00:40 Rappelons d'abord les données du problème.
00:43 En 2022, notre pays a affiché une pression fiscale jamais vue dans son histoire,
00:49 la plus lourde aussi de la zone euro, plus de 45% du PIB.
00:54 Cette même année, ses dépenses élevaient à 58% du PIB,
00:59 là encore les plus élevées de la zone euro.
01:02 Notre dette publique a atteint, elle, un record en temps de paix, 112% du PIB.
01:09 En 2001, nous étions au même niveau que l'Allemagne.
01:12 En deux décennies, le taux d'endettement public allemand s'est dégradé de 8 points,
01:17 l'italien de 36 points, c'est 53 points pour la France.
01:23 Pierre Moscovici, le patron de la Cour des comptes, est très clair.
01:27 Je le cite "Dans une vie antérieure, j'ai été ministre des Finances
01:31 et j'avais alerté sur le ras-le-bol fiscal et un possible point de rupture
01:37 pour le consentement à l'impôt pour les ménages.
01:40 Il n'y a pas lieu de penser que cela ait changé."
01:44 On l'a compris, puisqu'alourdir les prélèvements devient dangereux,
01:47 c'est aux dépenses publiques qu'il faut s'attaquer.
01:50 Oui, mais lesquelles ?
01:52 Les transferts sociaux, qui pèsent 30% du PIB,
01:54 sont quasi intouchables de l'aveu même du président.
01:57 Regardez la réforme des retraites.
02:00 Cette redistribution sociale, ces 30%, unique au monde,
02:04 s'est faite au détriment de l'État régalien,
02:07 en déshérence et qu'il s'agit aujourd'hui de restaurer.
02:11 Sans parler des défis climatiques, sécuritaires, de réindustrialisation,
02:16 qui vont impliquer des moyens colossaux, des dépenses colossales.
02:21 Voilà le no-gordien.
02:22 Il faut d'évidence réduire la prodigalité de l'État,
02:25 des collectivités locales et de la sécurité sociale
02:28 pour ménager des marges de manœuvre.
02:31 Mais, faute de courage politique et de consensus national pour agir,
02:35 les besoins toujours plus lourds de notre modèle social
02:39 laminent des classes moyennes qui n'en peuvent mais.
02:42 Comment sortir de ce blocage ?
02:45 S'en tenir au slogan "que les riches payent" est une supercherie populiste.
02:50 Attendre que les dépenses reculent pour redistribuer du pouvoir d'achat
02:54 est une stratégie attentiste qui fait le lit des extrêmes.
02:59 Alors, un strict contrôle des crédits budgétaires dans le temps ?
03:02 Oui bien sûr.
03:04 Mais il existe une autre voie, complémentaire, c'est la croissance.
03:09 Car davantage de croissance, c'est plus de recettes fiscales
03:12 et un ratio dépenses publiques sur PIB qui diminue.
03:16 C'est aussi un pays qui voit augmenter sa richesse par habitant,
03:20 autant dire son pouvoir d'achat.
03:22 Or, une fiscalité plus douce est une incitation au travail.
03:27 Les Français doivent se persuader que reprendre le contrôle de leur destin
03:32 passe par moins de ponctions sur le produit de leur labeur
03:35 et moins d'attentes envers un état nounou jamais rassasié.
03:39 Depuis la fin des Trente Glorieuses,
03:41 nous avons finalement accepté une sorte de décroissance,
03:45 une baisse régulière de notre croissance potentielle,
03:49 passée en rythme annuel moyen de 5 à 1%.
03:53 Nous l'avons fait en sursollicitant le levier fiscal et la dette
03:58 pour ne pas dégrader notre modèle social.
04:01 Jusqu'à porter aujourd'hui le pays à un point de rupture.
04:05 La question n'est pas de savoir si la France a les moyens de baisser les impôts,
04:09 mais plutôt si elle veut s'en donner les moyens.
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