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L'entrée de l'Egypte, des Emirats, de l'Ethiopie, de l'Iran, de l'Arabie Saoudite et de l'Argentine dans les BRICS est un véritable coup de maître géopolitique. D'une part elle consolide décisivement leur contrôle du Canal de Suez, du Détroit d'Ormuz et de Bab al Mandeb, d'autre part elle leur garantit plus de 51% des hydrocarbures mondiaux, ce qui confirmé définitivement l'élan de leur nouveau système monétaire.

Cette stratégie démontre aussi à quel point Washington aura été Machiavélique: tous les trous dans la nouvelle raquette des BRICS+ ne sont pas des états alliés aux USA, mais des états soit ruinés, soit détruits, soit faillis (Soudan, Somalie, Yemen, Syrie...) par les bons soins des interventions US, selon la bonne vieille doctrine "Rubbles cause no trouble", les gravats ne causent pas de tracas.

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00:00 C'était jusqu'alors le club des cinq. Il faudra désormais faire plus de place sur la photo de famille.
00:05 Les Bricks, le groupe des économies émergentes, s'élargit.
00:10 Alors ça y est, les Bricks sont vraiment devenus les Bricks Plus.
00:15 Ce petit groupe qui était simplement un fichier pour Goldman Sachs a réussi à obtenir un niveau
00:23 de fédération suffisant dès 2010 pour pouvoir peut-être,
00:28 au 21e siècle, devenir l'ONU 2.0.
00:32 Et donc, malgré leurs grandes différences, malgré les conflits territoriaux entre la Chine et l'Inde
00:39 et les conflits économiques évidents et géopolitiques entre la Russie et la Chine,
00:45 eh bien les Bricks se sont parvenus à pouvoir coopter de nouveaux pays
00:50 et à former une expansion géopolitique tout à fait intelligente.
00:55 Alors ces nouveaux entrants des Bricks, il faut qu'on les analyse
00:59 parce qu'ils reflètent un jeu d'échecs tout à fait intelligent.
01:04 L'Egypte, l'Ethiopie, l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, l'Iran
01:09 et en périphérie ensuite seulement l'Argentine.
01:12 Alors pourquoi tout ça ? On voit vraiment une volonté de contrôler le centre de l'échiquier
01:18 avec les nouveaux entrants dans les Bricks.
01:20 On a le détroit d'Hormuz, le golfe d'Aden, le canal de Suez,
01:25 on a la zone la plus stratégique au monde.
01:29 La raison pour laquelle les États-Unis avaient inventé des prétextes complètement criminels pour attaquer l'Irak,
01:36 la raison pour laquelle le Moyen-Orient était aussi instable
01:41 et aussi pour laquelle les États-Unis ont laissé des ruines selon la bonne vieille thèse géopolitique
01:48 "Rebels cause no troubles" ou "Les Gravas ne causent pas de tracas".
01:53 Alors l'Iran et l'Arabie Saoudite déjà, ça c'est un coup de maître si ça arrive à tenir
01:58 parce que à mesure que les Bricks vont s'étendre,
02:01 ils vont risquer l'explosion, les conflits d'intérêts, etc.
02:06 Les pays qui jouent un double jeu.
02:08 Or entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, les conflits géopolitiques sont évidents.
02:13 On a un conflit pour le leadership du monde musulman,
02:16 on a des conflits aussi pour les hydrocarbures,
02:19 on a une vision du monde qui est fondamentalement différente avec une République islamique d'un côté
02:24 et une monarchie absolue de l'autre.
02:26 Et on a un conflit ouvert, le conflit au Yémen où l'Iran est parti.
02:30 Normalement, traditionnellement, l'Arabie Saoudite était le pion des États-Unis dans la zone,
02:37 notamment dans l'OPEP aussi, une des raisons très importantes de cette expansion des Bricks
02:42 et des Bricks+ maintenant donc, l'OPEP.
02:45 Eh bien l'Arabie Saoudite était vécue, vue comme un pion des États-Unis d'Amérique
02:50 depuis les accords du Quincy et l'Iran comme un ennemi juré, bien sûr,
02:54 du grand Satan que sont les États-Unis d'Amérique.
02:57 Et avoir réussi déjà à rejoindre les deux, c'est un tour de force géopolitique.
03:03 On ne peut pas le souligner assez.
03:06 On ne sait pas si ça va tenir aujourd'hui.
03:07 Si j'étais à la tête de la CIA, un de mes premiers dossiers serait de faire exploser
03:12 la normalisation des relations, de créer des conflits, peut-être des attentats sous faux drapeau,
03:17 de miner la confiance à peine naissante entre l'Arabie Saoudite et l'Iran.
03:22 Clairement, si j'étais à la tête de la CIA, c'est un des dossiers sur lesquels je me concentrerais,
03:28 faire exploser tout rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite.
03:33 D'ailleurs, pour Israël, c'est un danger réel, sauf si Israël décide de se rapprocher des Bricks,
03:39 ce que j'ai continué à pronostiquer depuis plusieurs vidéos et que je pense être le pronostic vital,
03:47 évident pour l'état d'Israël au XXIe siècle.
03:50 Ce qui pourrait amener, en effet, comme beaucoup de géopolitologues l'ont compris,
03:54 des opportunités, je ne dis pas qu'elles vont être saisies,
03:56 mais des opportunités pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
03:59 Alors, au passage, une solution à un état comme l'avait voulu Muammar Kadhafi,
04:04 ça, c'est quelque chose dont je pense qu'il faut complètement l'oublier.
04:07 Mais ce n'est pas seulement récent, c'est probablement depuis 1994,
04:12 depuis l'engouement sud-africain, que les Israéliens ont vécu comme une gigantesque arnaque
04:18 quand ils voient la situation en Afrique du Sud aujourd'hui.
04:21 Et donc, je pense que la solution à un état n'a plus du tout d'avenir.
04:25 Mais bon, le futur contredit le passé. Alors il ne faut jamais dire jamais.
04:29 Mais ce n'est pas sur cette solution-là que j'investirais.
04:31 Mais dans une solution à deux états, ou peut-être même à trois, du coup,
04:34 avec une bande de Gaza qui aurait un statut de paradis fiscal très particulier,
04:39 eh bien, les BRICS+ ont beaucoup plus de chances de faire la paix que le système des Nations Unies.
04:46 Et le fait d'avoir l'Égypte, l'Arabie saoudite et l'Iran
04:50 donne aux BRICS+ un pouvoir de négociation absolument remarquable sur le Moyen-Orient,
04:56 et en particulier sur le conflit israélo-palestinien.
04:59 Aussi, il faut comprendre que si les BRICS+ veulent s'imposer culturellement
05:03 en démontrant qu'ils ont fait mieux que l'ONU, qu'ils sont un meilleur facteur de paix dans le monde,
05:09 que le système des Nations Unies, qui depuis la fin de la guerre froide,
05:12 est un système complètement unipolaire, avec le leadership américain
05:17 et des états vassaux comme la France et l'Allemagne,
05:20 qui font tout simplement ce que les États-Unis leur disent,
05:24 eh bien, si les BRICS+ veulent montrer qu'ils sont vraiment la nouvelle organisation internationale,
05:31 le graal de la résolution de conflits, c'est vraiment le conflit israélo-palestinien.
05:37 Aujourd'hui, déjà, la possibilité de résoudre le conflit entre l'Iran et l'Arabie saoudite,
05:41 ça, ça mériterait des prix Nobel.
05:43 Et il n'est pas du tout impossible que les BRICS+ d'ailleurs créent leur propre prix Nobel à un moment,
05:48 parce que, comme chacun le sait, les prix Nobel, en particulier les prix Nobel très politisés,
05:53 comme celui de la paix et ceux qui sont liés aux questions climatiques,
05:58 mais aussi, donc souvent celui de la paix d'ailleurs, encore une fois pour le climat,
06:02 parce que ce n'est pas vraiment des prix Nobel scientifiques qu'on a donnés pour le GIEC,
06:04 c'est des prix Nobel de la paix,
06:06 mais également les faux prix Nobel, comme le prix Nobel d'économie,
06:09 qui a été inventé uniquement pour justifier les théories et le point de vue économique des États-Unis
06:14 et qui n'a récompensé que des économistes qui allaient dans ce sens,
06:18 eh bien, il n'est pas du tout impossible que les BRICS+ décident aussi de créer leur propre prix,
06:23 parce que jamais Stockholm ne va honorer les efforts de paix,
06:28 ou en l'occurrence jamais Oslo, qui délivre le prix Nobel de la paix,
06:32 ne va honorer les efforts exceptionnels que les BRICS ont faits pour la paix,
06:37 en l'occurrence rapprocher diplomatiquement l'Iran et l'Arabie Saoudite.
06:42 Mais si les BRICS+ voulaient montrer qu'ils étaient capables de faire en quelque sorte la guerre à la guerre,
06:48 eh bien, petit à petit, ils essaieraient d'accumuler quelques victoires,
06:51 comme celle de rapprocher l'Iran et l'Arabie Saoudite,
06:55 pour enfin essayer d'attraper le père de tous les conflits,
06:59 le Graal absolu de toutes les paix possibles, qui est le Moyen-Orient.
07:04 Et c'est une victoire diplomatique qui leur offrirait un leadership absolu.
07:09 Rappelons-nous que le système Nations Unies est complètement bancal,
07:12 et on voit aujourd'hui à quel point il est défaillant.
07:15 Il n'a pas empêché le massacre de l'Irak, il n'a pas empêché le massacre de la Libye.
07:20 La seule entité qui a pu empêcher le massacre de la Syrie a été l'intervention russo-chinoise,
07:26 qui, justement, marque le début de la guerre froide 2.0.
07:29 Et de la même façon, d'ailleurs, que la Société des Nations n'a pas pu empêcher la Deuxième Guerre mondiale,
07:35 alors qu'elle avait été créée explicitement dans ce but.
07:39 Et c'est aussi l'Éthiopie, d'ailleurs, qui avait été un échec à l'époque de la Société des Nations,
07:43 car elle en était membre. C'est peut-être une des grandes raisons
07:45 pour lesquelles la Chine a avalisé et a poussé l'entrée de l'Éthiopie dans les BRICS+.
07:51 Mais donc, de la même façon que la Société des Nations a été une vaste foutaise,
07:55 eh bien l'ONU a été dans beaucoup de situations une vaste foutaise,
08:00 sauf quand elle avait des leaders d'exception, comme Dag Hammarskjöld.
08:04 Mais l'ONU a été une vaste foutaise parce qu'elle n'a pas empêché la guerre froide,
08:07 elle n'a pas empêché la guerre du Vietnam. Et à partir de la chute de l'Union soviétique,
08:13 elle n'a pas empêché non plus la première guerre du Golfe, la deuxième,
08:17 et tous les abus abominables de l'OTAN et de la fameuse communauté internationale,
08:24 qui est en réalité uniquement l'OTAN et les États étendus, disons l'OCDE pour simplifier.
08:29 Eh bien cet échec de l'organisation des Nations unies donne encore plus de légitimité aux BRICS aujourd'hui,
08:37 et leur donne encore plus d'intérêt à créer leur propre organisation,
08:41 leur propre système de casques bleus, pourquoi pas, leur propre prix,
08:45 et on le voit déjà aussi leur propre ordre financier international.
08:49 Donc pourquoi l'Égypte ? Pour contrôler le canal de Suez, le pivot des routes de la soie.
08:55 Pourquoi l'Arabie Saoudite, l'Iran et les Émirats Arabes unis ?
08:59 Pour avoir une victoire diplomatique majeure, mais aussi bien sûr pour contrôler davantage les hydrocarbures.
09:04 Si les BRICS veulent constituer un ordre monétaire nouveau basé sur les matières premières,
09:10 et l'or également, alors il se trouve que les Émirats Arabes unis sont la plaque tournante pour l'or africain,
09:17 eh bien ils ont besoin de ces nations, et aujourd'hui avec cette extension des BRICS,
09:23 eh bien ils contrôlent plus de 51% le chiffre fatidique, 51% du pétrole mondial,
09:30 et même en réalité des hydrocarbures mondiaux en incluant donc le gaz,
09:33 d'autant que dès que la Syrie sera stabilisée et aura récupéré,
09:37 vous pouvez être sûr qu'elle rentrera dans les nouvelles promotions des BRICS.
09:41 Alors, vous avez quelques États qui n'y ont pas été admis, et le plus marquant n'est pas l'Algérie,
09:47 mais la Turquie, que beaucoup voulaient voir rentrer dans les BRICS dès la première promotion.
09:52 Mais le retournement de la Turquie contre la Russie, ça c'est un enjeu géopolitique constant,
09:58 c'est-à-dire que l'enjeu géopolitique, les intérêts nationaux turcs sont très difficilement conjoints
10:03 avec les intérêts nationaux russes, et à partir de là, c'était assez difficile d'envisager une entrée
10:09 de la Turquie dans les BRICS dès la première promotion, même si ce n'est pas du tout impossible
10:13 qu'elle y rentre par la suite. La Chine aurait voulu envisager de la faire rentrer,
10:18 mais la Chine s'accommode très bien d'une nouvelle route de la soie qui passerait par le golfe d'Aden
10:25 et le canal de Suez. Et c'est clairement ce que ce nouveau choix d'entrée dans les BRICS démontre,
10:31 c'est-à-dire un contrôle de la mer Rouge, avec toujours les méthodes américaines de réduire à néant,
10:37 de réduire aux ruines les autres États, comme la Somalie, qui est stratégique,
10:42 mais que les États-Unis ont réduit en ruines, et le Soudan, qui est aussi stratégique,
10:46 et que les États-Unis ont réduit en ruines. Donc toujours ce principe du "rubbles cause no troubles",
10:53 les gravats ne causent pas de tracas. Si vous voulez vous épargner le problème de devoir dominer
11:00 un pays, de le contrôler politiquement et géopolitiquement, et militairement,
11:04 eh bien il vous suffit de le transformer en États faillis, comme la Libye, comme la Somalie,
11:09 comme le Soudan, pour être sûr qu'une alliance contre vous ne pourra de toute façon jamais s'en emparer.
11:17 Les quelques États un peu stables dans la région, étant donc l'Ethiopie et l'Égypte,
11:23 ce sont les nouveaux entrants pour contrôler la mer Rouge que les BRICS ont choisi de coopter.
11:30 Maintenant, parlons aussi de l'Argentine. Certains s'étonnent, disent "oui, mais l'Argentine est endettée".
11:34 Essayez de n'avoir rien compris à la géopolitique mondiale que de se focaliser sur cette question de la dette,
11:40 qui n'est pas du tout la question que l'on croit. Vous avez d'un côté la dette japonaise.
11:44 Certes, le Japon est un allié des États-Unis, mais la dette japonaise, même si elle est énorme,
11:49 est contrôlée par les Japonais eux-mêmes et fait qu'elle est extrêmement facile à annuler ou à contrôler.
11:55 La dette chinoise est énorme aussi, et pourtant la Chine, depuis qu'elle a une dette énorme,
12:00 est beaucoup plus puissante que depuis le temps où elle n'avait pas de dette.
12:04 Tous ceux qui pensent qu'avoir aucune dette est un symbole de puissance devraient se rappeler
12:10 qu'un clochard n'a pas de dette et que la situation de la dette est beaucoup plus compliquée que cela.
12:16 Ce n'est pas forcément mauvais de n'avoir aucune dette, mais ce n'est pas forcément bien non plus.
12:22 Cela prouve davantage que vous avez un système bancaire qui n'est pas crédible à l'international
12:26 et que vous avez un système de change auquel les marchés financiers ne font pas confiance.
12:31 Maintenant, si on veut prendre le cas de l'Argentine, oui, elle a un système monétaire foireux.
12:36 Sa politique économique et monétaire est très mauvaise. L'Argentine a raté un tournant dans son économie
12:42 où elle aurait pu être la cinquième puissance économique mondiale, pays industrialisé, pays stable,
12:48 avec un écart de richesse pas du tout aussi grand que le Brésil, qui a un coefficient de Gini assez catastrophique,
12:55 donc des écarts de richesse importants, ce qui souvent est associé à la criminalité.
12:59 L'Argentine est significativement plus sûre que le Brésil en cela.
13:03 Mais la grande faiblesse de l'Argentine, ce sont ses politiques monétaires populistes, pour ne pas dire débiles.
13:09 Et ça, ça tombe bien pour les BRICS parce que c'est là qu'ils ont une valeur ajoutée importante.
13:14 L'Argentine a toujours été trahi par le FMI. Et donc, c'est le pays d'Amérique du Sud
13:20 qui avait le plus besoin d'une alternative au FMI. Or, quelle est l'alternative au FMI ?
13:26 Eh bien, c'est le système monétaire des BRICS. Donc, dans ce nouvel échiquier,
13:32 ils ont coopté d'une part des pays avec beaucoup de stocks d'hydrocarbures et des accès à de l'or,
13:38 on ne le dira pas assez. L'Ethiopie et les Émirats Arabes Unis, c'est aussi le marché de l'or.
13:45 Lequel marché d'ailleurs possède comme acteur important par ailleurs la Chine et l'Inde.
13:50 Mais donc, les BRICS voulaient, pour créer et stabiliser leur ordre monétaire international,
13:56 coopter des pays qui avaient des hydrocarbures et de l'or et qui étaient suffisamment stables.
14:01 Et des pays qui pouvaient leur donner une victoire diplomatique importante.
14:05 Encore une fois, l'Arabie Saoudite et l'Iran. Donc, dans ce contexte, l'Argentine peut être un cas d'école.
14:13 Et c'est pour ça qu'elle a été cooptée. D'abord, c'est le pays qui a la plus grande autosuffisance alimentaire au monde.
14:19 Je crois de mémoire que c'est de l'ordre de 25 000 kcal par jour et par personne.
14:25 Et ça, c'est un record dans le monde en termes d'autosuffisance alimentaire, dans les indices de la FAO.
14:30 Donc, c'est un pays qui peut être stabilisable. C'est un pays qui vient menacer directement la fameuse doctrine Monroe,
14:38 selon laquelle les États-Unis sont maîtres dans l'hémisphère occidental et selon laquelle, donc,
14:43 les puissances européennes, dont la Russie fait partie et elle est membre des BRICS.
14:47 Il ne faut pas oublier que les BRICS sont une organisation qui a un pied dans le continent européen.
14:52 Eh bien, les puissances européennes ne devaient pas pouvoir avoir un pied dans l'hémisphère occidental,
14:57 du nord au sud des Amériques. Eh bien, les BRICS qui débarquent en Argentine,
15:01 c'est quelque chose de tout à fait majeur et significatif dans la géopolitique mondiale.
15:07 Donc, ça aussi, il fallait le souligner. Donc, au fond, vous avez l'Argentine qui peut être une étude de cas
15:14 du nouveau système monétaire, c'est-à-dire que l'ordre mondial des BRICS pourrait être représenté
15:21 par cette capacité qu'ils ont à sauver des pays là où le FMI a échoué et à développer leur prospérité.
15:29 Maintenant, l'entrée dans les BRICS se fait par consensus. Ce n'est pas comme le système OTAN
15:35 où ce sont vraiment les États-Unis qui dominent et qui sont la dictature absolue
15:40 et qui font ce qu'ils veulent avec leur vassal, typiquement les humilier en explosant le gazoduc
15:46 qui les approvisionne en énergie, les humilier en leur volant Alstom, Gemalto, la TECOER, en détruisant EDF.
15:53 Le système des BRICS est beaucoup plus collégial et consensuel.
15:57 Et ça, ça fait donc que l'admission des pays nécessite un consensus.
16:02 On peut prendre le cas de l'Algérie où l'Inde a clairement pesé contre parce que l'Inde va systématiquement
16:10 s'opposer à l'entrée d'un pays musulman si, attention, parce que tout de même l'Iran, l'Arabie Saoudite,
16:15 les Émirats, ce sont des pays musulmans, et l'Égypte, mais si il ne peut pas apporter quelque chose de significatif
16:21 à la stabilité des BRICS. Or, l'Égypte, l'Arabie Saoudite et l'Iran avaient des cartes à jouer
16:28 dans la stabilité des BRICS que l'Algérie n'avait pas encore pour l'instant.
16:33 Maintenant, dans les nouveaux entrants des BRICS qu'on peut anticiper, vous avez évidemment le Vietnam,
16:39 évidemment l'Indonésie et la Malaisie, les deux qui sont pourtant des pays musulmans,
16:44 l'Inde ne va pas forcément s'y opposer parce que l'islam malaisien et indonésien est davantage compatible
16:50 avec l'islam indien. Eh oui, l'Inde a tout de même des dizaines de millions de musulmans,
16:54 même des centaines de millions de musulmans. Vous avez la République démocratique du Congo
16:59 qui est totalement instable, mais qui est un des pays les plus riches en ressources au monde.
17:04 Et ça, dans le système monétaire, dans le système géopolitique des BRICS,
17:08 ce serait un argument de poids, de même du Nigeria, bien sûr. Et vous auriez donc aussi le Venezuela
17:15 dans la même logique, entre autres. Après, au pourtour de la Russie, vous auriez certainement
17:19 le Kazakhstan et la Biélorussie dans les nouvelles promotions. Mais pour ce qui est de la Turquie,
17:24 qui n'a d'ailleurs pas vraiment candidaté, mais qui avait évoqué vouloir se rapprocher des BRICS,
17:29 sa géopolitique, sa géographie l'encourage davantage à jouer sur les deux tableaux.
17:34 En tout cas, le cas de l'Ethiopie est d'autant plus marquant qu'il revêt un aspect culturel.
17:40 D'abord, l'Ethiopie est un centre d'investissement majeur pour la Chine. Elle lui permet de contrôler
17:45 davantage le golfe d'Aden, en faisant donc pression sur Djibouti et l'Érythrée,
17:48 même si l'Ethiopie n'a pas nominalement d'accès à la mer. Mais l'Ethiopie, c'est un symbole,
17:53 parce que c'est un pays qui a défait le colonialisme à son apogée. L'Ethiopie a défait le Royaume-Uni
18:00 à la fin des années 1890. Il a défait le colonialisme italien et il a résisté ensuite sous Mussolini,
18:08 même s'il n'est pas parvenu à le défaire. Donc l'Ethiopie, c'est un symbole pour que les BRICS
18:14 puissent dire à toute l'Afrique "Regardez, nous allons participer de votre libération, si vous voulez".
18:19 Et ça donne à l'Ethiopie une soft power remarquable, en quelque sorte un pays de libérateurs,
18:26 un pays qui a battu la colonisation dans les années 1890 et qui va donc prendre le flambeau
18:33 de la décolonisation 2.0 pour simplifier en Afrique. C'est un symbole extrêmement important
18:39 qu'il ne faut pas sous-estimer. Alors certes, l'Ethiopie est entrée parce qu'elle avait cette position
18:44 stratégique exceptionnelle, parce qu'elle avait de l'or et parce qu'elle est un centre d'investissement
18:49 absolument décisif pour la Chine, mais aussi, pardonnez-moi, mais parce qu'elle n'emmerdait personne.
18:54 L'Inde n'était pas du tout embêtée par l'entrée de l'Ethiopie dans les BRICS, alors que d'autres pays
19:00 ne pouvaient impérativement pas faire consensus. Et ça, c'est une des grandes raisons de ce nouvel ordre.
19:07 Alors, si on veut essayer d'être un peu in futurum, maintenant on voit vraiment un échiquier
19:12 dans lequel quasiment l'axe du cap jusqu'au coeur que voulait faire Cecil Rhodes dans la colonisation
19:19 britannique est en train d'être celui que visent les BRICS, puisque vous avez déjà maintenant le cap
19:24 et le coeur qui sont dans les BRICS, et vous avez les sources du Nil avec l'Ethiopie, le pourtour
19:29 des sources du Nil qui sont dans les BRICS aussi. Donc cet axe du cap jusqu'au coeur, c'est davantage
19:35 les BRICS qui vont pouvoir le revendiquer avec les légendaires infrastructures chinoises.
19:40 Que les Émirats soient rentrés, c'est aussi quelque chose de remarquable, parce que c'était tout de même
19:45 un pays pro-américain, enfin c'est pas pour rien qu'on les a appelés Émirats Arabes Unis,
19:50 et l'ordre américain a joué considérablement dans leur unification. Mais pendant que tout le monde
19:55 diabolisait la Russie, eh bien eux projetaient le drapeau russe sur la bourge Khalifa.
20:00 Et ça, c'est quelque chose qui est aussi historique. On ne mesure pas à quel point Washington
20:05 est en train de perdre pied, et à quel point l'hégémonie du dollar, malgré la hausse des taux
20:10 par Powell, malgré tout ce que font les États-Unis pour maintenir le dollar.
20:15 Certes, la hausse des taux est marquante, et elle va permettre d'ailleurs de déposséder
20:19 les propriétaires américains, ce qui est tout à fait l'objectif du World Economic Forum.
20:24 Vous ne posséderez rien et vous serez heureux. Il y aura une caste de puissants qui pourront
20:28 manger de la viande, profiter des choses de la vie, voyager en jet, et avoir un droit de propriété.
20:33 Et puis vous aurez les paysans qui mangeront des insectes, et qui resteront dans des villes
20:37 de 15 minutes, et qui, bien entendu, ne pourront plus prendre l'avion, et encore moins avoir
20:42 le droit de propriété. Mais dans ce contexte, on dit oui, le dollar peut se protéger par
20:46 la hausse des taux. Et c'est assez exact, mais le dollar n'existe que parce qu'il est
20:51 la monnaie des matières premières. Et à partir du moment où vous aurez les briques
20:55 qui possèdent 51% du pétrole mondial et plus de 51% des gaz mondiaux, et que vous aurez
21:02 les briques qui possèdent de l'or aussi, aussi bien à la production que dans les réserves mondiales,
21:07 avec la Chine, la Russie et l'Inde, et bien ça va devenir extrêmement compliqué
21:12 de maintenir l'hégémonie du dollar. Et de ce point de vue-là, les briques ont extrêmement
21:17 bien joué. Je ne peux pas vous dire les choses autrement. Donc on a au final un impact
21:22 diplomatique majeur. Et la vraie grande question maintenant, ça va être quels pays
21:28 européens vont faire défection ? Ça pour moi, c'est la prédiction la plus croustillante
21:33 que vous avez dans les briques. Plus quels pays européens vont faire défection du système
21:39 OTAN, du système OCDE et vont intégrer les briques ? L'Europe a été ravagée en termes
21:45 de souveraineté par les États-Unis. Aujourd'hui, on peut clairement dire que tous les pays
21:50 de la zone Europe, sauf la Biélorussie et la Russie, sont inféodés, totalement soumis,
21:56 pour ne pas dire les catins, de Washington. Et donc il n'est pas possible aujourd'hui
22:01 à un leadership d'un pays européen, avec peut-être l'exception de la Hongrie sous-urbaine,
22:06 d'envisager une candidature aux briques. Ce n'est pas possible aujourd'hui. Mais bon,
22:10 les choses peuvent changer. Les choses peuvent changer à moyen terme. Et en ce qui me concerne,
22:16 un des premiers pays que je verrais, si les choses changeaient, candidater aux briques
22:21 en Europe, ce serait la Grèce et ensuite l'Italie, certainement. La Grèce, on se rappelle
22:27 que la Chine avait voulu la refinancer dans la crise grecque, mais que l'Europe s'y
22:31 était complètement opposée. Et vous aviez donc eu le FMI qui avait ravagé la Grèce.
22:37 Eh bien la Chine est quand même intervenue dans le port du Pyrrhée, qui est une étape
22:41 décisive. Et vous verrez davantage la Chine obtenir des accès à des ports importants.
22:47 Je pense notamment à des petits pays qui auront du mal à céder aux pressions des briques,
22:52 comme par exemple Malte. Mais donc, clairement, ensuite, vous auriez l'Italie. Pour moi,
22:58 l'Italie et la Grèce seraient des pays qui auraient le plus de chances de faire défection
23:04 du système OCDE autant. Bien sûr, je rêve que la France fasse défection aussi. Vous
23:11 imaginez, par exemple, avec l'espace maritime français, qui est le premier ou le deuxième
23:16 au monde selon comment on compte, et la téléurocratie russe, vous auriez une superpuissance, un
23:22 tandem absolu. Mais la France n'est plus souveraine depuis au moins 2005 et elle n'a
23:28 jamais récupéré sa souveraineté depuis cette époque. Donc je ne la vois pas récupérer
23:33 sa souveraineté pour l'instant. Mais voilà le Grand Échiquier, ce nouveau Grand Échiquier
23:38 qu'ont fondé les BRICS. Pourquoi l'Iran et l'Arabie Saoudite devaient y rentrer ?
23:44 Ça, c'était l'évidence même. Ils auraient adoré pouvoir faire rentrer l'Irak et la
23:48 Syrie, mais ces pays sont beaucoup trop instables et beaucoup trop ravagés aujourd'hui. Et
23:52 on voit les trous laissés dans la raquette justement par l'occupation américaine. Les
23:57 fameux gravats qui ne causent pas de tracas. On détruit tout pour que les BRICS ne puissent
24:01 même pas s'emparer de ces pays. Eh bien, ces trous sont totalement visibles par cette
24:06 doctrine américaine, à savoir le Yémen qui est ravagé, la Somalie qui est ravagée,
24:13 le Soudan qui est ravagé, l'Irak qui est ravagé et la Syrie qui est ravagée et l'Afghanistan
24:20 aussi qui est ravagé. Donc vous voyez vraiment comment la stratégie américaine s'est
24:25 dit "Allez, au lieu d'occuper tous ces pays qu'on n'arrivera jamais à occuper, ça nous
24:29 coûtera trop cher, il vaut mieux tout ravager". Et en cela, eh bien, vous avez les BRICS
24:34 qui sont en train de réparer la zone. Pas d'angélisme. La Chine, l'Inde, la Russie
24:40 ne sont pas des anges absolus et le Brésil, l'Afrique du Sud non plus. Mais en tout cas,
24:45 leur intérêt géopolitique est de stabiliser ces pays et cet espace géographique avec
24:50 des infrastructures pérennes et de les développer. Et en cela, c'était bien entendu l'intérêt
24:57 absolu de l'Ethiopie de rejoindre les BRICS.
25:00 [Musique]

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