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Ce mercredi 30 août, Ali Bongo a été renversé du pouvoir par sa garde républicaine et des factions de l'armée gabonaise.

Au pouvoir depuis 1967, la famille Bongo n'était plus soutenue par la majorité de la population, qui a vu le pays se couper depuis le vote des élections ce samedi.

Un triste épilogue auquel le général Brice Olingui, président de la CTRI (comité pour la transition et la restauration des institutions), a promis de mettre fin et d'assurer une transition rapide pour de nouvelles élections.

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Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue. Vous avez sans doute dû voir les images du coup d'état
00:03 survenu dans la nuit au Gabon et vous devez vous demander pourquoi j'en fais un sujet
00:06 alors qu'habituellement je traite d'enquêtes sportives, notamment footballistiques.
00:10 Tout simplement parce qu'il y a bientôt deux ans, l'une des plus importantes investigations
00:14 concernait le Gabon avec ce fameux réseau pédocriminel dans le milieu sportif avec
00:18 des ramifications politiques. Ça avait été une véritable affaire nationale qu'on avait
00:22 surnommée le "Capello Gate" qui avait même poussé Ali Bongo lui-même à s'exprimer
00:27 sur le sujet. On rappelle qu'il y avait eu six arrestations, notamment du prédant de
00:30 la Fédération de Football Gabonaise Pierre-Alain Mugenghi qui avait été accusé d'avoir
00:33 couvert un réseau pédocriminel et depuis remis en liberté en attente de son procès
00:38 et des entraîneurs au niveau du tennis, du taekwondo, du football, eux avaient été
00:41 écroués et ont avoué les faits sur des réseaux vieux de 20-30 ans. Et dans le même
00:46 temps, lors du taekwondo, un dossier que j'avais mené, le maître Chaka avait déclaré à
00:49 l'audience, après avoir reconnu les faits, il avait sorti la carte magique en disant
00:52 "Eh, j'ai une relation intime avec un haut cadre de la République". Et en fait, on
00:57 touchait ces ramifications sportives avec le milieu politique. Et depuis ce temps-là,
01:02 forcément, j'ai creusé, creusé et j'ai eu accès à plein de choses parce que je
01:05 rappelle que le sport et principalement le football est au carrefour de plein d'intérêts
01:09 diplomatiques, financiers, politiques et quoi de mieux pour l'illustrer que le Gabon, avec
01:12 ses deux cadres organisés dans les années 2010 et ce soutien massif au football, où
01:16 d'ailleurs on pourrait un peu se poser des questions avec tout cet argent qui a été
01:20 mis à disposition des Panthères, a-t-il vraiment été bien utilisé ? Et également
01:23 toute la politique des nouveaux stats pour la Cannes et voir l'entretien, ou plutôt
01:26 l'absence d'entretien de ces derniers qui font partie un peu de la gabégie étatique
01:30 qu'on a connue vis-à-vis de la famille Bongo.
01:33 Donc maintenant, qu'est-ce qui s'est passé ? Ce coup d'État, on disait "Ali Bongo
01:36 favori", etc. On va essayer de remettre un peu dans le contexte. Premièrement, les
01:39 Gabonais en avaient marre. Ça faisait depuis 1967 que la famille Bongo règne sur le pays.
01:44 Et on peut véritablement parler de règne, qui est un peu d'ailleurs une donnée commune
01:47 à certains pays d'Afrique centrale. On peut penser au Congo-Brasaville de Sassoon Guesso
01:51 ou au Cameroun évidemment de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
01:55 Au Gabon, c'est depuis 1967 avec Omar Bongo, puis ensuite son fils Ali qui avait pris la
02:00 succession et qui essaie de briguer un troisième mandat. Alors le Gabon, pour ceux qui ne connaissent
02:04 pas vraiment, c'est un petit pays d'Afrique centrale, 2 millions d'habitants à peu près,
02:08 riche en pétrole, mais également d'autres matières importantes, le bois précieux,
02:12 le manganèse, l'or. Et surtout, comme je vous le dis, il a une faible démographie,
02:15 ce qui pourrait aider justement l'État à développer davantage son pays. C'est quand
02:19 même plus facile de s'occuper de 2 millions de personnes que de développer un pays immense
02:22 comme la République démocratique du Congo par exemple à une centaine de millions d'habitants.
02:26 Au final, c'est vrai qu'on a bénéficié de l'augmentation du prix du baril brut,
02:30 donc ça a aidé vis-à-vis des recettes du Gabon. Mais la telle gabégie au sommet de
02:35 l'État fait que le pays n'a pas le développement escompté, notamment ces dernières années
02:39 où depuis l'intronisation d'Ali Bongo au pouvoir, on a eu un endettement de plus en
02:43 plus croissant, quelque chose qui n'existait pas avant.
02:46 Alors évidemment, à un moment donné, on a eu un peu cette manne financière qui est
02:49 arrivée, on a fait plein de choses. Comme je vous le dis, ces cas, on a essayé de montrer
02:52 la puissance du Gabon. Néanmoins, les conditions de vie des gens ne sont pas vraiment améliorées.
02:56 Bien au contraire, il y a un énorme taux de chômage principalement chez les jeunes
02:59 alors qu'il y a quand même relativement un très bon niveau d'éducation. Et au final,
03:02 pour un pays qui a autant de possibilités, le bilan est évidemment plus que décevant.
03:06 Bien évidemment, ce sentiment d'être en marge du développement réel du pays et surtout
03:11 vis-à-vis de la gabégie financière qu'on voit au sommet de l'État, ce n'est pas très
03:15 compliqué. Si le Gabon veut être bien, il faut simplement faire correspondre les recettes
03:18 et les dépenses. Et les recettes sont quand même très élevées. Le problème, c'est
03:21 que les dépenses le sont aussi et pas forcément sur des choses nécessaires au développement
03:25 du pays. Donc de fait, il y a un ras-le-bol général avec aussi une certaine peur, il
03:29 faut l'avouer, et un renforcement de l'appareil sécuritaire ces dernières années.
03:33 Il ne faut quand même pas oublier que depuis l'AVC d'Ali Bongo, et je pense qu'on l'a
03:38 tous vu d'ailleurs sur la vidéo d'aujourd'hui, on en reparlera tout à l'heure, le pouvoir
03:41 ce n'est pas vraiment lui qui l'a. Il y a l'influence évidemment de la Première
03:45 Dame, Sylvia, et donc ce renforcement de l'appareil sécuritaire.
03:47 Parce qu'avant toute chose, avant de parler de coûts d'État et tout ça, il faut mettre
03:50 les deux points. Le premier, c'est que les Gabonais en avaient marre de la famille Bongo
03:55 et voulaient que ça change, voulaient du changement. Et n'importe quelle personne
03:58 pouvant leur apporter ce changement-là allait être portée au nu. Même ces militaires
04:02 qui pouvaient être critiqués il y a encore quelques jours.
04:04 Le deuxième point, c'est qu'à l'intérieur même du PDG, donc le parti qui était en
04:08 place, il y avait énormément de fissures. Et quelque part, le régime s'est sabordé
04:12 depuis des années. C'est simple, au milieu de la famille présidentielle, il y a tellement
04:15 de rivalités de couloirs, c'est inimaginable. Chaque clan essaye justement de faire valoir
04:19 sa position, de gagner en influence. Et donc ça fait des rivalités de palaise absolument
04:23 incroyables. Donc vous avez les rivalités au sein même de la famille présidentielle.
04:27 Vous avez les rivalités au sein même du parti en général. Et en fait, quand tu mets
04:31 ça, toutes ces luttes de pouvoir ont affaissé l'autorité du régime. En plus, on rappelle
04:36 avec les dernières élections de 2016 très contestées par l'opposition, Jamping, où
04:40 déjà c'est pas un miracle électoral, il n'y a pas d'autre mot et je vais être
04:43 très gentil en disant ça, que Ali Bongo avait réussi à briguer son deuxième mandat,
04:47 de fait le pouvoir n'a jamais été très très stable à ce niveau. Donc suite à l'avécé
04:52 du président Bongo, notamment sa femme qui a pris aujourd'hui une influence considérable,
04:57 avec un train de vie évidemment considérable, a énormément renforcé l'appareil sécuritaire
05:01 de peur justement d'un énième complot. C'est simple, au Gabon, et ça je ne suis
05:05 pas le seul à le dire, on ne parle que complot. On imagine toujours que quelqu'un va parer
05:08 derrière moi pour me renverser. Ce qui fait qu'au final, le régime lui-même n'a jamais
05:12 été aussi faible qu'à l'aube de ces élections de 2023.
05:16 En renforçant l'appareil sécuritaire, il y a une branche particulièrement qui l'a
05:19 été, c'est la garde républicaine. Une garde républicaine évidemment sous grande
05:23 influence française, il ne faut pas l'oublier, et sous un homme qui est revenu, M. Olingui.
05:27 M. Olingui, en 2009, avait été plus ou moins exilé, il avait été accusé de participer
05:33 à une tentative de coup d'État avec un général qui lui avait été embastillé.
05:37 Lui finalement a été exilé, notamment au Sénégal. C'est un homme qui a quand même
05:40 des affaires, notamment financières, comme vous pouvez voir. C'est un homme vraiment
05:44 du système. C'est un homme qui avait grandi à l'époque d'Omar Bongo, qui était devenu
05:48 son aide de camp, mais quelque part avait été, a connu les us et les coutumes de la
05:53 présidence depuis sa tendre enfance. Donc c'est vraiment quelqu'un du système.
05:57 Il était retourné au pays, il a retenu quelques nominations, et puis il était monté de grade
06:00 en grade jusqu'à obtenir ce poste de chef de la garde républicaine. Ce qui pouvait
06:04 paraître étonnant, puisque lors de son exil, il répétait à qui veut l'entendre, et ça
06:09 je suis du monde pour le confirmer, qu'un jour il se vengerait, etc. Et on va dire le
06:13 côté, le clan d'Ali Bongo le voyait toujours un peu avec méfiance. Néanmoins, avec la
06:17 prédominance prise par Sylvia, il fallait quelqu'un qui connaissait justement les us
06:20 et coutumes du palais et du pouvoir, et qui avait aussi cette autorité. Et donc on a
06:24 donné plein pouvoir, pleine dépense également à la garde républicaine, qui je le rappelle
06:28 dépend directement du budget de la présidence, contrairement aux différentes armées, qui
06:33 elles ont un budget bien moins large. Alors évidemment ça a créé des rivalités au
06:36 sein de l'armée, entre l'armée de terre, etc. Néanmoins, ce monsieur avait les pleins
06:40 pouvoirs. Et là, qu'est-ce qui s'est passé ? Ça c'est savoureux. Parce que donc, qu'à
06:43 les élections, samedi dernier, on rappelle, on entend Ali Bongo favori pour briguer son
06:47 troisième mandat. Non ! Déjà en 2016, où l'élection a justement été entachée
06:52 de graves soucis, il ne pouvait pas être favori parce que les gens en avaient marre.
06:56 Donc il y avait une mauvaise analyse à ce niveau-là. Donc avec le candidat de l'opposition,
07:00 Hondo Osa, qui avait été ministre de l'éducation sous Omar Bongo, si je ne dis pas de bêtises,
07:05 il bénéficiait d'une grande cote de popularité, notamment dans la diaspora, mais pas que.
07:09 Donc cette élection qui a été émaillée de plein de choses, c'est-à-dire les journalistes
07:13 étrangers n'ont pas pu être accrédités, aucun observateur international, ni même
07:16 africain. Ensuite on a coupé internet le samedi soir, on a coupé les frontières,
07:20 bref, ça a été absolument incroyable, il y a eu des coupures de courant et tout, bref,
07:23 on a complètement fermé le pays, on a essayé de faire passer Hondo Osa pour quelqu'un qui
07:27 essayait de fomenter un complot à travers des audios, bref. Tout ce qui s'est passé
07:30 était absolument lunaire, et là on se dit "le pouvoir, ils veulent tellement rester,
07:35 qu'est-ce qu'ils vont devoir inventer ?" Et là beaucoup craignaient une révolte, parce
07:38 que les Gabonais sont très gentils, il y a déjà eu des coups d'état, au final d'ailleurs
07:42 non, en sanglanté, c'est quand même bien signalé dans l'histoire du Gabon, mais là
07:46 trop c'était trop quelque part. Donc il y avait cette crainte de beaucoup de personnes.
07:49 Ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que ce qu'on a vu là a été planifié,
07:53 ça ne s'est pas fait dans la précipitation, il y avait des gens qui l'imaginaient depuis
07:57 un moment. Donc hier, à vers 3h30 du matin, à la télé on annonce qu'Ali Bongo a gagné
08:02 le suffrage avec plus de 60% etc. Et là, c'est en plein milieu de la nuit, trentaine
08:06 de minutes plus tard, il est déposé par un dit coup d'état, où on ne voit pas d'ailleurs
08:09 Olingui tout de suite, on voit des gens de la garde républicaine et autres, ensuite
08:12 il y a des patrouilleurs qui surveillent, donc c'est les avions de chasse français
08:15 etc. Ce qui montre bien qu'il y a une coordination de la garde républicaine avec d'autres éléments
08:19 de l'armée, parce qu'il faut des pilotes, donc ça fait l'armée de l'air, il y a
08:22 aussi des gens au sol vis-à-vis de l'armée de terre et tout. Donc déjà, il fallait
08:25 que différentes branches de l'armée se mettent d'accord, parce qu'il y avait également
08:28 des rivalités à ce niveau-là. On a annoncé donc une transition valable pour ensuite organiser
08:34 de nouvelles élections et puis quelques arrestations pour, je cite, "hautes trahisons contre les
08:38 institutions, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales
08:43 en bande organisée, faux usage de faux, falsification de la signature du président, corruption
08:46 des intellectuels, trafic de stupéfiants, qui touche notamment le clan de l'un des
08:50 fils de Ali Bongo, Nordin, et ça c'est une décision qui sera évidemment vue de manière
08:54 très favorable par la population qui était très déterminée à ce niveau-là. Et d'autres
08:57 classiques du pouvoir sont actuellement détenus ou interpellés, et il y a également le président
09:02 de l'Assemblée nationale à ce niveau. Donc on parle potentiellement d'une purge à ce
09:06 niveau-là qui est elle quand même nécessaire et qui est vue d'un très bon oeil, il suffit
09:10 de voir les scènes de joie et de liesse qui ont parcouru tout le pays, heureux de se
09:14 dire qu'on s'est enfin débarrassé des bongos. Ce que je peux vous dire c'est que justement
09:17 le fait d'annoncer ça très tard etc. ça a été voulu. Alors officiellement ils disaient
09:22 que c'était pour éviter un potentiel bain de sang et c'était à ce niveau-là, personne
09:24 n'est mort à ce sujet-là, mais il ne faut pas croire, l'armée, et notamment l'Inghi,
09:30 a réussi ce qu'il fallait faire. Quand je dis l'armée, il ne faut pas oublier que la
09:32 garde républicaine n'est pas une force d'intervention, c'est une force de protection, ce qui est
09:35 différent des autres services à ce niveau-là. Le fait de le faire dans la nuit comme ça,
09:39 c'est quelque part un niveau ni connu. Et en fait, les gens qui étaient au pouvoir
09:43 étaient persuadés que la garde républicaine était avec eux. Alors que depuis un moment,
09:46 ce n'était pas le cas. Ils avaient perdu complètement le contrôle. On revient à
09:49 un régime qui avait un peu perdu la tête entre tous ces complots etc. Et donc, ça
09:53 a été fait de manière volontaire. On a même dit à Sylvia, qui était quand même
09:56 celle qui tenait plus ou moins les rênes, tu peux partir, tu vas revenir etc. Ce qui
10:00 fait qu'aujourd'hui Ali Bongo est sur résidence surveillée, mais s'il a pu enregistrer
10:04 cette vidéo, vous avez peut-être dû voir, où il appelle à l'aide de faire du bruit,
10:07 c'est quand même très ironique. Après avoir coupé Internet et donc coupé les Gabonais
10:11 de l'extérieur, il demande aujourd'hui à faire du bruit. Et il supplie même, un begging
10:15 comme il le dit, la communauté nationale de faire quelque chose.
10:17 Mais là, il y a plein de questions qui se posent. Est-ce que, comme certains cercles
10:20 l'entendent, M. Olingui n'a pas vocation à rester au pouvoir et lui, il se décrit
10:24 comme un homme d'armée et non politique. Et donc, assura bien une transition. Parce
10:28 que, regarde, dans la constitution gabonaise, si une transition doit se faire de manière
10:33 démocratique, c'est 90 jours, c'est une vacance du pouvoir. Là, ce n'est pas le
10:36 cas. Combien de temps va durer la transition ? Est-ce que ces gens-là vont vouloir rester
10:40 au pouvoir ou non ? Et quid des élections ? Est-ce qu'on va refaire une élection ou
10:43 pas ? Dans tous les cas, ce qui compte, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a pas de mort, que
10:46 le peuple, quelque part, a été entendu. Mais ce qui serait encore plus beau, ce serait
10:49 que le vote des urnes, ce qui est peut-être le plus important, là où le peuple a massivement
10:53 voté visiblement pour le candidat de l'opposition, puisse tout simplement venir au pouvoir de
10:57 ce pays qui a tout, en fait, pour réussir et donner une vie décente à ses concitoyens.
11:01 Donc, est-ce qu'il y aura des élections bientôt ? Est-ce que, finalement, un nouveau
11:03 décompte sera fait ? Personne ne le sait, mais c'est en juste une chose que la paix
11:07 et la prospérité baignent ce pays qu'est le Gabon.
11:09 Keep the faith.

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