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00:00 Bonjour Marie-Hélène Youngteron. Bonjour. Alors on a vécu une année plutôt difficile dans les vignes
00:06 de météo capricieuse, des extrêmes, du mildiou. Est-ce qu'avec le recul, cette saison a été plus
00:13 compliquée que les autres ? Écoutez, des saisons compliquées comme cette année, on en a beaucoup
00:18 plus connu que des belles saisons. C'est notre métier, il faut être vigilant, notamment dès les
00:25 premières sorties des premières feuilles, avec une vigilance importante du vignoble puisque tout
00:33 va être décidé, point de vue maladie cryptorganique, sur les premières semaines d'avril et mai. La
00:43 maturation du millésime, elle s'est tout de même bien passée ? Tout à fait, on a vraiment une
00:49 vendange plutôt prometteuse, qui est plutôt encourageante, elle est même plutôt précoce,
00:55 à 3-4 jours de différence du millésime précédent. Ça veut dire qu'on s'adapte désormais avec les
01:03 traitements, les protections, on arrive quand même à penser à l'avenir ? Heureusement, c'est notre
01:11 métier, on a la terre qui colle aux bottes, donc évidemment on est animé tous les ans à pouvoir
01:17 mettre en route une nouvelle production, un nouvel enfant, un nouveau millésime. Est-ce qu'on a une
01:26 proportion, une idée dans les graves aujourd'hui du nombre de parcelles qui ont été touchées par
01:34 le mildiou ? Marie-Hélène Youngteron ? Malheureusement non, à mon niveau de viticultrice du
01:41 Château de Portes, non, je ne vais pas le savoir. Nous en tant que Château de Portes, déjà c'est
01:48 positif. Les traitements, tout à l'heure vous m'en parlez, donc je vais revenir dessus, on a
01:56 aujourd'hui essentiellement des traitements de prévention, et non, et beaucoup moins de curatifs,
02:01 même plus du tout. Donc il est certain que par mon équipe qui était très soudée, avec beaucoup
02:09 d'humilité, beaucoup de travail, on a souvent traité sur des périodes de week-end, parce que
02:16 les fenêtres étaient présentes à ce moment-là. Il faut souvent traiter même cette prévention
02:22 avant les pluies, c'était vraiment essentiel. Ça veut dire que vous vous considérez aujourd'hui
02:29 comme un petit peu épargné ? Je suis 100% épargné, oui, j'ai vraiment une récolte... Alors
02:36 évidemment aujourd'hui, je vais vous dire, j'ai de la récolte, c'est parce que depuis deux ans
02:40 aussi, on avait des aléas climatiques par ces deux précédents millésimes où on avait gelé. Donc
02:47 aujourd'hui, moi je suis heureuse de voir des vignes qui sont bien sûr avec du raisin. Moi je
02:54 suis épargné, oui, je n'ai pas été victime de ce champignon du milieu. Vous comprenez quand même
03:01 toute cette inquiétude dans tout le vignoble, la surproduction, le mildiou, le gel, on a l'impression
03:12 qu'il y a un vrai mal-être chez les viticulteurs aujourd'hui. Oui, bien sûr qu'il y a un gros
03:18 mal-être. Après, vous savez, le mildiou, c'est aussi un niveau économique lourd, les traitements,
03:27 donc je pense qu'il y a un cumul de mauvaises années économiques qui font qu'il y a certains
03:33 viticulteurs qui avaient probablement des difficultés d'achat de ces produits de traitement.
03:41 - Sur France Bleu Giron, on est les 7h48, on s'intéresse à l'avenir du vignoble Bordelais
03:47 ce matin avec notre invitée, vous l'entendez, c'est Marilène Jung, tirante propriétaire du
03:51 château de Portes. Est-ce que les graves ont aussi été touchés par ce qui concerne la surproduction ?
03:56 - Alors, un peu moins puisque 2021-2022, nous avons subi quand même ce gel, un peu de grêle
04:06 sur une partie également des graves. Les graves en commercialisation, elles sont pour moi un peu
04:15 moins touchées que certains de nos confrères de certaines appellations parce qu'on reste
04:20 toujours sur un vin croquant, élégant, un peu plus gourmand. Donc peut-être avec une tendance
04:30 aujourd'hui plus adéquate pour le consommateur. - Est-ce que le consommateur est à la recherche
04:38 de vins qui sont moins alcoolisés, plus frais, c'est aussi ce que vous remarquez ?
04:44 - Alors, moins alcoolisés, ça, écoutez, ça c'est pas moi qui peux le décider, c'est la nature.
04:48 Alors 2021-2022, il est certain qu'on s'est rapproché des 12,5°C. Donc ça, c'était heureux,
04:58 cette année d'ailleurs. Il y a une probabilité aussi qu'on fasse quand même des degrés moins
05:03 élevés suite aux nuits fraîches que nous connaissons. - Parce qu'on le rappelle, plus il
05:08 fait chaud en fait et plus la concentration en alcool est forte. - Tout à fait, donc là,
05:13 cette année, c'était plutôt propice. Alors, humainement, on a l'impression que l'été était
05:18 maussade, mais par contre, pour le raisin, il était formidable. On avait des nuits ultra-fraîches,
05:22 on a eu de la pluie au bon moment, beaucoup de vent pour sécher. Donc non, tout est propice à de la
05:29 joie et des sourires. - La joie et des sourires, c'est aussi ça, les vends d'anges ? - Évidemment,
05:33 parce qu'on travaille toute l'année. Donc oui, c'est une joie pour moi, bien sûr. - Comment on
05:41 peut essayer de commencer à décrire ce millésime au niveau du goût ? Est-ce qu'il va être fruité,
05:49 boisé ? Comment vous le sentez ? - Alors écoutez, aujourd'hui, pour le blanc, je suis dans les
05:56 premiers prélèvements puisque Château de Portesse n'a pas encore démarré ses vends d'anges de blanc.
06:00 C'est un petit peu normal, nous avons que uniquement 4 hectares. Donc on se prépare pour début de
06:05 semaine prochaine. Les premiers goûts sont formidables, mais moi je suis toujours quelqu'un
06:13 d'heureux et je remercie toujours mes plantes de raisin de me donner cela. On va partir sur le
06:20 côté thiolé pour les sauvignons et le côté exotique pour les sémillons. Je pense qu'on
06:27 est tout à fait dans un millésime traditionnel. Donc rendez-vous dans quelques semaines. - Oui,
06:33 c'est ça. Les vends d'anges, c'est en ce moment. Donc ça veut dire que les bouteilles, c'est quand ?
06:37 Si vous pouvez nous rappeler un petit peu le processus ? - Alors pour un raisin blanc,
06:41 là on va vendanger la semaine prochaine. Concernant Château de Portesse, mes mises
06:46 en bouteilles sont plutôt en fin de printemps. - Vous nous appelez ce matin sur France Bleue,
06:51 Jérôme de Satter, 51. Vous prenez justement la parole en direct pour nous dire si vous êtes
06:55 inquiets ou pas pour l'avenir justement du vignoble bordelais. On entend que pour le
06:59 Château de Portesse, c'est plutôt positif. Alors si vous avez justement des réactions ce matin,
07:03 vous prenez la parole au 0556 19 10 10. Vous nous appelez en direct pour réagir ce matin sur
07:09 l'avenir du vignoble bordelais. - Au niveau des ventes, on le sait,
07:13 les ventes de rouge, c'est plutôt en baisse. La consommation de toute façon en général,
07:19 la consommation de vin baisse. Il y a plusieurs de vos collègues qui essayent de se diversifier.
07:26 C'est une réflexion que vous avez entamée ou pas du tout ? - Oui, tout à fait. Par le collectif
07:31 du syndicat des Graves, nous avons mis en place les ambassadeurs de Graves qui se tournent
07:39 finalement sur une réflexion globale où nous sommes allés voir et demander le questionnement
07:45 aux consommateurs pour voir ce qu'ils attendaient des vins. Par un panéliste, le panéliste va gérer
07:53 une centaine de consommateurs avertis qui ont l'habitude d'acheter du vin toute l'année entre
07:57 10 et 20 euros, qui correspond donc au prix des vins de Graves. Ensuite, il va pouvoir juger et
08:06 donner un référent. Ce référent est notifié par un macaron, ambassadeur de Graves désigné par le
08:12 consommateur. Ce consommateur aura donc validé le goût du vin, mais également le packaging. Il aura
08:22 une vision aussi de ce que représente la propriété. Il faut évidemment être dans l'excellence de la
08:31 partie vinification, de l'excellence de la partie viticole et évidemment aller vers le notourisme.
08:36 C'est très important parce que dans les Graves, nous sommes sur la route de Bordeaux en Graves
08:43 et Sauternes. On n'est vraiment pas loin aussi du centre-ville de Bordeaux. Donc une belle dynamique,
08:49 beaucoup de propriétés se mettent à faire le notourisme. Donc évidemment, par tout ce biais
08:54 de marketing, de communication, nous arrivons à réconcilier aussi le consommateur. Et puis,
09:01 il faut moderniser aussi surtout la façon de boire du vin rouge. Pourquoi le vin rouge,
09:06 on le boit à température ambiante ? Pourquoi on ne le met pas au frigidaire ?
09:10 - Avec des petits glaçons ?
09:11 - Voilà, écoutez, sincèrement, j'ai fait ça tout l'été. Je soutiens la partie vin rouge.
09:16 - Ça veut dire que vous avez aussi dans ce label des tendances justement de cette consommation,
09:25 de ce que les consommateurs attendent. On en parlait tout de suite, les glaçons dans le
09:30 vin rouge, c'est une possibilité. Est-ce qu'il y a d'autres envies ?
09:32 - Alors, le glaçon dans le vin rouge, je ne voudrais pas. Je pense qu'il y en a beaucoup
09:37 qui vont être mécontents de ce que je dis. Mais écoutez, je crois que...
09:41 - Tu lèves un peu les yeux au ciel.
09:42 - Non, mais ce n'est pas ça. Pourquoi on nous met dans des segments le vin blanc au frigidaire,
09:46 le rosé aussi avec des glaçons et le vin rouge à température ambiante ? Écoutez,
09:51 moi je crois qu'il faut tout moderniser. Il n'y a plus de règles. Laissons les gens faire aussi
09:59 ce qu'ils entendent. Et donc, évidemment, de recevoir les gens la propriété, on va pouvoir
10:04 un peu déconstruire tout ça et moderniser un peu et voir un peu ces envies un peu évoluer. Parce
10:11 Parce que les gens n'osent pas !

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