Category
📚
ÉducationTranscription
00:00 On a quand même beaucoup d'accidents qui se passent actuellement dans les urgences de façon assez répétitive
00:03 et c'est à peu près toujours la même chose.
00:05 C'est généralement des patients qui sont retrouvés décédés par manque de Perceval
00:08 parce que les délais d'attente et les délais de prise en charge sont extrêmement longs.
00:12 Je suis infirmier aux urgences depuis 11 ans.
00:15 J'essaye de faire du mieux que je peux pour faire mon métier.
00:18 Après, on est limité par les moyens et par le manque de lits d'hospitalisation principalement,
00:22 qui nous conduisent à faire des choix qui sont parfois proches de la maltraitance pour les patients.
00:26 Quand on a 20 patients à coucher et qu'on a un service qui est constitué de 10 lits,
00:31 il va falloir faire un tri.
00:32 Effectivement, c'est un tri un petit peu maltraitant dans le sens où
00:35 il y aura 10 personnes qui vont être couchées dans un lit
00:37 et il y en aura 10 autres qui vont rester sur un brancard.
00:38 Toutes les études le prouvent, quand vous restez allongé sur un brancard pendant plus de 24 heures,
00:42 vous augmentez votre risque de mortalité.
00:44 Quand vous avez plus de 75 ans et que vous restez plus de 5 heures allongé sur un brancard,
00:47 votre risque de mortalité et de comorbidité en tout cas augmente
00:50 et la durée d'hospitalisation augmente.
00:52 En fait, c'est un cercle un petit peu vicieux puisque
00:54 plus on garde les gens sur des brancards aux urgences,
00:56 plus leur durée derrière d'hospitalisation va s'allonger,
00:58 plus ça va retarder derrière la possibilité d'hospitaliser d'autres personnes qui se présentent aux urgences.
01:03 Enfin, 24 heures sur un brancard, très clairement, dans certaines urgences, ce n'est pas long.
01:06 En 2019, on avait relevé, je crois, Saint-Etienne,
01:08 c'était un grand-père qui était resté pendant 5 jours sur un brancard.
01:11 On fait l'hospitalisation dans les urgences puisqu'il n'y a pas de lit d'hospitalisation,
01:14 donc on fait les traitements et les soins au sein des urgences
01:17 et on devient le plateau technique des services d'aval
01:21 qui n'ont plus de place pour accueillir leurs patients.
01:23 Donc cette triple activité fait qu'aujourd'hui,
01:25 les services d'urgence sont un petit peu en train de déborder
01:28 et oui, il y a des conséquences, oui.
01:30 C'est vrai, il manque effectivement des soignants.
01:32 Après, on n'a rien fait pour retenir les soignants.
01:34 Toutes les actions qui ont été faites ont été des actions dites d'attractivité,
01:37 mais absolument pas de fidélité des professionnels.
01:40 Donc on a énormément de professionnels qui s'en vont
01:42 et aujourd'hui encore, l'espérance de vie professionnelle d'un soignant est en train de baisser.
01:46 De toute façon, c'est un petit peu l'objectif,
01:47 garder des personnes au début de carrière très peu de temps parce qu'ils ne coûtent pas très cher.
01:52 S'il fallait désigner un ou deux responsables, vous désignerez qui ?
01:56 Les politiciens et les médecins.
01:57 Tout ce qui est en train de se passer dans le monde médical,
01:59 enfin dans le monde de la santé en tout cas, ça a été demandé par des médecins.
02:02 La tarification de l'activité, elle a été faite par un médecin.
02:05 Alors il faut bien imaginer que dans le monde médical, tous les médecins ne sont pas égaux.
02:08 Il faut aller voir, du côté des professeurs, des grands, ce qu'on appelle les mandarins,
02:11 mais c'est des gens qui en soi ne sont plus du tout dans les services,
02:14 ils sont déconnectés, ils ont une vision de la santé quitte à dix à cinquante ans,
02:17 ils ont un fonctionnement qui est un peu patriarcal,
02:20 notamment avec les soignants, ils ont laissé faire des choses sur le maladie réel
02:22 et sur l'image qu'on avait de nous qui était beaucoup plus destructrice.
02:25 Il faut bien comprendre que la souffrance des soignants, c'est un tabou.
02:28 Ça n'existait pas avant qu'on en parle, ça n'était pas reconnu,
02:31 et puis même c'était au-delà de ça,
02:33 c'est-à-dire que quand quelqu'un disait qu'il avait de la souffrance,
02:35 en réalité on lui disait que simplement ce métier n'était pas fait pour lui.
02:38 On voit qu'il y a une omerta totale,
02:39 il y a une puissance de ces mandarins et de cette philosophie médicale
02:42 qui est absolument incroyable.
02:44 Je ne suis pas sûr que l'hôpital public s'effondre en tant que tel.
02:46 Il y en a beaucoup qui pensent que l'hôpital public s'effondrera
02:48 en même temps que la sécurité sociale.
02:49 Après derrière, je pense qu'on va retourner sur un hôpital public
02:52 où ça sera réservé si vous voulez, à une partie de la population
02:56 soit qui n'a pas les moyens,
02:57 soit comme je le disais au début, qui ont des pathologies
02:59 qui ne sont pas prenables dans le service privé parce que beaucoup trop chères.
03:03 Si vous devez vous faire greffer un foie ou un organe,
03:07 les prix sont tels, il faut les blocs, il faut les opérations, il faut l'avion,
03:11 c'est des prix qui dépassent parfois des millions.
03:14 Donc ça, aucun hôpital privé ne le prendra en charge.
03:17 Forcément, un hôpital public et une force publique pourra prendre en charge de ça.
03:20 On se rend dénoncé avant le Covid, en réalité aujourd'hui, c'est en train de s'accélérer.
03:24 On n'est pas du tout dans un objectif, en tout cas,
03:26 de redonner un second souffle à l'hôpital public.
03:29 En cinq ans, on a eu cinq ministres de la Santé.
03:31 La politique de fermeture de lits continue malgré tout,
03:33 malgré les discours et les promesses de nos dirigeants.
03:36 *BIP*