Le rappeur Médine s’est exprimé lors des journées d’été des écologistes au Havre ce 24 août lors d’une discussion avec Marine Tondelier, cheffe d’EELV. L’occasion pour le rappeur, au cœur d’une polémique depuis trois semaines, de faire ses preuves devant les militants. À la sortie, ceux que Le HuffPost a rencontré se sont déclarés conquis
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00:00 [Musique]
00:14 Je vais de part faire la base sur les trois semaines qui ont remué l'actualité
00:18 et qui nous ont mis au cœur, malgré nous, de cette actualité.
00:22 Le simple fait qu'on a annoncé que nous allions dialoguer sur ce canapé
00:27 a créé un levier de bouclier de la part de l'extrême droite,
00:31 de la part de la droite, d'autres opposants et des gens aussi de la Macronie.
00:36 Avant même que j'aie cette maladresse par message interposé.
00:43 Je rappelle que je répondais à l'essayiste Rachel Khan d'une insulte,
00:51 d'une attaque qui n'a indigné personne.
00:54 J'ai été qualifié de « déchet à trier ».
00:57 Les mots n'ont pas de sens.
00:59 J'ai surréagi et j'ai eu cette maladresse d'utiliser le mot « rescapé » dont je n'avais pas mesuré.
01:06 Je n'avais absolument pas mesuré la charge historique et la charge émotionnelle que comprenait ce mot.
01:13 Je n'avais absolument pas non plus calculé, ou plutôt visé, la famille de l'essayiste Rachel Khan,
01:21 ni qui que ce soit qui avait vécu la Shoah, qui avait vécu la déportation.
01:28 Tout de suite, quand je me suis rendu compte de cette erreur,
01:32 je m'en suis amendé, je m'en suis excusé dans la foulée.
01:35 Auprès de la concernée et auprès également de tous ceux qui avaient pu être heurtés par ce tweet-là.
01:41 Voici mon attitude. Voici la réalité de cette attitude.
01:45 Derrière des interprétations, des gens qui surinterprètent, qui récupèrent,
01:52 qui collent des fausses informations, qui me font des procès par association,
01:57 qui me font des procès d'intention.
01:59 Trois semaines que je vis l'enfer avec ma famille.
02:03 Mais ce que je vis, toute proportion gardée, c'est ce que tout le monde vit aujourd'hui.
02:10 C'est ce que les mouvements sociaux vivent parce qu'ils sont criminalisés.
02:14 C'est ce que les jeunes de banlieue vivent.
02:16 [Applaudissements]
02:19 Je n'ai pas envie d'épiloguer plus longtemps sur cette polémique.
02:22 J'aimerais simplement rappeler que cet espace de dialogue qui m'est offert,
02:28 c'est un espace de déconstruction mutuelle.
02:33 Et peu importe les sujets les plus clivants à qui je traite,
02:38 j'ai décidé d'aller au-delà de mes frontières et du monde culturel.
02:42 J'ai décidé de répondre à ces invitations quand on me les fait
02:45 parce qu'il y a une urgence à lutter massivement, rapidement,
02:51 contre l'injustice sociale, contre la montée de l'extrême droite,
02:55 contre les discours d'extrême droite qui se portent à l'instant.
02:58 [Applaudissements]
03:00 Quand tu dis sur la QNL, je me suis expliqué, mais trop tard.
03:03 Et on a discuté de pourquoi tu t'es décusé trop tard.
03:06 Et je pense que c'est important aussi que les gens sachent, que les gens comprennent.
03:09 Quand je me trouve dans la séquence où, justement, je me rends compte
03:13 que le geste est effectivement antisémite,
03:16 quand on me le fait remarquer à plusieurs reprises,
03:18 et quand j'en mesure toute la tragédie qui est en train de se dérouler
03:23 et comment ça va parasiter aussi mon discours,
03:27 eh bien, je n'ai pas forcément d'espace d'expression à ce moment-là pour pouvoir le faire.
03:32 Et c'est mon erreur. C'est mon erreur de ne pas avoir trouvé d'espace,
03:37 de ne pas avoir fait des vraies déclarations fermes à ce moment-là.
03:40 Je me dis que dans un prochain album, je vais prendre de la distance sur ça.
03:44 Dans une future interview, je vais prendre de la distance avec ça,
03:48 et je vais le condamner même.
03:50 Sauf que les séquences sont longues, avant qu'on ressorte un album,
03:54 avant qu'on reprenne la parole dans les médias.
03:57 Peut-être que cette séquence se trouve là maintenant, en fait.
04:00 Peut-être que cette séquence est automatiquement réalisée, métaposée.
04:05 C'est un peu le boulet que je me traîne,
04:08 et dès que j'ai l'occasion de me réexpliquer sur le sujet, je le fais.
04:13 Je le fais dans les médias, je le fais aussi dans des prises de parole comme ça.
04:17 J'espère ne plus avoir à le faire, parce que c'est usant.
04:21 C'est usant de revenir une centaine de fois sur quelque chose avec lequel on est en rupture.
04:33 Et alors, dernier dernier, elle va voir tout fou la vignette en 2026,
04:36 quand je vais devenir maire de la municipalité.
04:39 Pourquoi vous m'avez invité ?
04:45 Le maire n'est pas là, j'assure l'intérim.
05:01 Alors moi, je faisais partie de ceux qui étaient très fiers et très contents
05:04 que Médine se joigne à nous, parce que pour moi, c'est un allié objectif,
05:08 et on porte des combats similaires.
05:11 L'erreur qu'il y a eu dans la séquence, je pense,
05:14 c'est que certains grands élus ont un petit peu cédé aux pressions de la droite et de l'extrême droite,
05:19 et donc du coup, l'ont un peu aussi accablé dans la séquence.
05:23 Maintenant, il a montré qu'il avait un point de vue très clair sur la situation,
05:28 qu'il était en mesure de s'excuser de ses erreurs,
05:31 et qu'il a porté un combat politique avec lequel, en fait, on est d'accord.
05:36 Donc je pense que la séquence est bien réussie.
05:38 J'ai été un peu victime des vagues avant, il ne fallait pas l'inviter, pas l'inviter.
05:45 Et puis je me trouvais là, et j'ai trouvé que c'était superbe.
05:49 Je pense que c'était une salle qui était très convaincue,
05:52 parce qu'elle a réagi très bien, il n'y a jamais eu de sifflet,
05:56 il n'y a jamais eu de... bon, voilà.
05:58 On est devant un type qui est capable de s'excuser devant des centaines de personnes,
06:02 et c'est quelque chose qui est extrêmement rare dans le domaine public,
06:05 que ce soit dans le domaine artistique ou politique.
06:07 Être capable de dire "j'ai eu tort", c'est quelque chose qui est énorme,
06:12 qui est très original, et qui est extrêmement puissant.
06:16 Je ne vois pas comment, d'un point de vue vraiment sincère,
06:21 on peut ne pas être convaincu par ce qu'a dit ce type.
06:24 À part à imaginer des tas de choses,
06:27 mais vraiment, la sincérité de Médine ne me paraît pas pouvoir être mise en question.
06:32 [Musique]
06:38 [SILENCE]