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00:00 des briques justement. On va l'évoquer tout de suite avec notre invité. Bonsoir Rémi Bourgeau.
00:03 Bonsoir. Vous êtes économiste et chercheur à l'IRIS, merci à vous d'être avec nous sur
00:09 France 24. On vient d'entendre notre correspondante en Afrique du Sud justement qui a pu assister au
00:14 début de ce sommet. Première question avec vous, ce sommet son but c'est de faire émerger une forme
00:19 de nouveau pôle concurrent de pays, notamment on pense aux occidentaux ? Oui c'est l'idée depuis
00:26 le début, c'est un thème majeur de l'organisation des briques depuis le début. On avait cette idée
00:35 au moment de la crise financière mondiale que les grands pays émergents effectivement allaient
00:39 offrir une sorte de nouveau modèle et étaient moins affectés par la crise, étaient encore en
00:45 pleine croissance d'une certaine façon. On a aussi déchanté depuis, on le voit en ce moment avec la
00:51 crise du modèle économique chinois, des excès financiers qui sont parfois pires que ceux qu'on
00:59 a vus dans les pays développés. Donc ce qui manque aujourd'hui c'est une forme de cohérence,
01:05 un véritable modèle de stabilité économique et ça inclut notamment les échanges commerciaux
01:11 qui sont déséquilibrés même entre ces pays. Pour autant on voit un effort de coordination,
01:18 un intérêt croissant, cette idée d'un élargissement de nouveaux membres. Donc tout
01:24 ça est intéressant, c'est très légitime mais ce qui manque c'est quand même une réflexion
01:29 peut-être sur un modèle de stabilité pour vraiment aller de l'avant. Oui vous l'avez
01:35 mentionné, finalement est-ce que ce n'est pas la disparité des membres et de leurs économies
01:40 notamment en premier lieu qui frêne justement l'influence de ce BRICS ? Oui on a évidemment
01:48 des pays très divers aussi bien au regard des modèles économiques que politiques et un
01:54 ébranlement vraiment des croyances dans le modèle de développement chinois avec ses
02:00 exportations très importantes, sa vulnérabilité finalement aux mesures américaines, le freinage
02:07 de son expansion technologique. Donc ça pose un certain nombre de questions effectivement,
02:13 on n'a pas une voie toute tracée pour les pays émergents. Ils ont des modèles effectivement
02:18 très différents, des positions commerciales aussi très différentes. Certains ont développé
02:22 une sorte de dépendance aussi à la Chine en termes d'importation. C'est aussi un thème que
02:27 porte le gouvernement sud-africain dans ses échanges notamment. Un mot également de la
02:35 Russie avec vous en pleine guerre en Ukraine et comment expliquer que la Russie soit finalement
02:40 toujours aussi crédible notamment vis-à-vis des pays membres de ce BRICS selon vous ? On a vu
02:46 vraiment dès le début de la guerre en Ukraine ce clivage entre les pays développés, les pays
02:53 européens en particulier les États-Unis et le reste du monde, de nombreux pays émergents qui
02:58 ne se sentent pas concernés de la même façon, qui ont affiché leur distance. Pour autant on a aussi
03:04 des sujets concrets où des pays émergents essaient aussi de faire pression davantage sur la Russie,
03:10 sur la question alimentaire. Évidemment comme le sommet a lieu en Afrique du Sud, on a une attention
03:16 plus importante sur les pays africains, notamment ceux qui sont particulièrement affectés par la
03:22 crise des céréales, sur les débouchés des accords. Mais dans l'ensemble ces échanges entre pays
03:30 émergents illustrent effectivement le clivage avec les pays développés dans les conceptions
03:35 géopolitiques, c'est le moins qu'on puisse dire. L'un des enjeux également de ce sommet, Rémi Bourgeon
03:41 en tout cas a affiché, c'est l'intégration potentielle de nouveaux membres à ce groupe des
03:46 BRICS. Et il faut dire qu'il y a du monde qui se bouscule à la porte, mais là encore avec des
03:51 profils très variés. Oui, des profils variés et ça va beaucoup dépendre aussi de ce que devient
03:59 cette organisation d'une certaine façon. Si c'est un gigantesque forum où on évoque de grands
04:06 sujets de développement, de partenariat, alors cet élargissement peut se faire de façon assez
04:14 naturelle. Mais on voit d'un côté aussi qu'on évoque des projets, par exemple de monnaie commune,
04:20 alors qui n'ont pas vraiment de sens en tant que tel, qui sont beaucoup trop ambitieux,
04:25 qui seraient impossibles à gérer. Mais on peut imaginer des mécanismes de coordination pour que
04:30 ces pays puissent davantage commercer avec leur devise réciproquement au lieu du dollar. Donc on
04:38 voit quand même un projet qui reste à définir en fonction du niveau d'ambition. Donc d'un côté un
04:43 grand élargissement, de l'autre une volonté de mécanisme de coordination plus précis, avec des
04:50 contradictions souvent entre les deux. Mais ce qui est certain, c'est cet intérêt de nombreux pays.
04:55 On est une vingtaine, je crois, qui demandent à intégrer ces instances à des degrés divers,
05:03 de grands pays émergents. D'autres plus intéressés par la question d'évitement du système financier
05:13 tel qu'il est, aussi pour des raisons de sanctions comme l'Iran, que de gestion de la dette,
05:18 des questions légales à ce sujet comme l'Argentine. Donc on a vraiment des types d'intérêts très
05:25 variés. Mais cet intérêt est dans tous les cas très fort de la part de nombreux pays émergents,
05:30 au moins en ce qui concerne vraiment cet aspect de forum, d'échange, de coordination pour accroître
05:36 les échanges et les mécanismes de stabilisation de ce point de vue. Oui, vous avez également
05:43 évoqué d'un mot la volonté des membres des BRICS, notamment, de s'affranchir du dollar, notamment américain.
05:50 Est-ce qu'avec cette donnée en perspective, on peut considérer que les BRICS peuvent être également
05:57 une forme de nouvel outil d'influence pour la Chine, notamment ? Alors un outil d'influence, oui.
06:04 Mais il s'agit vraiment d'un groupement, en tout cas pour l'instant, quand même de grands pays émergents
06:09 qui connaissent aussi bien la Chine, qui font preuve d'une certaine méfiance. Donc on a quand même
06:14 un schéma très différent, par exemple, des nouvelles routes de la soie, des initiatives chinoises.
06:20 Donc on a une certaine prudence. Donc quand on parle, par exemple, de dédollarisation, il ne s'agit pas
06:25 a priori de remplacer par une sorte des géomonies monétaires chinoises ou même de prédominance,
06:31 mais d'aller bâtir des mécanismes de crédibilité, de confiance entre pays pour pouvoir commercer
06:38 dans une autre monnaie que le dollar, en tout cas le faire davantage. Donc ce sont des choses qui vont de soi
06:47 a priori, mais le principal obstacle, c'est vraiment de construire ces mécanismes, ces options,
06:54 et avec la crédibilité, la confiance qui va avec entre les différents pays. C'est ce qui fait principalement
07:02 défaut aujourd'hui, plus qu'une véritable hégémonie financière des pays développés et des États-Unis.
07:08 Il y a de ça, mais ça n'est clairement pas tout. Il y a vraiment ce problème de confiance entre les pays
07:14 en ce qui concerne leur modèle économique, leur relation commerciale réciproque et la stabilité de leur devise
07:22 et de leur modèle financier, évidemment, avec tout ça.
07:25 Merci beaucoup Rémi Bourgeaud d'avoir répondu à nos questions ce soir sur France 24.
07:29 Je rappelle que vous êtes économiste et chercheur à l'IRIS, notamment.
07:33 Cette nouvelle décision a présent dans la...