Des mâles auraient pu être à l'origine de la séparation entre le baleineau et sa mère

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Transcript
00:00 de la communication de Globis Réunion qui coordonne aujourd'hui l'échouage qu'on suit depuis hier.
00:07 Qu'est-ce qui se passe là ?
00:09 Alors petit résumé de la situation hier, vous le savez, ce balenos est échoué derrière le récif,
00:15 à l'intérieur du lagon, très affaibli.
00:18 On a eu un certain nombre de témoignages qui nous font penser qu'il a été séparé de sa mère
00:22 en raison d'une joute entre mâles qui ont voulu s'accoupler avec la maman.
00:28 Le balenos a été séparé de sa mère et égaré, il s'est échoué derrière le récif, probablement un peu désorienté.
00:37 Il est resté plusieurs heures sur le récif, il s'est affaibli à cet endroit-là,
00:42 plusieurs heures, plusieurs dizaines de minutes avant qu'on intervienne.
00:45 Il s'est débattu pour s'extraire de cette situation.
00:49 Là il s'est blessé, sa pectorale était probablement fracturée, la pectorale c'est la nageoire sur le côté,
00:55 et donc il avait du mal à se mouvoir.
00:58 On l'a aidé manuellement, humainement, en le portant, ce baleno.
01:02 On l'a porté sur 800 mètres jusqu'à la passe de l'hermitage derrière moi,
01:05 où on espérait pouvoir lui donner une ultime chance de s'en sortir,
01:09 étant entendu que séparé de sa maman, il avait quand même peu de chances de retrouver l'accès à une vie normale,
01:16 d'autant plus qu'il était blessé.
01:18 Il lui faut aussi pouvoir se nourrir auprès de sa mère, dans des cas comme celui-là,
01:22 il est jeune, il a besoin d'être allaité par sa maman.
01:25 Donc selon toute vraisemblance, déjà hier, la situation était extrêmement critique pour ce baleno.
01:30 On a quand même tenté le tout pour le tout, en essayant de le faire rejoindre la pleine mer.
01:34 Ça a échoué parce que dans la passe de l'hermitage, il n'a pas réussi à trouver l'issue,
01:39 et comme il était blessé, il l'a plusieurs fois tourné en rond,
01:42 et c'est échoué de part et d'autre de la passe, sur le récif, en tout cas sur les coraux assez tranchants.
01:49 C'est là où on l'a laissé hier soir, lorsque la situation ne permettait plus d'intervenir,
01:55 avec la nuit couchante.
01:57 Donc on avait bien conscience qu'il était probablement dans une situation de souffrance,
02:01 mais il n'y avait aucun moyen à notre niveau, quel qu'il soit, pour l'abréger,
02:05 pour tout un tas de raisons sur lesquelles on peut en revenir si vous voulez,
02:07 mais aussi du fait qu'on était dans un lagon avec des activités, on va dire de loisirs,
02:12 qui rendaient les opérations très compliquées.
02:14 L'euthanasie n'est pas possible.
02:15 L'euthanasie n'est pas possible parce que ce sont des produits pour ce type d'animaux qui sont neurotoxiques,
02:18 c'est-à-dire des produits extrêmement puissants,
02:21 qui peuvent se diffuser dans un lagon comme celui-là,
02:24 qui peuvent aussi être manipulés de façon plus ou moins facile par des opérateurs
02:29 et qui peuvent être dangereux pour eux.
02:30 Sur un animal comme celui-là, c'est comme un animal sauvage comme dans un zoo,
02:34 on n'a pas forcément les produits immédiatement sur place, ni le matériel pour le faire.
02:38 Donc hier soir, c'était définitivement trop tard pour procéder à cette solution-là,
02:42 qui n'est jamais employée sur les cétacés jusqu'à aujourd'hui,
02:45 parce que c'est trop complexe, avec des épaisseurs de gras
02:48 qui permettent aussi très difficilement d'accéder aux organes vitaux pour tuer l'animal de cette façon.
02:53 Par ailleurs, puisque vous me poserez peut-être la question,
02:55 l'option balistique, c'est-à-dire tirer tout simplement dans l'animal pour le tuer,
03:01 n'est pas non plus possible en raison du gras qui dévie la balle
03:05 et qui peut provoquer un carnage qui est un remède pire que le mal.
03:09 Donc on est confronté à cette difficulté,
03:11 notamment aussi parce que ça peut aussi épandre du sang dans un lagon,
03:14 et vous connaissez la problématique à La Réunion,
03:16 ça peut attirer des prédateurs qui naturellement sont des chats-reniards
03:19 et peuvent être attirés par ce genre de situation.
03:21 Donc la situation est objectivement très compliquée.
03:25 Ce qu'on a décidé de faire, c'est de tracter l'animal en dehors de cette situation où il est prisonnier.
03:31 De toute façon, là, il est agonisant, évidemment.
03:34 On va avec les services d'un certain nombre d'acteurs professionnels.
03:38 On a ici les agents de la réserve, on a le réseau Echouage que nous coordonnons,
03:42 on a également la gendarmerie nautique et l'Office français de la biodiversité,
03:46 qui sont coordonnés par Globis, qui interviennent là actuellement derrière nous,
03:49 avec les services de la société TSMOI, qui a les sangles,
03:52 qui a du matériel pour pouvoir tirer cet animal en dehors de la mauvaise passe,
03:57 si j'ose dire, dans laquelle il est.
03:58 Une fois en mer, il pourra être largué dans un milieu naturel,
04:03 évidemment avec extrêmement peu de chances de s'en sortir,
04:05 mais il sera sûrement mieux qu'ici,
04:07 et en tout cas, c'est impossible de le laisser dans ces conditions
04:10 par rapport aux activités qui se déroulent dans le lagoon.
04:12 Il y aura un suivi après ?
04:15 Une fois très au large, pour éviter qu'il ne s'échoue de nouveau,
04:19 on va le mettre très loin, on a contacté le CROSS pour avoir notamment des prévisions de dérive,
04:25 c'est-à-dire qu'une fois que l'animal dérive, il pourrait se rééchouer.
04:28 Donc on va l'amener très loin pour que les prévisions de dérive ne le ramènent pas sur la côte.
04:34 Il faut aussi, c'est plutôt, je ne sais rien, je n'ai pas regardé,
04:37 mais c'est plutôt des kilomètres, on est plutôt à 10 000 nautiques, on va dire, 20 kilomètres.
04:41 Mais il va être traqué comment ? Par qui ?
04:43 Alors là, vous allez voir arriver un bateau qui va, avec des sangles,
04:48 traquer cet animal qui pour l'instant est posé sur des bâches rigides,
04:52 je crois en bois, en partie, de telle sorte de ne pas tirer sur son corps
04:55 pour ne pas lui provoquer des souffrances inutiles,
04:58 supplémentaires à celles qu'il a sans doute déjà.
05:00 Donc tirer cet animal, en évitant bien sûr d'abîmer le lagoon aussi,
05:04 par-dessus, là on a fait en sorte avec des horaires de marée
05:07 que les interventions soient possibles.
05:09 Comme vous le voyez, c'est la marée basse et bientôt l'eau va remonter,
05:13 ça va faciliter ces opérations de tractage.
05:16 Et ensuite le bateau va l'amener plus au large pour pouvoir le larguer à ce moment-là.
05:20 On a notre vétérinaire qui sera à bord du bateau
05:23 et on a aussi en permanence des relations avec le réseau national ECHOISE,
05:27 ECHOISE pardon, de Pellagis, qui nous donne et produit aussi ses conseils
05:31 dans ce cas de figure qui est objectivement très inhabituel,
05:34 assez inédit et très critique.
05:36 Avec cet abîmé, enfin blessé, il est condamné ?
05:39 Oui, de toute façon il est condamné à partir du moment où il a perdu sa mère.
05:42 Donc déjà hier soir il était condamné.
05:44 La question c'était de savoir comment on peut faire pour abréger ces souffrances
05:47 et comme je vous l'ai expliqué, on n'a pas de solution.
05:50 Aujourd'hui on n'a pas de solution qui soit viable
05:52 et qui soit sans danger aussi pour ceux qui ont une proximité avec cet animal.

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