Interview exclusive de Jacques Tillier pour le média Clicanoo.
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00:00Mais encore une fois, quand on parle liberté de la presse, pluralisme, démocratie,
00:06il y a un imprimeur qui refuse d'imprimer un journal.
00:10Ils sont tous pour la pluralité de la presse et pour la liberté de la presse,
00:15à la condition que la presse ne les emmerde pas.
00:17Quand ils ont en face d'eux un journal béni-oui-oui,
00:20qui les flatte, qui les encense,
00:22puis de temps en temps, c'est la liberté de la presse.
00:26Mais lorsque la liberté de la presse informe,
00:29révèle, dérange, ce que fait le GIR ?
00:33Les pensions marrons, c'est nous.
00:35Les emplois frauduleux, c'est nous.
00:38Le dernier courrier qui a été publié dans le GIR du patron de l'ARS,
00:42c'est un scandale quand même, un scandale sanitaire.
00:51Avant d'évoquer le sujet qui est la crise qui nous préoccupe au Premier chef,
00:55est-ce qu'on peut avoir votre commentaire sur les résultats des élections législatives anticipées
01:00à La Réunion, évidemment, et au niveau national ?
01:04À La Réunion, c'est assez simple d'abord, c'est le peuple.
01:06C'est le peuple qui décide, sur l'introduction du peuple, sur la volonté du peuple.
01:10Le commentaire que je ferai, c'est que la droite traditionnelle républicaine n'existe plus.
01:14C'est le danger, c'est ça.
01:16Je ne dis pas que le Front National, aux électeurs de le dire, pas à moi,
01:20arrive en seconde position partout à un député.
01:24À deux députés, un député européen, Mme Brasillais,
01:27un député lambda, normal, avec M. Rivière.
01:33Mais la droite républicaine n'existe plus.
01:36Michel Fontaine, out.
01:38Fini. On n'en parle plus.
01:40Et le fait que l'ARN tende la main aujourd'hui à la droite locale,
01:43à la droite républicaine locale, pour reconstruire une droite de gouvernement,
01:48ça vous paraît compliqué ?
01:50C'est le problème d'abord, c'est le problème de l'ARN,
01:53mais l'ARN, le Rassemblement National,
01:57là je parle pour ici, localement, mais surtout pour la métropole,
02:03a piqué depuis des décennies une grande partie des valeurs de la droite républicaine.
02:09Le drapeau, la Marseillaise, le contrôle de l'immigration, la sécurité.
02:16Sarkozy, il voulait débarrasser, il voulait nettoyer les banlieues au Karcher,
02:21il a fait quoi ? Rien. Rien.
02:24Aujourd'hui, c'est le Rassemblement National qui a tout pris,
02:28et les républicains sont inexistants.
02:31Le seul temple, encore, c'est le Sénat.
02:33C'est le village d'Astérix, le Gaulois.
02:37Mais voilà. Donc, moi je veux bien le Front National.
02:40Qu'est-ce qui est plus dangereux ? Jean-Luc Mélenchon ou Bardella ?
02:44Le plus dangereux c'est qui, hein ?
02:46Quand on les écoute parler les deux...
02:50Je vous laisse.
02:51Ça présuppose un gros bordel au sein du nouveau Front Populaire.
02:57Le Front Populaire, d'abord, Léon Blum, à mon avis, doit faire comme l'hérico mexicain.
03:01Quand il y a un verre dedans, il doit bouger, hein ?
03:04Parce que, entre Léon Blum et Mélenchon, trotskiste,
03:11il y a quand même quelques précipices entre les deux.
03:16Ça ne tient pas entre le PS honorable Mélenchon, qui n'est pas antisémite.
03:24Ce type est haineux, quoi. C'est un danger. Il est haineux.
03:28En revanche, les écolos, même s'ils sont vers pastèque, restent des écolos.
03:34On n'appelle pas la Révolution le Parti Socialiste.
03:38C'est une histoire. Mélenchon, son histoire, c'est une histoire de trotskistes.
03:43Le Front Populaire, LFI, le parti de Mélenchon, se lui-même implose avec les purges.
03:49Ils sont 5-6 à avoir tous été réélus en disant tout sauf Mélenchon.
03:56Donc oui, par rapport à ce chambardement de l'Assemblée Nationale,
04:00où aucune majorité absolue n'a été trouvée,
04:04et même une majorité suffisamment conséquente
04:07pour donner un éventuel Premier ministre à la France,
04:14comment vous observez justement ces magouilles, ces manigances-là
04:20qui se font déjà dans les arrières-cuisines de LFI, du PS, des écologistes,
04:26pour trouver un nom pour diriger ce gouvernement improbable ?
04:31Un merdier politique aussi, je crois que c'en est un autre.
04:36Mais encore une fois, quand on regarde le Camembert, l'Assemblée,
04:42et quand on scrute les...
04:46La Rassemblée Nationale a perdu, c'est un fait.
04:50Il n'a pas la majorité.
04:52Mais 32,5% de voix, plus de 10 millions de Français, je crois.
05:0236% au second tour.
05:07Le Front Populaire, 25%.
05:13Si, avec ça, la droite républicaine ne se bouge pas,
05:19ben, qu'est-ce qui va se passer ?
05:22Mais encore une fois, je reviens toujours...
05:24Qui est le plus dangereux ? Mélenchon ou Bardella ?
05:30Ben, si on dit que c'est les deux, il faut trouver un compromis,
05:37une gouvernance entre qui ? Entre les Républicains, ce qu'il en reste,
05:43le PS, les écolos, et le Parti Communiste, ils sont neufs.
05:54Eux, ils n'ont pas eu besoin d'une purge.
05:57Ils ont fait purger tout seuls. Il était temps, on dirait.
06:00Ils ont un programme qui est sur les retraites, ils ne seront pas d'accord.
06:04Sur le SMIC, ils ne seront pas d'accord.
06:06Ils vont être d'accord sur quoi ? On va faire un gouvernement avec qui ?
06:10C'est... Non, Macron a enclenché une bombe atomique institutionnelle.
06:21On ne voit pas le bout de ça.
06:24Et le silence, en revenant à la Réunion, sur le silence des nouveaux élus,
06:29des sept députés, sur la crise que traverse le Girod aujourd'hui,
06:33privée d'impression, on en vient au vif du sujet.
06:36Comment analysez-vous ce silence des élus de la République,
06:41à l'aune de la pluralité de la presse, que tous défendent de manière théorique,
06:47mais quand le sujet se pose de manière...
06:49Ils sont tous pour la pluralité de la presse et pour la liberté de la presse,
06:54à la condition que la presse ne les emmerde pas.
06:56Quand ils ont en face d'eux un journal béni-oui-oui, qui les flatte,
07:02qui les encense, qui de temps en temps...
07:06C'est la liberté de la presse.
07:08Mais lorsque la liberté de la presse informe, révèle, dérange, ce que fait le Gire ?
07:17Les pensions marrons, c'est nous.
07:20Les emplois frauduleux, c'est nous.
07:23Le dernier courrier qui a été publié dans le Gire du patron de l'ARS,
07:29c'est un scandale quand même, un scandale sanitaire.
07:32On va taxer des médicaments qui arrivent gratuits,
07:37et on empêche les recherches sur le cancer.
07:40On empêche le développement d'essais cliniques
07:44sur des enfants trisomiques atteints de leucémie aiguë.
07:47C'est pas moi qui l'invente, c'est Cotelon, le directeur général de l'ARS.
07:53Il est tellement courageux, celui-là, que ce qu'il dit...
07:56Non, non, excusez-moi, Mme Belot, je vous écris,
08:00mais c'est le Gire qui est méchant d'avoir publié ça.
08:04Vraiment, c'est des pleutres, quoi.
08:06Ces gens-là sont des pleutres.
08:08Donc je ne vais pas attendre de ces gens-là un grand soutien.
08:13Je vais chercher mon soutien chez l'électeur,
08:16et je vais chercher mon soutien au niveau, tout simplement, judiciaire.
08:22Justement, comment ça se présente ?
08:25Écoutez, on n'est ni à Bobo Diasso, ni à Moscou,
08:30ni en République populaire de Chine, en Corée du Nord.
08:35C'est en France, dans un pays démocratique.
08:38Il y a un imprimeur et un éditeur.
08:42L'imprimeur, c'est M. Chanpan.
08:45L'éditeur, c'est le Journal de Lille.
08:49On imprime à la condition de payer, ce qu'on fait 15 jours par avance,
08:55ou lui ou nous achetons notre papier, et puis c'est tout.
08:59Depuis Gutenberg, c'est ainsi que ça se passe.
09:02C'est constitutionnel, c'est la démocratie,
09:06c'est la liberté de la presse et c'est le pluralisme.
09:09Nous sommes, oui, une presse d'opposition.
09:12Tout particulièrement moi, le samedi.
09:15Dans le Journal de Lille, tous les journalistes s'expriment librement.
09:20Librement.
09:22Moi, le samedi, j'ai un ton, je révèle, je dénonce,
09:28et je ne suis pas, je ne suis pas d'extrême-gauche,
09:31je ne suis pas insoumis et je ne suis pas soumis à Mme Belaud.
09:35Ça c'est clair, c'est net et c'est précis.
09:37Pour cette raison, l'imprimeur nous dit, nous a censurés une première fois
09:42parce que, pour une raison, l'édito ne lui plaisait pas,
09:47la ligne éditoriale ne lui plaisait pas,
09:49et aujourd'hui il nous censure.
09:51Pourquoi ?
09:53On a eu une médiation sous couvert de la préfecture.
09:56La préfecture, ni pour l'un ni pour l'autre,
09:59la préfecture, dans le cadre du pluralisme,
10:01dit non, messieurs, essayez de trouver un accord.
10:04En une demi-heure à peine, l'accord n'a pas été trouvé.
10:08Monsieur Champagne, je ne vous imprime pas.
10:11Il est allé trouver que nous avions du papier mouillé.
10:14Bon, moi, je n'ai pas été voir s'il avait été pissé sur le papier, quoi.
10:19Enfin, il n'y a qu'ici qu'on voit ça.
10:22C'est inimaginable.
10:24Oui, oui, c'est ce papier.
10:26Oui, c'est ce papier.
10:28Donc, en disant, oui, mais vous avez 5 tonnes et demie de papier mouillé,
10:35donc je ne peux pas vous imprimer.
10:37Mais il en reste encore.
10:39Ben, imprime-nous.
10:41Quand on lui dit, ben, le reste.
10:43On vient d'acheter 50 tonnes de papier
10:45qui arrivent entre le 20 et le 24 juillet.
10:49Je vais en faire quoi de ce papier ?
10:51Et il va nous dire quoi ?
10:53Il nous a dit, je ne vous imprime pas.
10:55Il ne veut pas nous imprimer.
10:57Pourquoi ?
10:59Ben, c'est politique.
11:01C'est une censure, quoi.
11:03C'est invraisemblable.
11:05Charlie Hebdo est imprimé.
11:07Harakiri est imprimé.
11:09Vous avez des, pardon de le dire,
11:11je vais le dire comme ça,
11:13des bouquins de cul qui sont imprimés.
11:15Il n'y a à aucun moment,
11:17dans l'imprimerie, on dit,
11:19oui, mais attention,
11:21c'est ça la démocratie.
11:24Si on me dit, le journal
11:26est un journal d'opposition,
11:28oui, je suis opposé à qui ?
11:30Je suis opposé à Mme Belot,
11:32lorsque Mme Belot dit que,
11:34par exemple, la route en corniche,
11:36ce n'est pas en 2028, ce sera en 2030.
11:38On vient de le prouver.
11:40Je suis opposé à Mme Belot quand elle dit
11:42tout va bien, ben non, tout ne va pas bien.
11:44Je suis opposé à Jean-Luc Mélenchon,
11:46oui, mais je ne suis pas opposé
11:48aux socialistes.
11:50Je ne suis pas opposé au centre droit.
11:52Je ne suis pas opposé au centre gauche.
11:54Je suis opposé à quelques fripouilles locales,
11:56oui, oui, oui, que nous dénonçons.
11:58Voilà.
12:00Et alors sur le plan purement commercial,
12:02la position dominante
12:04qui est avérée
12:06de la part d'Issé Perrault,
12:08c'est le seul sur l'île
12:10capable d'imprimer un journal quotidien,
12:12dans sa périodicité quotidienne,
12:14à hauteur de 15-20 000 exemplaires,
12:16et lui dit,
12:18non, je ne suis pas le seul
12:20imprimeur de la place à pouvoir imprimer un journal.
12:22Ben, c'est un menteur,
12:24il sait, enfin, nous,
12:26on a des experts, on a au moins un expert
12:28qui l'a écrit, qui nous l'a écrit
12:30en disant, c'est le seul.
12:32Mais, moi, c'est simple, si M. Champagne,
12:34si M. Champagne
12:36m'écrit en disant, M. Tillier,
12:38il n'y a aucun problème. Moi, je ne peux pas vous imprimer
12:40parce que je ne vous aime pas,
12:42mais allez voir M. Intel,
12:44il va vous imprimer, dans les mêmes conditions,
12:46en une heure et demie,
12:48deux heures,
12:50et vous serez livré à temps,
12:52tous les matins, entre 3h et
12:543h du matin, entre 2h30
12:562h30 du matin et
12:584h30, 5h du matin,
13:00dans tous les dépositaires,
13:02aucun problème.
13:04Ça n'est pas possible.
13:06Il n'y a que lui.
13:08Il n'y a que lui.
13:10Depuis la liquidation d'Asafi, il n'y a que lui
13:12qui puisse nous imprimer.
13:14C'est aussi simple que ça.
13:16Donc là, à court terme,
13:20on a entamé
13:22une démarche judiciaire
13:24pour imposer cette impression
13:26au seul imprimeur de la place.
13:28Qu'est-ce qu'il nous reste ? Il nous reste
13:30il nous reste les instants
13:32judiciaires
13:34et l'autorité
13:36de la concurrence, c'est le seul.
13:38C'est pas rien.
13:40Et puis,
13:42notre administrateur
13:44judiciaire,
13:46qui lui a écrit,
13:48en lui disant, en le saumant,
13:50de nous imprimer,
13:54chaine panne de répondre.
13:56Donc ça va se passer devant le juge commissaire.
13:58Un peu mieux
14:00que, sans doute, que cela s'est passé
14:02la dernière fois, parce qu'avec
14:04un peu plus d'éléments, sera-t-il
14:06contraint de nous imprimer ou pas,
14:08j'en sais rien, mais
14:10encore une fois,
14:12quand on parle liberté de la presse,
14:14pluralisme,
14:16démocratie,
14:18il y a un imprimeur
14:20qui refuse d'imprimer
14:22un journal, parce que
14:24il ne veut pas imprimer journal.
14:26On sait très bien pourquoi
14:28tout ça est politique,
14:30mais c'est grave.
14:32Je ne vais pas vous citer la phrase de Voltaire, qui n'est peut-être pas de lui,
14:34d'ailleurs,
14:36tu peux écrire ce que tu veux,
14:38mais je ne suis pas d'accord avec ce que tu écris,
14:40mais je te défendrai toujours.
14:42Les élus,
14:44les députés, Mme Belot,
14:46M. Sérafin, ils nous défendent.
14:48En revanche, Voltaire,
14:50quand ça les arrange,
14:52ils le mettent en avant,
14:54la liberté de la presse.
14:56Non, c'est vraiment...
14:58Il y a des conséquences pour l'entreprise ?
15:00Aux collaborateurs, notamment,
15:02je pense aux services de distribution,
15:04comment ça se passe ?
15:06Ça va être ou chômage technique,
15:08ou tout simplement
15:10la mort du journal.
15:12On va perdre dans
15:142 jours, 3 jours,
15:164 jours au maximum, on va commencer à perdre
15:18plus de 20 000 euros par jour.
15:20On ne tiendra pas.
15:22Donc,
15:24le journal est en train de mourir.
15:26Le journal va mourir
15:28parce qu'un imprimeur,
15:30parce qu'un imprimeur en a décidé ainsi.
15:32À qui profite le crime,
15:34on le sait.
15:36Jacques Dijoux,
15:38propriétaire avec
15:40M. Nidjam,
15:42M. Lallement
15:44et Rochelan,
15:46propriétaire du Nouveau Quotidien,
15:48M. Dijoux
15:50s'était engagé à m'appeler
15:52dans le cadre de l'impression,
15:54voire de la distribution.
15:56Il n'a jamais fait. Pourquoi ?
15:58Parce qu'il attend tout simplement qu'on meure.
16:00C'est tout simplement ça.
16:02Il y a un cercle, l'imprimeur,
16:04le politique
16:06et le journal.
16:08Et le journal, c'est le quotidien.
16:10Ils sont de mèche, tous les trois.
16:12Ça, ce n'est pas la démocratie.
16:14C'est ça, le fascisme.