• il y a 2 ans
CINÉMA - On l’entend avant de la voir. Puis pendant une dizaine de minutes, la tension monte jusqu’à exploser. La scène de dispute d’Anatomie d’une chute, sorti ce mercredi 23 août, cristallise à elle seule toute la tension du film de Justine Triet, Palme d’Or du Festival de Cannes.

Sandra Hüller y joue Sandra, une écrivaine allemande mariée à Samuel (Samuel Theis), un prof français. Le couple vit loin de tout à la montagne avec leur fils malvoyant de onze ans, jusqu’à la mort de Samuel, après une chute fatale du deuxième étage. Une enquête pour mort suspecte est ouverte et Sandra se retrouve au cœur d’un procès ultra-médiatisé.

Anatomie d’une chute examine la vie du couple sans jamais montrer le mari à l’écran, hormis son cadavre et quelques photos de famille. Lorsqu’il apparaît enfin, dans une scène de flash-back, à plus de la moitié du film, c’est un grand moment de cinéma.
Transcription
00:00 Étant donné que ce personnage, on ne le voit jamais,
00:01 il arrive à une heure et demie de film, je crois,
00:03 cette scène arrive à bout d'une heure et demie, donc très très tard,
00:05 et on la tease pendant très longtemps, donc on avait peur de décevoir.
00:07 Je pense que moi, j'avais la peur de décevoir.
00:09 [Musique]
00:18 [Musique]
00:28 [Musique]
00:46 C'est une scène que je redoutais énormément au tournage,
00:48 parce que déjà, je pense que c'est l'une des scènes
00:50 qui a mis le plus de temps à s'écrire, c'est-à-dire qu'on a beaucoup,
00:53 beaucoup échangé des versions entre mon co-scénariste et moi,
00:56 on n'était pas d'accord sur le fond de cette dispute, etc.
00:59 Et je pense que oui, étant donné que ce personnage, on ne le voit jamais,
01:01 il arrive à une heure et demie de film, je crois,
01:03 cette scène arrive à bout d'une heure et demie, donc très très tard,
01:05 et on la tease pendant très longtemps, donc on avait peur de décevoir.
01:08 Je pense que moi, j'avais la peur de décevoir.
01:10 [Musique]
01:18 Ça a été un moment assez fou, je pense le moment le plus intense,
01:21 un des moments les plus intenses du tournage.
01:23 Émotionnellement, il y a un état vraiment particulier,
01:26 on n'a fait que des plans-séquences d'à peu près dix minutes,
01:29 donc dix, douze, treize minutes des fois,
01:31 donc les personnes qui perchent, il y a eu des moments d'épuisement.
01:34 C'est vrai que les acteurs ont été tellement intenses,
01:36 je pense que le texte a vraiment résonné différemment pour chacun des deux,
01:40 mais quand même très fort, ce qui fait que je n'ai quasiment pas eu d'aller diriger,
01:43 c'est-à-dire qu'on a surtout parlé de leur emplacement dans la pièce.
01:46 [Musique]
01:55 C'est des gens qui essayent quand même encore, je pense qu'il y a encore de l'amour,
01:58 je pense qu'il n'y a plus d'amour quand il n'y a plus de discussion,
02:00 quand il n'y a plus rien, quand on ne se dit plus rien.
02:02 Là, il y a encore une transaction, un commerce amoureux,
02:04 ce n'est pas ce qu'il y a de plus reluisant dans l'amour,
02:06 mais je pense que c'est là où ils en sont à ce moment-là,
02:08 parce qu'ils ont un enfant et qu'ils essayent de s'en sortir.
02:10 Moi, ce que je trouve intéressant, c'est que c'est un couple qui essaye d'être à égalité,
02:13 donc il y a quelque chose d'assez moderne là-dedans.
02:15 C'est un couple qui finalement exerce quasiment le même métier,
02:17 lui il est prof, il voudrait être écrivain, elle est écrivaine,
02:19 elle réussit un peu plus que lui.
02:21 Mais c'est vrai qu'il y a la tentative, il y a le désir en tout cas d'être à égalité,
02:23 et ça ne marche pas.
02:25 Et c'est ce déséquilibre infernal, insupportable,
02:27 qui est à l'origine de leur discorde.
02:29 [Musique]
02:43 Réellement, les gens qui sont dans cette pièce n'entendent que le son.
02:46 Nous, on a la chance d'aller, c'est un caprice de metteur en scène,
02:49 d'aller vous montrer la scène, mais en réalité, les gens dans la salle ne la voient pas.
02:52 Donc je pense que c'était aussi pour essayer de positionner le spectateur
02:56 dans la place soit de l'enfant, soit des jurés.
02:59 [Musique]

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