Léa, (@leacr sur insta) nous raconte son parcours PMA, les difficultés auxquelles elle et sa partenaire ont fait face en tant que couple lesbien mais met aussi en lumière le manque de ressources pour les personnes LGBTQIA+ qui veulent avor recours à la procréation médicalement assistée
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ÉducationTranscription
00:00 Ma fille ne nous a jamais demandé pourquoi j'ai deux mamans,
00:02 parce que pour elle, c'est la normalité la plus normale.
00:05 Elle sait qu'il y a un donneur, qu'il y a des médecins qui nous ont aidés.
00:07 À trois ans et demi, elle est complètement capable de raconter comment elle a été conçue.
00:11 J'ai toujours, toujours voulu avoir un enfant, donc c'était très clair pour moi.
00:14 Et j'en ai tout de suite parlé à Capucine.
00:16 Pour elle, c'était peut-être une envie qui était un peu moins marquée,
00:19 mais qui était quand même très, très présente.
00:20 Et donc voilà, on savait qu'on avait bien envie d'avoir un enfant.
00:23 On a laissé un peu de temps passer avant de se dire,
00:25 tiens, on va en faire un peut-être ensemble.
00:27 Alors la PMA, c'est la procréation médicalement assistée.
00:30 On appelle ça aussi maintenant en France l'AMP, ça veut exactement dire la même chose.
00:34 Et donc, c'est l'ensemble des techniques médicales qui sont à disposition des couples
00:38 qui sont soit infertiles, soit en fertilité situationnelle,
00:42 j'aime bien dire, comme les couples de femmes ou les femmes célibataires.
00:45 Ce qui était difficile avec nos recherches sur le sujet de la PMA,
00:48 c'était qu'il n'y avait pas un seul endroit où toutes les infos étaient condensées.
00:51 Donc, on avait une petite info sur tel site, une autre petite info sur tel autre site.
00:55 Beaucoup d'infos dans les forums aussi, de discussions,
00:58 et les groupes Facebook, mais qui finalement étaient souvent très erronés,
01:01 ou alors pas actualisés.
01:02 Donc, c'était compliqué de se faire une idée de ce qui était une bonne info d'une fausse info.
01:06 Les gynécologues qui ne sont pas forcément calés sur le sujet,
01:09 je m'en suis aperçue quand j'avais un suivi gynéco en France.
01:13 C'est vrai qu'en tout cas, ma gynécologue avait tendance,
01:15 elle était pourtant très friendly, mais elle avait tendance à me dire,
01:18 "Faites vos recherches de vos côtés, et puis quand vous avez les infos, etc.,
01:22 vous revenez vers moi et je vois comment je peux vous aider."
01:24 Donc, c'est vrai que l'info, il a vraiment fallu aller la chercher.
01:27 Donc, on s'est débrouillé toutes seules.
01:29 Nous, la petite spécificité, c'est qu'on habite au Portugal,
01:31 et on s'est aperçu qu'au Portugal, on pouvait avoir recours à une procréation médicalement assistée,
01:36 qui répondent à nos besoins, à nos envies, etc.
01:39 Donc, c'est dans ce pays qu'on s'est lancé.
01:40 Mais on aurait très bien pu aussi aller au Danemark, par exemple,
01:43 qui répondait aussi à nos besoins et à nos envies.
01:45 Nous, du coup, on a opté pour une PMA au Portugal.
01:48 C'était non seulement pratique parce qu'on y habitait,
01:50 mais c'était aussi le pays qui nous permettait de choisir un donneur non anonyme.
01:54 C'était important pour nous que notre fille ait accès à l'identité du donneur
01:58 qui nous a aidé une fois qu'elle serait adulte.
02:00 En parallèle, on a pris contact avec une banque de sperme au Danemark
02:04 parce qu'on a choisi de choisir le sperme de manière séparée.
02:07 Et donc, ensuite, on a suivi tout un tas d'examens pour vérifier ma fertilité,
02:12 puisque c'est moi qui ai porté notre fille.
02:14 Donc, on est allé checker tout un tas de points de santé.
02:17 Et ensuite, quand les résultats sont revenus plutôt positifs,
02:19 on s'est lancés et on a tenté une première insémination.
02:22 J'étais très, très, très stressée, vraiment très effrayée
02:24 à l'idée de passer par ce chemin-là.
02:26 Et finalement, tout s'est très bien passé,
02:28 et même vraiment très, très bien passé,
02:29 puisque je suis tombée enceinte à la première insémination,
02:32 donc à la première tentative, ce qui est plutôt rare.
02:34 Et donc, voilà, on remercie à notre bonne étoile.
02:36 L'une des différences aussi entre l'accompagnement en France
02:39 et l'accompagnement dans les pays qui permettent la PMA,
02:42 donc comme le Portugal, l'Espagne, la Belgique, le Danemark,
02:44 c'est qu'il y a une vraie prise en considération du couple lesbien.
02:48 Donc, par exemple, nous, au Portugal, personne n'a demandé à ma femme
02:51 de subir des examens médicaux ou des tests sanguins,
02:54 puisqu'elle ne voulait pas porter de grossesse.
02:56 Or, en France, ça arrive encore, encore trop souvent,
02:58 qu'en fait, ce soient exactement les mêmes protocoles
03:01 que pour les couples hétérosexuels qui soient donnés au couple de femmes,
03:05 sauf que forcément, ce n'est pas la même chose.
03:07 Donc, de temps en temps, il y a certains couacs
03:09 et on ne se sent pas complètement prise en considération.
03:12 Mais par contre, il y a encore déjà toute une partie de la population
03:15 qui est exclue, comme les personnes trans, et ça, ce n'est toujours pas OK.
03:18 Et surtout, le point noir de la PMA en France, ce sont les délais.
03:22 Il y a certaines régions où c'est jusqu'à 24 mois d'attente
03:25 pour le premier rendez-vous, sachant que l'attente ne s'arrête pas après,
03:28 pour recevoir un don.
03:29 Donc, c'est quand même très, très, très long.
03:31 Et il y a des couples qui n'ont pas les moyens financiers d'aller à l'étranger,
03:34 donc ça décourage et qui baissent un peu les bras sur leur projet de parentalité,
03:38 ce qui est quand même assez hallucinant et dommage.
03:41 Notre fille ne nous a jamais demandé pourquoi j'ai deux mamans,
03:43 parce que pour elle, c'est la normalité la plus normale.
03:46 Elle sait qu'il y a un donneur qui est entré en jeu,
03:48 qu'il y a des médecins qui nous ont aidés.
03:50 Elle sait vraiment tout, tout, tout, tout, tout.
03:51 Et à trois ans et demi, elle est complètement capable de raconter
03:54 comment elle a été conçue.
03:55 Donc après, on l'accompagne au fur et à mesure.
03:57 Plus elle grandit, forcément, plus les sujets évoluent.
04:00 Et on est complètement OK avec le fait de continuer à l'accompagner là-dedans
04:04 et à lui dire les choses exactement telles qu'elles sont.
04:05 Ce que je souhaiterais faire passer comme message aux couples LGBTQIA+,
04:09 c'est de ne pas perdre espoir, de se dire que tout est possible.
04:12 Il faut seulement trouver le bon chemin.
04:14 Il faut surtout se poser les bonnes questions.
04:15 Qui est le ou la partenaire qui va porter la grossesse ?
04:18 Qu'est-ce qu'on veut en termes de donneurs s'il y a besoin d'un donneur ?
04:20 Est-ce que c'est OK pour nous d'avoir un entretien psychologique ?
04:22 Donc toutes ces questions qui vont vous aider à définir les contours de votre parcours PMA
04:26 et à savoir si vous voulez vous diriger plutôt vers l'étranger ou plutôt vers la France.