L'ARNAQUE du "Made in France"

  • l’année dernière
L'immense majorité des savons dit de Marseille seraient fabriqué en Tunisie au Maroc ou encore en Pologne en insistant un peu l'un des commerçants nous propose pourtant ce qui semble être un véritable savon cette fois et vous avez pas un savon de Marseille purement, parce que ça c'est un véritable savon de Marseille mais cela on les appelle quand même des savons de Marseille.
Il est partout et il fait vendre c'est le made in France aussi bien un choix de consommation qu'un choix de société 75% des Français se disent même prêt à payer plus cher pour acheter des produits hexagonaux et les marques l'ont bien compris le Tricolore n'a jamais eu autant de succès on voit du coup ces logos made in France se multiplie un peu partout seulement des entreprises peu scrupuleuses n'hésitent pas à tromper le consommateur.
Nous allons vous révéler leur méthode vous avez une poupée dans un emballage, vous avez une tour Eiffel donc du coup vous voyez ça vous me voilà c'est fabriqué en France. On a eu du mal à le trouver le Made in China.
Transcript
00:00:00 L'immense majorité des savons dits de Marseille serait fabriqué en Tunisie, au Maroc ou encore en Pologne.
00:00:07 En insistant un peu, l'un des commerçants nous propose pourtant ce qui semble être un véritable savon cette fois.
00:00:14 - Et vous avez pas un savon de Marseille pur ?
00:00:17 - Si, mais j'en ai pas encore sorti. - D'accord. Vous pourrez m'en montrer un ?
00:00:21 - Oui, tout de suite. Ca, on a le droit d'appeler ça le Marseille.
00:00:24 - Parce que ça, c'est un véritable savon de Marseille ?
00:00:27 - Voilà. C'est l'eau basique. - OK.
00:00:29 - Là, y a pas de couleur, y a pas de couleur, y a menu.
00:00:32 - Mais ceux-là, on les appelle quand même des savons de Marseille, du coup ?
00:00:34 - Non, justement. C'est la savonnette.
00:00:37 Il est partout et il fait vendre. C'est le made in France.
00:00:41 Aussi bien un choix de consommation qu'un choix de société.
00:00:45 75 % des Français se disent même prêts à payer plus cher pour acheter des produits hexagonaux.
00:00:51 Et les marques l'ont bien compris. Le Tricolor n'a jamais eu autant de succès.
00:00:57 - On voit, du coup, ces logos made in France se multiplier un peu partout.
00:01:02 Seulement des entreprises peu scrupuleuses n'hésitent pas à tromper le consommateur.
00:01:07 Nous allons vous révéler leur méthode.
00:01:10 - Vous avez une poupée dans un emballage ?
00:01:13 Vous avez une Tour Eiffel.
00:01:15 Du coup, vous voyez ça, vous dites "ben voilà, c'est fabriqué en France".
00:01:18 On a eu du mal à le trouver, le made in China.
00:01:20 Comment ils nous trompent ?
00:01:22 - C'est tous des savons de Marseille ? D'accord.
00:01:24 - On prend la peine de le marquer sur 5 savons.
00:01:27 - Là, par exemple, je vous dis tout de suite, celui-là, c'est pas du savon de Marseille traditionnel.
00:01:30 Quelles sont leurs ruses commerciales ?
00:01:33 - Quand on vous dit "oui, oui, c'est une maison française",
00:01:36 sauf que "maison française", ça n'a jamais voulu dire que c'était fabriqué en France.
00:01:40 Et parfois même, leurs mensonges.
00:01:42 - Un mec vient de vous dire qu'on peut visiter les usines.
00:01:44 - D'accord, OK.
00:01:45 - Là, je peux pas vous dire mieux.
00:01:46 - Certaines marques, effectivement, sont venues, j'irais quelque part, un peu polluer cette appellation et cette origine,
00:01:53 puisque, bon, elles ne fabriquent plus forcément dans les Vosges.
00:01:56 Alors, comment s'y retrouver ?
00:01:58 - Ça, c'est français. Ça, c'est clair, c'est français.
00:02:00 - C'est bleu, blanc, rouge.
00:02:02 - Ça me laisse perplexe, en fait.
00:02:05 - Je dirais non, pas fabriqué en France.
00:02:07 - Le label "origine francais garantie".
00:02:09 Nous avons également suivi plusieurs entrepreneurs qui ont relevé le défi du "Made in France".
00:02:13 Certains ont tout misé dans l'aventure.
00:02:16 - J'ai décidé de créer ma propre marque de vêtements, entièrement fabriquée en France,
00:02:19 pour revoir des emplois et des usines locales.
00:02:22 D'autres tentent de relancer des secteurs aujourd'hui disparus de l'industrie française.
00:02:27 - Alors là, il y a un petit problème sur la hauteur du bras de lavage.
00:02:31 - Ah non ! - Ah ouais, en fait, non. Bon.
00:02:33 Mais comme vous allez le découvrir, certains ont tout perdu en voulant faire du "Made in France".
00:02:38 - Vous repartez non pas à zéro, vous repartez avec des dettes.
00:02:41 Vous allez également découvrir à quels contrôles sont soumis les produits qui se revendiquent français.
00:02:46 - Tous les composants sont là. Ils sont décrits dans un... ce qu'on appelle un ordre de fabrication
00:02:51 qui porte le numéro de l'appareil qui va être fabriqué.
00:02:56 Enquête aux 4 coins de l'Hexagone sur le "Made in France".
00:03:01 - Fabriqué en France ou conçu en France, les appellations ne manquent pas
00:03:17 pour mettre en avant le savoir-faire tricolore.
00:03:20 Gage de qualité, le "Made in France" remporte de plus en plus l'adhésion du consommateur
00:03:25 et 3 Français sur 4 se déclarent prêts à dépenser davantage pour un produit bien de chez nous.
00:03:31 Du jean au lave-vaisselle en passant par la chaussure,
00:03:34 nombreuses sont les entreprises à faire de cette appellation leur nouveau point fort.
00:03:39 Aujourd'hui, Révélation met l'accent sur ces entrepreneurs
00:03:42 qui ont tout misé pour relancer l'industrie française.
00:03:44 Mais parmi les marques bleu-blanc-rouge, difficile de s'y retrouver
00:03:48 et de comprendre ce qu'elles garantissent.
00:03:50 Dans un marché en plein essor, comment éviter les pièges des prodeurs ?
00:03:54 Comment démasquer la contrefaçon ?
00:03:56 Pour ne pas être trompé sur la marchandise, depuis quelques années,
00:03:59 le label "Origine France Garantie" assure la provenance des produits
00:04:03 sur la base de critères stricts.
00:04:05 Car quand le coco-rico redevient tendance, c'est également bon pour l'économie nationale.
00:04:09 Le "Made in France", un magazine signé Lorraine Théveny.
00:04:15 Les produits fabriqués en France, certains en ont fait un choix de vie.
00:04:19 Paris, un mercredi matin. Marion a 44 ans, elle est auto-entrepreneuse.
00:04:26 Cela fait 10 ans que son mari et elle ont décidé de soutenir l'industrie française.
00:04:31 Ce matin, elle rentre du marché et comme à chaque fois,
00:04:36 seuls les produits "Made in France" ont trouvé grâce à ses yeux.
00:04:43 Là, j'ai ramené des pâtes françaises pour les enfants,
00:04:46 du chocolat fabriqué en France, de la confiture faite avec des fraises de Sologne,
00:04:52 et puis un shampoing pour ma fille et des produits d'entretien pour la maison.
00:04:56 Chez Marion, le "Made in France", ce n'est pas que dans l'assiette.
00:05:01 Elle pousse cette pratique à l'ensemble de sa maison.
00:05:04 Dans la cuisine, donc tous les caissons, les plans de travail,
00:05:07 le lave-vaisselle, les plaques à induction, le four.
00:05:11 On a nos petits robots ménagers qui sont français également.
00:05:14 Le réfrigérateur, pas du tout parce qu'il est très très vieux
00:05:17 et puis qu'en plus on ne fait pas de réfrigérateur en France.
00:05:19 Toutes les portes, toutes les fenêtres sont faites en France avec du bois français.
00:05:24 Dans le salon, on a également des fauteuils, canapés, tout est français.
00:05:29 Même les rideaux, j'ai fait les rideaux avec du tissu fabriqué en France.
00:05:32 On n'a pas trouvé d'ordinateur français, donc ça c'est vraiment une entorse qu'on s'accorde.
00:05:35 Et ce mode de vie vient d'une réelle prise de conscience.
00:05:40 Vous voyez toutes les entreprises qui fermaient.
00:05:42 Donc on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose pour essayer de sauvegarder les emplois et le savoir-faire français.
00:05:47 Seulement, soutenir le Made in France n'a rien de simple.
00:05:51 Pour rester fidèle à ses principes et consommer français et local, Marion a dû renoncer à certains produits.
00:05:57 Il y a aussi des produits qu'on a arrêté de consommer par choix parce qu'on ne les trouvait pas en France.
00:06:03 Donc on ne consomme plus de bananes, plus de noix de coco, plus de mangue, plus de fruits exotiques, du tout.
00:06:08 Mais surtout, consommer 100% français, cela a un coût.
00:06:12 Consommer français, je pense que ça a à peu près un budget multiplié par deux.
00:06:18 Que ce soit pour l'alimentation, même finalement pour le reste.
00:06:23 Tous les achats qu'on fait fabriquer en France pour la maison, l'habillement.
00:06:27 Je pense que globalement, on a doublé notre budget pour la famille.
00:06:30 Consommer français, cela coûte cher donc.
00:06:33 Mais même lorsque vous pouvez y consacrer les ressources nécessaires, ce n'est pas toujours évident de respecter ses principes.
00:06:39 Exemple dans le dressing.
00:06:41 J'ai moins de vêtements français que de vêtements qui sont fabriqués à l'étranger.
00:06:47 Mais en fait, j'achète moins, je garde et je ressors, je réutilise.
00:06:52 Mais voilà, j'ai quand même une dizaine de robes françaises.
00:06:54 J'ai des vestes, j'ai des shorts.
00:06:56 J'ai aussi des pantalons, pantalons en soie, des petits basiques noirs.
00:07:03 J'ai mon pantalon rouge.
00:07:05 On peut s'habiller tous les deux intégralement français.
00:07:07 On a même les sous-vêtements, les chaussettes.
00:07:09 Marion n'est pas un cas isolé.
00:07:12 En France, les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l'origine des produits qu'ils consomment.
00:07:17 Nathalie Damry est l'une des spécialistes du Made in France.
00:07:20 Pour elle, cet engouement ne doit rien au hasard.
00:07:25 L'engouement pour le Made in France vient d'une prise de conscience
00:07:28 qui est assez lente, mais qui commence à s'installer,
00:07:32 en tout cas dans l'esprit des consommateurs français,
00:07:35 que lorsque l'on consomme quelque chose, lorsqu'on achète quelque chose,
00:07:39 on achète aussi des conditions de production, des conditions sociales, de travail.
00:07:46 Notre dernier observatoire montre que 65% des personnes sont très sensibles à l'origine géographique des produits.
00:07:54 Ce chiffre ne cesse de progresser.
00:07:56 Et pour l'instant, cet engouement fonctionne surtout chez les citadins.
00:08:00 En ville, on va acheter français parce que c'est là où se porte beaucoup la question du marketing, de la nostalgie.
00:08:07 Donc on a une offre qui est très bien constituée, de produits plutôt chers,
00:08:11 mais qui sont intéressants parce qu'on a l'impression de contribuer à soutenir une économie française qui est éloignée géographiquement.
00:08:21 Problème ? Encore faut-il savoir ce qui est fabriqué en France ou non.
00:08:25 Car en dehors de l'alimentation, il n'existe aucune obligation pour les fabricants d'indiquer l'origine des produits.
00:08:31 Textiles, meubles, électroménagers, automobiles, dans un monde ouvert comme le nôtre,
00:08:36 un produit peut être imaginé et dessiné quelque part,
00:08:39 assemblé dans un autre pays, à partir de matières premières qui viennent elles-mêmes d'ailleurs.
00:08:44 Dans ces conditions, qu'est-ce qui est vraiment « made in France » aujourd'hui ?
00:08:48 Et comment le consommateur peut-il s'y retrouver ?
00:08:51 Charles Huet est l'un des spécialistes du « made in France ».
00:08:55 Il a créé les guides du « made in emploi », un livre et une application qui répertorient chaque marque
00:09:01 en fonction de son impact sur le nombre d'emplois en France.
00:09:04 Alors maximum, parce que tout…
00:09:12 Il y a malheureusement en matière d'électroménager beaucoup de manques,
00:09:15 mais ce lave-vaisselle par exemple était fabriqué à La Roche-sur-Yon
00:09:19 avant que le groupe Brandt ne ferme deux de leurs quatre usines il y a quelques années.
00:09:24 Pour Charles Huet, un produit « made in France », c'est donc avant tout des emplois.
00:09:28 Eh bien écoutez, pour les plaques sautères induction par exemple,
00:09:32 c'est plusieurs centaines de salariés dans le centre de la France.
00:09:37 Tefal à Rumigny emploie 1800 salariés.
00:09:42 L'arbre vert, c'est une centaine d'emplois du côté de Cavaillon entre autres.
00:09:50 Et puis qu'est-ce qu'on va avoir d'autre ?
00:09:53 Par exemple, Pyrex, si on cherche du coup dans l'appli,
00:09:59 ça va être près de 400 salariés du côté de Châteauroux.
00:10:03 Donc voilà, derrière des produits froids et anonymes et intangibles,
00:10:09 il y a des hommes et des femmes qui bossent dans ces usines,
00:10:14 qui ont des familles et qui dépendent tout particulièrement du succès commercial de leur production.
00:10:18 Le « made in France », c'est un produit qui est transformé, assemblé en France
00:10:23 avec plus de 50% de sa valeur ajoutée qui est d'origine française.
00:10:27 Ce n'est pas un label, c'est une mention douanière.
00:10:30 C'est donc régi par le Code des douanes au niveau de l'Union européenne.
00:10:34 Le problème, c'est que c'est facultatif d'apposition.
00:10:36 Donc aujourd'hui, on n'est pas obligé, quand on est fabricant, de l'inscrire.
00:10:41 C'est pour ça que sur le textile, il y a de plus en plus de produits sans étiquetage de l'origine.
00:10:46 Autrement dit, pour qu'un produit soit « made in France »,
00:10:50 il faut que plus de la moitié de sa valeur ait été fabriquée sur le territoire français.
00:10:54 Et cela est vrai même pour une marque étrangère.
00:10:57 L'un des premiers à avoir compris l'importance du « made in France »,
00:11:01 c'est un constructeur automobile japonais installé à Valenciennes depuis 20 ans.
00:11:06 Son attachement à l'hexagone, il le fait savoir à grand renfort de publicité.
00:11:11 Dans ce spot, par exemple, les machines du constructeur jouent la marseillaise.
00:11:30 Sébastien Grelier est directeur de la communication de Toyota France.
00:11:34 Pour lui, fabriquer en France, même pour une marque étrangère, cela n'a rien de compliqué.
00:11:40 - Bonjour.
00:11:42 On entend souvent en France que produire coûte plus cher,
00:11:47 notamment par rapport au coût de la manœuvre.
00:11:50 Alors il est vrai qu'en France, le coût de la manœuvre peut être un petit peu plus élevé
00:11:54 que si on s'implantait dans d'autres pays de production.
00:11:59 Mais aujourd'hui, grâce à la performance de l'usine,
00:12:03 à son implantation géographique au cœur de son marché,
00:12:07 c'est les deux éléments qui nous permettent de compenser clairement en matière de coût
00:12:12 pour être compétitif sur le segment des citadines qui est le plus difficile
00:12:17 et le plus concurrentiel qu'il soit en matière automobile.
00:12:20 Et si ce constructeur a décidé il y a 20 ans déjà de faire le pari du « made in France »,
00:12:25 ce n'est pas par hasard.
00:12:27 - Plusieurs études montrent depuis quelques années que le critère d'origine du produit,
00:12:32 donc la France pour ce qui concerne Yaris,
00:12:35 est devenu l'une des 5 principales raisons d'achat de produits.
00:12:41 - Un choix marketing qui s'est révélé gagnant.
00:12:44 Depuis 2001, plus de 3,5 millions de Yaris ont été produites dans cette usine,
00:12:48 soit 1 100 voitures par jour.
00:12:50 En France, c'est la 4e voiture la plus vendue derrière la Clio, la 208 et la C3.
00:12:55 Un pari gagné haut la main pour la marque qui a su faire oublier ses origines japonaises.
00:13:01 - Finalement, on voit que le « made in France », il peut être partout.
00:13:04 Et je crois qu'il ne faut pas forcément se fier au nom de la marque
00:13:08 qui ne veut pas forcément dire qu'une marque française est fabriquée en France,
00:13:13 et « made in France », je crois qu'on en est la meilleure preuve.
00:13:16 On est une marque japonaise, avec des racines fortes et on en est fiers.
00:13:19 Mais on est aussi très fiers, grâce à cette Yaris ici à Valenciennes,
00:13:23 d'être devenues quelque part une marque française,
00:13:27 parce que notre produit est réellement fabriqué ici, en France.
00:13:32 Des entreprises étrangères ont donc fait le choix de venir fabriquer en France.
00:13:36 Alors que depuis des décennies, les entreprises françaises ont plutôt tendance à fuir à l'étranger,
00:13:41 afin de produire à bas coût.
00:13:43 Mais grâce à la vogue du « made in France », des entrepreneurs se lancent dans l'aventure.
00:13:47 Certains tentent même de relever des paris un peu fous.
00:13:52 - Le Bob est équipé d'un réservoir amovible latéral,
00:13:55 d'une capacité de 3 litres d'eau,
00:13:57 qui permet de laver la vaisselle quotidienne d'une à deux personnes,
00:13:59 en 20 minutes, avec seulement 3 litres d'eau.
00:14:01 - Damien Pye, vous êtes directeur général de Dan Technologies.
00:14:04 Bonjour Damien, bienvenue.
00:14:06 Alors qu'est-ce que c'est que cet objet ?
00:14:08 Expliquez-nous la différence et l'originalité.
00:14:10 - En fait, le principal avantage de Bob, c'est qu'il se pose sur les gouttoirs d'une quichenette,
00:14:14 35 cm par 40 par 45, la taille d'un micro-ondes renversé.
00:14:18 Antoine Fiché et Damien Pye ont fait le tour de la presse,
00:14:22 car ils ont tout simplement décidé de faire renaître un pan de l'industrie française.
00:14:27 Nous sommes dans les années 80, et les usines hexagonales se portent alors plutôt bien.
00:14:33 Elles fabriquent aussi bien des réfrigérateurs que des téléphones, des ordinateurs, ou encore des micro-ondes.
00:14:39 Mais la crise va passer par là, et l'industrie va perdre 2,5 millions d'emplois.
00:14:44 Beaucoup de ces produits ne seront plus fabriqués en France, du moins jusqu'à maintenant.
00:14:50 Nous sommes à La Roche-sur-Yon.
00:14:55 Dans la campagne vendéenne se dresse une impressionnante bâtisse, l'ex-usine Brante.
00:15:01 Derrière ces murs, dans les années 80, plus de 300 000 laves-vaisselles sont produites par an, près de 1 000 par jour.
00:15:08 Mais en 2015, la marque ferme le site pour des raisons économiques.
00:15:13 - Est-ce que tu veux qu'on chauffe l'eau ?
00:15:16 Depuis quelques mois, ces 2 jeunes entrepreneurs veulent ressusciter l'activité en lançant leur création.
00:15:23 Un lave-vaisselle ultra compact.
00:15:26 - Moi, je voulais plutôt faire quelque chose d'industriel, robotique et tout.
00:15:30 J'étais un petit peu geek, on va dire.
00:15:32 Et Antoine avait cette idée de lave-vaisselle. C'est Antoine qui a eu l'idée.
00:15:34 Et du coup, à 2, en fait, on a créé Bob. Moi, j'ai apporté des innovations technologiques et tout.
00:15:38 Et Antoine, plutôt, l'aspect marché produit, en fait, notamment le fait que les gens veuillent un petit lave-vaisselle.
00:15:44 Leur bébé pèse 9 kg. Il fonctionne à l'aide d'un réservoir d'eau de 3 litres et permet de laver 4 couverts en 20 minutes seulement.
00:15:52 Ils l'ont baptisé Bob. Et ce n'est pas par hasard.
00:15:56 - C'est le clin d'oeil, en fait. C'est jeter l'éponge, adopter Bob.
00:16:01 - Avant, il y avait Bob l'éponge, et maintenant, il y a Bob le lave-vaisselle.
00:16:03 - Donc le Bob, les couverts, on les met ici, dans un panier ultrason.
00:16:06 Donc, en fait, dessous les couverts, on a un disque, en fait, en métal, qui vibre.
00:16:11 L'énergie libérée par l'implosion des microbules va décoller la saleté.
00:16:15 Et du coup, c'est plus efficace, en fait, qu'un lavage classique dans un panier vertical.
00:16:19 Et en plus, pour le séchage, c'est mieux parce que ça s'évapore plus simplement.
00:16:22 - Donc on fait les tests...
00:16:24 L'appareil n'est pas encore tout à fait au point. Et justement, ce matin, ils effectuent un test important.
00:16:30 Ils doivent vérifier si le bras de lavage se comporte correctement.
00:16:34 Et pour ça, ils observent une réplique de leur invention en plexiglas,
00:16:37 qui leur permet de suivre le déroulement du lavage.
00:16:40 - Là aussi, il y a un lance, ça.
00:16:45 - Alors là, il y a un petit problème sur la hauteur du bras de lavage.
00:16:51 Tu vois, en fait, là, le problème, c'est que par rapport au panier, en fait,
00:16:56 il y a un petit affaissement du panier, et en fait, le bras de lavage, il est bloqué, il tourne pas.
00:17:00 Donc ça, il faudra faire attention sur la version finale, justement. Il faut faire en sorte qu'il y ait 5 mm.
00:17:05 Mais manifestement, il y a encore des choses à ajuster.
00:17:09 - Je sais pas, j'ai l'impression que le débit est plus faible sur celle-ci.
00:17:13 - D'accord, bon, ça, il faudra voir.
00:17:15 - Donc du coup, on met... Ah non ! - Ah ouais, en fait, non, bon...
00:17:18 - Ah, mais c'était pas mis ça. - Bah oui, je sais. Je voulais voir la différence.
00:17:24 - Les démos qu'on avait faites et tout, ça puait pas, mais bon...
00:17:27 - C'est que là, c'est le tuyau qui était pas bon.
00:17:30 Pas d'inquiétude, les problèmes devraient être réglés à temps pour la commercialisation.
00:17:34 Bob sera vendu environ 300 euros.
00:17:37 - 300 euros, c'est pas forcément du luxe de ne plus avoir à faire la vaisselle,
00:17:41 sachant que Bob est conçu pour tenir 10 ans.
00:17:43 Donc même si c'est un investissement, derrière, on se dit que c'est quand même quelque chose d'intéressant.
00:17:48 - Je peux le remettre là ?
00:17:49 Nous retrouverons les 2 hommes dans quelques mois avec leur 1er client,
00:17:52 car l'appareil a dans un premier temps été mis en précommande sur Internet à tarif réduit.
00:17:57 Sur leur site Internet, les 2 inventeurs annoncent la couleur, ou plutôt les couleurs, bleu, blanc, rouge.
00:18:05 Mais si dans le cas de leur lave-vaisselle, l'origine française n'est plus à démontrer,
00:18:09 certains décident de profiter de la tendance made in France.
00:18:13 Quelles sont les pratiques des marques qui décident de duper le consommateur pour gonfler leur vente ?
00:18:19 Puisque le made in France fait vendre, il crée aussi des convoitises.
00:18:25 Il a même donné naissance à un phénomène appelé le French washing, le franco-lavage en français.
00:18:33 Cela consiste à laisser supposer qu'un produit est made in France alors qu'il ne l'est pas.
00:18:38 C'est ce que dénonce Foodwatch.
00:18:40 Depuis plusieurs années, cette organisation de consommateurs alerte les pouvoirs publics
00:18:44 sur le manque de transparence des industriels de l'agroalimentaire.
00:18:48 Ingrid Kragel est directrice de l'information de Foodwatch.
00:18:52 Nous lui avons apporté quelques produits qui revendiquent une origine française.
00:18:57 Les fabricants ont bien compris qu'une majorité de consommateurs sont prêts à payer plus
00:19:02 pour un produit qu'ils identifient comme français, même si le produit n'est pas tout à fait français.
00:19:06 Et donc on voit ces logos made in France se multiplier un peu partout dans les rayons.
00:19:12 Prenons cet exemple, on voit là en toutes lettres "France" mis bien à l'avant de l'emballage.
00:19:18 Spontanément, le consommateur va se tourner vers ce genre de produit.
00:19:21 Mais quand on regarde les petits caractères, les tout petits petits que beaucoup de consommateurs
00:19:25 ne prennent pas le temps de lire, on s'aperçoit que l'origine de la viande est "UE", entre parenthèses, France-Espagne.
00:19:33 Autrement dit, ce jambon a bel et bien été fabriqué en France,
00:19:37 mais une partie de la viande qui a été utilisée pour son élaboration provient aussi d'Espagne.
00:19:43 Ce produit qui est une marque distributeur, tartes aux framboises, là l'hexagone est largement dessinée.
00:19:51 Sauf que quand on y regarde de plus près, dans la liste des ingrédients,
00:19:55 on s'aperçoit que cette tarte est fabriquée en France.
00:19:58 Donc là, il n'y a pas de souci, elle a été fabriquée en France.
00:20:01 Mais les framboises viennent de Serbie, d'Amérique du Sud et de l'Union Européenne.
00:20:06 Donc c'est très très vaste.
00:20:07 Au premier regard, tout laisse pourtant croire que ce sont bel et bien des produits français.
00:20:12 Comme cette bouteille de vin qui utilise les codes du bord de lait et qui est vendue dans un rayon de vin français.
00:20:17 Quand on retourne la bouteille et qu'on lit les tout petits caractères à l'arrière, on constate que ce vin vient d'Espagne.
00:20:24 Pour comprendre d'où viennent réellement les produits, il faut donc bien lire les étiquettes.
00:20:29 Mais savoir ce que l'on consomme vraiment relève parfois du casse-tête.
00:20:33 D'autant que les industriels brouillent volontairement les pistes.
00:20:37 Ce genre de pratique malheureusement est tout à fait légale.
00:20:40 Les fabricants ont le droit de mettre en avant une origine même si elle est complètement factice.
00:20:45 C'est impossible pour le consommateur d'avoir accès à la vérité.
00:20:48 En France, en ce qui concerne les produits transformés, le marquage d'origine n'est obligatoire que pour la viande et le lait.
00:20:54 Les marques s'engouffrent souvent dans la brèche et laissent planer le doute sur le reste.
00:20:59 Car comme vous allez le voir, il est souvent très simple d'induire en erreur le consommateur.
00:21:05 Quel est l'impact réel du French washing ?
00:21:09 Pour le savoir, nous avons réuni un panel de 6 consommateurs.
00:21:13 Sarah Higuilhome, étudiant.
00:21:15 Cécile, directrice d'une agence de communication.
00:21:18 Camille, consultante en technologie de l'information.
00:21:21 Antoine, directeur de la restauration dans un hôtel.
00:21:24 Et Marianne, responsable digitale.
00:21:26 Nous leur avons proposé plusieurs articles qui, à première vue, ont l'air très français.
00:21:30 Alors sauront-ils déterminer ce qui a réellement été produit dans l'hexagone ?
00:21:35 Premier article, un sweatshirt bleu blanc rouge qui porte l'emblème de la France, le coq.
00:21:41 - Alors ça, je pense que ça peut être fait en France.
00:21:45 Déjà par rapport à la marque, c'est quand même une très ancienne marque française.
00:21:50 - Une marque qui sonne française.
00:21:52 Les cuissons, également.
00:21:54 Après, est-ce que c'est fabriqué en France ? C'est une bonne question.
00:21:58 C'est une bonne question.
00:21:59 - C'est bleu blanc rouge ?
00:22:01 Moi, je dirais oui. Comme ça.
00:22:05 Notre panel s'est-il laissé avoir ? Réponse tout à l'heure.
00:22:08 Nouvel objet, encore un vêtement, une veste pour homme.
00:22:12 - On pourrait croire, oui.
00:22:14 Regardez les finitions. Si c'est français, c'est bien fini.
00:22:17 Le bleu blanc rouge, mais ça peut laisser un "jerker".
00:22:21 - Personnellement, je pense que non.
00:22:23 - Sur l'étiquette, on a l'adresse de la marque qui est à Roubaix.
00:22:26 - Je pense qu'il est pas fabriqué en France parce que c'est une grosse entreprise.
00:22:29 Et du coup, à mon avis, les produits sont pas faits en France.
00:22:33 - Je dirais non. Pas fabriqué en France.
00:22:35 - Je ne pense pas. Mais je sais pas vraiment pourquoi. C'est juste un feeling.
00:22:39 Dernier article avant de révéler les origines des objets à notre panel.
00:22:43 Un petit sablier qui ne vient pas de n'importe où.
00:22:45 Nous l'avons acheté à la boutique de l'Assemblée nationale.
00:22:49 - Ah ! Ouais, non, oui.
00:22:51 - C'est français. - Bah oui.
00:22:52 - C'est écrit dessus.
00:22:53 - Je saurais pas trop en dire sur la provenance de ce produit, du coup, mais...
00:22:57 - Il y a le logo de l'Assemblée nationale, donc on pourrait penser que oui.
00:23:01 Mais je pense que non. On va dire...
00:23:03 - Faut trancher. C'est français.
00:23:05 - Ouais, c'est français. - C'est français.
00:23:07 Nos consommateurs ont-ils été victimes du French washing ?
00:23:10 Ont-ils été trompés par ces couleurs et ces emblèmes français ?
00:23:14 En fait, aucun des articles n'a été fabriqué dans l'Hexagone.
00:23:18 Le sweatshirt vient du Maroc.
00:23:20 La veste de Birmanie.
00:23:22 Quant au sablier de l'Assemblée nationale, il a été fabriqué en Allemagne.
00:23:26 - C'est pas vraiment... - Toi, t'es bon ? D'accord. Rien.
00:23:29 Pour notre panel, un seul mot à la bouche, la déception.
00:23:34 - Alors là, par rapport à ce que je vois, je suis déçue.
00:23:39 - Je suis déçue, là.
00:23:41 - Le machin Assemblée nationale, ça, ça me déçoit, quand même, hein, de nos chers députés.
00:23:47 Difficile pour notre panel de dire ce qui est ou non made in France,
00:23:51 car nombreuses sont les marques qui jouent avec les codes pour faire croire qu'elles fabriquent en France
00:23:56 à grand renfort de mentions ambiguës ou de logos tricolores.
00:24:01 Et cela ne concerne pas que les vêtements.
00:24:05 Rendez-vous à Paris.
00:24:08 Amandine Hess est vice-présidente de la Fédération indépendante du Made in France.
00:24:12 Autrement dit, c'est une spécialiste des produits tricolores.
00:24:16 Elle fait même partie de ceux qui luttent contre cette pratique du French washing,
00:24:20 même si elle préfère un autre terme.
00:24:23 - On préfère franco-lavage parce que quand on défend la fabrication française, autant le faire en français.
00:24:28 On impose une tour Eiffel, on impose un drapeau bleu-blanc-rouge et ainsi de suite.
00:24:32 On fait croire aux consommateurs que le produit a été fabriqué en France.
00:24:35 Et en fait, alors que c'est totalement faux, évidemment, en petite lettre derrière, ça sera marqué "Made in China".
00:24:40 Et donc là, on trompe clairement, oui, le consommateur. Et c'est répréhensible.
00:24:44 Après cette explication théorique, place à la pratique dans un magasin de jouets.
00:24:49 Pour passer pour des clients comme les autres, nous nous y rendons en caméra discrète.
00:24:54 - Donc là, je vais vous montrer 2 produits.
00:25:01 Vous avez une poupée dans un emballage.
00:25:06 Vous avez une tour Eiffel. Du coup, vous voyez ça, vous vous dites...
00:25:09 "Bah voilà, c'est fabriqué en France."
00:25:11 Et puis, on a ici, et que vous voyez, la taille de la police.
00:25:14 On a eu du mal à le trouver, le "Made in China".
00:25:17 Donc là, on a vraiment un problème. C'est-à-dire qu'en gros, le consommateur n'est pas informé de la même manière.
00:25:22 - Autre jouet, nouvelle technique, toujours aussi trompeuse pour le consommateur.
00:25:29 - Donc là, on a un petit logo.
00:25:32 "Association des créateurs fabricants de jouets français".
00:25:35 Une adresse à Saumur, en France.
00:25:37 Et ici, on a un petit "Made in Madagascar".
00:25:40 Mais avec un logo, avec du bleu, blanc, rouge, une carte de France.
00:25:43 Et "Association des créateurs fabricants de jouets français".
00:25:47 Le logo est apposé en très gros.
00:25:50 Le "Made in Madagascar", en comparaison, est quand même relativement petit.
00:25:54 - La conception de ces jouets, c'est-à-dire leur dessin, a bien été réalisée en France.
00:26:00 Mais l'intégralité de la fabrication est chinoise.
00:26:03 Un autre secteur dans lequel les marques excellent dans l'art du French washing, c'est l'industrie du textile.
00:26:10 Direction maintenant une célèbre enseigne française de prêt-à-porter pour enfants.
00:26:14 Nous nous faisons passer pour des clients soucieux d'habiller nos petits en produits tricolores.
00:26:18 Et d'emblée, le discours est un peu ambigu.
00:26:21 - Mais il peut être fait en France ?
00:26:28 - Oui, la plupart des... Ce qui n'est pas fait en France, en fait, c'est tout simplement par manque de place, on va dire.
00:26:34 - On a aussi des idées qui sont tunisiennes, dans tout ce qui est maille, en fait, qui va être fabriquée en Tunisie.
00:26:41 Pourtant, il suffit de prendre un article au hasard pour se rendre compte que les choses sont compliquées.
00:26:47 - Maintenant, là, "créé en France, fabriqué en Tunisie".
00:26:53 - Voilà, Tunisie, bah, là, du coup...
00:26:57 - Donc ça, c'est de la maille, pourtant ? - Ouais.
00:26:59 - Ouais, mais en fait, la maille va être fabriquée en France.
00:27:03 - D'accord. - Et après, ça va être montée en Tunisie, par exemple.
00:27:06 - Et donc, ce qui est "total made in France", c'est pas écrit dessus. C'est dommage.
00:27:11 - Ouais, bah...
00:27:12 La vendeuse semble un peu perdue.
00:27:14 Et elle n'est pas aidée par les étiquettes qui affichent toute une drôle de mention "service consommateur".
00:27:19 - Ouais. - Ce que vous disiez, c'est "tiqueter service consommateur". - Ouais.
00:27:23 - Ça veut dire quoi ?
00:27:25 - À une certaine période, il y avait plus de quotas, on va dire, et du coup...
00:27:30 - Plus de quotas ? - Plus de quotas, on n'était plus obligés de marquer où est-ce que c'est fabriqué exactement.
00:27:35 - D'accord. - Donc du coup, il n'y avait pas d'étiquette spécifique.
00:27:39 Pas d'obligation légale d'indiquer la provenance.
00:27:42 La marque a donc choisi d'écrire "service consommateur" sur ses étiquettes.
00:27:46 Si le client veut vraiment savoir d'où vient ce T-shirt, à lui de mener l'enquête en appelant la marque.
00:27:52 - "Service consommateur"... Ah oui, c'est marqué juste "service consommateur", du coup.
00:27:56 - Ah, c'est ce que vous disiez, c'est... - Ouais.
00:27:58 - Il y a des fois... Du coup, ça veut dire que c'est...
00:28:00 - Donc ça, ça va dire que c'est Fevallia 3 ? - Ouais, moi, je pense, ouais.
00:28:04 - D'accord. Du coup, quand c'est juste marqué "service consommateur", c'est bon, alors, c'est ça ?
00:28:07 - Ouais. - Ouais ? - Ouais. - OK.
00:28:09 Nous ressortons de ce magasin plus perplexe que jamais.
00:28:13 - Quand on demande aux vendeurs, ils connaissent pas leurs produits,
00:28:16 et ils connaissent pas du tout la notion de "made in France".
00:28:18 Vous leur demandez si c'est fabriqué en France, les gens vous disent "oui, oui, c'est une maison française".
00:28:23 Sauf que "maison française", ça n'a jamais voulu dire que c'était fabriqué en France.
00:28:27 Et dans l'esprit commun, les gens restent encore sur ces notions de "la marque est française".
00:28:32 Le problème, c'est qu'aujourd'hui, c'est pas parce qu'une marque est française qu'elle fabrique en France.
00:28:37 Au contraire.
00:28:38 En plus des consommateurs trompés, les autres victimes du French washing, ce sont bien sûr les entreprises.
00:28:45 Des PME locales qui tentent de valoriser le savoir-faire et les fabrications du cru
00:28:49 voient leur marché inondé de produits qui n'ont absolument rien de traditionnel ou de régional.
00:28:57 Direction Salon de Provence, dans le sud de la France.
00:29:00 Derrière ces murs qui semblent figés dans le temps, se trouve l'une des 4 dernières savonneries de France.
00:29:10 Julie Fabre est l'arrière-petite-fille du créateur.
00:29:14 Elle a repris le flambeau de l'usine.
00:29:17 C'est quand même une histoire de famille, puisque je suis tombée dans le chaudron quand j'étais petite,
00:29:20 comme Obélix, puisqu'on a un grand-père qui était savonnier, et c'est lui qui a créé la savonnerie.
00:29:25 Donc je suis avec ma sœur Marie, la 4e génération.
00:29:28 La fabrication traditionnelle du savon suit toujours les mêmes recettes.
00:29:32 Petite visite avec Jean-Pierre, le maître savonnier.
00:29:35 Ici, tout est fabriqué sous sa surveillance, selon la méthode ancestrale transmise depuis 4 générations.
00:29:42 Et à première vue, ça n'a rien de sexy.
00:29:45 Là, je regarde l'ébullition, je surveille. C'est un travail de surveillance.
00:29:50 Ça sert à quoi ?
00:29:53 Là, je vois s'il faut que je rajoute un peu d'eau ou pas pour la préparation.
00:29:58 De toute façon, ce que je vais faire, c'est un peu rajouter d'eau. Je vais faire un petit lavage.
00:30:02 La composition du véritable savon de Marseille est au ne peu plus simple.
00:30:06 C'est les huiles végétales et la soude.
00:30:10 Avec la chaleur, il va y avoir une réaction chimique, et ça va former une pâte de savon.
00:30:16 On appelle ça l'empattage.
00:30:18 Cet empattage dure entre 10 et 15 jours.
00:30:21 Le savon est ensuite versé dans ces grands bacs, appelés des mises, où il va sécher.
00:30:25 Puis après 2 à 3 jours, c'est l'heure du démoulage et de la découpe en pains de savon.
00:30:31 Voilà le résultat. Une fois que les pains sont coupés en barres de savon, il va sécher pendant 3 semaines avant la commercialisation.
00:30:42 Nous avons découvert au cours de notre enquête qu'il existait de nombreuses dérives autour du savon de Marseille.
00:30:48 Nous avons donc décidé de le vérifier par nous-mêmes.
00:30:52 Nous sommes allés au marché de Salon de Provence équipés de caméras discrètes.
00:30:56 Notre mission, rapporter de véritables savons de Marseille.
00:31:00 Et comme vous allez le voir, l'opération va s'avérer beaucoup plus compliquée que prévue.
00:31:05 - Alors, bonjour monsieur. C'est tous des savons de Marseille ?
00:31:10 - C'est des savons de Marseille parfumés.
00:31:12 - Ils sont fabriqués où ?
00:31:13 - A Marseille.
00:31:14 - A Marseille même ?
00:31:15 - Oui.
00:31:16 - On prend la peine de le marquer sur chaque savon.
00:31:18 Nous passons au stand suivant et le vendeur semble encore moins sûr de lui.
00:31:23 - C'est du vrai savon de Marseille ?
00:31:25 - Oui.
00:31:26 - Comment on le reconnaît ?
00:31:29 - Je ne savais pas qu'on vous le disait.
00:31:34 - C'est vrai ? Vous ne le savez pas ?
00:31:37 - Là, vous avez l'adresse, regardez. La Capelette, vous connaissez à Marseille ?
00:31:40 - Non, non, pas d'ici.
00:31:42 - Vous avez l'adresse du lieu de fabrication.
00:31:44 - Oui.
00:31:45 - Donc si c'est fabriqué à Marseille ou dans les alentours, c'est du savon de Marseille ?
00:31:50 - Ah bah forcément.
00:31:52 - Puis non, ça ne ressemble que à la recette traditionnelle du savon de Marseille.
00:31:56 - Et c'est quoi la recette traditionnelle, du coup ?
00:31:58 - Alors, je sais qu'il y a 72% d'huile d'olive, mais après, je ne sais pas.
00:32:03 - C'est forcément de l'huile d'olive ?
00:32:05 - Je ne sais pas.
00:32:06 - Vous ne le savez pas ?
00:32:07 - Je ne sais pas.
00:32:08 - OK.
00:32:09 L'immense majorité des savons dits de Marseille seraient fabriqués en Tunisie.
00:32:14 Au Maroc ou encore en Pologne.
00:32:17 En insistant un peu, l'un des commerçants nous propose pourtant ce qui semble être un véritable savon cette fois.
00:32:23 - Et vous n'avez pas un savon de Marseille pur ?
00:32:27 - Si, mais je ne l'ai pas encore sorti.
00:32:28 - D'accord.
00:32:29 Vous pourrez m'en montrer un ?
00:32:31 - Oui, tout de suite.
00:32:32 Ça, on a le droit d'appeler ça un savon de Marseille.
00:32:34 - Parce que ça, c'est un véritable savon de Marseille ?
00:32:37 - Voilà, c'est l'eau basique.
00:32:39 - OK.
00:32:40 - Là, il n'y a pas de tronçon, il n'y a pas de couleur, il n'y a rien du tout.
00:32:42 - Et ceux-là, on les appelle quand même des savons de Marseille ?
00:32:44 - Non, justement.
00:32:45 C'est de la savonnette.
00:32:47 Alors comment s'y retrouver parmi ces savons de toutes les couleurs et de tous les parfums,
00:32:52 tous présentés comme de véritables savons de Marseille ?
00:32:56 Pour le savoir, nous rapportons notre shopping à Julie Fabre, la directrice de la savonnerie traditionnelle.
00:33:02 - Bien, écoutez, le résultat de votre shopping, c'est sur 4 savons.
00:33:08 Vous en avez uniquement 2 qui sont des savons de Marseille authentiques.
00:33:11 - Là, par exemple, je vous dis tout de suite, celui-là, c'est pas du savon de Marseille traditionnel,
00:33:15 puisque déjà, vous avez une indication qui est très claire, c'est la couleur,
00:33:20 qui vous montre qu'on a rajouté des colorants et des parfums
00:33:25 qui n'ont pas lieu d'être normalement dans le savon de Marseille traditionnel,
00:33:28 puisque ça fait perdre ses caractéristiques intrinsèques.
00:33:30 Un savon où il y a marqué "savon de Marseille", rose, violet, bleu, etc.,
00:33:34 déjà, vous savez que c'est pas... C'est pas un traditionnel.
00:33:37 - Et aussi incroyable que cela puisse paraître, ces faux savons de Marseille n'ont absolument rien d'illégal.
00:33:44 - Dans cette histoire, rien n'est protégé. Même le terme "savon de Marseille".
00:33:47 C'est pour ça que c'est aussi compliqué pour le consommateur de s'y reconnaître.
00:33:51 Tous les autres termes sont pas protégés.
00:33:52 Donc "fabriqué à l'ancienne", vous marquez ça, alors que c'est pas fabriqué à l'ancienne.
00:33:56 Vous pouvez marquer "produit de qualité", 72% d'huile.
00:33:59 72% d'huile, c'est pas protégé non plus, donc il peut y avoir...
00:34:02 Il peut y avoir 50% d'huile, et vous marquez 72% d'huile,
00:34:05 et c'est... Personne ne vous dit rien.
00:34:08 Il existe tout de même quelques indications permettant de savoir si un savon de Marseille est authentique ou non.
00:34:15 - Là, sur ces 2-là, je suis sûre qu'on est sur un savon de Marseille traditionnel,
00:34:19 parce que, déjà, d'une part, je connais les savonneries qui le fabriquent.
00:34:22 Donc ça, c'est quand même un bon critère pour le consommateur, connaître les savonneries fabricantes.
00:34:26 Ensuite, la couleur est naturelle. Elle prend la couleur de l'huile végétale qui le compose.
00:34:31 La liste d'ingrédients est très courte. Et il y a ce petit logo au dos,
00:34:36 qui est le logo de l'UPSM, de l'Union des professionnels du savon de Marseille,
00:34:39 qui garantit aux consommateurs les 3 critères essentiels du savon de Marseille traditionnel.
00:34:45 La composition, le procédé de fabrication à la marseillaise et surtout l'origine géographique.
00:34:49 En règle générale, les savons de Marseille colorés ou parfumés sont donc des faux.
00:34:55 Mais il n'y a pas que des produits traditionnels qui sont concurrencés par de faux produits made in France.
00:35:01 Nombreuses sont les marques françaises qui jouent sur cette confusion.
00:35:05 Au cours de notre enquête, l'une d'entre elles a attiré notre attention.
00:35:09 Une marque de textiles qui fleurbont l'artisanat et le savoir-faire régional.
00:35:14 Il s'agit de L'Invauge, spécialiste du linge de maison.
00:35:18 Nous avons de nouveau fait appel à notre panel de consommateurs.
00:35:22 Et pour eux, la marque est made in France. Ça ne fait pas un pli.
00:35:27 Ah ça, ça, là, c'est tel ?
00:35:29 Ça, ça, ça, ça, c'est un bourdon, madame.
00:35:31 Un bourdon et...
00:35:33 C'est pas fait partout, ça.
00:35:35 Ça, c'est français. Ça, c'est clair, c'est français.
00:35:38 100% coton.
00:35:40 Écrit en français.
00:35:41 Regarde, c'est des belles coutumes.
00:35:43 Ah oui, oui, non, mais là-dessus, il y a...
00:35:45 Tu sais, il y a beaucoup d'imitations bien faites aussi.
00:35:48 Euh... Oui, je dirais que c'est fabriqué en France, que c'est l'air de la bonne qualité.
00:35:53 Moi aussi, je pense que là, pour le coup, je pense qu'on pourrait dire que c'est un produit français.
00:35:58 Et si personne ne peut l'affirmer avec certitude,
00:36:01 c'est que rien sur l'étiquette ne permet de savoir où est fabriquée cette thé d'oreiller.
00:36:06 En France, sur le linge non plus, la législation ne rend pas obligatoire le marquage d'origine des produits.
00:36:12 Nous avons donc demandé à notre panel de chercher davantage d'informations sur le site Internet de la marque.
00:36:18 L'Invauge, c'est la garantie d'une marque empreinte d'histoire
00:36:21 qui continue chaque jour de conjuguer artisanat et modernité.
00:36:24 L'Invauge ne fait aucun compromis sur l'excellence de ses produits.
00:36:27 On voit tout de suite une couturière derrière sa machine et on dit "ben oui, c'est France France".
00:36:33 Ça me paraît français quand même, franco-français même.
00:36:36 Alors comment démêler le vrai du faux ? Direction l'une des boutiques de la marque.
00:36:42 - Bonjour.
00:36:43 Il y en a une quarantaine dans l'Hexagone.
00:36:45 Quand je vous dis que je cherche du linge français, du coup, c'est quelque chose auquel je tiens.
00:36:49 Donc en fait, vous fabriquez où alors du coup ?
00:36:51 - Dans l'Invauge, je pouvais même voir les personnes qui font les broderies, vous voyez tout là-bas.
00:36:55 - D'accord, ok.
00:36:56 - Mais ils font que les broderies ou tout est...
00:36:58 - Non, non, tout est fait là-bas.
00:36:59 - Tout est fait là-bas ?
00:37:00 - Oui.
00:37:01 - Ok, d'accord.
00:37:02 Et tous les modèles, ils sont...
00:37:05 En fait, peu importe ce que je prends, de toute façon, ça sera fait en France.
00:37:08 - Bah alors.
00:37:09 - Parce que, ouais, moi, je voulais un truc un peu...
00:37:10 - Les bêtises, il me semble que oui, ça n'a plus rien à voir avec ma responsabilité.
00:37:12 - Quoi ?
00:37:14 - D'accord, bah je m'avoue, du coup.
00:37:16 La vendeuse n'est plus si sûre.
00:37:18 Sa supérieure hiérarchique, elle, sera beaucoup plus claire.
00:37:21 - Moi, j'aimerais bien monter une maison d'hôtes.
00:37:24 Je voulais bien vérifier le...
00:37:26 Tout est fait en France.
00:37:27 Du coup, les...
00:37:28 - D'accord, ok.
00:37:30 - Non, non, non, non.
00:37:32 Mais du coup, ils font...
00:37:33 Ils font tout, pas juste la broderie.
00:37:36 - D'accord, ok.
00:37:39 - Tous les...
00:37:40 - D'accord.
00:37:41 Et vous faites du coup...
00:37:42 Et vous faites aussi les draps et aussi les serviettes que vous avez ?
00:37:48 - Ce que vous voyez ici ?
00:37:49 - D'accord.
00:37:50 Ah oui, les serviettes sont là-bas, pardon.
00:37:51 - Je vous en prie.
00:37:52 - Ok, d'accord.
00:37:53 - Vous pouvez nous faire un catalogue ?
00:37:54 - Ah bah parfait, oui.
00:37:55 - Tout ce que vous voulez.
00:37:56 - Ah bah super, merci.
00:37:57 Nous prenons la vendeuse homo et nous décidons de nous rendre à Gérardmer, au coeur des Vosges,
00:38:02 berceau de la fabrication du linge de maison.
00:38:05 Nous avons bel et bien visité le site de production de l'un Vosges dans sa totalité,
00:38:10 mais visiblement, nos questions sur la part de production purement française
00:38:14 et l'éventualité d'une sous-traitance à l'étranger ont dérangé.
00:38:17 Quelques jours plus tard, la direction de l'un Vosges nous a informé par courrier
00:38:21 qu'elle ne nous autorisait plus à diffuser ces images.
00:38:24 Après plusieurs échanges, la direction a finalement répondu à nos questions par courrier.
00:38:29 Et contrairement à ce qu'on avait pu nous affirmer en boutique,
00:38:32 non, tous les produits l'un Vosges ne sont pas fabriqués en France.
00:38:36 Nous ne revendiquons pas le label Made in France,
00:38:39 car nous réalisons une faible part de notre fabrication à Gérardmer en France.
00:38:43 Comme l'explique la présidente, il faut distinguer deux choses, la fabrication et la création.
00:38:49 En ce qui concerne la création,
00:38:51 tous les produits l'un Vosges sont créés par nos équipes de développement et de style situées en France.
00:38:57 Notre création est donc 100% française.
00:39:00 Mais si la création est 100% française, c'est loin d'être le cas pour la fabrication des produits.
00:39:05 Pour ce qui concerne les fabricants européens,
00:39:07 l'un Vosges sous-traite la moitié de sa fabrication au Portugal.
00:39:11 Les autres pays européens sont la France, l'Allemagne, l'Espagne, la Pologne et l'Italie.
00:39:16 Et les produits viennent parfois de bien plus loin.
00:39:19 86% de la fabrication des articles l'un Vosges est sous-traitée à des fabricants européens.
00:39:25 Nous sous-traitons 14% de notre fabrication en Inde et en Chine.
00:39:29 L'un Vosges a donc choisi de ne fabriquer qu'en partie en France.
00:39:33 Nous montrons ces images à Charles Huet, notre expert du Made in France.
00:39:37 - Créé en France.
00:39:43 Après visionnage, il nous le confirme, ce cas de figure est très courant pour ce type de production.
00:39:50 - On voit toutes les techniques et subterfuges et éléments de langage qu'utilisent les marques
00:39:59 pour faire croire que c'est Made in France.
00:40:02 Une photo de couturière, de la tradition, de l'héritage, de la maison.
00:40:06 Et c'est problématique puisqu'il y a tromperie en soi sur l'aspiration du consommateur
00:40:12 mais surtout pour ce consommateur qui voulait vraiment soutenir à l'emploi Gérard Mey
00:40:17 et en fait qui ne le fait pas en choisissant cette marque-là.
00:40:21 De nombreuses marques jouent sur l'ambiguïté en mettant en avant leur création française
00:40:26 alors que la fabrication, elle, est réalisée tout ou en partie à l'étranger.
00:40:30 Pourtant pour Charles Huet, il y a pire encore.
00:40:33 - Ce qui est plus difficilement supportable, c'est les jeunes marques qui n'ont jamais fabriqué en France
00:40:43 mais qui, dans leur graphisme, leur nom, leurs sous-titres, leurs éléments de langage et de communication
00:40:50 vont essayer de se rattacher à la France.
00:40:53 Ça va être le cas de Fago par exemple. Fago, ça veut dire français en chinois.
00:40:57 Depuis le début, Fago, il fabrique des produits en Chine
00:41:00 mais c'est une entreprise avec un siège et de la création en France
00:41:03 mais aucun emploi industriel en France.
00:41:05 Il y en a d'autres. Il y a Ami par exemple, vendu dans les grands magasins, Galerie Lafayette
00:41:09 avec Ami en bleu, blanc, rouge, les trois lettres.
00:41:12 C'est de la bonne qualité, ils sont très potes avec le site français et tout ça.
00:41:16 Ils fabriquent tout au Portugal et ailleurs.
00:41:20 Alors est-ce vraiment devenu impossible de fabriquer l'intégralité de sa production textile dans les Vosges ?
00:41:25 Pour répondre, nous reprenons la route mais nous n'allons pas bien loin.
00:41:29 A 1 km du site de l'Invosge, une autre usine qui, elle, nous ouvre ses portes.
00:41:35 Blanc des Vosges.
00:41:37 Jean-François Birac dirige cette entreprise qui est dans sa famille depuis 4 générations.
00:41:46 Nous sommes dans l'atelier de confection. Ici, un peu plus de 60 personnes travaillent.
00:41:52 Tout est absolument made in Vosges.
00:41:54 Du fil, de la teinture, du tissage, de la fabrication, bien entendu de la confection, du packaging
00:42:00 et même jusqu'au stockage puisque tous les produits que nous envoyons en France
00:42:05 et bien entendu dans les 36 pays que nous couvrons, ils sont envoyés d'ici, déjà armés.
00:42:09 Si le linge de maison français est aussi prisé en France qu'à l'étranger,
00:42:14 c'est que sa confection est le fruit d'un héritage que cette société souhaite sauvegarder.
00:42:18 Bonjour, vous êtes dans le bourdon, très bien.
00:42:22 Voilà, là, on est vraiment sur le véritable savoir-faire de Blanc des Vosges.
00:42:28 Ici, l'opératrice va mettre en place ce qu'on appelle un bourdon fin.
00:42:31 C'est une très fine broderie qui va orner la finition d'un draon, ici en satin.
00:42:36 La personne n'a pas de guide. C'est son savoir-faire aujourd'hui qui fait
00:42:40 qu'elle va pouvoir positionner le bourdon directement en fin de drap.
00:42:45 Fabriqués à la main, ces produits réellement made in Vosges sont-ils compétitifs ?
00:42:50 Prenons l'exemple d'une thé d'oreiller classique.
00:42:53 Chez Blanc des Vosges, elle est vendue 27 euros.
00:42:56 Chez son concurrent Lain Vosges, qui sous-traite une partie de sa fabrication à l'étranger,
00:43:00 le produit équivalent est vendu 26 euros.
00:43:03 De quoi agacer Jean-François Birac, dont les coûts de production sont plus importants.
00:43:08 Certaines marques sont venues polluer cette appellation et cette origine,
00:43:15 puisqu'elles ne fabriquent plus forcément dans les Vosges.
00:43:18 C'est un choix stratégique. C'est juste un tout petit peu dommage qu'il puisse y avoir
00:43:23 de temps à autre, vis-à-vis du consommateur, des stratégies marketing
00:43:27 qui ne soient pas tout à fait réalistes, pas tout à fait parlantes pour le consommateur.
00:43:31 Il peut aujourd'hui penser qu'il achète un produit réellement fabriqué,
00:43:36 dans les Vosges, alors que ce n'est pas le cas.
00:43:39 Face à une concurrence qu'elles estiment déloyale,
00:43:42 les marques qui fabriquent véritablement dans les Vosges ont décidé de riposter.
00:43:46 Elles ont créé un label, Vosges Terre Textile.
00:43:50 Cyrielle François est la responsable de ce label.
00:43:53 Elle a aujourd'hui rendez-vous avec Jean-François Birac.
00:43:56 Ce label est la toute première à hausser "appellation d'origine contrôlée" pour le textile.
00:44:01 Et Cyrielle François la défend jalouxement.
00:44:05 - Superbe.
00:44:06 - Donc ils sont recto verso.
00:44:08 On est à Gérardmer, ici, la capitale du linge de maison.
00:44:11 Et on se rend compte que partout à Gérardmer, il y a plein de boutiques de linge de maison.
00:44:14 Et le consommateur ne sait pas si c'est réellement fabriqué dans les Vosges ou pas.
00:44:18 Fabriquer dans les Vosges, c'est tout un système.
00:44:20 C'est une succession d'étapes de production.
00:44:22 Dire que c'est fabriqué dans les Vosges, il ne suffit pas de faire une broderie sur un article
00:44:25 pour dire que c'est fabriqué dans les Vosges.
00:44:27 Ce label, créé en 2011, est à poser sur les vitrines des enseignes
00:44:31 qui répondent à ces critères exigeants.
00:44:33 - Je vais faire comme ça.
00:44:35 Comme ça, on donne là.
00:44:37 Pour mériter le label Terre textile,
00:44:39 75% des étapes de fabrication doivent être effectuées dans le département.
00:44:43 Mais ce n'est pas tout.
00:44:45 Les enseignes doivent aussi garantir aux consommateurs des impératifs de qualité,
00:44:49 comme la solidité ou encore la tenue des coloris et des coutures.
00:44:53 Une exigence de fabrication tenue par Bland et Vosges.
00:44:56 Le précieux logo de Vosges Terre textile est visible sur 90% de ses produits.
00:45:02 - Donc là, c'est rangé par taille ?
00:45:04 - Celui-ci est un draos qui est évidemment de fabrication française,
00:45:09 puisqu'il est confectionné chez nous.
00:45:13 Mais il a également le label Vosges Terre textile,
00:45:16 et qui implique que les trois quarts des opérations de fabrication de cet article-là,
00:45:23 en l'occurrence même un peu plus pour celui-ci,
00:45:25 est bien réalisé dans l'aire géographique des Vosges.
00:45:28 Si on ouvre le produit...
00:45:31 ...
00:45:37 On va déplier complètement le produit.
00:45:39 ...
00:45:43 Voilà. Vous avez l'issue de la fabrication, donc fabriquée dans les Vosges,
00:45:48 et l'appellation ici "Made in France".
00:45:51 - Pour Jean-François Birac, adhérer à ce label n'est pas qu'un simple acte de transparence.
00:45:56 ...
00:45:58 - C'est la garantie pour nos emplois.
00:46:00 C'est la volonté pour nous aussi de fabriquer un produit sain.
00:46:05 Et c'est aussi très important pour une question de clarification vis-à-vis des consommateurs.
00:46:09 - Et pour les produits qui ne répondent pas aux critères du label Vosgien,
00:46:12 comme les serviettes éponges, dont le savoir-faire a disparu en France,
00:46:15 les tictages sont différents, mais pas forcément très explicites.
00:46:19 - Voilà. Donc c'est un produit qui est quand même siglé Blanc des Vosges, bien entendu,
00:46:22 mais il est bien marqué qu'il est sélectionné par Blanc des Vosges et non pas fabriqué.
00:46:26 Blanc des Vosges a sélectionné pour vous cette éponge.
00:46:28 Il n'y a pas d'appellation "Made in France", bien entendu. Il y a juste la marque Blanc des Vosges.
00:46:32 Une volonté de transparence qui répond à une attente des consommateurs.
00:46:36 Aujourd'hui, 90 % d'entre eux disent vouloir être informés de l'origine des produits qu'ils achètent.
00:46:42 Le label le plus connu est considéré comme l'un des plus fiables.
00:46:45 C'est "Origine France Guarantie".
00:46:48 Face à la tendance du French-Washing et à la complexité des étiquettes,
00:46:51 certains tentent de simplifier les choses.
00:46:55 Le label "Origine France Guarantie" certifie l'origine française des produits selon deux critères.
00:47:00 Au moins 50 % du prix de revenuitaire doit être acquis sur le territoire français
00:47:04 et les caractéristiques essentielles du produit doivent être acquises sur le territoire français.
00:47:08 Depuis sa création en 2010, ce label bénéficie d'un précieux soutien, celui d'Arnaud Montebourg,
00:47:14 ancien ministre de l'Industrie et fervent défenseur du "Made in France".
00:47:19 Je veux saluer et rendre hommage à tous ces entrepreneurs qui ont décidé de produire en France.
00:47:25 C'est comme ça qu'on va remonter l'économie française.
00:47:29 Il y en a pour 10 ans, mais il y a eu 10 ans pour détruire, il faut 10 ans pour remonter.
00:47:34 Je pense que tous ces producteurs que vous êtes, tous les partisans que se "Made in France",
00:47:41 vous êtes soutenus par la population française et par les consommateurs du reste du monde.
00:47:46 On adore le produit. Tous ceux qui exportent le sable disent "Ah, le "Made in France",
00:47:51 l'origine France, c'est formidable".
00:47:54 Au-delà du discours politique, le label "Origine France Garantie" apporte une vraie valeur ajoutée aux entreprises.
00:48:00 Aliette Ducrest, chef de groupe dans l'entreprise DOP, en est convaincue.
00:48:05 Le "Made in France" est devenu quelque chose de très tendance.
00:48:09 Tout le monde s'y met, mais déjà nous on y est depuis toujours, depuis 1934, je le répète.
00:48:14 Et le label "Origine France Garantie", il prouve qu'en fait, on ne fait pas que produire en France,
00:48:18 on se source en France aussi. Nos fournisseurs sont français, on travaille avec eux depuis des années.
00:48:23 Et en fait, c'est un gage de crédibilité qui rajoute de la confiance avec nos consommateurs,
00:48:28 ce qui fait partie des atouts numéro un quand on est une marque de consommation.
00:48:32 En 8 ans, 2000 gammes de produits ont été labellisées, soit 600 entreprises françaises.
00:48:38 Mais comment être sûr que ces entreprises produisent réellement en France ?
00:48:42 Le label a pensé à tout.
00:48:45 Direction New York, dans les Deux-Sèvres.
00:48:49 Dans cette usine qui fabrique des appareils de cuisson,
00:48:52 la majorité des produits est labellisée "Origine France Garantie".
00:48:56 - Bonjour. - Voilà, bonjour, bienvenue. Bienvenue à l'usine.
00:49:02 Ce matin, Laurent Collat, le PDG, reçoit la visite de Louis Gibier,
00:49:06 qui travaille pour la société de contrôle du label "Origine France Garantie".
00:49:10 Chaque mois, il vient vérifier que tout est bien produit selon les exigences du label.
00:49:15 - Ici, c'est un atelier d'assemblage, donc on a énormément de composants à acheter.
00:49:20 Si vous observez un appareil comme ça, bon, mais il y a de nombreux composants à acheter.
00:49:25 Une gazinière comme celle-ci est faite de plus de 150 composants qui peuvent provenir de n'importe où.
00:49:30 - ...vous allez mettre à disposition.
00:49:32 Alors, ce que je vous propose, c'est de voir un milot qui met en fabrication un produit.
00:49:37 - Peut-être qu'on peut présenter ce chariot, là ? - D'accord.
00:49:40 - Oui, c'est le chariot.
00:49:41 Louis Gibier veut vérifier chaque étape de la fabrication.
00:49:44 - On peut considérer que ce chariot, là, vous voyez, tous les composants sont là.
00:49:48 Ils sont décrits dans un... Ce qu'on appelle un ordre de fabrication
00:49:52 qui porte le numéro de l'appareil qui va être fabriqué.
00:49:56 - Donc là, on peut le retrouver sur la nomenclature "XM".
00:49:59 - Voilà. Chacun de ces composants, dans le tableur "XM",
00:50:01 on va pouvoir mesurer de quel pays il est originaire.
00:50:06 Pour obtenir la certification "Origine France garantie",
00:50:09 au moins 50% des composants doivent être français.
00:50:13 - On a différentes lignes d'assemblage qui sont des lignes d'assemblage de plans de char.
00:50:18 Donc, on peut passer par là.
00:50:19 Au cours de la visite, l'inspecteur note les références
00:50:22 de chacune des pièces utilisées pour en vérifier la provenance.
00:50:25 - C'est plutôt des étiquettes manuelles, mais là, on voit bien 53, 31, 81, 36.
00:50:30 Et voilà, on retrouve une pièce en inox pliée, soudée sur les côtés.
00:50:36 Voilà, donc elle a été complètement fabriquée ici.
00:50:39 Après cette visite, direction les bureaux.
00:50:42 Louis Gibier va pousser ses investigations
00:50:44 dans les documents administratifs de Laurent Collat.
00:50:47 Là encore, la rigueur est de mise et les exigences élevées.
00:50:51 - Ce que je vais vous demander, c'est une facture d'un des composants...
00:50:55 - Oui, d'accord. - ...depuis la nomenclature.
00:50:58 Donc, tu peux me...
00:50:59 L'inspecteur a une idée en tête.
00:51:01 Vérifier l'origine des pièces achetées à des fournisseurs.
00:51:04 Elles doivent là aussi être made in France.
00:51:06 Il demande donc des factures au hasard.
00:51:09 - Je vous ai fait la photocopie, donc, de...
00:51:12 A la fois du bord de rôle livraison. - D'accord.
00:51:15 On a des entreprises qui nous disent au départ "je suis 100% français".
00:51:21 Et derrière le "100% français",
00:51:23 ils ont acheté autour de 5 km.
00:51:27 Mais ils achètent auprès de distributeurs.
00:51:30 Et pour nous, un distributeur n'est pas un apporteur de parts françaises.
00:51:34 Il faut que ça soit un site fabricant français.
00:51:38 - Alors, facture, facture...
00:51:41 Après vérification, tout est en ordre.
00:51:43 Les fournisseurs de Laurent sont bien français.
00:51:45 Il obtiendra donc cette année encore le précieux label.
00:51:48 - Voilà, dans une demi-journée normale d'audit,
00:51:50 on a fait un certain nombre de contrôles.
00:51:54 - Nous, entreprise PME,
00:51:56 PME française, de pouvoir se raccrocher à ce label,
00:51:59 c'est quelque chose de très important.
00:52:01 Et ce label, c'est un peu une locomotive pour nous
00:52:03 auquel on peut se raccrocher tous,
00:52:05 avec nos plus ou moins grands wagons,
00:52:07 et quand on a bon espoir que les consommateurs français le connaissent.
00:52:11 - Et manifestement, c'est le cas,
00:52:13 puisque chaque année, ce label permet à Laurent Cola
00:52:16 de booster son chiffre d'affaires de près de 10 %
00:52:19 sur les produits édictés "Origine France Garantie".
00:52:22 Mais faudrait-il aller encore plus loin ?
00:52:24 Charles Huet, de la Fédération indépendante du Made in France,
00:52:27 lutte pour une traçabilité de tous les produits.
00:52:30 - Depuis longtemps, on se bat pour quelque chose qui est simple,
00:52:35 qui coûte pas un centime d'argent public
00:52:37 et qui ne contrevient à aucune idéologie.
00:52:41 Et ce n'est pas anti-libre-échange, par exemple.
00:52:44 C'est rendre le marquage d'origine obligatoire pour tous les produits.
00:52:48 On le dit obligatoire pour l'alimentaire,
00:52:50 pour des questions de traçabilité sanitaire.
00:52:52 Parce qu'on veut savoir...
00:52:54 On veut remonter, en cas de salmonelle ou de problème,
00:52:57 jusqu'à l'usine, et donc on veut savoir précisément
00:53:00 où est-ce que tous les produits sont fabriqués.
00:53:03 On l'a fait aussi pour valoriser notre agriculture.
00:53:06 Et c'est un truc important dans l'Europe.
00:53:08 La PAC, c'est un des programmes les plus importants de l'Union européenne.
00:53:11 Voilà. On l'a fait pour l'alimentaire.
00:53:13 Il n'y a aucune raison qu'on ne le fasse pas pour le non-alimentaire.
00:53:16 Ce n'est pas une discrimination, c'est une information du consommateur.
00:53:19 Le consommateur, aujourd'hui, il achète en masse
00:53:22 des produits où il y a marqué "Made in China", "Made in Bangladesh".
00:53:25 Donc ce n'est pas force.
00:53:27 Ça ne génère pas automatiquement du boycott.
00:53:30 Une appellation nécessaire, donc.
00:53:34 Car le Mail in France dope les ventes et suscite des vocations.
00:53:37 Celles d'entrepreneurs qui tentent de revitaliser l'emploi
00:53:40 et le tissu industriel français.
00:53:42 En France, l'industrie de l'habillement représente
00:53:45 un chiffre d'affaires annuel de plus de 7 milliards d'euros.
00:53:48 Elle fait tourner environ 2000 entreprises
00:53:51 et emploie 60 000 personnes.
00:53:53 Ça peut sembler beaucoup, mais c'est 10 fois moins qu'il y a 30 ans.
00:53:56 Madame, Monsieur, bonsoir.
00:53:58 Leat Cooper France, c'est fini.
00:54:00 Le dernier atelier français de Leat Cooper, situé près d'Amiens,
00:54:03 a fermé ses portes.
00:54:05 Cette annonce de JT est devenue une grande démonstration
00:54:08 de l'impact de l'industrie de l'habillement.
00:54:11 La France de JT est devenue monnaie courante dans les années 90.
00:54:14 Il faut dire que la France a dû faire face à des concurrents de taille.
00:54:17 L'Espagne, l'Italie, puis dans les années 2000,
00:54:20 la Chine, l'Inde ou encore le Pakistan.
00:54:23 Et pourtant, tout pourrait changer, grâce à plusieurs entrepreneurs
00:54:27 qui ont décidé d'inverser cette courbe et de produire en France.
00:54:31 Romand, dans le sud-est de la France.
00:54:36 C'est là qu'il y a 5 ans, Thomas Uriès s'est lancé dans un projet fou.
00:54:40 Créer sa propre marque textile.
00:54:43 - Pour les réseaux sociaux, est-ce que tu peux me dire
00:54:47 lesquels jeans tu contrôles pour que je les mette en avant ?
00:54:50 - Là, ce matin, c'est le bermuda femme long.
00:54:53 Un projet grâce auquel il espère relancer l'économie de sa vie natale.
00:54:57 Rien de moins.
00:54:59 - Il y a des jupes qui vont arriver.
00:55:01 - A 37 ans, j'ai vu plus d'usines fermées que d'usines ouvrières.
00:55:04 Moi, en tant que commerçant, à la base, je vendais des vêtements
00:55:07 qui étaient faits au bout du monde.
00:55:09 Je vendais des vêtements en France pour revoir des emplois
00:55:12 et des usines locales.
00:55:14 - Pour relever ce défi, il a choisi un vêtement que tout le monde
00:55:17 possède dans sa garde-robe, le jean.
00:55:20 Il s'en vend chaque année en France entre 70 et 88 millions.
00:55:24 - Le jean, ça paraît audacieux, parce que c'est américain,
00:55:28 parce que c'est hyper mondialisé, mais le coeur de son histoire
00:55:32 est français, puisque le donyme, la toile de jean,
00:55:35 vient de la ville de Nîmes.
00:55:37 Donc on a une totale légitimité dans le jean en France,
00:55:40 1er point, et 2e point, comme c'est un produit de grande consommation,
00:55:43 ça veut dire qu'il y a un marché.
00:55:45 A nous, ensuite, de créer les conditions que les clients
00:55:48 choisissent nos jeans plutôt que des jeans qui sont fabriqués
00:55:51 au bout du monde.
00:55:53 Et donc, pour ça, il faut des jeans bien coupés,
00:55:55 qui fassent des jolies fesses, qui ne soient pas trop chers,
00:55:58 et qui, si possible, racontent une histoire vraie et sincère.
00:56:01 - Toutes les étapes de fabrication se font dans cet atelier.
00:56:04 La modélisation, la découpe,
00:56:08 le vieillissement du tissu au laser,
00:56:12 l'impression du logo et l'assemblage.
00:56:15 La marque s'appelle 1083, car sa philosophie
00:56:20 est que tout soit fabriqué en France, entre Portspoder et Menton,
00:56:24 les 2 villes les plus éloignées de l'Hexagone,
00:56:27 avec une distance de 1 083 km.
00:56:30 Une promesse qui a un coût.
00:56:33 ♪ ♪ ♪
00:56:37 - Fabriquer un jean en France, c'est plus cher que de le fabriquer
00:56:41 en Chine ou au Bangladesh, évidemment,
00:56:44 mais on compense ce prix de fabrication qui est beaucoup plus cher,
00:56:47 2, 3, 4 fois plus cher qu'en Chine,
00:56:50 par une distribution beaucoup plus proche, beaucoup plus simple.
00:56:54 On vend en direct les jeans à nos clients.
00:56:57 Et donc, grâce à ça, des jeans qui nous coûtent 30 euros à fabriquer,
00:57:00 on les vend 90 euros. Cette marge nous permet de financer
00:57:03 toute la relocalisation qu'on a mise en place.
00:57:06 C'est 3 fois moins de marge que celle qu'ont nos concurrents,
00:57:09 les grandes marques américaines qui vendent des jeans au même prix que nous,
00:57:12 mais qui les achètent entre 8 et 10 euros.
00:57:15 - Aujourd'hui, Thomas Uriès est l'un des rares à commercialiser
00:57:18 des jeans "made in France". Alors il ne se prive pas
00:57:21 de le mettre en avant sur ses produits.
00:57:24 - On a un jean ici qui est dessiné en France, filé en France,
00:57:27 tissé en France, confectionné en France,
00:57:30 qui a passé l'étape du contrôle qualité aussi,
00:57:33 puisque normalement on doit retrouver une étiquette qui indique
00:57:36 que le jean a été contrôlé ici par Paul.
00:57:39 Et donc sur ce jean, on indique tout ce qui a été fait.
00:57:43 Donc on retrouve toutes ces étapes sur l'étiquette,
00:57:46 avec le coton bio, les étapes faites en France,
00:57:49 et le label "origine France garantie", qui certifie
00:57:52 que tout ce que l'on dit là est vérifié, puisque c'est labellisé,
00:57:55 contrôlé par un organisme indépendant qui vient vérifier tout ça.
00:57:59 - Tout est donc "made in France" à un détail près.
00:58:02 La matière première, le coton, qui n'est pas d'origine française.
00:58:06 - La fabrication d'un jean, elle commence par du coton.
00:58:11 Dans notre cas, c'est du coton bio, qui vient de Tanzanie, du Bédin,
00:58:14 du Mali, de Turquie, parce qu'en fait, le coton ne pousse pas vraiment en France.
00:58:17 On n'est pas sous des latitudes tropicales.
00:58:20 - Mais vous allez voir que cela pourrait peut-être changer dans quelques jours.
00:58:24 Quelques jours plus tard, direction Montréal-du-Gers,
00:58:27 nous retrouvons Thomas Uriez.
00:58:30 Il vient rendre visite à Johan de Witt, un jeune agriculteur
00:58:33 qui s'est lancé dans un pari fou, faire pousser du coton en France.
00:58:36 Si notre fabricant de jean est là aujourd'hui,
00:58:39 c'est qu'il espère bien le convaincre de lui vendre une partie de sa production
00:58:42 pour avoir enfin un jean 100% "made in France".
00:58:46 Seulement, ça ne va pas être simple pour Thomas, car il n'est pas tout seul.
00:58:49 D'autres entrepreneurs, tous dans l'habillement "made in France",
00:58:52 ont aussi fait le déplacement.
00:58:55 Il faut dire que ce champ de coton est unique dans l'Hexagone.
00:58:58 D'ordinaire, cette plante est en effet cultivée aux Etats-Unis, en Inde ou en Asie,
00:59:01 bien loin du climat du Gers.
00:59:04 - L'objectif au début n'était pas très clair.
00:59:10 On s'est posé la question de savoir si on produisait du coton brut
00:59:13 et qu'on le revendait à des entreprises françaises,
00:59:16 telles que "Milk 83" et d'autres,
00:59:19 pour avoir le vice le plus loin possible,
00:59:22 à savoir si on était capable de réaliser un produit fini.
00:59:25 Pour l'enjeu de la marque, on a dit qu'on allait jusqu'au bout et qu'on verrait bien.
00:59:28 - Pour notre fabricant de jeans, ce n'est donc pas gagné,
00:59:31 mais il décide tout de même de tenter sa chance auprès du jeune producteur.
00:59:34 - Est-ce que tu penses qu'à un moment donné,
00:59:40 tu seras en mesure de produire suffisamment de coton
00:59:43 pour le proposer à d'autres marques "made in France" comme nous,
00:59:46 comme "Coton en France" ?
00:59:49 - Aujourd'hui, on n'est pas dans cette optique-là,
00:59:52 puisque nous, on produit du coton avant tout pour notre production.
00:59:55 Aujourd'hui, on sort des quantités tellement faibles qu'on en a déjà à peine assez pour nous.
00:59:58 Alors qui sait, peut-être dans 5-6 ans, quand on aura une maîtrise parfaite
01:00:01 de la plante ici en France, pourquoi pas.
01:00:04 Aujourd'hui, on préfère dire qu'on ne le fera pas,
01:00:07 parce qu'on ne peut pas,
01:00:10 et que ça demande énormément de contraintes et de superficie cotonnière.
01:00:13 - Écoutez, en tout cas, merci de vous être déplacés aussi nombreux.
01:00:16 Merci d'être venus.
01:00:19 - C'est un peu la douche froide pour Thomas.
01:00:22 Ses jeans en coton 100% français, ce n'est pas pour demain.
01:00:25 Heureusement, ce n'est pas ça qui va freiner son prochain projet.
01:00:28 - C'était... Ouais, non, c'est...
01:00:31 - Retour à Romand.
01:00:34 Aujourd'hui, Thomas a rendez-vous avec ses employés.
01:00:37 C'est un jour important pour eux, car il va leur faire découvrir
01:00:40 la vie de ce qu'ils appellent "la vie de la veille".
01:00:43 - Voilà. Bienvenue dans l'usine.
01:00:46 Bon, aujourd'hui, vous voyez l'état dans lequel c'est.
01:00:49 La vue de demain, ce sera celle-ci.
01:00:52 Donc, en fait, les travaux vont consister
01:00:55 à rénover tout l'extérieur. Depuis 2007, ce bâtiment
01:00:58 est à l'abandon. Il a été squatté, un peu brûlé.
01:01:01 Mais voilà, notre volonté, c'est de le rénover
01:01:04 pour relocaliser dans Romand la production de mode.
01:01:07 Alors, attention aux fantômes.
01:01:10 Attention à vos pieds, au verre.
01:01:13 Si aujourd'hui, Thomas n'est pas peu fier de présenter
01:01:16 ce projet à ses salariés, c'est que le bâtiment
01:01:19 qu'il réhabilite est historique. Il s'agit de l'ex-usine
01:01:22 de chaussures Charles Jourdan.
01:01:25 Créée en 1921, Charles Jourdan est alors
01:01:28 une célèbre marque de chaussures de luxe.
01:01:31 Dans les années 50, elle traverse l'Atlantique
01:01:34 et devient la capitale mondiale de la chaussure.
01:01:37 Avec ses 2000 salariés et un savoir-faire reconnu
01:01:40 dans le monde entier, l'usine était le poumon économique
01:01:43 de la ville pendant des années. Seulement en 2005,
01:01:46 Jourdan subit un redressement judiciaire
01:01:49 et l'usine ferme définitivement ses portes.
01:01:52 Cette marque, Thomas la connaît bien,
01:01:55 au point de devenir un historien de l'escarpin.
01:01:58 - Voilà.
01:02:01 - Bon, ça, c'était une chaussure Jourdan.
01:02:04 C'est des escarpins très féminins.
01:02:07 C'est lui 37. - Non, 41.
01:02:10 - Ce projet est estimé à 5 millions d'euros
01:02:13 et il sera en partie financé par des investisseurs
01:02:16 et des pouvoirs publics. Si tout se passe comme prévu,
01:02:19 il verra le jour d'ici 2 ans.
01:02:22 - Là, aujourd'hui, on est coincés entre nos différents murs.
01:02:25 Notre croissance est limitée par le manque de place.
01:02:28 Donc, dans 2 ans, quand on déménagera ici,
01:02:31 on va avoir beaucoup plus de place,
01:02:34 ce qui nous permettra d'embaucher.
01:02:37 - Le "made in France" est donc souvent
01:02:40 un véritable atout commercial, mais cela reste un pari risqué.
01:02:43 - Vous pouvez dire "jeans", si vous voulez.
01:02:46 - Comme vous allez le voir, certains s'y sont même cassés les dents.
01:02:49 Banlieue parisienne.
01:02:52 Xavier Porrot garde précieusement
01:02:55 dans son garage des vestiges un peu particuliers.
01:02:58 Ces cartons, c'est tout ce qu'il reste
01:03:05 de l'entreprise de chaussures qu'il a fondée en 2009,
01:03:08 le Soulier français.
01:03:11 - On avait une salle de collection
01:03:15 dans laquelle on exposait tous nos prototypes.
01:03:18 Alors, là, dans les cartons, ça n'a pas l'air de grand-chose,
01:03:21 mais quand c'était dans notre salle vitrée, etc., ça avait de la gueule.
01:03:24 - À l'époque, Xavier Porrot avait tout misé sur le "made in France".
01:03:27 - Ah, ça, c'était un produit que j'adorais.
01:03:35 C'était un produit que j'adorais.
01:03:38 Bon, là, le nœud est... C'était un produit...
01:03:41 C'était une gamme de chaussures moins chères que l'on faisait
01:03:44 et qui essayait de proposer des produits plus accessibles.
01:03:47 On restait sur des tarifs élevés pour... Des tarifs élevés,
01:03:50 mais accessibles pour du "made in France".
01:03:53 C'était à 20, 130 euros, avec une belle fabrication,
01:03:56 tout fait en France, intégralement.
01:03:59 Alors, tiens, ça, c'est amusant.
01:04:02 C'était... C'est une bottine.
01:04:05 C'était la 1re collection qu'on a faite,
01:04:08 qui a été développée en 2009.
01:04:10 - À l'époque, lorsque son entreprise voit le jour,
01:04:13 à défaut de trouver un atelier en France,
01:04:16 il est alors obligé de faire fabriquer ses chaussures, en Espagne.
01:04:19 Mais en 2014, Xavier achète
01:04:22 des chaussures de manufacture française qui viennent de faire faillite.
01:04:25 Il conserve les machines et les employés.
01:04:28 Ses chaussures montent en gamme et sont vendues en moyenne 450 euros la paire.
01:04:32 Malgré ce prix très élevé, son carnet de commandes ne désemplit pas.
01:04:37 - Les 3 dernières années, on a multiplié notre chiffre d'affaires par 20.
01:04:41 On a grandi très fortement, on a fait beaucoup de levées de fonds,
01:04:45 on a... On a... On a pu accompagner la croissance de notre société.
01:04:49 Mais les coûts de fonctionnement restent élevés
01:04:52 et l'entreprise de Xavier est endettée.
01:04:54 Alors le jour où l'un de ses plus gros clients n'honore pas l'une de ses commandes,
01:04:58 son entreprise à cours de trésorerie fait faillite.
01:05:01 - L'histoire s'est terminée en 6 mois.
01:05:06 En fait, vous passez d'une période très faste,
01:05:10 avec énormément de perspectives, où vous êtes extrêmement prisés,
01:05:14 où tout le monde vous encense pour ce que vous faites,
01:05:17 parce que c'est vrai que c'est... Je l'assume,
01:05:20 c'est quand même courageux, ce qu'on a fait, je crois.
01:05:23 Et en fait, dans l'espace de 6 mois, vous passez dans un autre monde.
01:05:27 A 35 ans, vous passez de "millionnaire", entre guillemets,
01:05:30 j'aime pas trop ce terme-là, mais vous passez de cette situation-là
01:05:34 à une situation où vous repartez non pas à zéro,
01:05:37 vous repartez avec des dettes, avec 2 enfants en charge.
01:05:40 Aujourd'hui, Xavier Porro s'est reconverti dans le conseil aux sociétés.
01:05:44 S'il envisage de réentreprendre, il n'est pas sûr de refaire du Made in France.
01:05:48 - C'est vrai que c'est un pari très, très risqué, le Made in France,
01:05:53 parce que les gens qui sont aujourd'hui des acteurs du Made in France
01:05:57 sont quand même des pionniers avec tout ce que ça implique.
01:06:00 Pour que le Made in France fonctionne,
01:06:03 il y a beaucoup d'étapes à passer encore.
01:06:06 Et je pense que les gens qui sont dans le succès aujourd'hui
01:06:10 sont bien souvent des gens qui ont une marque
01:06:13 qui fonctionne extrêmement bien,
01:06:15 ils ont un véritable talent pour le marketing
01:06:18 et pour faire parler de la cause qu'ils défendent,
01:06:21 parce que le Made in France, ça coûte.
01:06:23 Le Made in France est encore cher.
01:06:25 Il faut pouvoir justifier d'un savoir-faire, d'une compétence, d'une innovation.
01:06:29 - La douloureuse aventure de Xavier Porro est la preuve
01:06:33 que fabriquer en France peut encore coûter cher
01:06:36 et s'avérer parfois hasardeux,
01:06:38 surtout dans des domaines aussi concurrentiels que l'aliment.
01:06:41 Pour d'autres entrepreneurs,
01:06:43 les choses semblent beaucoup mieux se passer.
01:06:46 6 mois après notre 1re rencontre,
01:06:49 nous retrouvons Damien et Antoine à Paris.
01:06:51 Souvenez-vous, il s'agit des créateurs de Bob,
01:06:53 le lave-vaisselle 100% français.
01:06:55 Ils ont perfectionné leur prototype
01:06:57 et aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres.
01:06:59 - C'était bien passé.
01:07:01 - Aujourd'hui, on vient voir Félix, qui est un des 1ers acheteurs de Bob.
01:07:04 Il l'a commandé le 8 octobre.
01:07:06 Et l'idée, c'est de voir pourquoi il l'a acheté,
01:07:08 comment il va l'utiliser
01:07:10 et comment il va le faire.
01:07:12 - Tu peux.
01:07:14 - En quelques mois, Damien et Antoine
01:07:16 ont déjà reçu plus de 5 600 précommandes.
01:07:18 Félix sera l'un des tout 1ers à le recevoir.
01:07:20 - Allons voir Félix.
01:07:22 - Bonjour ! - Salut.
01:07:24 - Damien, Antoine, désolé.
01:07:26 - Voici le Bob.
01:07:28 - Voici le Bob.
01:07:30 - Bienvenue. - Merci.
01:07:32 - Merci beaucoup de nous recevoir.
01:07:34 - Allez-y. - Bien sûr.
01:07:36 - On se suit peut-être.
01:07:38 - Avec plaisir. - Avec plaisir.
01:07:40 - Au salon, SL m'avait dit...
01:07:42 - Félix est la cible parfaite.
01:07:44 Citadin actif, la vingtaine installée en couple depuis peu,
01:07:46 dans un petit espace parisien.
01:07:48 - Ah, ouais, c'est...
01:07:50 - C'est un proto, comme on te l'a expliqué par mail.
01:07:52 - Ouais.
01:07:54 - L'idée, c'était de voir un petit peu dans ta cuisine,
01:07:56 comment ça s'insérait, voir si il y avait des suggestions
01:07:58 sur l'emplacement, comment ça se passe.
01:08:00 - Il est beau. - Il est super beau.
01:08:02 - Entre l'aspect technologique, je pense que Bob,
01:08:04 c'est un certain engagement sur plein de choses,
01:08:06 pas que sur l'aspect écologique.
01:08:08 Encore une fois de plus, d'aider des jeunes start-up
01:08:10 à se lancer. Vraiment, enfin,
01:08:12 tout ce qui est "made in France",
01:08:14 c'est quand même bien de promouvoir ça, quoi.
01:08:16 - Bon, ça fait chaud mon coeur, hein.
01:08:18 C'est cool, hein. - Bah, non.
01:08:20 - Les 2 jeunes entrepreneurs sont les seuls
01:08:22 à s'être lancés dans le gros électroménager depuis 2016.
01:08:24 - En fait, il est mort de faire la vaisselle.
01:08:26 - Voilà. - Ah, bah, yes.
01:08:28 - A terme, pour nos volumes de production,
01:08:30 on créera au moins une quarantaine d'emplois
01:08:32 dédiés essentiellement à la fabrication
01:08:34 et à la gestion logistique. - Donc ça, c'est que les emplois
01:08:36 purement sur la chaîne de logistique,
01:08:38 enfin, comme l'a dit Damien, et après,
01:08:40 derrière, c'est les emplois que nous, on va créer
01:08:42 en termes de marketing, commercialisation,
01:08:44 support, comptabilité.
01:08:46 Enfin, en fait, après, tu fais travailler beaucoup de gens.
01:08:48 Et puis même, là, on parle pas aussi des sous-traitants.
01:08:50 Il y a pas mal de pièces qui viennent aussi de France.
01:08:52 Donc en fait, on fait travailler
01:08:54 d'autres usines, donc qui vont employer
01:08:56 elles aussi des gens. - Un cercle vertueux
01:08:58 pour relancer l'emploi,
01:09:00 tout cela grâce au plus petit lave-vaisselle du monde.
01:09:02 - C'est un peu comme un ordinateur.
01:09:04 C'est vraiment même prise que sur l'iMac.
01:09:06 L'iMac de la V7. - On peut peut-être le tester dans ma cuisine.
01:09:08 - Voilà, c'est ça. Donc tu peux le prendre.
01:09:10 Et essaye de le placer, justement. - On y va.
01:09:12 - Hop, voilà. - Gentiment, c'est assez léger.
01:09:14 - Ah. - Ah, bah hop.
01:09:16 - Alors, est-ce que ça rentre ?
01:09:18 Moi, je pensais, de toute manière, le mettre là.
01:09:20 Au niveau...
01:09:22 Tac. - Ah ouais, ouais, voilà, OK.
01:09:24 Bon, bah, de toute façon, c'est ce qu'on avait imaginé.
01:09:26 - Nickel. - OK. - Nickel, c'est super.
01:09:28 Alors, est-ce qu'on peut
01:09:30 mettre des trucs dessus ?
01:09:32 - Oui, oui. - Normalement, il n'y a pas de problème.
01:09:34 - Alors, en fait, Bob est fabriqué à 70%
01:09:36 en France. Donc l'essentiel des pièces,
01:09:38 en fait, est fabriqué à la Roche-sur-Yon.
01:09:40 - Donc, typiquement,
01:09:42 je prends ça. - Voilà.
01:09:44 - Le panier, ça, c'est français.
01:09:46 - Ça, c'est made in France. - C'est ça, ouais.
01:09:48 - Le brin de lavage, c'est made in France. Toutes les grosses plasturgies
01:09:50 sont made in France. L'électronique est assemblée
01:09:52 en France. Et après, voilà,
01:09:54 certaines pièces comme les pompes ou quoi, où il n'y a plus de fabricants français,
01:09:56 elles, elles viennent d'autres pays, comme par exemple
01:09:58 l'Italie ou l'Allemagne. En fait,
01:10:00 quand on prend en compte tous les coûts produits en France,
01:10:02 ça coûte 10% plus cher. Donc, c'est pas
01:10:04 excessif. Et nous, l'idée, en fait, c'est que
01:10:06 c'est un coût, quand on prend en compte des aspirants
01:10:08 environnementaux, qu'on pense que les gens sont prêts à payer.
01:10:10 Typiquement, il n'y a pas toute la pollution
01:10:12 faite par les porte-conteneurs. Toutes les pièces sont
01:10:14 fabriquées localement, au pays de la Loire, et plus précisément
01:10:16 à la Roche-sur-Yon. Donc, en fait, on limite,
01:10:18 grâce à ça, beaucoup la pollution. Et en fait,
01:10:20 on pense que c'est quelque chose d'assez important
01:10:22 auquel les gens sont sensibles.
01:10:24 - Alors après, selon toi, qu'est-ce que t'en penses ?
01:10:26 Parce que, en fait, ça, c'est notre vision.
01:10:28 On a rencontré beaucoup de gens et
01:10:30 c'est aussi ce qui nous a confortés, faire
01:10:32 du Main in France. Parce qu'en fait, on a quand même fait une étude.
01:10:34 Et si tout le monde nous avait dit
01:10:36 "J'en ai rien à faire, c'est le moins cher,
01:10:38 le plus important", là, on aurait peut-être...
01:10:40 Enfin, c'est un peu compliqué.
01:10:42 - Si c'est produit en France, si tout est fait en France
01:10:44 et que c'est robuste et que, oui, ça ne me dérange pas
01:10:46 de mettre un peu plus d'argent dessus.
01:10:48 - OK. - D'autant plus si je sais que
01:10:50 c'est écolo, que ça fait bosser des gens en France.
01:10:52 Ben oui, fois mille, quoi.
01:10:54 Je signe. - Ah, c'est génial.
01:10:56 Tous les lave-vaisselles précommandées devront être livrées
01:10:58 en l'espace de quelques mois.
01:11:00 Ensuite, les deux inventeurs espèrent
01:11:02 en exporter 100 000 par an dans toute l'Europe.
01:11:04 Un véritable défi qu'ils ne sont pas
01:11:06 les seuls à relever. Et notamment
01:11:08 dans ce qui devient depuis quelques années
01:11:10 une spécialité française.
01:11:12 - Oui, c'est ça. En fait, il y a toujours...
01:11:14 La France est devenue en quelques années l'un des pays
01:11:18 en pointe sur l'innovation technologique.
01:11:20 La preuve en mai 2018
01:11:22 au parc des expositions de la Porte de Versailles
01:11:24 à Paris. Des milliers de visiteurs
01:11:26 rassemblés avec un seul mot à la bouche,
01:11:28 "high tech".
01:11:30 L'enjeu est de taille,
01:11:32 à la hauteur des convives présents.
01:11:34 Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook,
01:11:36 mais également
01:11:38 Virginia Rometty, la patronne d'IBM,
01:11:40 ou encore Satya Nadella,
01:11:44 le PDG de Microsoft.
01:11:48 - C'est fantastique d'être aujourd'hui à Paris
01:11:50 et d'être à Vivatech.
01:11:52 Robots,
01:11:54 intelligence artificielle, véhicules autonomes,
01:11:56 réalité virtuelle
01:11:58 ou augmentée. Durant 3 jours,
01:12:00 Vivatech accueille près de 100 000 visiteurs
01:12:02 et plus de 8 000 startups,
01:12:04 toutes spécialisées dans les nouvelles technologies.
01:12:16 - 125 pays sont représentés,
01:12:18 mais c'est la France qui se distingue
01:12:20 particulièrement avec 60% des exposants,
01:12:22 à tel point que même son VRP le plus célèbre
01:12:24 a fait le déplacement.
01:12:26 - Merci d'avoir choisi la France.
01:12:30 Merci de rendre la France forte chaque jour
01:12:32 par votre énergie entrepreneuriale,
01:12:34 votre force, votre volonté de faire,
01:12:36 votre caractère,
01:12:38 qui fait que même quand un genou est à terre,
01:12:40 il y a toujours une jambe qui continue à marcher.
01:12:42 Ne lâchez pas la force,
01:12:44 la force, la volonté de faire.
01:12:46 Ne lâchez rien.
01:12:48 - Au total,
01:12:50 4 800 entrepreneurs français sont présents.
01:12:52 Parmi eux, Grégoire Derséville,
01:12:54 ingénieur du Limousin,
01:12:56 qui présente ALICE,
01:12:58 un robot semi-humanoïde.
01:13:00 - Nous sommes Cybloïdes,
01:13:02 une startup qui a 6 ans,
01:13:04 qui est de Limoges,
01:13:06 qui fabrique des robots semi-humanoïdes
01:13:08 de service.
01:13:10 ALICE, c'est un robot collaboratif de service.
01:13:12 - C'est une invention révolutionnaire,
01:13:14 100% fabriquée en France.
01:13:16 Un potager d'intérieur qui permet de faire pousser
01:13:18 tomates et courgettes dans un appartement.
01:13:20 - On voulait en fait relever
01:13:24 3 défis en culture.
01:13:26 Les 3, c'est le manque d'espace,
01:13:28 le manque de temps et le manque de compétence
01:13:30 que l'utilisateur.
01:13:32 Donc on a réuni 2 technologies dans le produit
01:13:34 pour offrir une nouvelle façon de cultiver.
01:13:36 Il est intégralement fabriqué en France.
01:13:38 Le réservoir est fait à Chartres.
01:13:40 Le haut du système,
01:13:42 il est fait au Mans.
01:13:44 L'électronique, à Nantes.
01:13:46 Et le bureau d'études, il est à Paris.
01:13:48 - Sans oublier Sébastien Mahut,
01:13:50 qui tente de concurrencer les plus grandes marques
01:13:52 avec un produit particulièrement innovant,
01:13:54 une moto 100% électrique
01:13:56 et évidemment 100% fabriquée en France.
01:13:58 Tous les 3 sont ici pour tenter
01:14:00 de convaincre acheteurs et investisseurs
01:14:02 et ils sont unanimes.
01:14:04 Le fait d'être français,
01:14:06 c'est clairement un atout.
01:14:08 - Avant, le Made in France,
01:14:10 ça pouvait avoir une image un peu vieillotte
01:14:12 ou ringarde.
01:14:14 Et nous, ce qu'on veut, c'est redonner un nouveau souffle
01:14:16 et donner un aspect jeune
01:14:18 et dynamique au Made in France
01:14:20 avec un produit de qualité.
01:14:22 - On sent une certaine fierté aux gens
01:14:24 quand ils disent que ce robot est français et l'humousin.
01:14:26 C'est vrai que c'est un territoire un peu
01:14:28 insolite pour faire de la technologie
01:14:30 mais ça commence à évoluer et tant mieux.
01:14:32 Mais on sent vraiment cette fierté des gens
01:14:34 qui disent "Ah bon, c'est pas japonais, c'est pas américain,
01:14:36 c'est français, c'est une start-up française".
01:14:38 Donc ça me fait plaisir.
01:14:40 - Je pense que le Made in France s'importe très bien à l'étranger.
01:14:42 Et je pense qu'avoir
01:14:44 le Made in France aujourd'hui,
01:14:46 c'est un levier pour l'international.
01:14:48 - Après 3 jours de salon,
01:14:50 le bilan est plutôt positif.
01:14:52 Tous ont noué des partenariats,
01:14:54 rencontré de futurs clients
01:14:56 ou encore obtenu
01:14:58 une visibilité médiatique.
01:15:00 Une preuve supplémentaire
01:15:02 que les entreprises françaises séduisent de plus en plus.
01:15:04 Et pour cause,
01:15:06 selon une étude récente, il suffirait que chacun d'entre nous
01:15:08 achète au moins une fois sur trois
01:15:10 des vêtements et des chaussures fabriqués dans l'Hexagone
01:15:12 pour créer 150 000 emplois.
01:15:14 A condition évidemment
01:15:16 de se méfier du French-Washing.
01:15:18 Si les délocalisations ont détruit
01:15:20 2,5 millions d'emplois en 30 ans,
01:15:22 le Made in France est devenu
01:15:24 une étape indispensable
01:15:26 de la reconquête.
01:15:28 - D'après les dernières études,
01:15:32 les achats du Made in France comptabilisent
01:15:34 plus de 38 000 emplois pour un chiffre d'affaires annuel
01:15:36 de 7,2 milliards d'euros.
01:15:38 La French Touch n'a pas dit son dernier mot.

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